lundi 1er janvier
Soixante-douze personnes ont trouvé la mort après qu’un camion se soit renversé.
mardi 2 janvier
Appel de Boutros Boutros-Ghali (secrétaire général de l'ONU) à l'armée zaïroise afin qu'elle intervienne au Burundi en raison des violences interethniques.
lundi 8 janvier
Un avion cargo russe Antonov-32 qui venait de décoller de Kinshasa s'est écrasé sur un marché central couvert de la ville faisant plus de 350 morts et des dizaines de blessés. L'avion, en surcharge, ne possédait pas d'autorisation de vol et aurait « emprunté » celle d'une compagnie de charters. Quatre des cinq aviateurs sont détenus par la justice. Le dernier reste introuvable, il avait fuit le marché pour échapper à la colère de la foule.
vendredi 12 janvier
Un camion s'est renversé à une soixantaine de kilomètres de Kinshasa : trente-cinq morts.
vendredi 19 janvier
Début pour le Zaïre de la Coupe d’Afrique des Nations de football, organisée par l’Afrique du Sud. Le premier tour concernant le groupe C est limité à trois matchs, le Nigeria ayant déclaré forfait avant le début de la compétition. Au Kings Park Stadium de Durban, le Gabon a battu le Zaïre deux buts (Mackaya sur penalty et Bekogo) à zéro, devant 4 000 spectateurs.
jeudi 25 janvier
Dernier match du premier tour de la Coupe d’Afrique des Nations de football : au stade FNB de Johannesburg, le Zaïre a battu le Liberia deux buts (Lukaku sur penalty et Essende) à zéro, devant 3 000 spectateurs. Deuxièmes du groupe C, les Zaïrois sont qualifiés pour les quarts de finale.
dimanche 28 janvier
Quarts de finale de la Coupe d’Afrique des Nations : au stade EPRFU de Port Elizabeth, le Ghana a battu le Zaïre un but (Yeboah) à zéro, devant 8 000 spectateurs.
mardi 13 février
Les autorités zaïroises ont accentué leur pression ces derniers jours pour pousser les réfugiés rwandais à rentrer chez eux, en arrêtant plusieurs hauts responsables du camp de Kibumba, soupçonnés d’être des « intimidateurs » dissuadant leurs compatriotes de quitter le camp. Le « président », le « vice-président » et les trois responsables « d’arrondissements » du camp de Kibumba (200 000 réfugiés) ont été éloignés du camp et amenés dans les locaux de la police secrète à Goma. Quelques 250 soldats de l’armée zaïroise se sont déployés autour du camp de Kibumba empêchant théoriquement toutes entrées et sorties. Mais dès la nuit tombée, les militaires se retirent. Toutes les opérations de rapatriement volontaire tentées à ce jour se sont soldées par un échec : une opération du HCR, prévue en vue de fermer le camp de réfugiés rwandais de Goma, a échoué : seuls cinquante Hutus se sont présentés.
Les autorités zaïroises ont arrêté, dans la soirée, cinq responsables rwandais du camp de Kibumba et les ont écroués dans les locaux de la police secrète à Goma.
mercredi 14 février
Nouvel échec d'une mission du HCR à Goma.
mercredi 21 février
Le gouvernement zaïrois a décidé de mettre un terme aux activités du HCR et des ONG dans les camps de réfugiés rwandais de Kibumba (200 000 personnes) et de Nyangezi-Mulwa (20 000). Kinshasa reproche aux Hutus rwandais de ne pas rentrer chez eux.
lundi 29 avril
Des centaines de Burundais fuient leur pays vers le Zaïre suite à la guerre civile qui y fait rage.
en avril
La France est le seul pays bailleur de fonds à avoir repris une coopération d'Etat à Etat avec le Zaïre.
dimanche 12 mai
Une centaine de Tutsis rwandais ont été massacrés dans le Masisi, selon Médecins sans Frontières, et 3 000 autres y sont menacés.
du dimanche 26 au mercredi 29 mai
De 150 à 200 réfugiés tutsis rwandais auraient été massacrés par des Hutus au monastère de Makoto, dans les bananeraies et les marais de Masisi.
mercredi 29 mai
L'ONU a envoyé une mission dans l'est du Zaïre pour enquêter sur le sort des 3 000 Tutsis rwandais menacés par des extrémistes Hutus dans la région de Masisi. Ces personnes sont encerclées par des forces gouvernementales rwandaises et d'anciens miliciens. La semaine dernière, une centaine de Tutsis ont été tués dans la région de Goma (700 000 réfugiés, surtout Hutus).
dimanche 2 juin
Qualifications pour la Coupe du monde de football 1998 : à l’île Maurice, les Mauriciens ont été battus par les Zaïrois cinq buts à un.
jeudi 6 juin
Chargé de soixante tonnes de carburant, un avion cargo Ilyouchine 76, venant du Caire, s'est écrasé à l'aéroport de Kinshasa, d'où il venait de repartir à vide vers Athènes. Ses huit membres d'équipage, des Russes, ont péri carbonisés.
dimanche 16 juin
Qualifications pour la Coupe du monde de football 1998 : à Kinshasa, le Zaïre a battu l’île Maurice deux buts à zéro.
mardi 25 juin
Les dirigeants de six pays d'Afrique (Ouganda, Zaïre, Kenya, Rwanda, Burundi et Tanzanie) se retrouvent à Arusha (nord de la Tanzanie) pour tenter d'enrayer la guerre civile au Burundi (plus de 100 000 morts en trente-trois mois).
mercredi 31 juillet
Le Rwanda, le Kenya, l'Ethiopie, le Zaïre, la Tanzanie et l'Ouganda ont décidé le blocus économique du Burundi après le coup d'Etat qui vient d'y avoir lieu.
lundi 5 août
Les deux pilotes russes de l'avion qui s'était écrasé le 8 janvier à Kinshasa, causant la mort de plus de trois cents personnes, ont été condamnés à deux ans de prison ferme.
jeudi 22 août
Le président Mobutu a été opéré d'un cancer à Lausanne (Suisse).
jeudi 29 août
Match amical de football : à Settat, le Maroc a écrasé la République démocratique du Congo sept buts à zéro.
jeudi 5 septembre
La télévision suisse a révélé que le président Mobutu « se remet plus difficilement que prévu » de son opération d'un cancer. De son coté, la presse d'opposition zaïroise appelle à préparer rapidement sa succession.
en septembre
Des combats éclatent dans le Kivu entre les Forces armées zaïroises (FAZ) et des Banyamulenge, les descendants de Tutsis rwandais installés au Zaïre au XIXe siècle mais qui ont été privés de la nationalité zaïroise.
samedi 12 octobre
Des hommes armés ont tués une cinquantaine de civils dans un village de la région d'Uvira (est du pays).
nuit du samedi 12 au dimanche 13 octobre
Des hommes armés ont tués quatre réfugiés hutus dans la camp de Runingo, dans la région d'Uvira.
dimanche 13 octobre
Quelque 20 000 réfugiés hutus ont fui le camp de Runingo. Cette région, qui accueille 200 000 réfugiés (120 000 burundais et 80 000 rwandais), est en proie, depuis début septembre, à de violents combats entre l'armée zaïroise et des bandes Banyamulenges (des Tutsis d'origine rwandaise mais installés de longue date au Zaïre). Pour Sylvana Foa, porte-parole de l'ONU, la situation y est « explosive ».
vendredi 18 octobre
Toute la journée, des affrontements ont opposé l'armée zaïroise à des « infiltrés venus du Burundi », probablement des Banyamulenges, sur les montagnes dominant Uvira. Au moins vingt-huit villageois zaïrois et trois infiltrés ont été tués.
lundi 21 octobre
Après trois jours de combats à Uvira, les 250 000 réfugiés hutus rwandais et burundais ont tous fui les camps où l'armée zaïroise affronte la tribu tutsie des Banyamulenges. Ces affrontements ont fait au moins 78 tués, pour la plupart des civils. L'archevêque de Bukavu, Mgr Christophe Munzi Hirwa a, dans une lettre adressée à l'ONU, vigoureusement pris position contre le Rwanda et les Banyamulenges qu'il accuse de vouloir déstabiliser le Zaïre.
mardi 22 octobre
La situation dans les camps d'Uvira a conduit le Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés à évacuer d'urgence ses employés sur place (quarante-huit personnes par avion). Bloqués dans leurs bâtiments, incapables de se déplacer, ils étaient devenus quasiment des otages. La situation dans cette région est qualifiée de « dangereuse, confuse et chaotique » par son porte-parole. Le Premier ministre, en visite officielle en Grande-Bretagne, a minimisé les troubles mais n'en a pas mois vivement critiquer le Rwanda, accusés d'équiper les Tutsis Banyamulenges. Le Rwanda rejette ces accusations : « Ce sont les Zaïrois qui ont commencé en chassant les Banyamulenges ».
mercredi 23 octobre
Le Zaïre continue d'affirmer que des combats opposent ses soldats à ceux du Rwanda. Il est même fait état d'une « agression de 1 700 hommes de troupes » au Sud-Kivu mais aussi des combats à Goma, capitale du Nord-Kivu. Des réfugiés burundais, arrivés à Bukavu, disent avoir vu des soldats rwandais prisonniers. Ces accusations sont toujours rejetées par le gouvernement rwandais.
jeudi 24 octobre
Des officiers zaïrois ont commencé à évacuer leurs familles de la ville frontalière de Bukavu, où les combats entre l'armée et les Tutsis gagnent en intensité. Des soldats ont entrepris de dresser des barrages sur les routes. Tous les réfugiés qui fuient la région racontent que des assaillants bien armés sont venus du Rwanda et que les soldats zaïrois, très mal armés, ont rapidement reculé.
vendredi 25 octobre
Les rebelles Banyamulenges sont sur le point de s'emparer de Bukavu, capitale du Sud-Kivu. Rejoints par des tribus hostiles au régime de Kinshasa, ils envisageaient d'opérer une jonction avec le Nord-Kivu. Muller Ruhimbika, porte-parole à Kigali de l'Alliance démocratique du peuple, le parti Banyamurenges, affirme que plusieurs localités de l'est du Zaïre ont déjà été conquises. Les autres forces qui les soutiennent représentent trois partis d'opposition au président zaïrois Mobutu : le Parti de la révolution populaire, le Conseil national de la résistance pour la démocratie, le Mouvement révolutionnaire pour la libération du Zaïre.
samedi 26 octobre
Les Tutsis Banyamulenges ont bombardé les camps de réfugiés Hutus de Kibumba (200 000 habitants) et de Katalé, au Zaïre.
