1995
lundi 27 février
Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté à l’unanimité la résolution 978, qui rappelle les résolutions antérieures (935 et 955) concernant les crimes commis au Rwanda. Tous les Etats-membres de l’ONU sont appelés à coopérer avec le Tribunal pénal international pour le Rwanda, établi en 1994.
mercredi 1er mars
Des milliers de cadavres sont exhumés d’un charnier creusé par les Hutus.
samedi 4 mars
Des inconnus armés en embuscade ont assassiné le préfet de Butare (sud), Pierre Claver Rwangabo, son fils et leur chauffeur. le préfet avait échappé l'année dernière aux tueurs du gouvernement hutu.
dimanche 2 avril
Une décision radicale interdisant l'acheminement de convois de vivres vers les camps rwandais au Zaïre a été prise après plusieurs « actes terroristes ». Les autorités rwandaises, craignant des incidents et jugeant « immoral » ces convois de vivres du Rwanda vers le Zaïre, ont bloqué une cinquantaine de camions du Programme alimentaire mondial (PAM) transportant 2 000 tonnes de secours.
jeudi 6 avril
Le premier procès du génocide rwandais a été reporté sine die après une brève audience devant le tribunal de première instance de Kigali qui a donné un délai aux défenseurs des six premiers accusés pour mieux préparer leur dossier.
mardi 11 avril
L'armée rwandaise a lancé une attaque contre un camp de réfugiés au Zaïre.
mercredi 12 avril
La situation est explosive à la frontière entre le Rwanda et le Zaïre, après que Kinshasa eut accusé l'armée rwandaise de l'attaque de la veille.
lundi 17 avril
Arrivée de militaires tutsis au camp de réfugié hutus de Kibeho (sud-ouest qui abrite 100 000 hutus) dans le but de fermer le camp (décision du gouvernement). Mouvement de panique : dix morts, dont des enfants piétinés par la foule.
mardi 18 avril
La Mission des Nations unies pour l'assistance au Rwanda (MINUAR) a mis vingt-huit camions à la disposition des autorités rwandaises pour transporter les réfugiés des camps.
jeudi 20 avril
Les militaires rwandais ont tué par balles, dans la soirée, au moins vingt-deux occupants et blessés quarante autres du camp de réfugiés de Kibeho lors des opérations de départ des réfugiés. Les troubles auraient commencé lorsque des pierres ont été lancées sur les soldats et qu'un ou plusieurs déplacés ont tenté de voler son arme à un militaire. Le HCR a accepté, avec réticence, de fournir douze camions aux autorités rwandaises.
vendredi 21 avril
Le HCR a fourni douze autres camions aux autorités.
samedi 22 avril
Environ 2 000 Hutus rwandais ont péri dans le camp de Kibeho. La fusillade (au fusil et au lance-roquette) a éclaté lorsque l'armée est venue fermer ce camp de 100 000 personnes, semant la panique et jetant sur les routes des milliers de personnes (plus de 2 000 blessés) qui se dirigent vers Butare, encadrée par des soldats de l'armée gouvernementale. Dans cette exode, quelques 2 000 enfants auraient été abandonnés.
dimanche 23 avril
12 000 Hutus de Kibeho sont déjà arrivés à Butare. Le camp de Kibeho était pratiquement vide dans la soirée. Certains Hutus, semble-t-il, tentaient une ultime résistance.
lundi 1er mai
Les Casques bleus accusent l'armée patriotique rwandaise de déterrer les cadavres de leurs victimes du camp de Kibeho et de les évacuer pour dissimuler la vérité sur le bilan réel du massacre du 22 avril.
dimanche 11 juin
Le Burundi et le Rwanda ont décidé de créer des patrouilles conjointes à leur frontière commune avec l'aide du Zaïre, afin de s'opposer aux « bandes armées » de réfugiés hutus accusés de vouloir déstabiliser leurs pays.
en juin
Retour de 7 000 réfugiés rwandais dans leur pays.
vendredi 25 août
Le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés, qui a repris ses opérations de rapatriement des réfugiés rwandais et burundais du Zaïre n'a trouvé que peu de volontaires. Au camp de Kibumba, il ne s'est trouvé que 87 personnes (sur 33 000) à se présenter.
en août
Destitution du Premier ministre désigné en 1993 par les accords d'Arusha.
samedi 9 septembre
Quelque 1 270 soldats des anciennes Forces armées rwandaises (FAR) ont été officiellement intégrés dans l'Armée patriotique rwandaise (APR). Ils ont été entraînés et rééduqués pendant un an dans le camp de Guko.
lundi 11 septembre
Opération lancée avec le HCR pour rapatrier les réfugiés rwandais (plus d'un million). Une fusillade a éclaté à Kanama (nord-ouest) lorsque des miliciens hutus ont tendu une embuscade à une patrouille militaire, tuant un soldat de l'APR. Des renforts militaires ont ensuite ouvert le feu faisant plus de cent morts dans la population civile (dont de nombreux femmes et enfants). Une cache d'armes a aussi été découverte et huit personnes arrêtées.
mercredi 13 septembre
Prenant prétexte du massacre d'une centaine de personnes, au début de la semaine, en territoire rwandais, le Zaïre a décidé de fermer sa frontière avec le Rwanda. Il a également suspendu une opération lancée deux jours plus tôt avec le HCR.
jeudi 14 septembre
Le général Kagamé, ministre de la Défense, a quasiment admis une bavure militaire dans le massacre de Kanama, il y a trois jours.
mercredi 20 septembre
L'abbé André Sibomana (défenseur des droits de l'homme au Rwanda) a échappé de justesse à une embuscade.
dimanche 24 septembre
Le gouvernement rwandais n'a pas apprécié les propos du Pape qui attribue à un conflit ethnique les massacres qui ont endeuillé le pays l'an dernier. Selon un communiqué des Affaires étrangères, « le génocide a été le point d'aboutissement d'une campagne politique organisée par les dirigeants de l'ancien gouvernement pour éliminer une partie du peuple rwandais ». Par ailleurs, un semi-remorque, dont les freins avaient lâché, a fauché et tué au moins soixante-dix personnes devant un barrage militaire à Gitarama (sud-ouest).
lundi 25 septembre
Deux délégations zaïroises et rwandaises se sont réunies à Genève pour étudier les moyens d'accélérer le rapatriement d'un million de Rwandais ayant trouvé refuge au Zaïre.
dimanche 5 novembre
L'armée rwandaise a lancé dans la nuit une importante offensive contre une base de rebelles hutus, sur l'île d'Iwawa, près de la frontière zaïroise. Plus de trois cents rebelles auraient été tués.
mercredi 22 novembre
L'organisation Reporters sans Frontière (RSF) s'inquiète pour la vie de son correspondant, l'abbé André Sibomana, directeur d'un journal catholique et défenseur des droits de l'homme dans le pays. Elle a reçu des informations de Kigali selon lesquelles le principal responsable des renseignements militaires rwandais aurait averti récemment les autorités que si elles n'arrêtaient pas ce prêtre et trois de ses confrères, « la montagne s'abattrait sur eux et personne ne saurait ce qui c'est passé ».
samedi 25 novembre
On vient d'avoir connaissance d'une information comme quoi le commandant des forces de l'ONU au Rwanda avait prévenu ses supérieurs en janvier 1994 qu'un génocide se préparait mais que personne n'avait réagi.
La police kényane a procédé à Nairobi à une centaine d'arrestations de Rwandais, des Tutsis et des Hutus. Le Rwanda accuse le Kenya d'abriter les auteurs du génocide de 1994. Informés de l'imminence d'une rafle, les principaux responsables ont pris la fuite.
dimanche 26 novembre
Début de la 21e Coupe CECAFA des Nations (football), organisée par l’Ouganda à Kampala : en match d’ouverture, l’équipe A de l’Ouganda et le Rwanda ont fait match nul zéro à zéro.
lundi 27 novembre
Le tribunal pénal international mis en place par les Nations Unies pour juger des crimes de guerre, a procédé à sa première mise en accusation de personnes ayant participé au génocide rwandais. Les pays membres de l'ONU seront contraints d'arrêter les personnes concernées et de les remettre au tribunal basé à Arusha en Tanzanie.
mercredi 29 novembre
Second match du premier tour de la Coupe CECAFA : à Kampala, l’équipe de Zanzibar a battu le Rwanda deux buts à un.
jeudi 30 novembre
Troisième et dernier match du premier tour de la coupe CECAFA : à Kampala, le Kenya a battu le Rwanda un but à zéro. Derniers du groupe A, les Rwandais sont éliminés.
lundi 4 décembre
Les Nations unies ont annoncé qu'une vingtaine de corps d'hommes, de femmes et d'enfants avaient été découverts, dans un petit camp proche de la frontière du Burundi.
mercredi 6 décembre
Le Rwanda a ordonné l'expulsion avant la fin de la semaine de trente-huit organisations humanitaires non gouvernementales (ONG), dont un tiers sont françaises (Médecins du Monde, Médecins sans frontière, Action internationale, etc.).
samedi 9 décembre
Jean-Baptiste Barambirwa, président du Collectif et association des droits de l'homme au Rwanda (Cladho) a prononcé un discours très critique sur la situation des droits de l'homme dans le pays et sur l'attitude peu claire du gouvernement à ce propos.
dimanche 10 décembre
Disparition de Jean-Baptiste Barambirwa.
mardi 12 décembre
Barambiwa a été « retrouvé » dans les locaux de la gendarmerie rwandaise à Kigali.
1996
dimanche 21 janvier
A la demande du Tribunal pénal international pour le Rwanda, une première exhumation scientifique d'une fosse commune a lieu autour de l'église de Kibuyé.
lundi 22 janvier
Le gouvernement tanzanien a décidé d’empêcher l’entrée sur son territoire de 17 000 réfugiés rwandais en ordonnant la fermeture de sa frontière avec le Burundi.
vendredi 9 février
Le HCR a annoncé qu'il n'a plus d'argent pour aider les deux millions de Rwandais réfugiés.
lundi 12 février
Le Premier ministre Pierre-Célestin Rwigema a annoncé l'ouverture « fin mars ou début avril » des premiers procès impliquant des « génocideurs » rwandais.
mardi 13 février
Une opération du HCR, prévue en vue de fermer le camp de réfugiés rwandais de Goma (Zaïre) a échoué : seuls cinquante Hutus se sont présentés pour le retour. Les autorités zaïroises ont arrêté dans la soirée cinq responsables rwandais du camp de Kibumba (200 000 réfugiés) et les a écroués dans les locaux de la police secrète à Goma. Ils sont soupçonnés d’être des « intimidateurs » dissuadant leurs compatriotes de quitter le camp.
mercredi 14 février
Nouvel échec d'une mission du HCR à Goma.
lundi 19 février
Le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPI, créé en novembre 1994 par le Conseil de sécurité des Nations unies) vient d'inculper deux rwandais, l'ancien bourgmestre de Jaba (centre) et un ancien chef de milices hutues « interhamwe », pour génocide et crimes contre l'humanité. Ils sont détenus en Zambie et pourraient être transférés en Tanzanie, à Arusha, où siège le TPI.
mercredi 21 février
Le Zaïre a décidé de chasser le HCR et les ONG des camps de réfugiés de Kibumba (200 000 personnes) et de Nyangezi-Mulwa (20 000).
en février
Silas Munyagishali, considéré comme un des génocidaires de 1994, n'est plus procureur de Kigali.
samedi 9 mars
Arrestation du colonel Théoneste Bagosora. Il était recherché pour son rôle dans le génécide de 1994.
Premier évêque de Cyangugu (depuis 1981), Mgr Thaddée Ntihinyurwa (53 ans) est nommé archevêque de Kigali.
vendredi 15 mars
Les forces de l'ONU ont commencé leur retrait du Rwanda. La première phase concerne les soldats du Nigeria, du Ghana et du Malawi. Ensuite viendra le tour des Indiens.
lundi 18 mars
Fin de la première phase du retrait des forces de l'ONU.
mercredi 3 avril
Le Burundi est touché par des massacres de Tutsis et de Hutus : plus de 450 personnes ont été tuées en quelques jours.
dimanche 28 avril
Selon les enquêteurs de l’ONU, au moins 38 habitants du village de Murumba ont été tués par des soldats de l'armée il y a deux semaines en représailles au meurtre de l'un des leurs, une sentinelle de faction.
jeudi 9 mai
Selon le CICR, 54 000 enfants rwandais n'ont toujours pas retrouvé leurs parents. Ils sont disséminés dans les camps d'accueil du Zaïre, de la Tanzanie et du Burundi). 33 000 parents recherchent toujours leur progéniture.
vendredi 17 mai
Selon la Banque mondiale, le Rwanda est le pays le plus pauvre du monde avec un revenu annuel de 400 francs par habitant.
samedi 25 mai
Fermeture de l'école française de Bujumbura pour des raisons de sécurité. Les élèves iront passer le baccalauréat à Yaoundé, au Cameroun.
du dimanche 26 au mercredi 29 mai
De 150 à 200 réfugiés tutsis rwandais ont été massacrés par des Hutus au monastère de Makoto, dans les marais et les bananeraies de Masisi (Zaïre).
mercredi 29 mai
L’ONU a envoyé une mission dans l'est du Zaïre pour enquêter sur le sort des 3 000 Tutsis rwandais menacés par des extrémistes hutus dans la région de Masisi. Ces personnes sont encerclées par des forces gouvernementales rwandaises et d'anciens miliciens. La semaine dernière, une centaine de Tutsis ont été tués dans la région de Goma qui abrite 700 000 réfugiés, essentiellement des Hutus.
samedi 1er juin
Un mouvement hutu, « le Peuple en armes pour libérer le Rwanda » (Palir), affirme dans son premier communiqué avoir ouvert un « front intérieur » dans le pays « pour lutter contre l'occupant » (tutsi) et « l'armée régulière ougandaise ». Le communiqué est signé du commandant « Muhinza » (« Grand chef » en hutu). Le QG du Palir serait situé dans la région de Cyangugu (sud-ouest) où plusieurs attaques armées ont lieu.
début juin
Froduald Karamiru, recherché par le gouvernement tutsi de Kigali comme l'un des organisateurs du génocide de 1994, a été arrêté au cours d'une escale à l'aéroport d'Addis-Abeba, en Ethiopie.
lundi 17 juin
Les quelques cinq cents enfants emprisonnés au Rwanda et accusés de participation au génocide de 1994 vont être libérés. Seule condition : avoir eu moins de quinze ans au moment des faits. Leur rééducation civile et morale durera six ou huit mois.
vendredi 21 juin
Le vice-président rwandais, le général Paul Kagamé, a appelé les réfugiés qui ont fui en 1994 à rentrer au pays, affirmant que la sécurité y est désormais assuré.
mardi 25 juin
Les dirigeants de six pays d'Afrique (Ouganda, Rwanda, Kenya, Zaïre, Tanzanie et Burundi) se sont retrouvés à Arusha (nord de la Tanzanie) pour tenter d'enrayer la guerre civile au Burundi (plus de 100 000 morts en trente-trois mois).
dimanche 14 juillet
Au moins soixante-deux paysans hutus ont été tués la semaine dernière dans le nord-ouest du pays. Selon les organisations humanitaires, l'armée (à dominante tutsi) a organisée des raids de représailles après la multiplication des attaques menées par les rebelles hutus à partir des camps de réfugiés du Zaïre tout proche. Les soldats semblent s'être vengés sur la population locale.
mardi 16 juillet
Le gouvernement rwandais a décidé de libérer 256 enfants accusés d'avoir participé au génocide de 1994. Agés alors de moins de quatorze ans, ils ne sont pas considérés comme pénalement responsables. Les enfants seront placés sous le contrôle de l'Unicef et « rééduqués ». Plus de 73 000 personnes croupissent dans des conditions épouvantables dans les prisons rwandaises surpeuplées. L'appareil judiciaire ayant été totalement détruit, aucun procès n'a encore eu lieu.