dimanche 27 octobre
La situation devient de plus en plus dramatique dans l'est du pays, où l'armée zaïroise se révèle incapable de faire face à la rébellion des Banyamulenges. Selon une source humanitaire à Genève le gouvernement rwandais épaule bien l'offensive des rebelles avec des hommes du 7e bataillon de l'armée zaïroise. Ils sont bien armés et dotés d'une bonne artillerie. Kigali nie toujours toute implication dans ces événements. Les Tutsis se sont attaqués au camp de réfugiés de Panzi (7 300 occupants) à vingt-cinq kilomètres de Goma. Ils ont aussi tiré des obus sur Bukavu, plus au sud, dont ils ne sont qu'à cinq kilomètres et Uvira serait prêt de tomber entre leurs mains. Ces pilonnages ont jeté sur les routes 210 000 personnes de plus alors que plusieurs centaines de milliers de personnes sont déjà en mouvement, sous une pluie diluvienne. Des milliers d'entre eux se pressaient aux abords de l'immense camp de Mugunga, à quinze kilomètres de Goma, alors qu'il héberge déjà 200 000 personnes.
lundi 28 octobre
Dans l'est du Zaïre, la situation humanitaire est « désespérée » et une catastrophe majeure est à craindre, a assuré à Genève un porte-parole du HCR. Fuyant les combats, plus d'un demi-million de personnes (dont de nombreux enfants) errent sur les routes et les collines en pleine saison des pluies. L'ONU n'a plus accès qu'à une minorité des réfugiés rwandais et burundais. Dans la région de Goma, elle vient de distribuer à quelque 680 000 Hutus des rations alimentaires pour leur permettre de tenir de dix à vingt jours. Le chaos règne à Bukavu, que les soldats zaïrois pillent pour fuir ensuite avec leurs familles à bord de véhicules « réquisitionnés ». Pour la première fois, le président rwandais, Pasteur Bizimungu, a laissé poindre sa volonté de mainmise sur la rive occidentale du lac Kivu : « Si le Zaïre veut (nous) renvoyer les Banyamulenges, qu'il nous rende aussi leurs terres », a-t-il dit, en rappelant que cette région était autrefois rwandaise. Il s'est toutefois défendu de tout esprit de conquête territoriale.
mardi 29 octobre
L'entrée des troupes zaïroises dans le conflit de l'est du Zaïre a provoqué une offensive rwandaise en territoire zaïrois entre Cyangugu et Bukavu, la première depuis le début de l'affrontement. Les organisations humanitaires ont commencé une première distribution de biscuits (huit par enfant !) aux 220 000 réfugiés qui sont arrivés à Mugunga, devenu le plus grand camp du monde. Dans la soirée, l'archevêque de Bukavu, Mgr Christophe Munzi Hirwa, a été assassiné lors d'une attaque militaire (il avait pris position contre le Rwanda et les Banyamulenges).
mercredi 30 octobre
Du point de vue militaire, la situation s'est nettement dégradée aujourd'hui dans l'est du pays. La ville frontalière de Cyangugu a été le théâtre de tirs d'artillerie qui ont parfois visé un quartier habité. A Bukavu, qui aurait été prise par les rebelles Tutsis, on a recensé une centaine de morts. Près de Goma, une base de l'armée zaïroise a été attaquée par les Banyamulenges qui sont arrivés pratiquement à la frontière de l'Ouganda. Dans la matinée, un groupe de Tutsis a fait irruption dans la mission carmélite de Bukavu et ont pris en otages deux religieux (un Espagnol et un Belge). Du point de vue humanitaire, 115 000 Hutus rwandais ont fui le seul camp de Kahindo en direction de Mugunga ; pour le reste, tout n'est que confusion. L'Organisation mondiale de la santé dépêche des équipes par crainte d'épidémies. La Belgique propose une conférence sous l'égide de l'Union européenne ; Le secrétaire général de l'ONU, Boutros Boutros-Ghali (qui s'est entretenu en Suisse avec le président zaïrois Mobutu) propose une rencontre à Nairobi (Kenya) pour négocier l'ouverture de couloirs humanitaires.
jeudi 31 octobre
Après l'évacuation des camps du sud-Kivu et des villes d'Uvira et de Bukavu, qui seraient tombés aux mains des Tutsis soutenus par l'armée rwandaise, il semblerait que ce soit au tour de Goma, située une centaine de kilomètres plus au nord : des tirs venus de l'autre côté de la frontière rwandaise s'abattaient sur la ville, précipitant sur les routes des cohortes de voitures surchargées. Le HCR fait état de violents combats sur l'aéroport, que l'armée zaïroise semblait toutefois toujours contrôler. Cet aéroport est un point stratégique, car il représente le seul lien du Kivu avec le monde extérieur. Le Rwanda vient de déployer dans la soirée quinze bataillons, soit environ 10 000 hommes sur ses frontières.
vendredi 1er novembre
Les Tutsis Banyamulenges ont opéré la jonction entre le sud et le nord du Kivu. Après Uvira, ils ont pris Bukavu (400 000 habitants), repoussant l'armée zaïroise et faisant fuir les civils par milliers. Les combats ont fait des dizaines de morts. A Goma, après la prise de l’aéroport et où la terre tremble sous l'impact des tirs de mortier, l'armée rwandaise est entrée dans la ville. L'armée zaïroise déserte certains quartiers malgré l'appui des miliciens Hutus rwandais, les fameux Interhamwe (auteurs du génocide de 1994 au Rwanda) qui étaient cachés dans les camps. Tirés du haut des collines de Goma, des tirs de roquette katioucha ont atteint la ville rwandaise de Gisenyi (100 000 habitants). Un million de réfugiés sont abandonnés par les ONG ou en errance dans les collines. Près de 300 000 Hutus ont fui les camps de la région de Goma. Les organisations humanitaires chassées par les combats ne travaillent plus. Le HCR évacue tout son personnel. Les sièges de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ont été attaqués. 220 000 réfugiés sont arrivés au camp de Mugunga (420 000 personnes, 200 000 autres attendus). Côté rwandais, 5 000 civils ont quitté Gisenyi. Et 15 000 Zaïrois ont trouvé refuge en Ouganda. A Kinshasa, 10 000 étudiants ont défilé dans les rues pour demander la démission du Premier ministre Kengo Wa Dondo par ailleurs accusé de « laxisme » voire d'« indifférence » par les parlementaires y compris modérés. Son gouvernement a fait volte face et décidé le « renvoi forcé et progressif de tous les réfugiés rwandais et burundais campés sur le territoire zaïrois ». Toujours à Kinshasa, une montée de sentiment xénophobe contre les Tutsis (Rwandais ou Burundais) se fait sentir, en particulier du côté des étudiants de l'université (Unikin) totalement déchainés.
samedi 2 novembre
Alors que les affrontements continuent, les étrangers (membres des Nations Unies, des ONG et journalistes, soit cent trente personnes) ont du être précipitamment évacués de Goma vers la ville rwandaise proche de Gisenyi (le consul honoraire de France est resté). Sur le terrain militaire, la situation est des plus confuses. Les rebelles Tutsis appuyés par les forces rwandaises sont en passe de gagner la partie dans l'est du pays. A Goma, dans la matinée, des éléments armés tiraient au lance-roquette vers la frontière zaïro-rwandaise (à 300 mètres du centre-ville). Tous les magasins de la ville ont été pillés tout au long de la journée, avant d'être pris entièrement par les Tutsis. A Bukavu, aux mains des Banyamulenges, on dénombre plus de soixante-cinq morts, dont huit militaires zaïrois. L'ambassadeur du Rwanda au Zaïre, Antoine Nyilinkindi, a annoncé qu'il démissionnait de ses fonctions en raison de son désaccord avec son gouvernement concernant « l'agression dont le Zaïre est victime de la part du Rwanda ». Le général Eluki Monga Aundu, chef des forces armées zaïroises (FAZ), a accusé son gouvernement de « n'avoir rien fait pour donner à l'armée les moyens nécessaires pour faire la guerre ».
dimanche 3 novembre
Des combats se poursuivent à Bukavu. Deux millions de civils, peut-être, continuent d'errer dans les collines. Dans la seule petite baie de Sake, sur le lac Kivu, un million de personnes seraient entassées dans des conditions effroyables. Dans le sud du Kivu, ils sont au moins 500 000 perdus dans la nature, sans abri et sans nourriture. On a retrouvé un millier de réfugiés en Zambie (à 700 kilomètres au sud !). 8 000 ont été recensés au Burundi. Et, surtout, les premiers cadavres ont été vus dans la rivière Rizizi entre le Zaïre et le Burundi.
lundi 4 novembre
Alors que les rebelles Banyammulenges annoncent un cessez-le-feu unilatéral de trois semaines, les Européens, pressés par les organisations caritatives, voudraient secourir les victimes du Kivu. Ma France, soutenu par l'Espagne mais contre l'avis des Etats-Unis, propose l'intervention d'une force Internationale. Des opérations « de nettoyage de poches de résistance » ont encore lieu, reconnait Laurent-Désiré Kabila, le coordinateur de l'Alliance des forces pour la libération du Zaïre. Le porte-parole du gouvernement zaïrois affirme que des vedettes rwandaises ont attaqué Goma depuis le lac Kivu.
mardi 5 novembre
Bien que le calme soit revenu au Kivu, tout entier contrôlé par les rebelles Banyamulenges, l'idée française d'une intervention militaro-humanitaire dans l'est du Zaïre met du temps à se concrétiser. A Goma, les journalistes présents ont recensés soixante-et-onze cadavres. Quant aux dix occidentaux (un médecin et neuf religieux, dont un français) qui auraient été pris en otages à Bukavu, ils sont à l'hôpital de Katana et seraient sains et saufs. A Kinshasa, le climat demeure très tendu. Dix mille étudiants mus par un fort sentiment nationaliste ont manifesté en dépit de l'interdiction notifiée par le gouvernement, pour réclamer la démission du Premier ministre.
mercredi 6 novembre
Des bombardements ont encore fait trente blessés (des Zaïrois de Goma) à Saké. L'Organisation pour l'unité africaine (OUA) accuse le Rwanda d'avoir violé la souveraineté du Zaïre.
jeudi 7 novembre
L'Europe des Quinze, unanime, demande au Conseil de sécurité de l'ONU d'autoriser une intervention d'urgence au Zaïre. Mais les obstacles politiques et militaires pourraient bien compromettre les secours aux réfugiés. La frontière zaïroise est toujours fermée aux organisations humanitaires. Dans le huis-clos de Kivu, les règlements de compte continuent. A Goma, des tirs ont repris. Des habitants qui rentraient chez eux ont été attaqués (au moins trente blessés). Même constat du HCR qui fait état de combats à Mugunga et au sud d'Uvira. Les rebelles annoncent qu'ils « souhaitent progresser. L'offensive que nous avons menée, explique leur chef, Laurent-Désiré Kabila, est une petite offensive par rapport à celle que nous avons l'intention de donner ». Il a confirmé que le cessez-le-feu durerait trois semaines, le temps d'évacuer les réfugiés vers le Rwanda. Tout en appelant, devant une foule de 4 000 personnes, la population de Bukavu à constituer une armée de volontaires et à rejoindre « les forces de l'armée du peuple ». A Kinshasa, les étudiants ont une nouvelle fois démontré leur force et l'impuissance de « l'autorité de l'Etat » en occupant le Parlement de transition (PT).
nuit du jeudi 7 au vendredi 8 novembre
Trois frères maristes espagnols ont été assassinés dans un camp de réfugiés des environs de Bukavu.
vendredi 8 novembre
Le Comité international de la Croix-Rouge est « favorable » à une intervention militaire internationale dans l'est du Zaïre. La France y pousse (soutien de l'Espagne, l'Italie, le Mali, le Tchad et le Sénégal), mais sa tâche est compliquée par certains alliés, encore hésitants (Allemagne, Etats-Unis). Le Rwanda a fait connaitre son opposition à toute implication de la France dans cette force. Selon Médecins sans Frontières, plus de 13 600 personnes seraient mortes de faim ou d'épuisement au cours des trois dernières semaines, sans compter celles qui ont été massacrées. Les combats se poursuivent autour de Goma. A Kinshasa, les étudiants ont donné jusqu'au 12 novembre au gouvernement pour démissionner.
samedi 9 novembre
Les rebelles ne contrôlent toutefois pas la région de Mugunga d'où les anciennes forces armées rwandaises (FAR, défaite par les Tutsis en 1994) et des miliciens Hutus rwandais Interahamwes, alliés aux soldats zaïrois, ont tiré à l'arme lourde à deux reprises en fin de semaine.