du samedi 20 au dimanche 21 juillet
Les autorités tutsies du Burundi ont expulsé au moins 3 300 réfugiés hutus du Rwanda, du camp de Kibezi, près de Ngozy (nord) vers Butare (Rwanda). L'armée burundaise a ensuite détruit les installations. Le HCR dénoncé une collusion évidente entre les autorités tutsies du Rwanda et du Burundi.
lundi 22 juillet
Les autorités burundaises ont de nouveau expulsés 5 400 Hutus vers le Rwanda. Trois d'entre elles sont mortes de suffocation, dont un bébé de dix-huit mois. Le HCR proteste.
mardi 23 juillet
Le ministre rwandais en charge des rapatriements a annoncé que le Burundi expulsera ses 85 000 réfugiés Hutus d'ici la semaine prochaine et qu'ils ne se préoccupent pas des protestations du HCR.
mercredi 31 juillet
Le Rwanda, le Kenya, l'Ethiopie, le Zaïre, la Tanzanie et l'Ouganda ont décidé le blocus économique du Burundi après le coup d'Etat qui vient d'y avoir lieu.
jeudi 8 août
Les dirigeants rwandais ont annoncé dans la soirée la fermeture de la frontière terrestre et aérienne avec le Burundi.
vendredi 9 août
Les députés rwandais ont adopté un projet de loi punissant les auteurs du génocide de 1994, permettant ainsi l'ouverture prochaine des premiers procès des auteurs présumés.
mardi 22 octobre
Le Premier ministre zaïrois accuse le Rwanda d'être responsable des troubles qui se déroulent dans la région zaïroise d'Uvira (est du pays) en équipant les Tutsis Banyamulenges (installés au Zaïre depuis deux siècles), qui luttent contre l'armée zaïroise. Le Rwanda rejette ces accusations : « ce sont les zaïrois qui ont commencé en chassant les Banyamulenges ». Ces affrontements entraînent l'exode de 220 000 Hutus rwandais et burundais réfugiés dans cette région.
mercredi 23 octobre
Le Zaïre continue d'affirmer que des combats opposent ses soldats à ceux du Rwanda. Il est même fait état d'une « agression de 1 700 hommes de troupes » au Sud-Kivu mais aussi des combats à Goma, capitale du Nord-Kivu. Des réfugiés burundais, arrivés à Bukavu, disent avoir vu des soldats rwandais prisonniers. Ces accusations sont toujours rejetées par le gouvernement rwandais.
jeudi 24 octobre
Des officiers zaïrois ont commencé à évacuer leurs familles de la ville frontalière de Bukavu, où les combats entre l'armée et les Tutsis gagnent en intensité. Des soldats ont entrepris de dresser des barrages sur les routes. Tous les réfugiés qui fuient la région racontent que des assaillants bien armés sont venus du Rwanda et que les soldats zaïrois, très mal armés, ont rapidement reculé.
vendredi 25 octobre
Les rebelles Banyamulenges sont sur le point de s'emparer de Bukavu, capitale du Sud-Kivu. Rejoints par des tribus hostiles au régime de Kinshasa, ils envisageaient d'opérer une jonction avec le Nord-Kivu. Muller Ruhimbika, porte-parole à Kigali de l'Alliance démocratique du peuple, le parti Banyamulenges, affirme que plusieurs localités de l'est du Zaïre ont déjà été conquises. Les autres forces qui les soutiennent représentent trois partis d'opposition au président zaïrois Mobutu : le Parti de la révolution populaire, le Conseil national de la résistance pour la démocratie, le Mouvement révolutionnaire pour la libération du Zaïre.
samedi 26 octobre
Les Tutsis Banyamulenges ont bombardé les camps de réfugiés Hutus de Kibumba (200 000 habitants) et de Katalé au Zaïre.
dimanche 27 octobre
La situation devient de plus en plus dramatique dans l'est du Zaïre, où l'armée zaïroise se révèle incapable de faire face à la rébellion des Banyamulenges. Selon une source humanitaire à Genève le gouvernement rwandais épaule bien l'offensive des rebelles avec des hommes du 7e bataillon de l'armée zaïroise. Ils sont bien armés et dotés d'une bonne artillerie. Kigali nie toujours toute implication dans ces évènements. Les Tutsis se sont attaqués au camp de réfugiés de Panzi (7 300 occupants) à vingt-cinq kilomètres de Goma. Ils ont aussi tiré des obus sur Bukavu, plus au sud, dont ils ne sont qu'à cinq kilomètres et Uvira serait prêt de tomber entre leurs mains. Ces pilonnages ont jeté sur les routes 210 000 personnes de plus alors que plusieurs centaines de milliers de personnes sont déjà en mouvement, sous une pluie diluvienne. Des milliers d'entre eux se pressaient aux abords de l'immense camp de Mugunga, à quinze kilomètres de Goma, alors qu'il héberge déjà 200 000 personnes.
lundi 28 octobre
Dans l'est du Zaïre, la situation humanitaire est « désespérée » et une catastrophe majeure est à craindre, a assuré à Genève un porte-parole du HCR. Fuyant les combats, plus d'un demi-million de personnes (dont de nombreux enfants) errent sur les routes et les collines en pleine saison des pluies. L'’ONU n'a plus accès qu'à une minorité des réfugiés rwandais et burundais. Dans la région de Goma, elle vient de distribuer à quelque 680 000 Hutus des rations alimentaires pour leur permettre de tenir de dix à vingt jours. Le chaos règne à Bukavu, que les soldats zaïrois pillent pour fuir ensuite avec leurs familles à bord de véhicules « réquisitionnés ». Pour la première fois, le président rwandais, Pasteur Bizimungu, a laissé poindre sa volonté de mainmise sur la rive occidentale du lac Kivu : « Si le Zaïre veut (nous) renvoyer les Banyamulenges, qu'il nous rende aussi leurs terres », a-t-il dit, en rappelant que cette région était autrefois rwandaise. Il s'est toutefois défendu de tout esprit de conquête territoriale.
mardi 29 octobre
L'entrée des troupes zaïroises dans le conflit de l'est du Zaïre a provoqué une offensive rwandaise en territoire zaïrois entre Cyangugu et Bukavu, la première depuis le début de l'affrontement. Les organisations humanitaires ont commencé une première distribution de biscuits (huit par enfant !) aux 220 000 réfugiés qui sont arrivés à Mugunga, devenu le plus grand camp du monde. Dans la soirée, l'archevêque de Bukavu, Mgr Christophe Munzi Hirwa, a été assassiné lors d'une attaque militaire (il avait pris position contre le Rwanda et les Banyamulenges).
mercredi 30 octobre
Du point de vue militaire, la situation s'est nettement dégradée aujourd'hui dans l'est du pays. La ville frontalière de Cyangugu a été le théâtre de tirs d'artillerie qui ont parfois visé un quartier habité. A Bukavu, qui aurait été prise par les rebelles Tutsis, on a recensé une centaine de morts. Près de Goma, une base de l'armée zaïroise a été attaquée par les Banyamulenges qui sont arrivés pratiquement à la frontière de l'Ouganda. Dans la matinée, un groupe de Tutsis a fait irruption dans la mission carmélite de Bukavu et ont pris en otages deux religieux (un Espagnol et un Belge). Du point de vue humanitaire, 115 000 Hutus rwandais ont fui le seul camp de Kahindo en direction de Mugunga ; pour le reste, tout n'est que confusion. L'Organisation mondiale de la santé dépêche des équipes par crainte d'épidémies. La Belgique propose une conférence sous l'égide de l'Union européenne ; Le secrétaire général de l'ONU, Boutros Boutros-Ghali (qui s'est entretenu en Suisse avec le président zaïrois Mobutu) propose une rencontre à Nairobi (Kenya) pour négocier l'ouverture de couloirs humanitaires.
jeudi 31 octobre
Après l'évacuation des camps du sud-Kivu et des villes d'Uvira et de Bukavu, qui seraient tombés aux mains des Tutsis soutenus par l'armée rwandaise, il semblerait que ce soit au tour de Goma, située une centaine de kilomètres plus au nord : des tirs venus de l'autre côté de la frontière rwandaise s'abattaient sur la ville, précipitant sur les routes des cohortes de voitures surchargées. Le HCR fait état de violents combats sur l'aéroport, que l'armée zaïroise semblait toutefois toujours contrôler. Cet aéroport est un point stratégique, car il représente le seul lien du Kivu avec le monde extérieur. Le Rwanda vient de déployer dans la soirée quinze bataillons, soit environ 10 000 hommes sur ses frontières.
vendredi 1er novembre
Les Tutsis Banyamulenges ont opéré la jonction entre le sud et le nord du Kivu. Après Uvira, ils ont pris Bukavu (400 000 habitants), repoussant l'armée zaïroise et faisant fuir les civils par milliers. Les combats ont fait des dizaines de morts. A Goma, après la prise de l’aéroport et où la terre tremble sous l'impact des tirs de mortier, l'armée rwandaise est entrée dans la ville. L'armée zaïroise déserte certains quartiers malgré l'appui des miliciens hutus rwandais, les fameux Interhamwe (auteurs du génocide de 1994 au Rwanda) qui étaient cachés dans les camps. Tirés du haut des collines de Goma, des tirs de roquette katioucha ont atteint la ville rwandaise de Gisenyi (100 000 habitants). Un million de réfugiés sont abandonnés par les ONG ou en errance dans les collines. Près de 300 000 Hutus ont fui les camps de la région de Goma. Les organisations humanitaires chassées par les combats ne travaillent plus. Le HCR évacue tout son personnel. Les sièges de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ont été attaqués. 220 000 réfugiés sont arrivés au camp de Mugunga (420 000 personnes, 200 000 autres attendus). Côté rwandais, 5 000 civils ont quitté Gisenyi. Et 15 000 Zaïrois ont trouvé refuge en Ouganda. A Kinshasa, une montée de sentiment xénophobe contre les Tutsis (Rwandais ou Burundais) se fait sentir, en particulier du côté des étudiants de l'université (Unikin) totalement déchaînés.
samedi 2 novembre
Alors que les affrontements continuent, les étrangers (membres des Nations Unies, des ONG et journalistes, soit cent trente personnes) ont du être précipitamment évacués de Goma vers la ville rwandaise proche de Gisenyi (le consul honoraire de France est resté). Sur le terrain militaire, la situation est des plus confuses. Les rebelles Tutsis appuyés par les forces rwandaises sont en passe de gagner la partie dans l'est du pays. A Goma, dans la matinée, des éléments armés tiraient au lance-roquette vers la frontière zaïro-rwandaise (à trois cents mètres du centre-ville). Tous les magasins de la ville ont été pillés tout au long de la journée, avant d'être pris entièrement par les Tutsis. A Bukavu, aux mains des Banyamulenges, on dénombre plus de soixante-cinq morts, dont huit militaires zaïrois. L'ambassadeur du Rwanda au Zaïre, Antoine Nyilinkindi, a annoncé qu'il démissionnait de ses fonctions en raison de son désaccord avec son gouvernement concernant « l'agression dont le Zaïre est victime de la part du Rwanda ». Le général Eluki Monga Aundu, chef des forces armées zaïroises (FAZ), a accusé son gouvernement de « n'avoir rien fait pour donner à l'armée les moyens nécessaires pour faire la guerre ».
dimanche 3 novembre
Des combats se poursuivent à Bukavu. Deux millions de civils, peut-être, continuent d'errer dans les collines. Dans la seule petite baie de Sake, sur le lac Kivu, un million de personnes seraient entassées dans des conditions effroyables. Dans le sud du Kivu, ils sont au moins 500 000 perdus dans la nature, sans abri et sans nourriture. On a retrouvé un millier de réfugiés en Zambie (à sept cents kilomètres au sud !). 8 000 ont été recensés au Burundi. Et, surtout, les premiers cadavres ont été vus dans la rivière Rizizi entre le Zaïre et le Burundi.
lundi 4 novembre
Alors que les rebelles Banyamulenges annoncent un cessez-le-feu unilatéral de trois semaines, les Européens, pressés par les organisations caritatives, voudraient secourir les victimes du Kivu. La France, soutenu par l'Espagne mais contre l'avis des Etats-Unis, propose l'intervention d'une force Internationale. Des opérations « de nettoyage de poches de résistance » ont encore lieu, reconnaît Laurent-Désiré Kabila, le coordinateur de l'Alliance des forces pour la libération du Zaïre. Le porte-parole du gouvernement zaïrois affirme que des vedettes rwandaises ont attaqué Goma depuis le lac Kivu.
mardi 5 novembre
Bien que le calme soit revenu au Kivu, tout entier contrôlé par les rebelles Banyamulenges, l'idée française d'une intervention militaro-humanitaire dans l'est du Zaïre met du temps à se concrétiser. A Goma, les journalistes présents ont recensés soixante-et-onze cadavres.
mercredi 6 novembre
Des bombardements ont encore fait trente blessés (des Zaïrois de Goma) à Saké. L'Organisation pour l'unité africaine (OUA) accuse le Rwanda d'avoir violé la souveraineté du Zaïre.
jeudi 7 novembre
L'Europe des Quinze, unanime, demande au Conseil de sécurité de l'ONU d'autoriser une intervention d'urgence au Zaïre. Mais les obstacles politiques et militaires pourraient bien compromettre les secours aux réfugiés. La frontière zaïroise est toujours fermée aux organisations humanitaires. Dans le huis-clos de Kivu, les règlements de compte continuent. A Goma, des tirs ont repris. Des habitants qui rentraient chez eux ont été attaqués (au moins trente blessés). Même constat du HCR qui fait état de combats à Mugunga et au sud d'Uvira. Les rebelles annoncent qu'ils « souhaitent progresser. l'offensive que nous avons menée, explique leur chef, Laurent-Désiré Kabila, est une petite offensive par rapport à celle que nous avons l'intention de donner ». Il a confirmé que le cessez-le-feu durerait trois semaines, le temps d'évacuer les réfugiés vers le Rwanda. Tout en appelant, devant une foule de 4 000 personnes, la population de Bukavu à constituer une armée de volontaires et à rejoindre « les forces de l'armée du peuple ».
nuit du jeudi 7 au vendredi 8 novembre
Trois frères maristes espagnols ont été assassinés dans un camp de réfugiés des environs de Bukavu.
vendredi 8 novembre
Le Comité international de la Croix-Rouge est « favorable » à une intervention militaire internationale dans l'est du Zaïre. La France y pousse (soutien de l'Espagne, l'Italie, le Mali, le Tchad et le Sénégal), mais sa tâche est compliquée par certains alliés, encore hésitants (Allemagne, Etats-Unis). Le Rwanda a fait connaître son opposition à toute implication de la France dans cette force. Selon Médecins sans Frontières, plus de 13 600 personnes seraient mortes de faim ou d'épuisement au cours des trois dernières semaines, sans compter celles qui ont été massacrées. Les combats se poursuivent autour de Goma.
samedi 9 novembre
Les rebelles ne contrôlent toutefois pas la région de Mugunga d'où les anciennes forces armées rwandaises (FAR, défaite par les Tutsis en 1994) et des miliciens Hutus rwandais Interahamwes, alliés aux soldats zaïrois, ont tiré à l'arme lourde à deux reprises en fin de semaine.
dimanche 10 novembre
Les rebelles zaïrois ont ouvert la porte aux organisations humanitaires et posé leurs conditions à une présence internationale dans l'est du pays en excluant la France. Sur place, selon Amnesty International, cinq cents hommes rwandais et zaïrois viennent d'être tués au camp de Chimanga (soixante kilomètres au nord de Bukavu) par un groupe à dominante tutsie.