Début du second tour des qualifications de la zone Afrique pour la Coupe du monde de football 1998 : à Johannesburg, l’Afrique du Sud a battu le Zaïre un but à zéro. C’était la première fois que ces deux équipes se rencontraient.
du samedi 9 au dimanche 10 novembre
Les premiers cas de choléra se sont déclarés dans l'est du Zaïre.
dimanche 10 novembre
Les rebelles zaïrois ont ouvert la porte aux organisations humanitaires et posé leurs conditions à une présence internationale dans l'est du pays en excluant la France. Sur place, selon Amnesty International, cinq cents hommes rwandais et zaïrois viennent d'être tués dans le camp de Chimanga (soixante kilomètres au sud de Bukavu) par un groupe à dominante tutsie.
lundi 11 novembre
Pour la première fois depuis plus de dix jours, six agences et organisations humanitaires ont pu se rendre à nouveau dans l'est du Zaïre. Ils ont traversé la frontière entre le Rwanda et le Zaïre pour livrer seize tonnes de nourriture à l'hôpital de Goma. Une équipe a tenté de gagner Bukavu avant d'être bloquée à quelques centaines de mètres de la ville. Pendant ce temps, l'Organisation de l'Unité africaine, a demandé le « déploiement rapide d'une force neutre » dans la région des grands Lacs avec un « mandat clair », mais le Zaïre, principal pays concerné, était absent. La France se bat toujours pour faire envoyer une force de 5 000 hommes, formée par les pays africains. En fait, tout dépend des Etats-Unis qui traînent les pieds.
mardi 12 novembre
Tandis que près d'un million de réfugiés errent dans les collines et les forêts, hors de portée des organisations humanitaires, les indécentes tergiversations diplomatiques se poursuivent dans la soirée. Toutefois, le Canada a accepté de commander la force à envoyer, garantissant ainsi la neutralité de l'opération. Dans la matinée, le président sud-africain Nelson Mandela a annoncé que son pays participerait à cette force. Mais les Etats-Unis freinent toujours (ils se méfient des intérêts français). De leur coté, les organisations humanitaires ont de nouveau pu venir à Goma, où la possibilité d'une épidémie de choléra est prise au sérieux par les hôpitaux locaux.
mercredi 13 novembre
Les Etats-Unis ont annoncé qu'ils étaient enfin d'accord pour participer à une opération humanitaire international sous commandement canadien (lieutenant-général Maurice Erbil) pour sauver le million de réfugiés rwandais, zaïrois et burundais menacés de mort dans l'est du Zaïre. Ils mettront 3 000 hommes à la disposition d'Erbil, mille pour assurer la sécurité de l'aéroport de Goma (Zaïre) et les 2 000 autres dans les pays voisins pour la logistique. En comptant tous les autres pays (France, Espagne, Italie, Grande-Bretagne, Ethiopie, Mali, Erythrée, Afrique du Sud, etc.), cette force pourrait s'élever à 10 000 hommes. Mais le Rwanda, les rebelles zaïrois, le Mozambique aussi, sont opposés à la participation française, jugeant qu'elle n'est pas tout à fait neutre. Sur le terrain, les rebelles ont autorisé l'ONU à ravitailler les réfugiés de Goma qui étaient sans eau et sans nourriture depuis une semaine.
jeudi 14 novembre
Le temps presse dans l'est du Zaïre. Au camp de Katalé, au nord de Goma, des centaines de personnes meurent chaque jour de déshydratation et de diarrhée rouge. Les combats ont repris entre rebelles Tutsis et miliciens Hutus retranchés dans le camp de Mugunga. Ce qui a contraint à la fuite des centaines de personnes, qui ont rallié Goma par bateau (Goma où les rebelles ont pris une quarantaine de belges en otages). Dans la soirée, les Tutsis ont réussi à déloger les miliciens Hutus de Mugunga. Une quarantaine de personnes, principalement des femmes et des enfants, ont été retrouvées assassinées dans le camp.
vendredi 15 novembre
Des centaines de milliers (plus de 700 000) de réfugiés ont déferlé sur Goma et en direction de la frontière rwandaise. En fin de journée, 30 000 d'entre eux ont franchi la frontière zaïro-rwandaise à la « petite barrière » entre Goma et Gisenyi. Le gouvernement rwandais a interrompu en fin de matinée son Conseil des ministres pour « accueillir les réfugiés qui rentrent ». Plus au nord, quelques 70 000 personnes sont arrivées à la frontière zaïro-ougandaise. L'exode a commencé alors que le Conseil de sécurité de l'ONU n'a donné son feu vert que dans la soirée pour l'envoi d'une force multinationale dans la région.
samedi 16 novembre
Le chef des rebelles zaïrois, Kabila, et le gouvernement rwandais estiment que l'intervention internationale est désormais « absolument injustifiée », vu que les réfugiés rentrent chez eux. De leur coté, les Etats-Unis ont décidé d'attendre les recommandations de leurs experts militaires sur place pour donner le « feu vert final » à l'envoi de troupes.
dimanche 17 novembre
Près de 350 000 personnes ont désormais quitté le Zaïre, et entre 400 000 et 700 000 réfugiés marchent vers le poste-frontière de Goma-Gisenyi. En quelques heures, l'objectif pour lequel œuvraient en vain les organisations humanitaires depuis deux ans et demi, est en train de se réaliser. Les pays qui ont accepté de participer à une force multinationale ont convenu de se réunir à Stuttgart (Allemagne, réunion de « planification » militaire) pour faire le point sur la nouvelle situation dans la région des Grands lacs. Ce mouvement ne touche pourtant pas tous les camps de réfugiés (pour l'instant seulement ceux de Goma). A Goma, vingt-cinq cas de choléras ont été enregistrés dans le seul hôpital de la ville. Quatre malades sont morts depuis deux jours. Le HCR estime que 3 000 à 4 000 réfugiés sont morts des suites de maladies ou des combats. Le journal américain Boston Globe affirme que les Etats-Unis ont discrètement mis en place depuis plusieurs mois des programmes d'entrainement de l'armée et de la police rwandaise. Washington aurait notamment fourni des fonds d'un montant de six millions de francs pour la création d'une force de police rwandaise indépendante. En outre, cinquante militaires rwandais auraient été recrutés pour suivre des formations militaires américaines.
lundi 18 novembre
Ils sont un demi-million à avoir franchi la frontière entre le Zaïre et le Rwanda. L'exode des réfugiés Hutus rentrant au pays est presque terminé. Mais le retour s'annonce difficile, après deux ans d'exil.
Le président Mobutu, en convalescence dans sa résidence de Nice (en France) souhaite refaire un bilan en Suisse avant de rentrer au Zaïre. Mais la Suisse lui refuse un visa.
mardi 19 novembre
Le camp de Mugunga, vidé de ses 400 000 occupants, livre ses secrets. Parmi, les décombres, des archives militaires appartenant aux milices hutues ont été retrouvées. Elles révèlent que la France et la Grande-Bretagne auraient livré des armes à ces milices hutues, responsables du génocide au Rwanda en 1994, malgré l'embargo.
mercredi 20 novembre
Alors que l'intervention internationale est de plus en plus improbable, l'offensive des milices armées porte à croire que les conflits sont loin d'être terminés. Le commandant militaire de l'Alliance des rebelles zaïrois a annoncé la reprise des combats vers l'intérieur du Zaïre. Les anciennes forces armées rwandaises semblent se regrouper sur les hauts plateaux proches de Saké. 1 500 rebelles zaïrois ont tenté la semaine dernière d'envahir l'ouest de l'Ouganda. Ils sont actuellement basés à Kasese. La catastrophe humanitaire, elle, n'est toujours pas écartée.
jeudi 21 novembre
Le Canada a demandé la tenue d'une réunion d'urgence, dans deux jours, à Genève (Suisse), des pays prêts à fournir une aide aux réfugiés rwandais, renforçant l'idée selon laquelle une intervention est de moins en moins probable. Pendant ce temps, une colonne d'environ 100 000 personnes a poursuivi son lent cheminement de Bukavu vers Masisi. Selon des responsables de l’ONU, 500 000 personnes restent dispersées dans l'est du Zaïre. Un des principaux opposants zaïrois, Etienne Tshisekedi, a annoncé s'être réconcilié avec le président Mobutu, son ennemi juré, lors d'une entrevue dans la villa de ce dernier en France. Tshisekedi se considère « avec l'aval du président » comme le « nouveau » Premier ministre. Des propos démentis quelques heures après par le conseiller spécial de Mobutu, pour qui, il n'a pas été question du poste de Premier ministre. Pour sa part, le Premier ministre en exercice a annoncé l'intention de son gouvernement et des armées de « reconquérir » les provinces du Kivu. Tout en ajoutant que la rupture des relations avec le Rwanda, le Burundi et l'Ouganda sont à l'étude. Sur le terrain, en tout cas, l'armée zaïroise est absente des combats qui font rage à une soixante de kilomètres au sud-ouest de Goma. Ils mettent aux prises les rebelles zaïrois à des éléments de l'ancienne armée rwandaise alliés à des miliciens extrémistes hutus rwandais.
vendredi 22 novembre
Pour la première fois depuis le début de la crise dans l'est du Zaïre, 700 000 réfugiés ont pu être localisés (50 000 à l'ouest de Masisi, 100 000 au nord de Saké, 450 000 autour de Bukavu et 100 000 au sud d'Uvira). Mais les combats continuent dans la région. L'union européenne a décidé de financer à hauteur de 970 millions de francs une aide urgente aux réfugiés.