lundi 11 novembre
Pour la première fois depuis plus de dix jours, six agences et organisations humanitaires ont pu se rendre à nouveau dans l'est du Zaïre. Ils ont traversé la frontière entre le Rwanda et le Zaïre pour livrer seize tonnes de nourriture à l'hôpital de Goma. Une équipe a tenté de gagner Bukavu avant d'être bloquée à quelques centaines de mètres de la ville. Pendant ce temps, l'Organisation de l'Unité africaine, a demandé le « déploiement rapide d'une force neutre » dans la région des Grands Lacs avec un « mandat clair », mais le Zaïre, principal pays concerné, était absent. La France se bat toujours pour faire envoyer une force de 5 000 hommes, formée par les pays africains. En fait, tout dépend des Etats-Unis qui traînent les pieds.
mardi 12 novembre
Tandis que près d'un million de réfugiés errent dans les collines et les forêts, hors de portée des organisations humanitaires, les indécentes tergiversations diplomatiques se poursuivent dans la soirée. Toutefois, le Canada a accepté de commander la force à envoyer, garantissant ainsi la neutralité de l'opération. Dans la matinée, le président sud-africain Nelson Mandela a annoncé que son pays participerait à cette force. Mais les Etats-Unis freinent toujours (ils se méfient des intérêts français). De leur coté, les organisations humanitaires ont de nouveau pu venir à Goma, où la possibilité d'une épidémie de choléra est prise au sérieux par les hôpitaux locaux.
mercredi 13 novembre
Les Etats-Unis ont annoncé qu'ils étaient enfin d'accord pour participer à une opération humanitaire international sous commandement canadien (lieutenant-général Maurice Erbil) pour sauver le million de réfugiés rwandais, zaïrois et burundais menacés de mort dans l'est du Zaïre. Ils mettront 3 000 hommes à la disposition d'Erbil, mille pour assurer la sécurité de l'aéroport de Goma (Zaïre) et les 2 000 autres dans les pays voisins pour la logistique. En comptant tous les autres pays (France, Espagne, Italie, Grande-Bretagne, Ethiopie, Mali, Erythrée, Afrique du Sud, etc.), cette force pourrait s'élever à 10 000 hommes. Mais le Rwanda, les rebelles zaïrois, le Mozambique aussi, sont opposés à la participation française, jugeant qu'elle n'est pas tout à fait neutre. Sur le terrain, les rebelles ont autorisé l'ONU à ravitailler les réfugiés de Goma qui étaient sans eau et sans nourriture depuis une semaine.
jeudi 14 novembre
Le temps presse dans l'est du Zaïre. Au camp de Katalé, au nord de Goma, des centaines de personnes meurent chaque jour de déshydratation et de diarrhée rouge. Les combats ont repris entre rebelles Tutsis et miliciens Hutus retranchés dans le camp de Mugunga. Ce qui a contraint à la fuite des centaines de personnes, qui ont rallié Goma par bateau. Goma où les rebelles ont pris une quarantaine de belges en otages. Dans la soirée, les Tutsis ont réussi à déloger les miliciens Hutus de Mugunga. Une quarantaine de personnes, principalement des femmes et des enfants, ont été retrouvées assassinées dans le camp.
vendredi 15 novembre
Des centaines de milliers (plus de 700 000) de réfugiés ont déferlé sur Goma et en direction de la frontière rwandaise. En fin de journée, 30 000 d'entre eux ont franchi la frontière zaïro-rwandaise à la « petite barrière » entre Goma et Gisenyi. Le gouvernement rwandais a interrompu en fin de matinée son Conseil des ministres pour « accueillir les réfugiés qui rentrent ». Plus au nord, quelques 70 000 personnes sont arrivées à la frontière zaïro-ougandaise. L'exode a commencé alors que le Conseil de sécurité de l'ONU n'a son feu vert que dans la soirée pour l'envoi d'une force multinationale dans la région.
samedi 16 novembre
Le chef des rebelles zaïrois, Kabila, et le gouvernement rwandais estiment que l'intervention internationale est désormais « absolument injustifiée », vu que les réfugiés rentrent chez eux. De leur coté, les Etats-Unis ont décidé d'attendre les recommandations de leurs experts militaires sur place pour donner le « feu vert final » à l'envoi de troupes.
dimanche 17 novembre
Près de 350 000 personnes ont désormais quitté le Zaïre, et entre 400 000 et 700 000 réfugiés marchent vers le poste-frontière de Goma-Gisenyi. En quelques heures, l'objectif pour lequel œuvraient en vain les organisations humanitaires depuis deux ans et demi, est en train de se réaliser. Les pays qui ont accepté de participer à une force multinationale ont convenu de se réunir à Stuttgart (Allemagne, réunion de « planification » militaire) pour faire le point sur la nouvelle situation dans la région des Grands lacs. Ce mouvement ne touche pourtant pas tous les camps de réfugiés (pour l'instant seulement ceux de Goma). A Goma, 25 cas de choléras ont été enregistrés dans le seul hôpital de la ville. Quatre malades sont morts depuis deux jours. Le HCR estime que 3 000 à 4 000 réfugiés sont morts des suites de maladies ou des combats. Le journal américain Boston Globe affirment que les Etats-Unis ont discrètement mis en place depuis plusieurs mois des programmes d'entraînement de l'armée et de la police rwandaise. Washington aurait notamment fourni des fonds d'un montant de six millions de francs pour la création d'une force de police rwandaise indépendante. En outre, cinquante militaires rwandais auraient été recrutés pour suivre des formations militaires américaines.
lundi 18 novembre
Ils sont un demi-million à avoir franchi la frontière entre le Zaïre et le Rwanda. L'exode des réfugiés Hutus rentrant au pays est presque terminé. Mais le retour s'annonce difficile, après deux ans d'exil.
mardi 19 novembre
Le camp de Mugunga, vidé de ses 400 000 occupants, livre ses secrets. Parmi, les décombres, des archives militaires appartenant aux milices hutues ont été retrouvées. Elles révèlent que la France et la Grande-Bretagne auraient livré des armes à ces milices hutues, responsables du génocide au Rwanda en 1994, malgré l'embargo.
Début de la Coupe de football CECAFA, organisée par le Soudan : à Khartoum, le Kenya a battu le Rwanda deux buts à un.
mercredi 20 novembre
Alors que l'intervention internationale est de plus en plus improbable, l'offensive des milices armées porte à croire que les conflits sont loin d'être terminés. Le commandant militaire de l'Alliance des rebelles zaïrois a annoncé la reprise des combats vers l'intérieur du Zaïre. Les anciennes forces armées rwandaises semblent se regrouper sur les hauts plateaux proches de Saké. 1 500 rebelles zaïrois ont tenté la semaine dernière d'envahir l'ouest de l'Ouganda. Ils sont actuellement basés à Kasese. La catastrophe humanitaire, elle, n'est toujours pas écartée.
jeudi 21 novembre
Le Canada a demandé la tenue d'une réunion d'urgence, dans deux jours, à Genève (Suisse), des pays prêts à fournir une aide aux réfugiés rwandais, renforçant l'idée selon laquelle une intervention est de moins en moins probable. Pendant ce temps, une colonne d'environ 100 000 personnes a poursuivi son lent cheminement de Bukavu vers Masisi. Selon des responsables de l'ONU, 500 000 personnes restent dispersées dans l'est du Zaïre. Le Premier ministre zaïrois a annoncé l'intention de son gouvernement et des armées de « reconquérir » les provinces du Kivu. Tout en ajoutant que la rupture des relations avec le Rwanda, le Burundi et l'Ouganda sont à l'étude. Sur le terrain, en tout cas, l'armée zaïroise est absente des combats qui font rage à une soixante de kilomètres au sud-ouest de Goma. Ils mettent aux prises les rebelles zaïrois à des éléments de l'ancienne armée rwandaise alliés à des miliciens extrémistes hutus rwandais.
vendredi 22 novembre
Pour la première fois depuis le début de la crise dans l'est du Zaïre, 700 000 réfugiés ont pu être localisés (50 000 à l'ouest de Masisi, 100 000 au nord de Saké, 450 000 autour de Bukavu et 100 000 au sud d'Uvira). Mais les combats continuent dans la région. L'union européenne a décidé de financer à hauteur de 970 millions de francs une aide urgente aux réfugiés.
dimanche 24 novembre
Les militaires des vingt-trois pays prêts à intervenir au Zaïre ont arrêtés plusieurs scénarios à Stuttgart (Allemagne). A chaque Etat maintenant de décider. De son côté, le Rwanda estime à 740 millions de dollars (3,7 milliards de francs) le montant de l'aide nécessaire pour reloger les tutsis qui occupent depuis deux ans les maisons des 575 000 réfugiés Hutus qui viennent de rentrer au pays.
mardi 26 novembre
On attend toujours l'intervention internationale. Sur place, une colonne de réfugiés longue de plusieurs dizaines de kilomètres fait route depuis Goma vers Saké et la frontière rwandaise. Selon les rebelles de Laurent Kabila, les Forces armées zaïroises ont déserté, sans combat, les villes de Butembo et de Bunia (au nord de Goma) après avoir pillé ces deux cités. Les rebelles ont ouvert la route Goma-Bukavu aux organisations humanitaires. Au Rwanda, l'ONU annonce l'arrestation d'une vingtaine de rapatriés, sur le demi-million de personnes déjà rentrées. Le plus souvent, affirme le personnel onusien, il s'agissait de protéger ces personnes d'éventuels actes de vengeance d'une population qui n'oublie pas le génocide de 1994.
mercredi 27 novembre
Des dizaines de milliers (de 40 000 à 50 000) de réfugiés rwandais, la plupart affaiblis et malades, sont sortis des forêts zaïroises au sud de Goma et se sont rassemblés à Minova, un village des bords du lac Kivu. Commandant désigné de l'éventuelle force multinationale humanitaire, le général canadien Baril est arrivé à Kigali, capitale du Rwanda, où il s'est aussitôt entretenu avec le ministre de la Défense, Paul Kagamé, l'actuel homme fort du pays.
jeudi 28 novembre
La communauté internationale est parvenue à un accord dans la soirée, pour une mission de parachutage de vivres au Kivu, à défaut d'envoyer une force programmée par l'ONU. Des « rations de secours » devraient parvenir ainsi aux réfugiés rwandais, malgré l'opposition du gouvernement zaïrois. Le général canadien Baril s'est rendu, sous escorte militaire canadienne, de Kigali à Goma (Zaïre) où s'est installé le chef des rebelles zaïrois, Laurent-Désiré Kabila. Le Zaïre a dénoncé cette visite : le gouvernement de Kinshasa y voit comme une légitimation de la rébellion.
vendredi 29 novembre
Les combats se poursuivent dans l'est du Zaïre : les rebelles tutsis ont procédé à des exécutions, ouvert le feu sur les réfugiés d'un camp à cinquante kilomètres de Goma et conquis la ville et de Butembo à deux cents kilomètres au nord. Ces combats entravent le largage des vivres, d'autant que tous les réfugiés ne sont pas tous localisés et que le Zaïre refuse d'autoriser le survol de son territoire. La Force multinationale d'intervention dans la région des Grands lacs a été formée dans la soirée.
samedi 30 novembre
Dans l'après-midi, les soldats ougandais sont intervenus au Zaïre, chassant les forces régulières zaïroises de la ville de Beni.
dimanche 1er décembre
Protestations officielles du Zaïre auprès des autorités ougandaises, tandis qu'une première rotation aérienne effectuée par la force multinationale à partir de l'Ouganda a permis d'apporter près de sept tonnes de fournitures médicales et de vaccins anti-cholériques en Tanzanie où se trouvent entre 500 000 et 700 000 réfugiés Rwandais, Burundais et Zaïrois.
mercredi 4 décembre
Selon les 119 observateurs de l'ONU au Rwanda, la réinsertion des réfugiés hutus rwandais rentrés du Zaïre pose des problèmes. Ces observateurs ont recueilli des témoignages selon lesquels certains de ses réfugiés ont tué à leur retour au village les Tutsis qui avaient échappé au génocide de 1994. Selon d'autres témoignages, nombre de réfugiés ont aussi été passés par les armes à leur retour.
jeudi 5 décembre
La Tanzanie a demandé aux 600 000 Rwandais réfugiés sur son territoire de regagner leur pays avant la fin du mois.
vendredi 6 décembre
Malgré l'appel des chefs d'Etat africains réunis autour du président français Chirac à Ouagadougou (Burkina-Faso), il n'y aura probablement pas d'intervention internationale ni de parachutages alimentaires dans la région des grands Lacs. Le Canada, tête de file d'une éventuelle force militaire, estime qu'elle est aujourd'hui pratiquement sans objet. Pourtant, la guerre n'est pas finie et les réfugiés restés au Zaïre sont malades et affamés. Ceux qui sont rentrés au Rwanda ou au Burundi redoutent, eux, des règlements de compte.
vendredi 13 décembre
Le président kényan Daniel Arap Moi accueillera le 16 décembre un sommet, à Nairobi, sur « la crise dans la région des Grands Lacs ». Le ministère kényan des Affaires étrangères n'a pas précisé quels seraient les pays invités.
dimanche 15 décembre
Le Canada a annoncé le démantèlement de l'embryon de force multinationale dans la région.
lundi 16 décembre
Chassés par l'armée tanzanienne qui va fermer les camps des quinze jours, un flot de réfugiés (15 000 par heure, 103 000 par jour) déferle sur le Rwanda qui s'attend à en accueillir plus de 500 000. 90 000 sont déjà rentrés depuis le 1er décembre.
mardi 17 décembre
Dans l'est du Zaïre, des combats sont encore signalés à Walikale, à une centaine de kilomètres de Goma. Ils mettent aux prises la rébellion zaïroise, des soldats des anciennes forces armées rwandaises et des miliciens hutus rwandais. Ces combats coïncident avec la fin du sommet africain de Nairobi. Aucune décision concrète n'y a été prise pour apporter une solution à la crise zaïroise.
vendredi 20 décembre
Des observateurs de l'ONU ont noté l'arrivée de troupes zaïroises à Bunia (près de la frontière ougandaise) à bord d'une dizaine d'avions.
samedi 21 décembre
Selon plusieurs indications, l'armée zaïroise aurait entrepris de reconquérir le Kivu par le nord. Selon les rebelles de Kabila, des attaques sont parties de Bunia vers Béni, à deux cents kilomètres plus au sud. Et des mercenaires étrangers seraient arrivés à Kinsangani et Kindu (près de Bukavu). La contre-offensive est confirmée par l'attitude des Banyamulenges : alors qu'ils refusaient toute discussion, voilà que leur chef demande subitement à Kinshasa d'« arrêter l'aventure militaire » et de venir « à la table des négociations ». Il accuse aussi la France d'aider Kinshasa dans sa contre-offensive. Paris affirme ne fournir aucune aide militaire au Zaïre. Quant à l’ONU, elle a formellement abandonné l'idée d'une force multinationale.
mercredi 25 décembre
Plus de 2 000 réfugiés rentrés du Zaïre et de Tanzanie ont été arrêtés ces dernières semaines au Rwanda. C'est ce que révèle le HCR. Les autorités tutsies, au pouvoir à Kigali, estiment à 150 000 le nombre des personnes impliquées dans les massacres du printemps 1994.
vendredi 27 décembre
En un mois et demi, 1,1 million de Hutus réfugiés au Zaïre et en Tanzanie sont rentrés au Rwanda. L'accumulation des haines dans ce mini-pays surpeuplé est maintenant le risque numéro un. Que les occidentaux veulent ignorer.
La première condamnation à mort a été requise à Kigali.
1997
jeudi 2 janvier
Le prêtre catholique Jean Damascène Biminyimana, quarante-quatre ans, est nommé évêque de Cyangugu.
vendredi 3 janvier
Dans l’est du pays, le tribunal de Kibungo a prononcé les deux premières condamnations à mort contre des personnes poursuivies pour avoir participé au génocide qui fit au moins 500 000 morts. Déogratias Bizimana, ancien employé d'hôpital, et Egide Gatanazi, ancien responsable administratif local, tous deux hutus, ont deux semaines pour faire appel de ce jugement. Plus de 90 000 Hutus sont écroués au Rwanda dans l'attente de leur jugement.
mardi 7 janvier
On déplore au moins 20morts au Rwanda depuis le 4 janvier à la suite de plusieurs incidents mettant en cause des éléments « infiltrés armés » : certains chercheraient à libérer des détenus.
Selon un porte-parole de l’ONU à Genève, quelque 5 460 réfugiés rwandais ont été arrêtés à leur retour dans leur pays, en raison de leur participation présumée au génocide de 1994.
mercredi 8 janvier
Le gouvernement zaïrois a refusé aux agences de l’ONU l'autorisation de procéder au rapatriement de plus de 180 000 réfugiés vers le Rwanda, au motif que cette opération gênerait les mouvements des troupes gouvernementales qui ont reçu l'ordre de reprendre l'est du Zaïre aux rebelles tutsis.
mardi 14 janvier
Selon Médecins sans frontières, la situation est « catastrophique » dans les camps de réfugiés rwandais de Tingi Tingi et d'Amissi, près de Lubutu, dans l'est du Zaïre. Cent mille personnes y connaissent des conditions de vie épouvantables et il y a plus de vingt décès par jour, surtout des enfants. D'après MSF, ces camps sont sous la coupe des anciennes autorités rwandaises et de leurs milices.
du mercredi 15 au jeudi 16 janvier
Les combats entre les rebelles zaïrois et les forces zaïroises qui tentent de reprendre le Kivu ont fait soixante morts dans la région de Lubutu (nord-ouest de Goma). Le numéro deux des rebelles, le commandant Ngandu Kisase, a été blessé lors d'une embuscade. Des offensives de l'armée zaïroise se déroulent aussi à l'ouest de Bukavu.
vendredi 17 janvier
L'ONU vient de suspendre ses activités dans le nord du Rwanda (Ciciye) et le nord-ouest en raison des agressions dont son personnel est l'objet. Quatorze personnes, dont un député, ont été tuées à Gihira (nord-ouest).
samedi 18 janvier
Trois travailleurs humanitaires espagnols (dont un médecin et une infirmière) ont été tués et un Américain de Médecins du Monde grièvement blessé à Ruhengeri, la troisième ville du Rwanda. Trois soldats ont également trouvé la mort. Médecins du Monde a décidé de suspendre ses opérations dans le pays. Les organisations humanitaires sont, depuis plus d'une semaine la cible de groupes armés, sans doute des miliciens hutus.
dimanche 19 janvier
Les autorités rwandaises ont repris la guerre contre les extrémistes hutus dans la préfecture de Ruhengeri (nord-ouest). Elles ont annoncé « une intervention musclée et une riposte » contre les auteurs des récentes attaques visant notamment les organisations humanitaires.
lundi 20 janvier
Le Premier ministre zaïrois a donné l'ordre, dans la soirée, aux forces armées zaïroises de « conduire la guerre » pour reconquérir le Kivu envahi en octobre par les banyamulenge (Tutsis originaires du Rwanda). 500 000 réfugiés hutus et déplacés zaïrois errent toujours dans la région.
mercredi 22 janvier
Le diplomate algérien Mohamed Sahnoun a été nommé représentant spécial de l'ONU et l'Organisation de l'unité africaine (OUA) pour la région des Grands Lacs d'Afrique (Zaïre, Rwanda, Burundi, Ouganda, Tanzanie et Kenya).
jeudi 23 janvier
Depuis quatre jours, la riposte des autorités contre les extrémistes hutus aurait fait, selon diverses sources, dans la région, 350 morts. Le ministre rwandais des Affaires étrangères a demandé à la communauté internationale de choisir son camp en manifestant sa « solidarité » avec Kigali.
Les violents combats qui se déroulent dans le nord Kivu ont fait, selon un communiqué du ministère zaïrois de la Défense, plus de cent tués « chez l'ennemi », parmi lesquels « un grand chef rebelle ». Le communiqué affirme en outre que « l'ennemi est puissamment renforcé par des troupes régulières des pays qui l'appuient ».
dimanche 26 janvier
Le gouvernement zaïrois a rejeté « toute idée de dialogue avec les rebelles », et réaffirmé sa « détermination » à récupérer les territoires qu'ils occupent dans l'est du pays. Le gouvernement a de nouveau accusé le Rwanda et l'Ouganda d'être « aux cotés des rebelles qui utilisent les enfants comme boucliers humains ». Des centaines de milliers de réfugiés sont abandonnés à eux-mêmes au milieu des affrontements.
mardi 28 janvier
Bien qu'elle semble marquer le pas, la contre-offensive de l'armée zaïroise dans l'est du Zaïre et la présence dans la région de 280 mercenaires blancs (français et belges, mais aussi russes, « serbes et croates ») dotés d'hélicoptères de combat a jeté sur les routes des milliers de Zaïrois. L'armée zaïroise s'est arrêtée à une centaine de kilomètres à l'ouest de Walikalé, où passe la ligne de front. Elle attend des munitions. De son côté, dans une interview au Soir de Bruxelles, le mercenaire belge Christian Tavernier, assure que ses hommes n'ont « pas encore tiré un seul coup de fusil ». Mais il invite le Rwanda à quitter la Zaïre s'il veut épargner une attaque « en profondeur ».
mercredi 29 janvier
La Belgique a dénoncé la présence de milliers de troupes rwandaises sur le territoire zaïrois. Un responsable rwandais a démenti catégoriquement ces informations.
jeudi 30 janvier
Les autorités zaïroises ont appelé la communauté internationale à « agir face à l'agression prouvée » des troupes étrangères. La rébellion zaïroise reconnaît avoir « des relations très amicales » avec l'Ouganda et le Rwanda, tout en affirmant ne recevoir aucune aide militaire de ces pays.
vendredi 31 janvier
Le rapport annuel de la mission des droits de l'homme de l'ONU révèle que 227 survivants du génocide de 1994 ont été assassinés en 1996, le plus souvent par des soldats de l'ancien régime hutu. Des réfugiés rentrés du Zaïre et de Tanzanie ont été impliqués dans plusieurs cas enregistrés après la dernière vague de retour. L'ONU a ainsi recensé vingt-quatre meurtres de cette nature en décembre. La plupart du temps, les victimes avaient dénoncé des « génocidaires » ou avaient témoigné devant la justice.
dimanche 2 février
Un père blanc canadien, Guy Pinard, soixante et un ans, a été tué en pleine messe dans son église de Kampanga, près de Ruhengeri.
mardi 4 février
Quatre observateurs des Nations unies, un Britannique, un Cambodgien et deux Rwandais ont été tués dans une embuscade dans le sud-ouest du Rwanda. Ils enquêtaient sur la situation des droits de l'homme.
Loin de reprendre pied au Kivu l'armée zaïroise est aux abois face aux rebelles qui ont conquis Kalémie et s'enfoncent dans la province du Shaba, aussi riche que turbulente. L'armée de Mobutu vient de lancer une vaste opération de recrutement et a obtenu l'aide du Maroc. Elle affirme être confrontée à des armées très organisées, sous-entendu le Rwanda, le Burundi et l'Ouganda. Les Etats-Unis ont confirmé la présence de troupes étrangères sur le territoire zaïrois.
mercredi 5 février
Au Zaïre, selon des témoignages disponibles en juin 1997, un terrible massacre aurait eu lieu à quelques kilomètres au nord de Shabunda : des centaines de femmes et d'enfants ont péri, jetés par leurs maris ou leurs pères du haut d'un pont surplombant la rivière Ulundi. Apparemment, ces hommes auraient préféré ce geste de désespoir plutôt que de voir les leurs tomber aux mains des soldats rwandais.
jeudi 6 février
La France a déclaré partager la position des Etats-Unis qui ont averti l'Ouganda, le Rwanda et le Burundi de ne pas intervenir dans l'est du Zaïre. Les rebelles poursuivent leur avancée : ils se sont emparés de Punia (ville importante à trois cents kilomètres au sud de Kisangani).
jeudi 13 février
La rébellion zaïroise a annoncé qu'elle avait pris le contrôle d'une nouvelle ville, Faradje, dans l'extrême nord-est du pays, à la frontière soudanaise. Si le fait est confirmé, cette prise serait cruciale, dans la mesure où elle permet de contrôler la région que traversent les Hutus rwandais pour regagner les camps d'entraînement au Soudan.
vendredi 14 février
L'ancien homme d'affaires et dirigeant rwandais Froduald Karamira a été condamné à mort. La chambre spéciale du tribunal de première instance de Kigali le jugeait pour génocide.
nuit du vendredi 14 au samedi 15 février
Le président du Conseil d'Etat rwandais, Vincent Nkezadaganwa, a été assassiné à Kigali, ainsi que trois autres Rwandais. Les quatre hommes sont tombés dans une embuscade alors qu'ils arrivaient en voiture au domicile de Nkezadangawa.
samedi 15 février
Le chef des rebelles zaïrois, L.D. Kabila a averti la communauté internationale qu'il attaquerait « dans les trois jours » le camp de réfugiés de Tingi-Tingi (130 000 personnes), si l'on n'en faisait pas sortir les anciens combattants hutus qui y ont trouvé refuge et qui se prépareraient à combattre aux côtés de l'armée zaïroise.
mardi 25 février
Un témoin occidental affirme dans un rapport remis au Conseil de sécurité des Nations unies que les rebelles Tutsis de Kabila ont massacré des réfugiés hutus dans l'est du Zaïre. Ce document confirme l'existence de charniers dans la région de Katalé. « Au moins 400 000 réfugiés rwandais manquent à l'appel » affirme ce rapport. A Goma, un recensement des victimes a également pu être effectué : 2 743 corps ont été ramassés, principalement ceux de civils originaires de cette ville.
mercredi 26 février
Le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a renvoyé deux hauts responsables du tribunal pénal international pour le Rwanda (TPR). Andronico Adede (Kenya) et le procureur adjoint Honoré Rakotomanana (Madagascar) sont accusés de sérieuses erreurs dans leur gestion.
début mars
Lors d'une opération de représailles menée dans la région de Ruhengeri, dans le nord-ouest du pays, l'armée rwandaise a sommairement exécuté « au moins 137 civils ». L'opération a été motivée par l'assassinat d'un percepteur du ministère des Finances lors d'une attaque à main armée par une quinzaine d'individus. Le bilan de la répression pourrait être beaucoup plus élevé, les familles ayant peur de signaler leurs morts.
mercredi 5 mars
Les Etats-Unis ont demandé aux chefs des rebelles zaïrois, Kabila, d'autoriser l'ouverture de « couloirs humanitaires », afin de permettre le passage vers le Rwanda de quelque 200 000 réfugiés.
mercredi 12 mars
Les 75 000 à 100 000 réfugiés rwandais du camp d'Ubundu, à une centaine de kilomètres au sud-est de Kisangani (au Zaïre) ont lancé un appel désespéré aux quelques journalistes qui se sont hasardés dans la région. Persuadés que les combattants de l'Alliance des forces démocratiques de Kabila veulent leur mort, les réfugiés rwandais n'ont plus qu'un rêve : franchir le fleuve Zaïre pour se réfugier sur l'autre rive.
mercredi 26 mars
Le Haut commissaire de l’ONU aux réfugiés, Sadako Ogata, a demandé aux rebelles qui contrôlent l’est du Zaïre de laisser des dizaines de milliers de réfugiés rentrer au Rwanda après cinq mois d’une épuisante errance à travers la jungle et la guerre.
samedi 29 mars
Un employé du PAM a vu des « centaines de corps » de réfugiés rwandais morts, en survolant la route zaïroise qui va de Kisangani à Ubundu, à cent cinquante kilomètres plus au sud. Quelque 100 000 réfugiés hutus sont disséminés rwandais sont entre ces deux villes : les rebelles zaïrois refusent de les laisser entrer dans Kisangani et les repoussent vers le sud.
vendredi 18 avril
Devant les difficultés créées par les rebelles zaïrois, le HCR a renoncé à rapatrier vers le Rwanda les dizaines de milliers de Rwandais qui s'entassent près de Kisangani, dans les camps de Kasese 1 et 2. L'explication des rebelles, c'est qu'il y aurait déjà plus de trois cents cas de choléra.
mercredi 23 avril
La rébellion zaïroise de Laurent-Désiré Kabila, en passe de s'emparer du pouvoir à Kinshasa, semble de plus en plus prendre ses distances avec le Rwanda et l'Ouganda. La question de plus de 80 000 réfugiés hutus rwandais bloqués près de Kisangani, en particulier, a porté un coup aux relations entre les deux pays.
jeudi 24 avril
L'inquiétude grandit chaque jour sur le sort des réfugiés de l'est du Zaïre, sous le contrôle de la rébellion. Le secrétaire général de l'ONU accuse les rebelles de laisser les réfugiés mourir de faim en refusant aux organisations humanitaires de leur porter secours et de les rapatrier, comme prévu, par un pont aérien qui aurait du commencer la semaine dernière. Une mission humanitaire, qui s'est rendue sur place, affirme que le camp de Kasese, qui abritait 55 000réfugiés hutus rwandais, est vide. Soupçonnée de massacres, la rébellion accuse les miliciens hutus rwandais qui se trouvent parmi les réfugiés eux-mêmes.
dimanche 27 avril
Sortant du mutisme qu'il affichait depuis plusieurs jours à l'égard des médias internationaux, Kabila a donné une conférence de presse à Kisangani. Le leader de la rébellion zaïroise a annoncé qu'il avait donné au HCR soixante jours pour rapatrier les réfugiés hutus rwandais de la région de Kisangani. Aux accusations de l'ONU, qui parle à mots à peine couverts d'« extermination délibérée », le chef de la rébellion répond que le drame vécu par ces milliers de personnes n'est qu'un « petit problème ». Mais, l'ONU a enfin pu rapatrier trente-trois réfugiés dans un de ses avions, directement de Kisangani vers Kigali. Une douzaine d'autres, trop faibles pour supporter le voyage, sont restés sous sa protection. En outre, grâce à un vol de reconnaissance dans la région, le HCR pense avoir repéré quelques centaines de réfugiés en fuite dans une partie très dense de la forêt.
lundi 28 avril
Les organisations humanitaires n'ont retrouvé que quelques milliers de réfugiés hutus rwandais non loin de Kisangani. Ils ont regagné le camp de Biaro. Il en manque toujours plus de 80 000. Le silence des rebelles parait de plus en plus coupable. Un soldat rebelle a même avoué que tous les jours, la rébellion « capture les réfugiés rwandais et les tue ».
mercredi 30 avril
Début du pont aérien entre le Zaïre et le Rwanda pour rapatrier les réfugiés rwandais.
dimanche 4 mai
Comme si la faim et l'épuisement ne suffisaient pas, une centaine de réfugiés rwandais sont morts écrasés et étouffés, dans la soirée, à bord du train qui devait les ramener du camp de Biaro jusqu'à Kisangani, puis pour s'envoler vers le Rwanda. Depuis le début du pont aérien, le 30 avril, plus de 5 000 réfugiés ont ainsi pu être rapatriés. Aujourd'hui, ils ont été plus de mille à arriver au Rwanda sains et sauf.
mardi 6 mai
Dans l'après-midi, 271 enfants de Hutus rwandais sont montés dans un gros avion cargo Ilyouchine, qui les a ramenés de Kisangani jusqu'à Kigali. Depuis le début du pont aérien pour le rapatriement des réfugiés rwandais, 900 enfants ont été ramenés par avion au Rwanda, où les organisations humanitaires tentent de retrouver leur famille, proche ou éloignée. Quatre-vingts autres enfants sur 230, qui devaient être rapatriés la veille, ont été blessés par balles ou par des coups de machette. Emma Bonino, commissaire européen chargé de l'action humanitaire déclare que l'est du Zaïre « a été transformé en véritable abattoir ».
samedi 17 mai
Les troupes du rebelle zaïrois Kabila, allié du Rwanda et de l'Ouganda, se sont emparées de la capitale du Zaïre, Kinshasa, s'emparant ainsi du pouvoir qu'avait abandonné la veille le président Mobutu en quittant son pays.