samedi 23 novembre
L'ambassadeur du Zaïre en France, Ramazani Baya, a tué un adolescent français et blessé grièvement un autre (il décédera une semaine après). Ils ont été fauchés à Menton par la voiture que conduisait le diplomate africain.
dimanche 24 novembre
Les militaires des vingt-trois pays prêts à intervenir au Zaïre ont arrêtés plusieurs scénarios à Stuttgart (Allemagne). A chaque Etat maintenant de décider. De son côté, le Rwanda estime à 740 millions de dollars (3,7 milliards de francs) le montant de l'aide nécessaire pour reloger les Tutsis qui occupent depuis deux ans les maisons des 575 000 réfugiés Hutus qui viennent de rentrer au pays.
mardi 26 novembre
On attend toujours l'intervention internationale. Sur place, une colonne de réfugiés longue de plusieurs dizaines de kilomètres fait route depuis Goma vers Saké et la frontière rwandaise. Selon les rebelles de Laurent Kabila, les Forces armées zaïroises ont déserté, sans combat, les villes de Butembo et de Bunia (au nord de Goma) après avoir pillé ces deux cités. Les rebelles ont ouvert la route Goma-Bukavu aux organisations humanitaires.
mercredi 27 novembre
Des dizaines de milliers (de 40 000 à 50 000) de réfugiés rwandais, la plupart affaiblis et malades, sont sortis des forêts zaïroises au sud de Goma et se sont rassemblés à Minova, un village des bords du lac Kivu. Commandant désigné de l'éventuelle force multinationale humanitaire, le général canadien Baril est arrivé à Kigali, capitale du Rwanda, où il s'est aussitôt entretenu avec le ministre de la Défense, Paul Kagamé, l'actuel homme fort du pays. A Kinshasa, plus de cinquante mille sympathisants ont fait un accueil triomphal au leader de l'opposition zaïroise Tshsekedi, de retour d'Europe. Un triomphe, mais aussi une protection : le gouvernement de Léon Kengo Wa Dongo a en effet l'intention de traduire le dirigeant de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) en justice pour avoir apporté, dit-il, son soutien à la rébellion du Kivu.
jeudi 28 novembre
La communauté internationale est parvenue à un accord dans la soirée, pour une mission de parachutage de vivres au Kivu, à défaut d'envoyer une force programmée par l'ONU. Des « rations de secours » devraient parvenir ainsi aux réfugiés rwandais, malgré l'opposition du gouvernement zaïrois. Le général canadien Baril s'est rendu, sous escorte militaire canadienne, de Kigali (Rwanda) à Goma (Zaïre) où s'est installé le chef des rebelles zaïrois, Laurent-Désiré Kabila. Le Zaïre a dénoncé cette visite : le gouvernement de Kinshasa y voit comme une légitimation de la rébellion. Entrée de troupes ougandaises dans l'est du Zaïre, en réponse à des tirs d'artillerie sur l'Ouganda à partir de la ville zaïroise de Kasindi.
vendredi 29 novembre
Les combats se poursuivent dans l'est du Zaïre : les rebelles tutsis ont procédé à des exécutions, ouvert le feu sur les réfugiés d'un camp à cinquante kilomètres de Goma et conquis la ville de Butembo à 200 kilomètres au nord. Ces combats entravent le largage des vivres, d'autant que tous les réfugiés ne sont pas tous localisés et que le Zaïre refuse d'autoriser le survol de son territoire. La Force multinationale d'intervention dans la région des Grands lacs a été formée dans la soirée.
samedi 30 novembre
Dans l'après-midi, les soldats ougandais sont intervenus au Zaïre, chassant les forces régulières zaïroises de Beni.
dimanche 1er décembre
Protestations officielles du Zaïre auprès des autorités ougandaises, tandis qu'une première rotation aérienne effectuée par la force multinationale à partir de l'Ouganda a permis d'apporter près de sept tonnes de fournitures médicales et de vaccins anticholériques en Tanzanie où se trouvent entre 500 000 et 700 000 réfugiés Rwandais, Burundais et Zaïrois.
lundi 2 décembre
Un mois après être tombée aux mains des rebelles Tutsis, une fois pillée par les soldats zaïrois en déroute, Goma a repris, pour la première fois, une vie presque normale. Sur le terrain, l'offensive des rebelles de Kabila a maintenant atteint les confins du Nord-Kivu et menace les villes de Bunia et de Kindu. Parallèlement, des mouvements de troupes ougandaises ont été repérés à l'intérieur du territoire zaïrois. L'Ouganda nie toujours que ses troupes aient pris Beni, mais reconnait mener des opérations à l'intérieur du Zaïre contre les rebelles du Front démocratique.
La France a demandé au Zaïre de lever l'immunité de son ambassadeur, auteur à Menton d'un accident qui a coûté la vie à deux adolescents le 23 novembre. L'ambassadeur a été rappelé la veille au Zaïre.
mardi 3 décembre
La situation dans l'est du Zaïre continue de se dégrader aux dépens des Forces armées zaïroises, incapables de contenir la progression des rebelles tutsis de Kabila, qui remonte du sud et menacent Walikale, et les incursions ougandaises dans le nord-est qui persistent (ils ont déjà pillé Kasindi, Béni, Rume, Masabwe et Manda-Mutaga).
vendredi 6 décembre
Malgré l'appel des chefs d'Etat africains réunis autour du président français Chirac à Ouagadougou (Burkina-Faso), il n'y aura probablement pas d'intervention internationale ni de parachutages alimentaires dans la région des grands Lacs. Le Canada, tête de file d'une éventuelle force militaire, estime qu'elle est aujourd'hui pratiquement sans objet. Pourtant, la guerre n'est pas finie et les réfugiés restés au Zaïre sont malades et affamés. Ceux qui sont rentrés au Rwanda ou au Burundi redoutent, eux, des règlements de compte.
samedi 7 décembre
Nouvelle dégradation dans l'est du pays : plus de trois cents soldats gouvernementaux et leurs officiers ont rejoint les rangs de la rébellion pour « combattre l'ennemi commun » (le régime de Mobutu). Ils participent à ses cotés au siège de Bunia, dernière ville de l'est encore contrôlée par Kinshasa. Pas pour longtemps, les hommes de Kabila se battent dans les faubourgs de la ville.
mercredi 11 décembre
Les organisations humanitaires présentes au Zaïre ont déjà recensé 4 986 morts, dont près de 3 000 Zaïrois, principalement des civils, dans la seule région de Goma. Des centaines de milliers de réfugiés se terrent toujours dans les forêts ou marchent vers le nord-ouest. De plus, la guerre n'est pas finie : les belligérants refusent toujours de se voir. Et l'offensive se poursuit autour de Goma et dans le nord.
vendredi 13 décembre
Mobutu Sese Sko a fait savoir qu'il rentrerait au Zaïre le 16 ou le 17 décembre. Le président kényan Daniel Arap Moi accueillera le 16 décembre un sommet, à Nairobi, sur « la crise dans la région des Grands Lacs ». Le ministère kényan des Affaires étrangères n'a pas précisé quels seraient les pays invités.
dimanche 15 décembre
Le Canada a annoncé le démantèlement de l'embryon de force multinationale dans la région. A Kinshasa, le bruit courait que l'armée zaïroise allait entreprendre la reconquête du Kivu, aux mains des Banyamulenge.
mardi 17 décembre
Le président Mobutu, en convalescence en France depuis le 4 novembre, est rentré dans la matinée au Zaïre. Des dizaines de milliers de personnes l'ont acclamé à son arrivée à l'aéroport. Le Premier ministre, Kengo Wa Dondo, figurait bien sûr au premier rang des autorités qui l'ont accueilli, mais on a aussi noté la présence de certains dirigeants de partis politiques, y compris de l'opposition radicale. Pendant ce temps, dans l'est du pays, des combats sont encore signalés à Walikale, à une centaine de kilomètres de Goma. Ils mettent aux prises la rébellion zaïroise, des soldats des anciennes forces armées rwandaises et des miliciens hutus rwandais. Ces combats coïncident avec la fin du sommet africain de Nairobi. Aucune décision concrète n'y a été prise pour apporter une solution à la crise zaïroise.
mercredi 18 décembre
Le général Mahele Bokougo Lieko vient d'être nommé chef d'état-major. Cette décision semble marquer une volonté de remettre de l'ordre dans le pays.
jeudi 19 décembre
Le président Mobutu a rencontré les dirigeants de l'opposition, dans les locaux de l'Organisation de l'Unité africaine (OUA) à Kinshasa. Il leur a demandé de lui soumettre une liste de personnes susceptibles de raffermir la position du gouvernement. Le porte-parole de la présidence a écarté la possibilité d'une éviction de l'actuel Premier ministre.
vendredi 20 décembre
Des observateurs de l'ONU ont noté l'arrivée de troupes zaïroises à Bunia (près de la frontière ougandaise) à bord d'une dizaine d'avions.
samedi 21 décembre
Selon plusieurs indications, l'armée zaïroise aurait entrepris de reconquérir le Kivu par le nord. Selon les rebelles de Kabila, des attaques sont parties de Bunia vers Béni, à 200 kilomètres plus au sud. Et des mercenaires étrangers seraient arrivés à Kisangani et Kindu (près de Bukavu). La contre-offensive est confirmée par l'attitude des Banyamulenges : alors qu'ils refusaient toute discussion, voilà que leur chef demande subitement à Kinshasa d'« arrêter l'aventure militaire » et de venir « à la table des négociations ». Il accuse aussi la France d'aider Kinshasa dans sa contre-offensive. Paris affirme ne fournir aucune aide militaire au Zaïre. Quant à l'ONU, elle a formellement abandonné l'idée d'une force multinationale.
mardi 24 décembre
Un « gouvernement de crise » a été formé au Zaïre. Faute de pouvoir trouver un nouveau Premier ministre, le président Mobutu en a confié la direction au sortant, Léon Kengo wa Dondo, considéré par l'opposition comme le grand responsable de la débâcle zaïroise dans l'est du pays. Bazna Mukalay devient ministre des Mines.
mercredi 25 décembre
La rébellion du Katangais Kabila affirme avoir pris Bunia et mis en déroute les « 4 000 soldats zaïrois bien entraînés » qui défendaient cette ville stratégique proche de gisements aurifères. L'information reste à confirmer. D'autre part, Kabila semble avoir des problèmes avec ses « Maï-Maï ». Ces redoutables enfants-guerriers, qu'il voudrait intégrer dans son armée, supportent de plus en plus mal sa tutelle.
lundi 30 décembre
Le président Mobutu a promulgué la loi qui doit permettre l'organisation d'un référendum, en principe en février. Le projet prévoit un Etat fédéral, dénommé République fédérale du Congo, doté d'un régime parlementaire à deux chambres. Une présidentielle et des législatives devraient suivre en mai.