mardi 20 mai
L'organisation humanitaire Médecins sans frontières estime à 190 000 le nombre de réfugiés hutus portés disparus dans l'est du Zaïre. Dans un rapport de dix pages, MSF affirme que l'Alliance rebelle a mis en place « une stratégie délibérée visant à l'élimination de tous les réfugiés rwandais, y compris des femmes et des enfants ». Dans le sud du Zaïre, près de la frontière angolaise, les réfugiés seraient systématiquement persécutés par les hommes de Kabila.
vendredi 23 mai
La nomination du nouveau gouvernement zaïrois ne plait pas aux Kinois : « Nous n'accepterons jamais que Tshisekedi, qui a combattu la dictature pendant plus de vingt ans, soit combattu par Kabila et ses Rwandais ». Si la majorité des Kinois accepte que Kabila soit le chef de l'Etat, elle exige par contre que le Congo-Zaïre ne soit géré et gouverné que par les Zaïrois. Les Kinois s'interrogent et menacent de recourir aux armes pour faire partir les Rwandais : « Les forces armées zaïroises ne sont pas mortes. Elles sont plus puissantes que les Tutsis ; nous allons les chasser bientôt ».
jeudi 29 mai
Les présidents angolais, rwandais, ougandais et zambien ont assisté à la cérémonie de prestation de serment du nouveau chef de l'Etat de l'ex-Zaïre, Laurent-Désiré Kabila, qu'ils ont fortement soutenu dans sa guerre contre le président déchu Mobutu.
mardi 3 juin
Un rapport des Nations unies rendu public affirme que près de 350 personnes ont été tuées au Rwanda en l'espace de dix semaines, entre le 1er mars et le 15 mai. Le document, rédigé par plusieurs observateurs des droits de l'homme, a recensé quarante-huit incidents violents d'origine ethnique. Dans le nord, notamment, des soldats tutsis de l'armée rwandaise auraient tué 162 personnes. Deux attaques contre des écoles ont également coûté la vie à vingt-trois élèves ; à chaque fois, les meurtriers ont demandé aux jeunes gens de décliner leur identité et leur origine ethnique, abattant ceux qui leur opposaient un refus.
mercredi 4 juin
Lors du 33e sommet de l'OUA, qui s'est achevé au Zimbabwe, le nouveau président « zaïrois », Kabila, a donné son accord pour une enquête internationale sur les massacres de réfugiés hutus rwandais dans l'est du pays. Selon le secrétaire général de l'ONU, le tombeur de Mobutu a accepté de « coopérer à la fois sur l'aide aux réfugiés sur les accusations de massacre ». Kabila devrait désigner un membre de son gouvernement pour « travailler avec le HCR afin de déterminer l'ampleur du problème et agir énergiquement pour résoudre la question des réfugiés ».
mercredi 18 juin
Deux collaborateurs locaux du Programme alimentaire mondial (PAM) de l'ONU ont été assassinés récemment au Rwanda. Les agences humanitaires de l'ONU dénoncent une insécurité croissante dans l'ouest du pays qui les empêche de garantir la protection de milliers de réfugiés rapatriés de l'ex-Zaïre et de Tanzanie.
vendredi 27 juin
Dans l'est du Zaïre, les témoignages se multiplient sur les massacres de réfugiés hutus commis ces derniers mois par des soldats rwandais.
du samedi 12 au dimanche 13 juillet
Des affrontements meurtriers ont opposé l'armée rwandaise et des miliciens hutus dans le nord du pays. L'opération militaire, qui visait à empêcher plusieurs centaines de rebelles d'installer une base à Ruhengeri, aurait fait plus de 170 victimes.
jeudi 17 juillet
Entre 2 000 et 3 000 civils ont été tués au Rwanda par l'armée depuis trois mois, selon un rapport de l'organisation américaine Médecins pour les droits de l'Homme (PHR). « Les massacres de réfugiés et de villageois congolais, ainsi que de civils dans l'ouest du Rwanda continuent ces jours-ci », a indiqué l'organisation, à l'issue d'une mission de quinze jours au Rwanda et dans l'ex-Zaïre. Réfutant les accusations de PHR, le porte-parole de vice-président et ministre rwandais de la Défense Paul Kagamé les a qualifiées de « totalement exagérées » sans les démentir pour autant. « Il y a eu quelques accrochages au cours desquels nos forces ont tué des membres de gangs armés », s'est-il contenté d'expliquer, ajoutant qu'il est difficile, pour les soldats, de savoir qui est civil et qui est combattant lorsque les combattants « sont habillés en civil et habitent dans les maisons des villageois ». Pour autant, les autorités rwandaises n'ont rien à répondre lorsque PHR affirme avoir reçu d'incessantes pressions de la part de l'armée au cours d'investigations sur le terrain. Son équipe a même été chassée d'un camp de transit où elle enquêtait sur les conditions sanitaires des populations nouvellement rapatriées.
vendredi 18 juillet
Sept Rwandais soupçonnés d'avoir participé au génocide de 1994, parmi lesquels Jean Kambanda, ancien Premier ministre par intérim, ont été arrêtés à Nairobi par les autorités kenyanes. Le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPR) d'Arusha (Tanzanie), jusqu'alors très critiqué pour son inefficacité, détient maintenant dix-neuf Rwandais.
mercredi 23 juillet
Georges Ruggiu, un ancien journaliste belge de la radio extrémiste hutue Mille collines, a été arrêté au Kenya et transféré à Arusha. Le TPR le soupçonne d'avoir « incité à la violence et à la haine contre les Tutsis, les Hutus modérés et les Belges », sur l'antenne de Mille collines, pendant les massacres de 1994.
mardi 29 juillet
1 466 réfugiés hutus rwandais viennent d'arriver en Angola, après neuf mois de fuite devant les troupes de l'ex-rebelle, devenu chef d'Etat, zaïrois Kabila. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, qui vient de signaler leur arrivée à un millier de kilomètres de Luanda, signale qu'ils sont « malades, épuisés » et qu'ils ont « dramatiquement besoin d'aide ».
jeudi 7 ou dimanche 17 août
Une guerre civile larvée fait des milliers de morts dans le nord-ouest du Rwanda où l'armée aurait tué de très nombreux civils désarmés affirment deux rapports - l'un de la Mission des Nations unies pour les droits de l'homme au Rwanda (HFOR), l'autre d'Amnesty International - qui chiffrent à près de 3 000 le nombre des victimes. Dominée par la minorité tutsie, l'Armée populaire rwandaise s'est lancée depuis quelques mois dans de vastes opérations de ratissage, dans le nord-ouest du pays, pour mettre fin aux activités d'anciens militaires et miliciens hutus.
nuit du jeudi 21 au vendredi 22 août
Au moins cent vingt Tutsis ont été tués à la machette ou au fusil par des inconnus, dans le camp de réfugiés de Mudende, près de Gisenyi. Le massacre s'est déroulé vers 1 h 30. Originaires de l'est de l'ex-Zaïre, les victimes avaient fui leur pays et les combats qui y opposaient Hutus et Tutsis, en 1995 et 1996. Le gouvernement rwandais accuse des groupes armés hutus d'être responsables du massacre.
samedi 30 août
Le premier barreau du Rwanda est né, avec la prestation de serment de quarante-quatre avocats. Cette décision va permettre de relancer les procès des 120 000 personnes soupçonnées d'avoir participé aux génocides de 1994 (entre 500 000 et 800 000 Hutus et Tutsis massacrés). Toutes les audiences avaient été ajournées en juillet, après le vote d'une loi qui exigeait la présence d'avocats assermentés. Jusqu'ici, la défense était assurée par n'importe qui, en général un homme âgé de la communauté. « Cette loi est courageuse car, au Rwanda, la défense des génocidaires est considérée comme superflue », se félicite Avocats sans frontière.
jeudi 11 septembre
Le HCR a décidé de suspendre son aide aux Rwandais présents dans l'ex-Zaïre, en raison de l'absence de garanties de sécurité. Une décision qui aurait, dit-on, soulagé Kabila, l'homme qui renversa Mobutu...
vendredi 12 septembre
Quatre officiers de l'Armée patriotique rwandaise ont été condamnés à vingt-huit mois de prison par la cour militaire de Kigali. Ils étaient accusés d'avoir massacré une centaine de civils dans la préfecture de Gisenyi, en septembre 1995, et risquaient quinze ans d'emprisonnement leur culpabilité n'ayant pas été prouvée, ils ont été seulement reconnus coupables de non-intervention pendant les massacres et d'avoir perdu le contrôle de leurs soldats.
mercredi 24 septembre
Dans un nouveau rapport, Amnesty International s'intéresse de près aux exactions commises au Rwanda et dénonce l'attitude coupable de la communauté internationale, notamment de son silence. L'organisation humanitaire avance maintenant le nombre de 6 000 personnes au moins, en majorité des civils désarmés, qui ont été tuées au Rwanda entre janvier et août. Elle accuse les Etats-Unis et l'Afrique du Sud, par exemple, qui entraînent depuis deux ans, les forces de sécurité rwandaises et leur fournissent des équipements.
jeudi 2 octobre
Selon le dernier rapport de la Mission de l'ONU pour les droits de l'homme au Rwanda, au moins 918 personnes ont été tuées en juillet et août lors d'affrontements entre miliciens hutus et soldats des ex-Forces armées rwandaises (FAR). C'est « trois fois moins qu'en mai et juin », notent les rapporteurs...
vendredi 3 octobre
Le gouvernement de l'ex-Zaïre a décidé dans la soirée de fermer sa frontière avec le Rwanda.
mercredi 8 octobre
La Fédération internationale des droits de l'homme et l'observatoire Human Right Watch affirment détenir « la preuve matérielle irréfutable » de massacres commis dans l'ex-Zaïre par les troupes de Kabila et leurs alliés. Des témoins oculaires accusent notamment des militaires rwandais. Les deux organisations ont remis leurs preuves à l'ONU. Par ailleurs, de violents combats ont éclaté, dans la matinée, autour de l'aéroport de Gisenyi (nord-ouest du Rwanda) entre l'armée patriotique rwandaise et les milices hutues « interhamwe ». Selon diverses sources occidentales, les autorités de l'ex-Zaïre auraient réquisitionné des véhicules à Goma, de l'autre côté de la frontière, une « forte présence militaire » étant signalée sur la route qui va du centre de la ville à l'aéroport.
jeudi 9 octobre
Les Américains connaissaient les plans du Rwanda pour attaquer des camps de réfugiés hutus dans l'est de l'ex-Zaïre, lors de l'offensive de Kabila. C'est ce qu'affirment Human Right Watches et la Fédération internationale des droits de l'homme. Elles détiennent la « preuve irréfutable » de massacres commis par les soldats de Kabila et ses alliés rwandais, soutenus par les Etats-Unis.
mardi 14 octobre
Trente-sept Tutsis rwandais qui étaient revenus des camps de l'ex-Zaïre ont été tués à Aruba, à quelques kilomètres de Gysenyi.
vendredi 14 novembre
Les violences se multiplient depuis le début octobre dans l'ouest et le nord du Rwanda, où au moins soixante-six personnes ont été tuées dans six attaques distinctes. Les régions de Gitarama et de Gisenyi sont l'épicentre de la guerre civile qui oppose toujours l'APR (tutsie) aux rebelles hutus « interhamwe » et aux soldats des ex-FAR. La pression grandissante de l'APR dans le nord-ouest oblige les rebelles à descendre vers le sud, d'où ce regain de tension.
lundi 17 novembre
Près de quatre cents personnes ont été tuées, dans la soirée, lors d'un accrochage entre l'armée rwandaise et un millier de rebelles hutus qui attaquaient une prison pour libérer des prisonniers de leur ethnie. L'accrochage, qui s'est produit à Gicye, à soixante-cinq kilomètres de Kigali, a coûté la vie à deux cents rebelles, quatre-vingt-huit détenus et deux soldats.
vendredi 21 novembre
Les combats se poursuivent autour de Gicye. Un proche du gouvernement expliquait récemment comme une preuve de la faiblesse des rebelles : « ils sont battus ici, repartent là, vont d'un point à un autre parce qu'ils ne peuvent s'installer nulle part ». Les experts étrangers voient, au contraire, dans ces incessants déplacements des rebelles, une preuve de leur mobilité et, donc, de leur supériorité sur le terrain.
dimanche 30 novembre
L'insécurité qui règne depuis six mois dans les collines du nord du Rwanda paralyse l'économie de toute la région et commence à poser de sérieux problèmes d'approvisionnement. Les routes sont la cible d'embuscades tendues par les miliciens hutus « interhamwe » et des soldats des ex-Forces armées rwandaises en lutte contre les autorités.
mercredi 3 décembre
Environ trois cents rebelles hutus « interhamwe » ont attaqué la commune de Bulinga, dans le centre-ouest du Rwanda. Ils ont incendié le bureau communal et libéré 630 prisonniers, soupçonnés d'avoir participé au génocide de 1994, qui étaient enfermés dans le cachot communal. Cette attaque a fait au moins huit morts : deux soldats, deux policiers, deux civils et deux rebelles.
dimanche 7 décembre
Mary Robinson, haut commissaire des Nations unies pour les droits de l'homme, a brisé le silence diplomatique qui pesait jusqu'alors sur la situation au Rwanda. A l'issue d'un séjour de trois jours dans le pays, elle a condamné « l'absence d'une politique volontariste de réconciliation » et dénoncé « de sérieuses violations des droits de l'homme », « les violences liées à l'armée » et « la concentration chronique du pouvoir politique et du processus de prise de décisions ».
nuit du mercredi 10 au jeudi 11 décembre
Les rebelles hutus rwandais (Interhamwe et FAR), qui avaient déjà attaqué le camp de réfugiés zaïrois (17 000 Tutsis de Masisi, au nord-est de l'ex-Zaïre, de Mudende, au Rwanda, en août, y sont revenus dans la soirée. Le massacre, qui constitue un défi au gouvernement de Kigali, a fait un grand nombre de morts : 302 selon l'administration rwandaise, 841 selon un décompte des corps enterrés, plus d'un millier comme le pensent les organisations humanitaires, 1 643 morts et 1 158 disparus selon le gouvernement congolais et des survivants. Les assaillants venaient de la ville de Kanama et de la frontière de l'ex-Zaïre. Les rebelles demandent aux Tutsis de quitter « toutes les villes du Rwanda, avant qu'il ne soit trop tard... »
jeudi 11 décembre
La radio de Kinshasa a diffusé un communiqué du gouvernement de l'ex-Zaïre parlant de « l'agression » menée par « une bande armée », à partir du Rwanda, contre Bukavu, dans l'est du pays. Selon ce même communiqué, les troupes congolaises ont « administré une riposte vigoureuse à cette bande qui a battu en retraite ». Aucun bilan n'a été diffusé.
mardi 16 décembre
Une embuscade tendue à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest de Kigali a fait dix-neuf victimes. Ce genre d'attaque, de plus en plus fréquent dans le nord-ouest du pays, est attribué aux extrémistes hutus.
nuit du jeudi 18 au vendredi 19 décembre
Selon un porte-parole de l'armée rwandaise, 50 personnes au moins, en majorité des rebelles hutus, ont été tuées dans des affrontements avec l'armée aux abords de deux camps de réfugiés tutsis, à Nkamira et Bigogwe, près de la frontière avec le Congo (ex-Zaïre).
1998
nuit du mercredi 31 décembre au jeudi 1er janvier
Vers cinq heures, la rébellion burundaise (1 000 ou 2 000 attaquants) a attaqué un village et le camp militaire de Gakumbu proches de l'aéroport de Bujumbura. Cette attaque qui s'est prolongée pendant plusieurs heures, a fait plus de 180 morts et de nombreux blessés. Le colonel Jean-Bosco Raradangwe, chef des forces de sécurité burundaises, estime que les rebelles hutus du Burundi auraient reçu pour l'occasion le renfort de leurs frères d'armes du Rwanda et de l'ex-Zaïre. Cette affirmation est étayée par les documents trouvés sur les assaillants tués par l'armée burundaise.
mardi 6 janvier
La Cour de cassation française a ordonné la reprise des poursuites engagées en France en 1995 contre le père Wenceslas Munyeshyaka, prêtre rwandais exerçant actuellement son ministère aux Andelys (Eure). Ils avaient été mis en examen fin juillet 1995 pour « génocide, complicité de génocide, tortures et traitements inhumains et dégradants » lors du drame rwandais (avril-mai 1994).
lundi 19 janvier
Dans la matinée, 34 personnes ont été tuées et 25 blessées près de Gisenyi, lorsque le bus qui transportait les employés d'une brasserie est tombé dans une embuscade tendue par des miliciens hutus « Interhamwe » et des soldats des ex-FAR. Les assaillants voulaient que les passagers se séparent en deux files distinctes : Hutus et Tutsis. Comme ils n'obtenaient pas satisfaction, ils ont ouvert le feu sur ceux qui tentaient de s'échapper puis ils ont mis le feu au véhicule. Cette navette avait déjà été attaquée il y a deux semaines, mais il n'y avait pas eu de victime.
dimanche 25 janvier
Le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés a suspendu le rapatriement volontaire des réfugiés rwandais établis au Congo, « faute de demandes ». Ils refusent de rentrer chez eux « parce qu'il n'y a pas, au Rwanda, de justice équitable », a expliqué un responsable de l'aide humanitaire européenne. Ces 12 000 réfugiés hutus voudraient que le gouvernement congolais leur accorde des terres qu'ils pourraient cultiver.
samedi 31 janvier
Un prêtre croate, présent depuis 17 ans au Rwanda où il travaillait pour Caritas, a été assassiné dans sa voiture, dans la soirée, en plein centre de Kigali. Il a été atteint de huit balles dans la poitrine et dans le dos, vraisemblablement tirées à bout portant par un individu qui se trouvait dans son véhicule. Son propre pistolet, dont il ne se séparait jamais, a été retrouvé dans la voiture.
lundi 2 mars
Médecins sans Frontières a demandé la création d'une commission d'enquête parlementaire sur le rôle de la France au Rwanda, entre 1990 et 1994, MSF reproche à Paris d'avoir soutenu le président Habyarimana alors que celui-ci « faisait du racisme un pilier de sa politique » et avait organisé « le génocide » des Tutsi et le « massacre des opposants ». MSF évoque également d'éventuelles livraisons d'armes à Kigali par la France après la mort d'Habyarimana (avril 1994). Plusieurs associations, dont la Ligue des droits de l'homme, et des intellectuels se sont joints à MSF.
mardi 3 mars
Les députés français ont décidé de constituer une « mission d'information sur le Rwanda » afin, notamment, de « faire la lumière sur le rôle qu'ont pu jouer les différents forces militaires étrangères dans la crise rwandaise de 1990 à 1994 ».
jeudi 12 mars
Une implantation de la fédération luthérienne mondiale a été attaquée dans la préfecture de Kibungo : huit morts et cinq blessés graves.
vendredi 13 mars
Selon un communiqué d'Amnesty International, provenant de Nairobi (Kenya), des centaines de civils non armés ont été tués dans le nord-ouest du Rwanda en janvier et février. L'organisation de défense des droits de l'homme accuse autant les Hutus rebelles extrémistes que l'APR dominée par les Tutsis. Les cas de disparitions augmentent dans des « proportions alarmantes », déclare Amnesty dont une délégation a enquêté sur place pendant trois semaines.
lundi 23 mars
Sept religieuses (cinq rwandaises et deux espagnoles) ont été enlevées par un groupe de rebelles hutus.
mardi 24 mars
Les cinq religieuses rwandaises enlevées la veille ont été libérées.
mercredi 25 mars
Au cours d'une escale de moins de trois heures sur l'aéroport de Kigali, le président américain Bill Clinton a reconnu, devant 200 personnes, la responsabilité du monde, celle des Etats-Unis et la sienne propre lors du génocide de 1994 au Rwanda.
samedi 28 mars
Libération des deux religieuses espagnoles enlevées le 23 mars.
vendredi 3 avril
Comme il le fait chaque année depuis les événements, le Rwanda a entamé une semaine nationale de deuil à la mémoire des quelque 800 000 victimes du génocide de 1994. La première journée a été marquée par l'inhumation des restes de 5 000 victimes de Karubamba, dans le nord-est, en présence du vice-président et du ministre de la Défense, le général-major Paul Kagamé. C'est le ministère de la Jeunesse et des Sports qui a été chargé de l'organisation de cette semaine.
lundi 6 avril
Sept personnes, dont un bébé, ont été tués dans la préfecture de Gitarama, au centre du pays.
mardi 7 avril
Un spécialiste réputé du Rwanda affirme que la France « connaît ou peut connaître l'auteur ou les auteurs » de l'attentat qui a coûté la vie aux présidents rwandais et burundais en 1994 et déclenché le génocide contre les Tutsis et les Hutus modérés. Les deux missiles sol-air provenaient de stocks de l'armée française, assure l'universitaire belge Filip Reyntjens, professeur de l'université d'Anvers, en se référant à des sources des services de renseignement militaires britanniques, belges et américains. Filip Reyntjens a été entendu par la mission parlementaire d'information sur le Rwanda. L'ancien ministre français de la Coopération, Bernard Debré, accuse, lui, l'Ouganda d'être responsable de l'attentat qui a coûté la vie aux deux présidents. Les autorités ougandaises démentent.
Onze soldats gouvernementaux ont été tués dans une embuscade.
mercredi 8 avril
28 rebelles ont été tués en libérant 500 prisonniers d'un cachot communal à Buringa.
jeudi 9 avril
Des rebelles hutus, anciens miliciens interhamwe ou ex-soldats des FAR ont attaqué à l'aube un camp de réfugiés près de Ruhengeri, à l'est du Rwanda, massacrant 28 d'entre eux. 20 rebelles ont été tués lors de la riposte de l'Armée patriotique rwandaise.
La présence de milliers de réfugiés hutus des ex-Forces armées rwandaises (ex-FAR) en République démocratique du Congo (ex-Zaïre) est vivement mis en cause par les autorités congolaises. L'armée congolaise a pris le contrôle du Nord-Kivu, où se trouvent ces réfugiés, entrés armés dans la région. Un haut responsable de la sécurité publique explique : « Quand on attrape des ex-FAR, on les extrade vers le Rwanda. S'ils s'en prennent au peuple congolais, ils deviennent des ennemis. On les tue comme tels ». Il a refusé de confirmer que l'armée congolaise coopérait avec l'armée du Rwanda et celle d'Ouganda contre les ex-FAR.
Le Premier ministre français, Lionel Jospin, a accepté de « déclassifier » certains documents confidentiels qui pourraient être utiles à la mission d'information parlementaire sur le Rwanda. Mais ce sera au cas par cas.
nuit du vendredi 10 au samedi 11 avril
24 personnes ont été tuées au cours d'une attaque à Musambira, au centre du pays. Plusieurs enfants figurent parmi les victimes. Ils ont été décapités. La région est touchée depuis plus d'un mois par les actions de la rébellion.
samedi 11 avril
Vers 21 heures, une embuscade a pris à partie trois véhicules officiels dans lesquels se trouvait le préfet de Gitarama. Ce dernier a échappé aux tirs, mais son chauffeur a été mortellement blessé. Cette attaque a fait cinq morts.
nuit du samedi 11 au dimanche 12 avril
Cinq femmes, rescapées du génocide de 1994, ont été tuées à la hache et à la machette dans une attaque de Nyamabuye (centre). Au total, plus d'une centaine de personnes ont été tuées au Rwanda en une semaine lors d'attaques attribuées à la rébellion hutue.
dimanche 19 avril
Deux prêtres catholiques ont été condamnés à mort pour génocide et complicité de génocide par la cour spécialisée du tribunal de Kibuye. Ils étaient accusés d'avoir encouragé la population de la paroisse de Nyange, dont ils avaient la charge, à venir se réfugier dans l'église. Ils l'avaient fait avec les gendarmes et miliciens hutus interahamwe. 8 000 personnes, des Tutsis et des Hutus modérés avaient péri prisonniers dans l'église détruite par des engins de travaux publics. C'est la première fois que des prêtres sont condamnés à mort au Rwanda.
mercredi 22 avril
Selon plusieurs partis congolais (ex-zaïrois) de l'opposition, l'armée gouvernementale, appuyée par des troupes rwandaises et ougandaises, se serait livrée à des massacres dans la région du Kivu, notamment à Butembo, encerclée par l'armée depuis le 14 avril.
jeudi 23 avril
L'armée rwandaise a tué 90 rebelles, des miliciens hutus, ex-membres des FAR, lors d'une opération dans les provinces du Nord.
vendredi 24 avril
Dans la matinée, le régime rwandais a fait fusiller, « pour l'exemple », en public, 22 condamnés à mort pour génocide. 4 d'entre eux, dont une femme et Froduald Karamiré (l'idéologue du « pouvoir hutu ») et Silas Munyagishali (procureur de la capitale d'août 1994 à février 1996), ont été exécutés à Kigali devant 100 000 personnes exultant près du stade de football de Nyrmirambo. Les 18 autres condamnés ont également été passés par les armes en public, dans quatre autres villes du pays.
mardi 28 avril
Recherché par le TPI, le colonel Alphonse Nteziryayo, ancien chef de la police militaire rwandaise et ancien préfet de Butare (sud du Rwanda) pendant les dernières semaines du génocide, a été arrêté au Burkina-Faso. On lui reproche d'avoir ordonné le meurtre de tous les Tutsis encore en vie dans sa préfecture et d'avoir lui-même participé à certains meurtres.
jeudi 30 avril
Le Conseil de sécurité de l’ONU adopte la résolution 1165 sur la création d’une troisième chambre de première instance au sein du Tribunal pénal international pour le Rwanda.
vendredi 1er mai
Jean Kambanda, l'ex-Premier ministre rwandais, a été reconnu coupable des six chefs d'accusation dont il faisait l'objet devant le TPI pour le Rwanda qui siège à Arusha, en Tanzanie. A la tête d'un gouvernement intérimaire entre le 8 avril et le 17 juillet 1994, il s'est rendu coupable de génocide et de crimes contre l'humanité. Un accord secret passé entre le procureur et lui pourrait lui permettre d'être cité comme témoin à charge dans d'autres procès.
vendredi 8 mai
Le président rwandais Pasteur Bizimungu a rejeté les offres de service du secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan. Le Rwanda n'a pas besoin de l'ONU pour régler ses problèmes, a déclaré Bizimungu après un accueil particulièrement glacé réservé par Kigali au premier responsable de l'instance internationale : véritable réquisitoire des députés contres l'action de l'ONU au Rwanda lors du génocide, boycott du président et du vice-président rwandais au dîner de gala, accusation d'avoir ajouté « le mal au mal » alors qu'il déposait une gerbe à la mémoire à la victime de 1994... Kofi Annan, ancien responsable des opérations de maintien de la paix de l'ONU au moment de la tragédie, a pourtant exprimé le « repentir » du monde à ses hôtes et proposé son soutien aux dirigeants du pays. En vain.
samedi 9 mai
Le gouvernement rwandais a officiellement suspendu la mission du haut-commissariat aux droits de l'homme qui se déroulent actuellement dans le pays. Son porte-parole, Jose-Luis Herrero, a reçu un arrêté d'expulsion pour atteinte à la sûreté de l'Etat : il lui est reproché de s'être entretenu avec des journalistes internationaux lors des exécutions publiques de 22 condamnés à mort pour génocide, le 24 avril. Les membres de la mission ne peuvent plus se déplacer dans le pays depuis plusieurs semaines.
vendredi 15 mai
2 000 détenus accusés de génocide sont passés aux aveux dans la prison de Rilima, dans la préfecture de Kigali rurale. Selon la loi rwandaise, lorsqu'un coupable de génocide reconnaît ses crimes pour aider le travail de la justice, il bénéficie automatiquement d'une remise de peine s'il dénonce ses complices et indique les circonstances précises de ses crimes. 130 000 présumés coupables de génocide sont actuellement détenus dans les prisons et les cachots communaux du Rwanda.
samedi 16 mai
Deux Hutus rwandais, collaborateurs des Nations unies au Kenya, ont été assassinés dans la banlieue de Nairobi, alors qu'ils venaient de quitter le quartier général de l'ONU. L'un d'eux, Seth Sendashonga, était l'ancien ministre rwandais de l'Intérieur. Il appartenait au FPR, au pouvoir depuis juillet 1994. Il avait rejoint l'opposition en exil en 1995 et avait échappé à une première tentative d'assassinat, à Nairobi, en février 1996.
lundi 18 mai
L'absence des chefs d'Etat ougandais, Yoweri Museweni, et rwandais, Paul Kagame, a provoqué l'annulation d'un sommet sur la région des Grands Lacs, prévu aujourd'hui à Kinshasa (ex-Zaïre).
jeudi 21 mai
Des militaires français auraient participé à des actions de renseignement aux côtés des FAR, dans le cadre d'une mission « Panda », en 1993. Cette information aurait été livrée à huis clos à la mission d'information parlementaire française par un officier français. Les militaires français seraient même intervenus en Ouganda où étaient réfugiés les Tutsis du FPR. L'intervention échappait aux responsables militaires de l'opération Noroît au Rwanda.
jeudi 28 mai
Dans le cadre d'une opération menée par l'APR contre la rébellion (miliciens hutus interhamwe et ex-FAR), au moins 20 personnes - villageois et combattants - ont été tués et 67 autres blessées dans les communes de Rwerere, Kanama et de Nyamyuma, dans la région de Gisenyi.
vendredi 5 juin
34 personnes ont été condamnées à la réclusion à perpétuité, parmi 51 accusés de « génocide contre l'humanité » jugés à Byumba. 9 ont été acquittés, 3 condamnés à des peines de prison avec sursis et 5 n'ont pas été jugés. Depuis 1996, début des actions en justice pour génocide, c'est le plus grand nombre d'accusés à être jugés en une seule fois.
du samedi 6 au dimanche 7 juin
Plusieurs attaques, dont certaines attribuées à des miliciens hutus, ont fait une quarantaine de morts. Les premières ont eu lieu dans les communes de Mushubati et Buringa, dans la préfecture de Gitarama (nord). Une autre visait le camp de réfugiés tutsis de Kinihira, dans la préfecture de Gysenyi, qui a été assailli par un millier de jeunes hommes et de femmes.
nuit du mardi 16 au mercredi 17 juin
Une attaque contre un camp de déplacés tutsis a fait 25 morts et 85 blessés, dont 30 enfants. Les assaillants se sont servis uniquement de machettes et de lances. Le massacre a été interrompu par l'intervention de l'armée.
du mardi 30 juin au mercredi 1er juillet
En prévision de la « journée de libération nationale », le 4 juillet, les Rwandais ont été réquisitionnés pour des travaux de nettoyage et d'entretien des villes et des routes. Les plus hautes autorités du pays, elles aussi, ont mis la main à la pâte, mais beaucoup ont considéré que ces deux jours de contribution communautaire obligatoire représentaient une forme de « dictature temporaire ». Cette pratique avait été instaurée par l'ancien régime du président Habyarimana, bien avant le génocide, puis abandonnée.
samedi 4 juillet
La cérémonie commémorant l'entrée des troupes rebelles tutsies du FPR dans Kigali, le 4 juillet 1994, a rassemblé quelque 35 000 personnes au stade Amahoro. quatre cents soldats ont défilé, baïonnette au canon, sous les yeux de la foule, peu enthousiaste. Dans un discours enregistré, le président rwandais, Pasteur Bizimungu, inexplicablement absent, a condamné « les mauvaises pratiques qui commencent à apparaître » après quatre années de « libération ». Il a dénoncé la « corruption qui existe dans l'administration et le système judiciaire ».
mardi 7 juillet
Trois religieuses ont été enlevées dans la région proche de Byumba.
mercredi 8 juillet
Devant la commission parlementaire d’information française sur le Rwanda, l’ancien secrétaire d’Etat adjoint américain pour les affaires africaines, Herman Cohen, a estimé que l’opération française « Turquoise » avait sans doute sauvé la vie de 20 000 à 30 000 Tutsis. Il estime que le gouvernement américain a empêché une intervention de l’ONU en 1994, après le déclenchement du génocide. Pour lui, c’est la propre famille de l’ancien président Habyarimana qui est à l’origine de l’attentat dans lequel il a péri et qui a déclenché le génocide. La commission, qui termine ses auditions le 9 juillet, a entendu 88 personnalités depuis le 24 mars.
samedi 11 juillet
Libération des trois religieuses enlevées il y a quatre jours.
dimanche 12 juillet
Le major rwandais Bernard Ntuyahaga, soupçonné d’avoir assisté au massacre de 10 Casques bleus belges le 7 avril 1994 à Kigali, s’est constitué prisonnier à Arusha, où siège le TPR. Le major Ntuyahaga est le premier des 31 suspects, actuellement détenus par le TPR, à s’être rendu volontairement.