Soixante-douze personnes ont trouvé la mort après qu’un camion se soit renversé.
mardi 2 janvier
Appel de Boutros Boutros-Ghali (secrétaire général de l'ONU) à l'armée zaïroise afin qu'elle intervienne au Burundi en raison des violences interethniques.
lundi 8 janvier
Un avion cargo russe Antonov-32 qui venait de décoller de Kinshasa s'est écrasé sur un marché central couvert de la ville faisant plus de 350 morts et des dizaines de blessés. L'avion, en surcharge, ne possédait pas d'autorisation de vol et aurait « emprunté » celle d'une compagnie de charters. Quatre des cinq aviateurs sont détenus par la justice. Le dernier reste introuvable, il avait fuit le marché pour échapper à la colère de la foule.
vendredi 12 janvier
Un camion s'est renversé à une soixantaine de kilomètres de Kinshasa : trente-cinq morts.
vendredi 19 janvier
Début pour le Zaïre de la Coupe d’Afrique des Nations de football, organisée par l’Afrique du Sud. Le premier tour concernant le groupe C est limité à trois matchs, le Nigeria ayant déclaré forfait avant le début de la compétition. Au Kings Park Stadium de Durban, le Gabon a battu le Zaïre deux buts (Mackaya sur penalty et Bekogo) à zéro, devant 4 000 spectateurs.
jeudi 25 janvier
Dernier match du premier tour de la Coupe d’Afrique des Nations de football : au stade FNB de Johannesburg, le Zaïre a battu le Liberia deux buts (Lukaku sur penalty et Essende) à zéro, devant 3 000 spectateurs. Deuxièmes du groupe C, les Zaïrois sont qualifiés pour les quarts de finale.
dimanche 28 janvier
Quarts de finale de la Coupe d’Afrique des Nations : au stade EPRFU de Port Elizabeth, le Ghana a battu le Zaïre un but (Yeboah) à zéro, devant 8 000 spectateurs.
mardi 13 février
Les autorités zaïroises ont accentué leur pression ces derniers jours pour pousser les réfugiés rwandais à rentrer chez eux, en arrêtant plusieurs hauts responsables du camp de Kibumba, soupçonnés d’être des « intimidateurs » dissuadant leurs compatriotes de quitter le camp. Le « président », le « vice-président » et les trois responsables « d’arrondissements » du camp de Kibumba (200 000 réfugiés) ont été éloignés du camp et amenés dans les locaux de la police secrète à Goma. Quelques 250 soldats de l’armée zaïroise se sont déployés autour du camp de Kibumba empêchant théoriquement toutes entrées et sorties. Mais dès la nuit tombée, les militaires se retirent. Toutes les opérations de rapatriement volontaire tentées à ce jour se sont soldées par un échec : une opération du HCR, prévue en vue de fermer le camp de réfugiés rwandais de Goma, a échoué : seuls cinquante Hutus se sont présentés.
Les autorités zaïroises ont arrêté, dans la soirée, cinq responsables rwandais du camp de Kibumba et les ont écroués dans les locaux de la police secrète à Goma.
mercredi 14 février
Nouvel échec d'une mission du HCR à Goma.
mercredi 21 février
Le gouvernement zaïrois a décidé de mettre un terme aux activités du HCR et des ONG dans les camps de réfugiés rwandais de Kibumba (200 000 personnes) et de Nyangezi-Mulwa (20 000). Kinshasa reproche aux Hutus rwandais de ne pas rentrer chez eux.
lundi 29 avril
Des centaines de Burundais fuient leur pays vers le Zaïre suite à la guerre civile qui y fait rage.
en avril
La France est le seul pays bailleur de fonds à avoir repris une coopération d'Etat à Etat avec le Zaïre.
dimanche 12 mai
Une centaine de Tutsis rwandais ont été massacrés dans le Masisi, selon Médecins sans Frontières, et 3 000 autres y sont menacés.
du dimanche 26 au mercredi 29 mai
De 150 à 200 réfugiés tutsis rwandais auraient été massacrés par des Hutus au monastère de Makoto, dans les bananeraies et les marais de Masisi.
mercredi 29 mai
L'ONU a envoyé une mission dans l'est du Zaïre pour enquêter sur le sort des 3 000 Tutsis rwandais menacés par des extrémistes Hutus dans la région de Masisi. Ces personnes sont encerclées par des forces gouvernementales rwandaises et d'anciens miliciens. La semaine dernière, une centaine de Tutsis ont été tués dans la région de Goma (700 000 réfugiés, surtout Hutus).
dimanche 2 juin
Qualifications pour la Coupe du monde de football 1998 : à l’île Maurice, les Mauriciens ont été battus par les Zaïrois cinq buts à un.
jeudi 6 juin
Chargé de soixante tonnes de carburant, un avion cargo Ilyouchine 76, venant du Caire, s'est écrasé à l'aéroport de Kinshasa, d'où il venait de repartir à vide vers Athènes. Ses huit membres d'équipage, des Russes, ont péri carbonisés.
dimanche 16 juin
Qualifications pour la Coupe du monde de football 1998 : à Kinshasa, le Zaïre a battu l’île Maurice deux buts à zéro.
mardi 25 juin
Les dirigeants de six pays d'Afrique (Ouganda, Zaïre, Kenya, Rwanda, Burundi et Tanzanie) se retrouvent à Arusha (nord de la Tanzanie) pour tenter d'enrayer la guerre civile au Burundi (plus de 100 000 morts en trente-trois mois).
mercredi 31 juillet
Le Rwanda, le Kenya, l'Ethiopie, le Zaïre, la Tanzanie et l'Ouganda ont décidé le blocus économique du Burundi après le coup d'Etat qui vient d'y avoir lieu.
lundi 5 août
Les deux pilotes russes de l'avion qui s'était écrasé le 8 janvier à Kinshasa, causant la mort de plus de trois cents personnes, ont été condamnés à deux ans de prison ferme.
jeudi 22 août
Le président Mobutu a été opéré d'un cancer à Lausanne (Suisse).
jeudi 29 août
Match amical de football : à Settat, le Maroc a écrasé la République démocratique du Congo sept buts à zéro.
jeudi 5 septembre
La télévision suisse a révélé que le président Mobutu « se remet plus difficilement que prévu » de son opération d'un cancer. De son coté, la presse d'opposition zaïroise appelle à préparer rapidement sa succession.
en septembre
Des combats éclatent dans le Kivu entre les Forces armées zaïroises (FAZ) et des Banyamulenge, les descendants de Tutsis rwandais installés au Zaïre au XIXe siècle mais qui ont été privés de la nationalité zaïroise.
samedi 12 octobre
Des hommes armés ont tués une cinquantaine de civils dans un village de la région d'Uvira (est du pays).
nuit du samedi 12 au dimanche 13 octobre
Des hommes armés ont tués quatre réfugiés hutus dans la camp de Runingo, dans la région d'Uvira.
dimanche 13 octobre
Quelque 20 000 réfugiés hutus ont fui le camp de Runingo. Cette région, qui accueille 200 000 réfugiés (120 000 burundais et 80 000 rwandais), est en proie, depuis début septembre, à de violents combats entre l'armée zaïroise et des bandes Banyamulenges (des Tutsis d'origine rwandaise mais installés de longue date au Zaïre). Pour Sylvana Foa, porte-parole de l'ONU, la situation y est « explosive ».
vendredi 18 octobre
Toute la journée, des affrontements ont opposé l'armée zaïroise à des « infiltrés venus du Burundi », probablement des Banyamulenges, sur les montagnes dominant Uvira. Au moins vingt-huit villageois zaïrois et trois infiltrés ont été tués.
lundi 21 octobre
Après trois jours de combats à Uvira, les 250 000 réfugiés hutus rwandais et burundais ont tous fui les camps où l'armée zaïroise affronte la tribu tutsie des Banyamulenges. Ces affrontements ont fait au moins 78 tués, pour la plupart des civils. L'archevêque de Bukavu, Mgr Christophe Munzi Hirwa a, dans une lettre adressée à l'ONU, vigoureusement pris position contre le Rwanda et les Banyamulenges qu'il accuse de vouloir déstabiliser le Zaïre.
mardi 22 octobre
La situation dans les camps d'Uvira a conduit le Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés à évacuer d'urgence ses employés sur place (quarante-huit personnes par avion). Bloqués dans leurs bâtiments, incapables de se déplacer, ils étaient devenus quasiment des otages. La situation dans cette région est qualifiée de « dangereuse, confuse et chaotique » par son porte-parole. Le Premier ministre, en visite officielle en Grande-Bretagne, a minimisé les troubles mais n'en a pas mois vivement critiquer le Rwanda, accusés d'équiper les Tutsis Banyamulenges. Le Rwanda rejette ces accusations : « Ce sont les Zaïrois qui ont commencé en chassant les Banyamulenges ».
mercredi 23 octobre
Le Zaïre continue d'affirmer que des combats opposent ses soldats à ceux du Rwanda. Il est même fait état d'une « agression de 1 700 hommes de troupes » au Sud-Kivu mais aussi des combats à Goma, capitale du Nord-Kivu. Des réfugiés burundais, arrivés à Bukavu, disent avoir vu des soldats rwandais prisonniers. Ces accusations sont toujours rejetées par le gouvernement rwandais.
jeudi 24 octobre
Des officiers zaïrois ont commencé à évacuer leurs familles de la ville frontalière de Bukavu, où les combats entre l'armée et les Tutsis gagnent en intensité. Des soldats ont entrepris de dresser des barrages sur les routes. Tous les réfugiés qui fuient la région racontent que des assaillants bien armés sont venus du Rwanda et que les soldats zaïrois, très mal armés, ont rapidement reculé.
vendredi 25 octobre
Les rebelles Banyamulenges sont sur le point de s'emparer de Bukavu, capitale du Sud-Kivu. Rejoints par des tribus hostiles au régime de Kinshasa, ils envisageaient d'opérer une jonction avec le Nord-Kivu. Muller Ruhimbika, porte-parole à Kigali de l'Alliance démocratique du peuple, le parti Banyamurenges, affirme que plusieurs localités de l'est du Zaïre ont déjà été conquises. Les autres forces qui les soutiennent représentent trois partis d'opposition au président zaïrois Mobutu : le Parti de la révolution populaire, le Conseil national de la résistance pour la démocratie, le Mouvement révolutionnaire pour la libération du Zaïre.
samedi 26 octobre
Les Tutsis Banyamulenges ont bombardé les camps de réfugiés Hutus de Kibumba (200 000 habitants) et de Katalé, au Zaïre.
dimanche 27 octobre
La situation devient de plus en plus dramatique dans l'est du pays, où l'armée zaïroise se révèle incapable de faire face à la rébellion des Banyamulenges. Selon une source humanitaire à Genève le gouvernement rwandais épaule bien l'offensive des rebelles avec des hommes du 7e bataillon de l'armée zaïroise. Ils sont bien armés et dotés d'une bonne artillerie. Kigali nie toujours toute implication dans ces événements. Les Tutsis se sont attaqués au camp de réfugiés de Panzi (7 300 occupants) à vingt-cinq kilomètres de Goma. Ils ont aussi tiré des obus sur Bukavu, plus au sud, dont ils ne sont qu'à cinq kilomètres et Uvira serait prêt de tomber entre leurs mains. Ces pilonnages ont jeté sur les routes 210 000 personnes de plus alors que plusieurs centaines de milliers de personnes sont déjà en mouvement, sous une pluie diluvienne. Des milliers d'entre eux se pressaient aux abords de l'immense camp de Mugunga, à quinze kilomètres de Goma, alors qu'il héberge déjà 200 000 personnes.
lundi 28 octobre
Dans l'est du Zaïre, la situation humanitaire est « désespérée » et une catastrophe majeure est à craindre, a assuré à Genève un porte-parole du HCR. Fuyant les combats, plus d'un demi-million de personnes (dont de nombreux enfants) errent sur les routes et les collines en pleine saison des pluies. L'ONU n'a plus accès qu'à une minorité des réfugiés rwandais et burundais. Dans la région de Goma, elle vient de distribuer à quelque 680 000 Hutus des rations alimentaires pour leur permettre de tenir de dix à vingt jours. Le chaos règne à Bukavu, que les soldats zaïrois pillent pour fuir ensuite avec leurs familles à bord de véhicules « réquisitionnés ». Pour la première fois, le président rwandais, Pasteur Bizimungu, a laissé poindre sa volonté de mainmise sur la rive occidentale du lac Kivu : « Si le Zaïre veut (nous) renvoyer les Banyamulenges, qu'il nous rende aussi leurs terres », a-t-il dit, en rappelant que cette région était autrefois rwandaise. Il s'est toutefois défendu de tout esprit de conquête territoriale.
mardi 29 octobre
L'entrée des troupes zaïroises dans le conflit de l'est du Zaïre a provoqué une offensive rwandaise en territoire zaïrois entre Cyangugu et Bukavu, la première depuis le début de l'affrontement. Les organisations humanitaires ont commencé une première distribution de biscuits (huit par enfant !) aux 220 000 réfugiés qui sont arrivés à Mugunga, devenu le plus grand camp du monde. Dans la soirée, l'archevêque de Bukavu, Mgr Christophe Munzi Hirwa, a été assassiné lors d'une attaque militaire (il avait pris position contre le Rwanda et les Banyamulenges).
mercredi 30 octobre
Du point de vue militaire, la situation s'est nettement dégradée aujourd'hui dans l'est du pays. La ville frontalière de Cyangugu a été le théâtre de tirs d'artillerie qui ont parfois visé un quartier habité. A Bukavu, qui aurait été prise par les rebelles Tutsis, on a recensé une centaine de morts. Près de Goma, une base de l'armée zaïroise a été attaquée par les Banyamulenges qui sont arrivés pratiquement à la frontière de l'Ouganda. Dans la matinée, un groupe de Tutsis a fait irruption dans la mission carmélite de Bukavu et ont pris en otages deux religieux (un Espagnol et un Belge). Du point de vue humanitaire, 115 000 Hutus rwandais ont fui le seul camp de Kahindo en direction de Mugunga ; pour le reste, tout n'est que confusion. L'Organisation mondiale de la santé dépêche des équipes par crainte d'épidémies. La Belgique propose une conférence sous l'égide de l'Union européenne ; Le secrétaire général de l'ONU, Boutros Boutros-Ghali (qui s'est entretenu en Suisse avec le président zaïrois Mobutu) propose une rencontre à Nairobi (Kenya) pour négocier l'ouverture de couloirs humanitaires.
jeudi 31 octobre
Après l'évacuation des camps du sud-Kivu et des villes d'Uvira et de Bukavu, qui seraient tombés aux mains des Tutsis soutenus par l'armée rwandaise, il semblerait que ce soit au tour de Goma, située une centaine de kilomètres plus au nord : des tirs venus de l'autre côté de la frontière rwandaise s'abattaient sur la ville, précipitant sur les routes des cohortes de voitures surchargées. Le HCR fait état de violents combats sur l'aéroport, que l'armée zaïroise semblait toutefois toujours contrôler. Cet aéroport est un point stratégique, car il représente le seul lien du Kivu avec le monde extérieur. Le Rwanda vient de déployer dans la soirée quinze bataillons, soit environ 10 000 hommes sur ses frontières.
vendredi 1er novembre
Les Tutsis Banyamulenges ont opéré la jonction entre le sud et le nord du Kivu. Après Uvira, ils ont pris Bukavu (400 000 habitants), repoussant l'armée zaïroise et faisant fuir les civils par milliers. Les combats ont fait des dizaines de morts. A Goma, après la prise de l’aéroport et où la terre tremble sous l'impact des tirs de mortier, l'armée rwandaise est entrée dans la ville. L'armée zaïroise déserte certains quartiers malgré l'appui des miliciens Hutus rwandais, les fameux Interhamwe (auteurs du génocide de 1994 au Rwanda) qui étaient cachés dans les camps. Tirés du haut des collines de Goma, des tirs de roquette katioucha ont atteint la ville rwandaise de Gisenyi (100 000 habitants). Un million de réfugiés sont abandonnés par les ONG ou en errance dans les collines. Près de 300 000 Hutus ont fui les camps de la région de Goma. Les organisations humanitaires chassées par les combats ne travaillent plus. Le HCR évacue tout son personnel. Les sièges de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ont été attaqués. 220 000 réfugiés sont arrivés au camp de Mugunga (420 000 personnes, 200 000 autres attendus). Côté rwandais, 5 000 civils ont quitté Gisenyi. Et 15 000 Zaïrois ont trouvé refuge en Ouganda. A Kinshasa, 10 000 étudiants ont défilé dans les rues pour demander la démission du Premier ministre Kengo Wa Dondo par ailleurs accusé de « laxisme » voire d'« indifférence » par les parlementaires y compris modérés. Son gouvernement a fait volte face et décidé le « renvoi forcé et progressif de tous les réfugiés rwandais et burundais campés sur le territoire zaïrois ». Toujours à Kinshasa, une montée de sentiment xénophobe contre les Tutsis (Rwandais ou Burundais) se fait sentir, en particulier du côté des étudiants de l'université (Unikin) totalement déchainés.
samedi 2 novembre
Alors que les affrontements continuent, les étrangers (membres des Nations Unies, des ONG et journalistes, soit cent trente personnes) ont du être précipitamment évacués de Goma vers la ville rwandaise proche de Gisenyi (le consul honoraire de France est resté). Sur le terrain militaire, la situation est des plus confuses. Les rebelles Tutsis appuyés par les forces rwandaises sont en passe de gagner la partie dans l'est du pays. A Goma, dans la matinée, des éléments armés tiraient au lance-roquette vers la frontière zaïro-rwandaise (à 300 mètres du centre-ville). Tous les magasins de la ville ont été pillés tout au long de la journée, avant d'être pris entièrement par les Tutsis. A Bukavu, aux mains des Banyamulenges, on dénombre plus de soixante-cinq morts, dont huit militaires zaïrois. L'ambassadeur du Rwanda au Zaïre, Antoine Nyilinkindi, a annoncé qu'il démissionnait de ses fonctions en raison de son désaccord avec son gouvernement concernant « l'agression dont le Zaïre est victime de la part du Rwanda ». Le général Eluki Monga Aundu, chef des forces armées zaïroises (FAZ), a accusé son gouvernement de « n'avoir rien fait pour donner à l'armée les moyens nécessaires pour faire la guerre ».
dimanche 3 novembre
Des combats se poursuivent à Bukavu. Deux millions de civils, peut-être, continuent d'errer dans les collines. Dans la seule petite baie de Sake, sur le lac Kivu, un million de personnes seraient entassées dans des conditions effroyables. Dans le sud du Kivu, ils sont au moins 500 000 perdus dans la nature, sans abri et sans nourriture. On a retrouvé un millier de réfugiés en Zambie (à 700 kilomètres au sud !). 8 000 ont été recensés au Burundi. Et, surtout, les premiers cadavres ont été vus dans la rivière Rizizi entre le Zaïre et le Burundi.
lundi 4 novembre
Alors que les rebelles Banyammulenges annoncent un cessez-le-feu unilatéral de trois semaines, les Européens, pressés par les organisations caritatives, voudraient secourir les victimes du Kivu. Ma France, soutenu par l'Espagne mais contre l'avis des Etats-Unis, propose l'intervention d'une force Internationale. Des opérations « de nettoyage de poches de résistance » ont encore lieu, reconnait Laurent-Désiré Kabila, le coordinateur de l'Alliance des forces pour la libération du Zaïre. Le porte-parole du gouvernement zaïrois affirme que des vedettes rwandaises ont attaqué Goma depuis le lac Kivu.
mardi 5 novembre
Bien que le calme soit revenu au Kivu, tout entier contrôlé par les rebelles Banyamulenges, l'idée française d'une intervention militaro-humanitaire dans l'est du Zaïre met du temps à se concrétiser. A Goma, les journalistes présents ont recensés soixante-et-onze cadavres. Quant aux dix occidentaux (un médecin et neuf religieux, dont un français) qui auraient été pris en otages à Bukavu, ils sont à l'hôpital de Katana et seraient sains et saufs. A Kinshasa, le climat demeure très tendu. Dix mille étudiants mus par un fort sentiment nationaliste ont manifesté en dépit de l'interdiction notifiée par le gouvernement, pour réclamer la démission du Premier ministre.
mercredi 6 novembre
Des bombardements ont encore fait trente blessés (des Zaïrois de Goma) à Saké. L'Organisation pour l'unité africaine (OUA) accuse le Rwanda d'avoir violé la souveraineté du Zaïre.
jeudi 7 novembre
L'Europe des Quinze, unanime, demande au Conseil de sécurité de l'ONU d'autoriser une intervention d'urgence au Zaïre. Mais les obstacles politiques et militaires pourraient bien compromettre les secours aux réfugiés. La frontière zaïroise est toujours fermée aux organisations humanitaires. Dans le huis-clos de Kivu, les règlements de compte continuent. A Goma, des tirs ont repris. Des habitants qui rentraient chez eux ont été attaqués (au moins trente blessés). Même constat du HCR qui fait état de combats à Mugunga et au sud d'Uvira. Les rebelles annoncent qu'ils « souhaitent progresser. L'offensive que nous avons menée, explique leur chef, Laurent-Désiré Kabila, est une petite offensive par rapport à celle que nous avons l'intention de donner ». Il a confirmé que le cessez-le-feu durerait trois semaines, le temps d'évacuer les réfugiés vers le Rwanda. Tout en appelant, devant une foule de 4 000 personnes, la population de Bukavu à constituer une armée de volontaires et à rejoindre « les forces de l'armée du peuple ». A Kinshasa, les étudiants ont une nouvelle fois démontré leur force et l'impuissance de « l'autorité de l'Etat » en occupant le Parlement de transition (PT).
nuit du jeudi 7 au vendredi 8 novembre
Trois frères maristes espagnols ont été assassinés dans un camp de réfugiés des environs de Bukavu.
vendredi 8 novembre
Le Comité international de la Croix-Rouge est « favorable » à une intervention militaire internationale dans l'est du Zaïre. La France y pousse (soutien de l'Espagne, l'Italie, le Mali, le Tchad et le Sénégal), mais sa tâche est compliquée par certains alliés, encore hésitants (Allemagne, Etats-Unis). Le Rwanda a fait connaitre son opposition à toute implication de la France dans cette force. Selon Médecins sans Frontières, plus de 13 600 personnes seraient mortes de faim ou d'épuisement au cours des trois dernières semaines, sans compter celles qui ont été massacrées. Les combats se poursuivent autour de Goma. A Kinshasa, les étudiants ont donné jusqu'au 12 novembre au gouvernement pour démissionner.
samedi 9 novembre
Les rebelles ne contrôlent toutefois pas la région de Mugunga d'où les anciennes forces armées rwandaises (FAR, défaite par les Tutsis en 1994) et des miliciens Hutus rwandais Interahamwes, alliés aux soldats zaïrois, ont tiré à l'arme lourde à deux reprises en fin de semaine.