Un raid « rebelle » a fait 34 victimes à Taré, dans la région de Kigali.
mardi 14 juillet
Le président congolais Kabila a limogé le commandant en chef de son armée - et son mentor -, le Rwandais James Kabare.
mercredi 22 juillet
Deux prêtres belges de l’ordre des Missionnaires d’Afrique (les pères blancs) ont été enlevés dans la région de Ruhengeri, au nord du pays, sans doute par des rebelles hutus.
nuit du mercredi 22 au jeudi 23 juillet
Le lieutenant-colonel Léonard Nkundiye, chef de la rébellion rwandaise, a été tué par l’armée lors d’un accrochage à Giciye, dans la région de Gisenyi, a affirmé un porte-parole de l’armée rwandaise.
lundi 27 juillet
Le gouvernement congolais (ex-zaïrois) a annoncé son intention de renvoyer chez eux les militaires rwandais, en majorité tutsis, qui avaient aidé Kabila à renverser Mobutu au cours d’une campagne de sept mois entre novembre 1996 et avril 1997.
vendredi nuit du 31 juillet au 1er août
Raid « rebelle » à Rushashi, à 60 kilomètres de Kigali : 110 personnes ont été tuées à coups de machettes et de gourdins, a indiqué le responsable militaire du secteur.
lundi 3 août
Le président congolais Kabila est entré en conflit ouvert avec ceux qui avaient le plus contribué à sa conquête du pouvoir. Animée par les Congolais d’origine rwandaise, les Banyamulenge, une rébellion militaire a éclaté au nord et au Sud-Kivu, à l’est du Zaïre. Les mutins semblent contrôler les deux capitales régionales, Goma et Bukavu. Le haut commandement du Nord-Kivu a diffusé un communiqué : « Nous, armée de la République démocratique du Congo, avons pris la décision de renverser le président Kabila ».
mardi 4 août
Dans l’est de l’ex-Zaïre, les Banyamulenge ont assuré leur emprise sur le Kivu, cette région frontalière du Rwanda. Des combats ont éclaté à Uvira, une ville frontière du Burundi. Plus inquiétant pour le pouvoir de Kinshasa, on se bat aussi pour le contrôle de l’aéroport de Kisangani, à 400 kilomètres à l’ouest du Kivu, signe les Banyamulenge ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin... vers Kinshasa. Les rebelles ont même lancé une rocambolesque opération aéroportée, débarquant des hommes sur la base militaire de Kitona, à l’extrême ouest du pays. Ils avaient pour objectif d’y soulever une garnison de 20 000 anciens soldats de Mobutu. Le ministre de la Justice de l’ex-Zaïre a accusé des troupes rwandaises « lourdement armées » d’avoir franchi la frontière pour prêter main-forte aux rebelles. Kigali n’a pas commenté.
mercredi 5 août
Kinshasa a menacé « d’exporter la guerre au Rwanda ». Le président rwandais, Pasteur Bizimungu, a démenti mollement toute participation de son pays dans la rébellion. Un ancien proche de Kabila, Pascal Tshipata Mukeba, ancien chef des renseignements au Kivu, réfugié au Kenya, affirme que Kabila n’a pas respecté une promesse faite, en 1996, lors de la signature qui fondait l’ADFL, aujourd’hui au pouvoir à Kinshasa. En échange du soutien des Banyamulenge pour conquérir le pouvoir, Kabila leur avait promis le contrôle du Kivu, la région où ils sont le plus implantés.
jeudi 6 août
La rébellion rwandaise au Congo fait rage dans l’étroite bande de terre qui relie l’ex-Zaïre à l’océan Atlantique. Avec la chute d’Uvira, l’emprise des rebelles semble désormais totale sur la région du Kivu. « La guerre sera porté au Rwanda » a lancé Kabila, qui accuse son voisin de soutenir les rebelles.
vendredi 7 août
Ouverture dans la soirée à Harare (Zimbabwe) d’un sommet régional, réunissant les chefs d’Etat de Tanzanie, Namibie, Zambie, Zimbabwe, Rwanda et Ouganda.
samedi 8 août
Le président Kabila a obtenu, à l’issue du sommet de Harare, la création d’une commission chargée d’enquêter sur la situation dans l’ex-Zaïre, y compris sur l’accusation d’invasion rwandaise avancée vers Kinshasa.
dimanche 9 août
Même s’ils contrôlent toujours aussi fermement la région du Kivu, les rebelles semblent marquer le pas, à l’extrême ouest du pays. Par ailleurs, dans la soirée, les autorités de Kinshasa ont accusé deux colonnes de blindés ougandaises d’avoir franchi la frontière et pénétré en ex-Zaïre pour venir en aide aux rebelle d’origine rwandaise et à « l’invasion rwandaise ».
lundi 10 août
Alors que l’armée fidèle à Kabila a lancé une grande contre-offensive, on ne sait toujours pas si des troupes rwandaises et ougandaises ont franchi la frontière de l’ex-Zaïre pour prêter main forte aux rebelles, comme l’affirme le régime de Kabila.
mardi 11 août
Le président congolais Kabila a promis d’armer « des dizaines de milliers de jeunes » pour combattre l’agression extérieure, le Rwanda et l’Ouganda qu’il accuse toujours d’aider les rebelles tutsis banyamulenge.
mercredi 19 août
L’ex-Zaïre a saisi le conseil de sécurité de l’ONU d’une demande d’intervention contre « l’agression » du Rwanda et de l’Ouganda.
jeudi 20 août
Le président du Zimbabwe, Robert Mugabe, a renouvelé ses accusations contre le Rwanda, directement impliqué, selon lui, dans le conflit congolais, par l’envoi de troupes dans l’ex-Zaïre. Des soldats zimbabwéens sont ainsi arrivés à Kinshasa pour soutenir Kabila.
vendredi 21 août
Le Rwanda a appelé au cessez-le-feu dans l’ex-Zaïre. Il a toutefois indiqué qu’il se réservait le droit « d’intervenir » au Congo-Kinshasa. Par ailleurs, Nelson Mandela a lancé un appel pour l’organisation dès le lendemain d’un sommet sur le conflit du Congo (ex-Zaïre) : l’ancien président sud-africain a invité les chefs d’Etat du Congo, du Rwanda, de l’Ouganda et du Zimbabwe.
samedi 22 août
Le président congolais Kabila ne s’est pas rendu en Afrique du Sud au sommet organisé à l’initiative du président Mandela. Le principal allié de Kabila, le président zimbabwéen Mugabe a lui aussi fait faux bond. Les chances de résoudre le conflit dans l’ex-Zaïre se réduisent. Les pourparlers de paix ont néanmoins commencé dans l’après-midi en présence des présidents ougandais et rwandais. Enfin de journée, une délégation de la République démocratique du Congo (RDC) est arrivée à Pretoria.
mardi 25 août
Pour Kabila, tout cessez-le-feu est exclu avant le retrait des « agresseurs ougandais et rwandais ». Or, pour la première fois, l’Ouganda a reconnu avoir pénétré en ex-Zaïre pour « préserver sa sécurité ». Le Rwanda a menacé, lui, d’intervenir « ouvertement ».
mercredi 2 septembre
Le TPI pour le Rwanda, qui siège à Arusha (Tanzanie), a reconnu un premier accusé coupable à la fois de génocide, crime contre l’humanité, viol et torture. Il s’agit d’un enseignant, maire du village de Taba, Jean-Paul Akayesu, qui avait ordonné le massacre de 2 000 Tutsis venus se placer sous protection.
vendredi 4 septembre
L’ancien Premier ministre rwandais Jean Kambanda a été condamné à la prison à vie par le TPI d’Arusha pour sa participation au génocide anti-tutsi de 1994. C’est la peine maximale que peut Infliger ce tribunal. Kambanda était le seul accusé à avoir plaidé coupable.
lundi 7 septembre
Un sommet africain s’est ouvert à Victoria Falls (Zimbabwe) pour tenter de trouver une issue au conflit en cours dans l’ex-Zaïre. Les chefs d’Etat impliqués dans le conflit (Angola, ex-Zaïre, Namibie, Ouganda, Rwanda et Zimbabwe) s’y sont retrouvés. Les pays alliés de Kabila ont, d’entrée, réclamé le retrait des soldats ougandais et rwandais. Mais le Rwanda nie toujours avoir des troupes dans l’ex-Zaïre.
mardi 8 septembre
Le sommet des six pays engagés dans le conflit congolais s’est soldé par un échec : exclus de la table des négociations, les rebelles de l’ex-Zaïre ont quitté Victoria Falls avant même la fin de la réunion, rejetant la « cessation immédiate des hostilités » conclue par les six chefs d’Etat concernés. Les ministres des Affaires étrangères des pays concernés doivent se retrouver le 10 septembre en Ethiopie. Les rebelles, qui n’ont pas été invités, veulent poursuivre les combats jusqu’à la chute de Kabila.
vendredi 11 septembre
Le débat sur le cessez-le-feu dans l’ex-Zaïre, entre les six pays engagés dans le conflit, s’est soldé, dans la soirée à Addis Abeba (Ethiopie), par un échec.
dimanche 13 septembre
Les pays engagés dans le conflit de l’ex-Zaïre se sont retrouvés à l’île Maurice, au sommet annuel de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC). Kinshasa cependant n’était pas au rendez-vous. Par contre l’Ouganda et le Rwanda, bien que non membre de cette SADC, avaient annoncé leur arrivée à Port-Louis.
lundi 14 septembre
L’armée de Kabila est ses alliés ont lancé une contre-offensive contre Kisangani, la troisième ville du pays tenue par les rebelles, et contre Goma, leur fief. Cette dernière a été attaqué à l’aube par les milices maï-maï, les miliciens interhamwe et d’anciens soldats des Forces rwandaises. Les rebelles tutsis semblent avoir résisté à l'offensive. C'est ce qu'affirme leur chef militaire Jean-Pierre Ondekane.
mardi 15 septembre
Le Rwanda a accusé Kinshasa d’entraîner et d’équiper « la rébellion rwandaise » pour déstabiliser le Congo.
vendredi 2 octobre
Jean-Paul Akayesu, ancien maire de Taba, au centre du pays, a été condamné à la réclusion à perpétuité par le TPR qui l’a reconnu coupable de génocide et crimes contre l’humanité.
vendredi 9 octobre
Le ministère rwandais de la Justice s’apprête à libérer quelque 10 000 détenus, pour lesquels manquent les preuves de leur participation au génocide de 1994. Plus de 120 000 personnes sont actuellement en prison dans le cadre des enquêtes en cours sur le génocide. Jusqu’ici, il y a eu 116 condamnations à mort, dont 22 au moins ont été exécutées.
lundi 12 octobre
200 soldats et officiers rwandais ont participé à la bataille de Kindu : les rebelles zaïrois se sont emparés de cette ville de l’est du pays.
jeudi 5 novembre
L’Angola envoie plusieurs centaines d’hommes à Mbuji-Mayi, la capitale du Kasaï-Oriental, à l’est de l’ex-Zaïre, pour soutenir les troupes du président Kabila. Luanda a menacé le Rwanda et l’Ouganda « d’une leçon foudroyante » s’ils ne se retirent pas du territoire du Congo-Kinshasa.
vendredi 6 novembre
Lors d’une visite en Afrique du Sud, Paul Kagame, l’homme fort du Rwanda a reconnu l’implication militaire de son pays au Congo-Kinshasa, ce que les autorités de Kigali avaient jusqu’ici refusé d’admettre.
dimanche 8 novembre
L’armée angolaise renforce massivement ses troupes présentes dans l’ex-Zaïre, afin de contraindre les forces rwandaises et ougandaises au retrait. De l’aveu même des rebelles, l’objectif de l’Ouganda et du Rwanda est de renverser le régime de Kabila. Les renforts angolais arrivent à Kananga, à 800 kilomètres à l’est de Kinshasa.
mercredi 11 novembre
L’Ouganda, le Rwanda et la rébellion congolaise ont créé un commandement militaire commun au Congo-Kinshasa. La direction des opérations sera assurée directement par le chef d’Etat-major de l’armée ougandaise.
jeudi 26 novembre
Ouverture à Paris du vingtième sommet franco-africain. 49 pays y participent et, parmi eux, pour la première fois, les pays anglophones. Parmi les chefs d’Etat présents : Laurent-Désiré Kabila (ex-Zaïre), Hosni Moubarak (Egypte), Benjamin William Mkapa (Tanzanie), Denis Sassou N’Guesso (Congo Brazzaville), Pasteur Bizimungu (Rwanda), Yoweri Museveni (Ouganda), Robert Mugabe (Zimbabwe), etc.
samedi 28 novembre
En marge du sommet franco-africain de Paris, les pays concernés par la guerre dans l’ex-Zaïre se sont mis d’accord pour une trêve immédiate, suivie, dans les trois semaines, de la signature d’un accord de cessez-le-feu. Dans une ambiance tendue, l’explication aurait « très violente », en particulier entre Kabila et Pasteur Bizimungu, mais aussi entre Mugabe et Museveni. L’Ouganda et le Rwanda ont fait savoir qu’ils replieraient leurs troupes s’ils obtenaient des engagements quant à une meilleure sécurité de leur frontière. Kabila a affirmé sa volonté de démocratisation et d’ouverture. Une nouvelle réunion devrait avoir lieu le 8 décembre en Zambie. La rébellion congolaise a salué l’engagement pour un arrêt des hostilités, mais a affirmé qu’elle poursuivrait le combat contre Kabila pour libérer le pays.
lundi 30 novembre
Les unités rwandaises combattant aux côtés de la rébellion congolaise auraient reçu l’ordre de « stopper leur progression ». C’est un officier rwandais interrogé à Nyunzu, où sont stationnés les forces rwandaises, qui l’a révélé, mais cette information est contestée par d’autres sources.
vendredi 11 décembre
Le sommet de Lusaka (Zambie), consacré à la guerre qui se déroule dans l’ex-Zaïre, et qui devait avoir lieu le 14 décembre, a été annulé, sans explications. Il semble que cette annulation soit consécutive aux déclarations sud-africaines sur la nécessité d’une participation directe des rebelles tutsis à la réunion.
mardi 15 décembre
La France n’est « nullement impliquée » dans le génocide rwandais de 1994. C’est la principale conclusion de la mission parlementaire d’information chargée d’examiner le rôle controversé de la France.
jeudi 31 décembre
La justice rwandaise a jugé, en 1998, 864 personnes accusées de génocide, trois fois plus qu’en 1997. Mais 120 000 autres prévenus attendent en prison d’être jugés. 8 615 détenus ont demandé à faire des aveux de culpabilité et 3 474 ont déjà été entendus. Au total, 125 000 détenus sont accusés d’avoir participé au génocide de 1994. Depuis le début des procès, plus d’une centaine de condamnations à mort ont été prononcées.