Début du second tour des qualifications de la zone Afrique pour la Coupe du monde de football 1998 : à Johannesburg, l’Afrique du Sud a battu le Zaïre un but à zéro. C’était la première fois que ces deux équipes se rencontraient.
du samedi 9 au dimanche 10 novembre
Les premiers cas de choléra se sont déclarés dans l'est du Zaïre.
dimanche 10 novembre
Les rebelles zaïrois ont ouvert la porte aux organisations humanitaires et posé leurs conditions à une présence internationale dans l'est du pays en excluant la France. Sur place, selon Amnesty International, cinq cents hommes rwandais et zaïrois viennent d'être tués dans le camp de Chimanga (soixante kilomètres au sud de Bukavu) par un groupe à dominante tutsie.
lundi 11 novembre
Pour la première fois depuis plus de dix jours, six agences et organisations humanitaires ont pu se rendre à nouveau dans l'est du Zaïre. Ils ont traversé la frontière entre le Rwanda et le Zaïre pour livrer seize tonnes de nourriture à l'hôpital de Goma. Une équipe a tenté de gagner Bukavu avant d'être bloquée à quelques centaines de mètres de la ville. Pendant ce temps, l'Organisation de l'Unité africaine, a demandé le « déploiement rapide d'une force neutre » dans la région des grands Lacs avec un « mandat clair », mais le Zaïre, principal pays concerné, était absent. La France se bat toujours pour faire envoyer une force de 5 000 hommes, formée par les pays africains. En fait, tout dépend des Etats-Unis qui traînent les pieds.
mardi 12 novembre
Tandis que près d'un million de réfugiés errent dans les collines et les forêts, hors de portée des organisations humanitaires, les indécentes tergiversations diplomatiques se poursuivent dans la soirée. Toutefois, le Canada a accepté de commander la force à envoyer, garantissant ainsi la neutralité de l'opération. Dans la matinée, le président sud-africain Nelson Mandela a annoncé que son pays participerait à cette force. Mais les Etats-Unis freinent toujours (ils se méfient des intérêts français). De leur coté, les organisations humanitaires ont de nouveau pu venir à Goma, où la possibilité d'une épidémie de choléra est prise au sérieux par les hôpitaux locaux.
mercredi 13 novembre
Les Etats-Unis ont annoncé qu'ils étaient enfin d'accord pour participer à une opération humanitaire international sous commandement canadien (lieutenant-général Maurice Erbil) pour sauver le million de réfugiés rwandais, zaïrois et burundais menacés de mort dans l'est du Zaïre. Ils mettront 3 000 hommes à la disposition d'Erbil, mille pour assurer la sécurité de l'aéroport de Goma (Zaïre) et les 2 000 autres dans les pays voisins pour la logistique. En comptant tous les autres pays (France, Espagne, Italie, Grande-Bretagne, Ethiopie, Mali, Erythrée, Afrique du Sud, etc.), cette force pourrait s'élever à 10 000 hommes. Mais le Rwanda, les rebelles zaïrois, le Mozambique aussi, sont opposés à la participation française, jugeant qu'elle n'est pas tout à fait neutre. Sur le terrain, les rebelles ont autorisé l'ONU à ravitailler les réfugiés de Goma qui étaient sans eau et sans nourriture depuis une semaine.
jeudi 14 novembre
Le temps presse dans l'est du Zaïre. Au camp de Katalé, au nord de Goma, des centaines de personnes meurent chaque jour de déshydratation et de diarrhée rouge. Les combats ont repris entre rebelles Tutsis et miliciens Hutus retranchés dans le camp de Mugunga. Ce qui a contraint à la fuite des centaines de personnes, qui ont rallié Goma par bateau (Goma où les rebelles ont pris une quarantaine de belges en otages). Dans la soirée, les Tutsis ont réussi à déloger les miliciens Hutus de Mugunga. Une quarantaine de personnes, principalement des femmes et des enfants, ont été retrouvées assassinées dans le camp.
vendredi 15 novembre
Des centaines de milliers (plus de 700 000) de réfugiés ont déferlé sur Goma et en direction de la frontière rwandaise. En fin de journée, 30 000 d'entre eux ont franchi la frontière zaïro-rwandaise à la « petite barrière » entre Goma et Gisenyi. Le gouvernement rwandais a interrompu en fin de matinée son Conseil des ministres pour « accueillir les réfugiés qui rentrent ». Plus au nord, quelques 70 000 personnes sont arrivées à la frontière zaïro-ougandaise. L'exode a commencé alors que le Conseil de sécurité de l'ONU n'a donné son feu vert que dans la soirée pour l'envoi d'une force multinationale dans la région.
samedi 16 novembre
Le chef des rebelles zaïrois, Kabila, et le gouvernement rwandais estiment que l'intervention internationale est désormais « absolument injustifiée », vu que les réfugiés rentrent chez eux. De leur coté, les Etats-Unis ont décidé d'attendre les recommandations de leurs experts militaires sur place pour donner le « feu vert final » à l'envoi de troupes.
dimanche 17 novembre
Près de 350 000 personnes ont désormais quitté le Zaïre, et entre 400 000 et 700 000 réfugiés marchent vers le poste-frontière de Goma-Gisenyi. En quelques heures, l'objectif pour lequel œuvraient en vain les organisations humanitaires depuis deux ans et demi, est en train de se réaliser. Les pays qui ont accepté de participer à une force multinationale ont convenu de se réunir à Stuttgart (Allemagne, réunion de « planification » militaire) pour faire le point sur la nouvelle situation dans la région des Grands lacs. Ce mouvement ne touche pourtant pas tous les camps de réfugiés (pour l'instant seulement ceux de Goma). A Goma, vingt-cinq cas de choléras ont été enregistrés dans le seul hôpital de la ville. Quatre malades sont morts depuis deux jours. Le HCR estime que 3 000 à 4 000 réfugiés sont morts des suites de maladies ou des combats. Le journal américain Boston Globe affirme que les Etats-Unis ont discrètement mis en place depuis plusieurs mois des programmes d'entrainement de l'armée et de la police rwandaise. Washington aurait notamment fourni des fonds d'un montant de six millions de francs pour la création d'une force de police rwandaise indépendante. En outre, cinquante militaires rwandais auraient été recrutés pour suivre des formations militaires américaines.
lundi 18 novembre
Ils sont un demi-million à avoir franchi la frontière entre le Zaïre et le Rwanda. L'exode des réfugiés Hutus rentrant au pays est presque terminé. Mais le retour s'annonce difficile, après deux ans d'exil.
Le président Mobutu, en convalescence dans sa résidence de Nice (en France) souhaite refaire un bilan en Suisse avant de rentrer au Zaïre. Mais la Suisse lui refuse un visa.
mardi 19 novembre
Le camp de Mugunga, vidé de ses 400 000 occupants, livre ses secrets. Parmi, les décombres, des archives militaires appartenant aux milices hutues ont été retrouvées. Elles révèlent que la France et la Grande-Bretagne auraient livré des armes à ces milices hutues, responsables du génocide au Rwanda en 1994, malgré l'embargo.
mercredi 20 novembre
Alors que l'intervention internationale est de plus en plus improbable, l'offensive des milices armées porte à croire que les conflits sont loin d'être terminés. Le commandant militaire de l'Alliance des rebelles zaïrois a annoncé la reprise des combats vers l'intérieur du Zaïre. Les anciennes forces armées rwandaises semblent se regrouper sur les hauts plateaux proches de Saké. 1 500 rebelles zaïrois ont tenté la semaine dernière d'envahir l'ouest de l'Ouganda. Ils sont actuellement basés à Kasese. La catastrophe humanitaire, elle, n'est toujours pas écartée.
jeudi 21 novembre
Le Canada a demandé la tenue d'une réunion d'urgence, dans deux jours, à Genève (Suisse), des pays prêts à fournir une aide aux réfugiés rwandais, renforçant l'idée selon laquelle une intervention est de moins en moins probable. Pendant ce temps, une colonne d'environ 100 000 personnes a poursuivi son lent cheminement de Bukavu vers Masisi. Selon des responsables de l’ONU, 500 000 personnes restent dispersées dans l'est du Zaïre. Un des principaux opposants zaïrois, Etienne Tshisekedi, a annoncé s'être réconcilié avec le président Mobutu, son ennemi juré, lors d'une entrevue dans la villa de ce dernier en France. Tshisekedi se considère « avec l'aval du président » comme le « nouveau » Premier ministre. Des propos démentis quelques heures après par le conseiller spécial de Mobutu, pour qui, il n'a pas été question du poste de Premier ministre. Pour sa part, le Premier ministre en exercice a annoncé l'intention de son gouvernement et des armées de « reconquérir » les provinces du Kivu. Tout en ajoutant que la rupture des relations avec le Rwanda, le Burundi et l'Ouganda sont à l'étude. Sur le terrain, en tout cas, l'armée zaïroise est absente des combats qui font rage à une soixante de kilomètres au sud-ouest de Goma. Ils mettent aux prises les rebelles zaïrois à des éléments de l'ancienne armée rwandaise alliés à des miliciens extrémistes hutus rwandais.
vendredi 22 novembre
Pour la première fois depuis le début de la crise dans l'est du Zaïre, 700 000 réfugiés ont pu être localisés (50 000 à l'ouest de Masisi, 100 000 au nord de Saké, 450 000 autour de Bukavu et 100 000 au sud d'Uvira). Mais les combats continuent dans la région. L'union européenne a décidé de financer à hauteur de 970 millions de francs une aide urgente aux réfugiés.
samedi 23 novembre
L'ambassadeur du Zaïre en France, Ramazani Baya, a tué un adolescent français et blessé grièvement un autre (il décédera une semaine après). Ils ont été fauchés à Menton par la voiture que conduisait le diplomate africain.
dimanche 24 novembre
Les militaires des vingt-trois pays prêts à intervenir au Zaïre ont arrêtés plusieurs scénarios à Stuttgart (Allemagne). A chaque Etat maintenant de décider. De son côté, le Rwanda estime à 740 millions de dollars (3,7 milliards de francs) le montant de l'aide nécessaire pour reloger les Tutsis qui occupent depuis deux ans les maisons des 575 000 réfugiés Hutus qui viennent de rentrer au pays.
mardi 26 novembre
On attend toujours l'intervention internationale. Sur place, une colonne de réfugiés longue de plusieurs dizaines de kilomètres fait route depuis Goma vers Saké et la frontière rwandaise. Selon les rebelles de Laurent Kabila, les Forces armées zaïroises ont déserté, sans combat, les villes de Butembo et de Bunia (au nord de Goma) après avoir pillé ces deux cités. Les rebelles ont ouvert la route Goma-Bukavu aux organisations humanitaires.
mercredi 27 novembre
Des dizaines de milliers (de 40 000 à 50 000) de réfugiés rwandais, la plupart affaiblis et malades, sont sortis des forêts zaïroises au sud de Goma et se sont rassemblés à Minova, un village des bords du lac Kivu. Commandant désigné de l'éventuelle force multinationale humanitaire, le général canadien Baril est arrivé à Kigali, capitale du Rwanda, où il s'est aussitôt entretenu avec le ministre de la Défense, Paul Kagamé, l'actuel homme fort du pays. A Kinshasa, plus de cinquante mille sympathisants ont fait un accueil triomphal au leader de l'opposition zaïroise Tshsekedi, de retour d'Europe. Un triomphe, mais aussi une protection : le gouvernement de Léon Kengo Wa Dongo a en effet l'intention de traduire le dirigeant de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) en justice pour avoir apporté, dit-il, son soutien à la rébellion du Kivu.
jeudi 28 novembre
La communauté internationale est parvenue à un accord dans la soirée, pour une mission de parachutage de vivres au Kivu, à défaut d'envoyer une force programmée par l'ONU. Des « rations de secours » devraient parvenir ainsi aux réfugiés rwandais, malgré l'opposition du gouvernement zaïrois. Le général canadien Baril s'est rendu, sous escorte militaire canadienne, de Kigali (Rwanda) à Goma (Zaïre) où s'est installé le chef des rebelles zaïrois, Laurent-Désiré Kabila. Le Zaïre a dénoncé cette visite : le gouvernement de Kinshasa y voit comme une légitimation de la rébellion. Entrée de troupes ougandaises dans l'est du Zaïre, en réponse à des tirs d'artillerie sur l'Ouganda à partir de la ville zaïroise de Kasindi.
vendredi 29 novembre
Les combats se poursuivent dans l'est du Zaïre : les rebelles tutsis ont procédé à des exécutions, ouvert le feu sur les réfugiés d'un camp à cinquante kilomètres de Goma et conquis la ville de Butembo à 200 kilomètres au nord. Ces combats entravent le largage des vivres, d'autant que tous les réfugiés ne sont pas tous localisés et que le Zaïre refuse d'autoriser le survol de son territoire. La Force multinationale d'intervention dans la région des Grands lacs a été formée dans la soirée.
samedi 30 novembre
Dans l'après-midi, les soldats ougandais sont intervenus au Zaïre, chassant les forces régulières zaïroises de Beni.
dimanche 1er décembre
Protestations officielles du Zaïre auprès des autorités ougandaises, tandis qu'une première rotation aérienne effectuée par la force multinationale à partir de l'Ouganda a permis d'apporter près de sept tonnes de fournitures médicales et de vaccins anticholériques en Tanzanie où se trouvent entre 500 000 et 700 000 réfugiés Rwandais, Burundais et Zaïrois.
lundi 2 décembre
Un mois après être tombée aux mains des rebelles Tutsis, une fois pillée par les soldats zaïrois en déroute, Goma a repris, pour la première fois, une vie presque normale. Sur le terrain, l'offensive des rebelles de Kabila a maintenant atteint les confins du Nord-Kivu et menace les villes de Bunia et de Kindu. Parallèlement, des mouvements de troupes ougandaises ont été repérés à l'intérieur du territoire zaïrois. L'Ouganda nie toujours que ses troupes aient pris Beni, mais reconnait mener des opérations à l'intérieur du Zaïre contre les rebelles du Front démocratique.
La France a demandé au Zaïre de lever l'immunité de son ambassadeur, auteur à Menton d'un accident qui a coûté la vie à deux adolescents le 23 novembre. L'ambassadeur a été rappelé la veille au Zaïre.
mardi 3 décembre
La situation dans l'est du Zaïre continue de se dégrader aux dépens des Forces armées zaïroises, incapables de contenir la progression des rebelles tutsis de Kabila, qui remonte du sud et menacent Walikale, et les incursions ougandaises dans le nord-est qui persistent (ils ont déjà pillé Kasindi, Béni, Rume, Masabwe et Manda-Mutaga).
vendredi 6 décembre
Malgré l'appel des chefs d'Etat africains réunis autour du président français Chirac à Ouagadougou (Burkina-Faso), il n'y aura probablement pas d'intervention internationale ni de parachutages alimentaires dans la région des grands Lacs. Le Canada, tête de file d'une éventuelle force militaire, estime qu'elle est aujourd'hui pratiquement sans objet. Pourtant, la guerre n'est pas finie et les réfugiés restés au Zaïre sont malades et affamés. Ceux qui sont rentrés au Rwanda ou au Burundi redoutent, eux, des règlements de compte.
samedi 7 décembre
Nouvelle dégradation dans l'est du pays : plus de trois cents soldats gouvernementaux et leurs officiers ont rejoint les rangs de la rébellion pour « combattre l'ennemi commun » (le régime de Mobutu). Ils participent à ses cotés au siège de Bunia, dernière ville de l'est encore contrôlée par Kinshasa. Pas pour longtemps, les hommes de Kabila se battent dans les faubourgs de la ville.
mercredi 11 décembre
Les organisations humanitaires présentes au Zaïre ont déjà recensé 4 986 morts, dont près de 3 000 Zaïrois, principalement des civils, dans la seule région de Goma. Des centaines de milliers de réfugiés se terrent toujours dans les forêts ou marchent vers le nord-ouest. De plus, la guerre n'est pas finie : les belligérants refusent toujours de se voir. Et l'offensive se poursuit autour de Goma et dans le nord.
vendredi 13 décembre
Mobutu Sese Sko a fait savoir qu'il rentrerait au Zaïre le 16 ou le 17 décembre. Le président kényan Daniel Arap Moi accueillera le 16 décembre un sommet, à Nairobi, sur « la crise dans la région des Grands Lacs ». Le ministère kényan des Affaires étrangères n'a pas précisé quels seraient les pays invités.
dimanche 15 décembre
Le Canada a annoncé le démantèlement de l'embryon de force multinationale dans la région. A Kinshasa, le bruit courait que l'armée zaïroise allait entreprendre la reconquête du Kivu, aux mains des Banyamulenge.
mardi 17 décembre
Le président Mobutu, en convalescence en France depuis le 4 novembre, est rentré dans la matinée au Zaïre. Des dizaines de milliers de personnes l'ont acclamé à son arrivée à l'aéroport. Le Premier ministre, Kengo Wa Dondo, figurait bien sûr au premier rang des autorités qui l'ont accueilli, mais on a aussi noté la présence de certains dirigeants de partis politiques, y compris de l'opposition radicale. Pendant ce temps, dans l'est du pays, des combats sont encore signalés à Walikale, à une centaine de kilomètres de Goma. Ils mettent aux prises la rébellion zaïroise, des soldats des anciennes forces armées rwandaises et des miliciens hutus rwandais. Ces combats coïncident avec la fin du sommet africain de Nairobi. Aucune décision concrète n'y a été prise pour apporter une solution à la crise zaïroise.
mercredi 18 décembre
Le général Mahele Bokougo Lieko vient d'être nommé chef d'état-major. Cette décision semble marquer une volonté de remettre de l'ordre dans le pays.
jeudi 19 décembre
Le président Mobutu a rencontré les dirigeants de l'opposition, dans les locaux de l'Organisation de l'Unité africaine (OUA) à Kinshasa. Il leur a demandé de lui soumettre une liste de personnes susceptibles de raffermir la position du gouvernement. Le porte-parole de la présidence a écarté la possibilité d'une éviction de l'actuel Premier ministre.
vendredi 20 décembre
Des observateurs de l'ONU ont noté l'arrivée de troupes zaïroises à Bunia (près de la frontière ougandaise) à bord d'une dizaine d'avions.
samedi 21 décembre
Selon plusieurs indications, l'armée zaïroise aurait entrepris de reconquérir le Kivu par le nord. Selon les rebelles de Kabila, des attaques sont parties de Bunia vers Béni, à 200 kilomètres plus au sud. Et des mercenaires étrangers seraient arrivés à Kisangani et Kindu (près de Bukavu). La contre-offensive est confirmée par l'attitude des Banyamulenges : alors qu'ils refusaient toute discussion, voilà que leur chef demande subitement à Kinshasa d'« arrêter l'aventure militaire » et de venir « à la table des négociations ». Il accuse aussi la France d'aider Kinshasa dans sa contre-offensive. Paris affirme ne fournir aucune aide militaire au Zaïre. Quant à l'ONU, elle a formellement abandonné l'idée d'une force multinationale.
mardi 24 décembre
Un « gouvernement de crise » a été formé au Zaïre. Faute de pouvoir trouver un nouveau Premier ministre, le président Mobutu en a confié la direction au sortant, Léon Kengo wa Dondo, considéré par l'opposition comme le grand responsable de la débâcle zaïroise dans l'est du pays. Bazna Mukalay devient ministre des Mines.
mercredi 25 décembre
La rébellion du Katangais Kabila affirme avoir pris Bunia et mis en déroute les « 4 000 soldats zaïrois bien entraînés » qui défendaient cette ville stratégique proche de gisements aurifères. L'information reste à confirmer. D'autre part, Kabila semble avoir des problèmes avec ses « Maï-Maï ». Ces redoutables enfants-guerriers, qu'il voudrait intégrer dans son armée, supportent de plus en plus mal sa tutelle.
lundi 30 décembre
Le président Mobutu a promulgué la loi qui doit permettre l'organisation d'un référendum, en principe en février. Le projet prévoit un Etat fédéral, dénommé République fédérale du Congo, doté d'un régime parlementaire à deux chambres. Une présidentielle et des législatives devraient suivre en mai.