1999
dimanche 17 janvier
Le sommet de Lusaka (Zambie), réunissant une quinzaine de pays, belligérants ou non dans le conflit dans l’ex-Zaïre, s’est séparé sans qu’aucune décision ne soit prise.
lundi 18 janvier
Les cinq principaux Etats étrangers (Namibie, Angola, Zimbabwe, Rwanda et Ouganda) impliqués dans le conflit en République démocratique du Congo (ex-Zaïre) se sont mis d’accord pour signer un cessez-le-feu et appellent les rebelles à signer eux aussi cet accord. Ils appellent aussi le Conseil de sécurité de l’ONU « à former une force de maintien de la paix pour la RDC ».
jeudi 11 février
La chambre spécialisée sur le génocide du tribunal de Rushashi a prononcé deux condamnations à mort et cinq de prison à perpétuité. En 1998, 840 personnes ont été condamnées pour génocide. Il reste près de 124 000 prisonniers en attente de jugement.
lundi 1er mars
Cent cinquante Hutus Interhamwe, armés de lances, de machettes et de fusils d’assaut, ont attaqué un campement d’une trentaine de touristes dans le parc national ougandais de Bwindi, tuant un garde et enlevant quatorze touristes occidentaux (principalement américains et britanniques). Sept des personnes enlevées ont été libérées au bout de quelques heures. Un message des rebelles leur a été remis. Ces derniers reprochent aux Etats-Unis, à la Grande-Bretagne et à l’Ouganda leur soutien au Rwanda. Ils veulent porter un coup à l’économie ougandaise et notamment au tourisme, une industrie en pleine expansion.
nuit du lundi 1er au mardi 2 mars
Les huit touristes enlevés la veille en Ouganda (quatre Britanniques, deux Américains et deux Néo-zélandais) ont été exécutés à Buhoma par les leurs ravisseurs.
mardi 2 mars
L’armée ougandaise a franchi la frontière de la RDC (ex-Zaïre) pour y poursuivre les rebelles hutus. Le commandant militaire de la région assure que « l’armée rendra justice aux morts ».
jeudi 1er avril
Le Rwanda a vécu pendant trois jours ses premières élections depuis le génocide de 1994. Le taux de participation s’est élevé à 95 %. Il s’agissait d’élire les responsables au niveau local, auparavant désignés par le pouvoir. Le vote n’était pas secret. Tous les Rwandais de plus de dix-huit ans (40 % de la population) étaient appelés à se rassembler dans des lieux publics, puis pointer du doigt les personnes leur paraissant devoir se porter candidates, et enfin se placer derrière le candidat de leur choix. Environ 90 000 candidats ont été élus au niveau des cellules. Ces élu ont désigné à leur tour les responsables des 1 531 secteurs, la division administrative de base du pays.
mercredi 7 avril
Mgr Augustin Misago, cinquante-six ans, évêque catholique de Gikongoro, a été mis en cause pour crimes de génocide par le président Pasteur Bizimungu qui a demandé son départ dans un discours pour le cinquième anniversaire du génocide.
mercredi 14 avril
Mgr Augustin Misago, a été arrêté à la nonciature de Kigali, a indiqué une source judiciaire à Kigali.
jeudi 29 avril
Quelques cent vingt soldats rwandais ont été tués par l’armée de Kabila dans le nord du Katanga. Les troupes rwandaises, qui soutiennent la rébellion de l’ex-Zaïre, auraient également eu de nombreux blessés lors de combats qui se sont déroulés à Bendera, ville située non loin du lac Tanganyika et bastion de la rébellion.
fin avril
Un homme politique rwandais a été condamné à la prison à vie par le tribunal militaire de Lausanne (Suisse) pour des massacres commis lors du génocide de 1994. Fulgence Miyonteze, trente-cinq ans, ex-maire de Mushubati (à quatre-vingts kilomètres à l’ouest de Kigali), a fait appel de cette décision. Il s’agit du premier procès hors d’Afrique d’un participant au génocide.
jeudi 6 mai
Selon l’état-major des Forces armées congolaises (Fac), des soldats rwandais et ougandais, alliés à la rébellion congolaise, se sont entretués récemment pour le contrôle de mines d’or et de plantations dans l’est de l’ex-Zaïre. Ces affrontements auraient fait 213 morts, 200 Rwandais et treize Ougandais.
jeudi 13 mai
Les combats ont repris violemment dans l’ex-Zaïre. Les affrontements redoublent d’intensité dans les riches provinces du Katanga et du Kasaï-Oriental. Du Rwanda, le ministre de la Défense, Paul Kagame, homme fort du régime, affirme que Kabila a mobilisé et équipé des milliers de miliciens Interhamwe, d’origine hutue, « dans le but de renverser le gouvernement rwandais et d’achever le génocide entamé en 1994 ».
mardi 18 mai
Le soutien du Rwanda à la rébellion contre le président Kabila lui aurait coûté cinq cents hommes, morts ou blessés. C’est ce qu’a déclaré le chef d’état-major rwandais, le général Nyamwansa. Ces pertes seraient intervenues au début du conflit.
du vendredi 21 au samedi 22 mai
Plus de quatre cents rebelles congolais et soldats rwandais auraient été tués, selon le gouverneur du Kasaï oriental, à l’est de Kabinda par les forces loyalistes. Selon des sources aéronautiques, l’aviation des alliés de Kinshasa a fait un « carnage » en utilisant des bombes à fragmentation.
lundi 24 mai
La confusion la plus totale règne dans l’est de l’ex-Zaïre. Le principal mouvement des rebelles au président Kabila aurait éclaté en deux factions, l’une soutenue par l’Ouganda, l’autre par le Rwanda, qui se livrent une guerre de communiqués sur le contrôle de la ville de Kisangani après des affrontements entre rebelles.
mercredi 26 mai
Une commission d’enquête indépendante sur le rôle de l’ONU au Rwanda pendant le génocide de 1994 a commencé ses travaux sous la présidence de l'ancien Premier ministre suédois Ingvar Carlsson. Elle a pour mission d' « établir les faits et de tirer des conclusions sur la réponse de l’ONU » au génocide. Elle doit aussi s’intéresser au rôle de Kofi Annan, l’actuel secrétaire général, à l’époque chef des opérations de maintien de la paix de l’Organisation.
jeudi 10 juin
Trente-huit personnes ont été tuées dans l’accident d’un autocar surchargé sur une route de l’ouest du Rwanda. L’accident a aussi fait une centaine de blessés.
vendredi 25 juin
A Lusaka (Zambie), ouverture d’un sommet sur les conditions d’un cessez-le-feu au Congo-Kinshasa.
mercredi 7 juillet
Les ministres africains à Lusaka depuis près de deux semaines ont accepté les termes d’un accord de paix entre le Congo-Kinshasa et la rébellion de l’est du pays soutenue par le Rwanda et l’Ouganda. Le document prévoit notamment l’ouverture d’un dialogue inter-congolais entre le gouvernement de Kinshasa, les rebelles du Rassemblement congolais pour la démocratie, le Mouvement de libération du Congo et les partis d’opposition, dès l’entrée en vigueur du cessez-le-feu. Cet accord devrait être signé le 10 juillet par les six présidents impliqués dans le conflit.
samedi 10 juillet
Tous les pays impliqués dans la guerre en République démocratique du Congo ont signé, à Lusaka, l'accord de cessez-le-feu. Mais une querelle de procédure au sein des groupes rebelles a terni la fête et réduit les espoirs d’une paix réelle. Les rebelles ne sont pas parvenus à s’entendre sur la légitimité de certains des leurs à signer l’accord.
samedi 24 juillet
Début de la 24e édition de la coupe de football CECAFA, organisée par le Rwanda.
vendredi 30 juillet
Second match du premier tour de la Coupe CECAFA : l’équipe B du Rwanda a été battue par le Kenya un but à zéro. Seconds du groupe D, les Rwandais sont qualifiés pour les quarts de finale.
dimanche 1er août
Quarts de finale de la Coupe de football CECAFA : à Kigali, l’équipe B du Rwanda a éliminé l’Ethiopie un but à zéro.
mardi 3 août
Demi-finale de la Coupe CECAFA : l’équipe A du Rwanda a été éliminée aux tirs au but (4-1) par le Kenya, à l’issue d’un match nul zéro à zéro.
samedi 7 août
Pour la première fois de l’histoire de cette compétition, une équipe B a remporté la coupe CECAFA : en finale, la deuxième équipe du Rwanda a battu le Kenya trois buts à un.
lundi 9 août
Les rebelles congolais et leurs alliés rwandais et ougandais sont accusés d’avoir mené trois attaques depuis le début du mois d’août malgré le cessez-le-feu du 10 juillet.
Réfugié au Bénin, un ancien militaire du FPR, Christophe Hakizabera, aurait fait des relations à une commission de l’ONU sur l’assassinat du président Habyarimana, en avril 1994.
mi-août
Le général rwandais Paul Kagamé, vice-président et homme fort du pays, est arrivé en Ouganda pour négocier un cessez-le-feu. Il a rencontré le président Museveni.
mardi 17 août
Dans la soirée, un cessez-le feu fragile a été signé au Congo-Kinshasa entre Rwandais et Ougandais. Les premiers soutiennent le Rassemblement congolais pour la démocratie, les seconds une faction dissidente menée par Ernest Wamba dia Wamba. Depuis quatre jours, les combats entre les deux factions ont fait des dizaines de victimes, principalement des civils, à Kisangani.
mercredi 18 août
Ouverture à Maputo (Mozambique) du sommet de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC, quatorze pays). Les présidents rwandais et burundais, dont les pays ne font pas partie de la SADC, ont été invités pour régler le conflit en cours au Congo-Kinshasa. Cette initiative a mécontenté le président de la RDC, Laurent-Désiré Kabila, qui, pour protester, a choisi de se faire représenter par son ministre des Affaires étrangères, Yerodia Abdoulaye Ndombassi.
jeudi 19 août
Clôture et échec du sommet de la SADC sur les guerres civiles en République démocratique du Congo (ex-Zaïre) et Angola.
vendredi 20 août
Accusé de génocide et de crimes contre l’humanité, l’évêque catholique de Gikongoro, Mgr Augustin Misago, cinquante-six ans, comparaît devant le tribunal spécial de Kigali. Deux de ses prêtres sont témoins à charge. L’évêque est notamment accusé de complicité dans la disparition de trente jeunes filles qui avaient sollicité sa protection lors des massacres de 1994. L’ancien président rwandais Pasteur Bizimungu avait demandé au Vatican de nommer cet évêque ailleurs qu’au Rwanda.
mardi 31 août
Les deux factions du RCD, l’une soutenue par l’Ouganda, l’autre par le Rwanda, ont signé, à Lusaka, un cessez-le-feu. Cet accord complète le document signé le 10 juillet par les Etats en conflit. Une commission mixte est maintenant chargée de faire respecter la paix ; les forces étrangères doivent quitter le Congo dans un délai de neuf mois, et toutes les milices devront être désarmées.
mi-septembre
Des personnalités de la société civile et des chefs coutumiers du Nord-Kivu, réunis à Butembo, ont alerté la communauté internationale sur des risques de génocides : les Banande (habitants de cette région, 1,6 millions de personnes) sont soumis aux diverses exactions des maîtres de l’heure, Tutsis et Banyamulenges rwandais. La situation ressemble à celle qui prévalait au Rwanda en 1994. Les personnalités ont réclamé l’application urgente des accords de Lusaka. Les faits rapportés sont déjà accablants : arrestations, viols, déportations, disparitions, exécutions se multiplient, dans l’indifférence générale. Ces témoins font encore état de destructions délibérées d’infrastructures, de quartiers entièrement rasés, d’insécurité sur les routes. Récemment, des tracts auraient même annoncé à la population banande son prochain anéantissement.
mardi 16 novembre
Un officier supérieur de l’armée rwandaise sur lequel pèsent dix-sept accusations de génocide et de crime contre l’humanité se trouve à Londres depuis plus d’un an, avec sa famille. Le lieutenant-colonel Tharcisse Muvunyi, qui commandait l’armée rwandaise dans le sud du pays où 100 000 personnes au moins ont été massacrées en 1994, figure sur une liste de personnes recherchées pour crimes de guerre. Le journal britannique Times, qui a révélé l’information, assure que Londres, qui n’a pas d’accord avec le Rwanda, n’a reçu aucune demande d’extradition du Tribunal international de l’ONU.
vendredi 26 novembre
Recherché pour génocide par le Tribunal pénal international pour le Rwanda, Jean de Dieu Kamuhanda, ancien ministre rwandais de l’Enseignement supérieur, a été arrêté à Bourges (France) où il vivait dans un foyer.
lundi 29 novembre
Jean de Dieu Kamuhanda a été placé en détention à Paris. Il comparaîtra le 6 décembre devant la Cour d’appel de Paris qui pourrait décider de le remettre au TPR.
jeudi 9 décembre
Trois Rwandais ont été condamnés à mort et vingt-neuf autres à la prison à perpétuité, par une cour spéciale siégeant à Kigali, pour leur participation au génocide de 1994. Depuis le début des procès des « génocidaires » présumés, en 1996, la justice rwandaise a prononcé plus d’une centaine de condamnations à mort. 125 000 détenus accusés de génocide attendent toujours d’être jugés.
mercredi 15 décembre
La Cour d’appel de Paris a décidé de remettre l’ex-ministre rwandais de l’Enseignement supérieur, Jean de Dieu Kamuhanda, au TPR, qui l’accuse d’avoir participé au génocide de 1994 et qui a délivré un mandat d’arrêt.
lundi 27 février
Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté à l’unanimité la résolution 978, qui rappelle les résolutions antérieures (935 et 955) concernant les crimes commis au Rwanda. Tous les Etats-membres de l’ONU sont appelés à coopérer avec le Tribunal pénal international pour le Rwanda, établi en 1994.
mercredi 1er mars
Des milliers de cadavres sont exhumés d’un charnier creusé par les Hutus.
samedi 4 mars
Des inconnus armés en embuscade ont assassiné le préfet de Butare (sud), Pierre Claver Rwangabo, son fils et leur chauffeur. le préfet avait échappé l'année dernière aux tueurs du gouvernement hutu.
dimanche 2 avril
Une décision radicale interdisant l'acheminement de convois de vivres vers les camps rwandais au Zaïre a été prise après plusieurs « actes terroristes ». Les autorités rwandaises, craignant des incidents et jugeant « immoral » ces convois de vivres du Rwanda vers le Zaïre, ont bloqué une cinquantaine de camions du Programme alimentaire mondial (PAM) transportant 2 000 tonnes de secours.
jeudi 6 avril
Le premier procès du génocide rwandais a été reporté sine die après une brève audience devant le tribunal de première instance de Kigali qui a donné un délai aux défenseurs des six premiers accusés pour mieux préparer leur dossier.
mardi 11 avril
L'armée rwandaise a lancé une attaque contre un camp de réfugiés au Zaïre.
mercredi 12 avril
La situation est explosive à la frontière entre le Rwanda et le Zaïre, après que Kinshasa eut accusé l'armée rwandaise de l'attaque de la veille.
lundi 17 avril
Arrivée de militaires tutsis au camp de réfugié hutus de Kibeho (sud-ouest qui abrite 100 000 hutus) dans le but de fermer le camp (décision du gouvernement). Mouvement de panique : dix morts, dont des enfants piétinés par la foule.
mardi 18 avril
La Mission des Nations unies pour l'assistance au Rwanda (MINUAR) a mis vingt-huit camions à la disposition des autorités rwandaises pour transporter les réfugiés des camps.
jeudi 20 avril
Les militaires rwandais ont tué par balles, dans la soirée, au moins vingt-deux occupants et blessés quarante autres du camp de réfugiés de Kibeho lors des opérations de départ des réfugiés. Les troubles auraient commencé lorsque des pierres ont été lancées sur les soldats et qu'un ou plusieurs déplacés ont tenté de voler son arme à un militaire. Le HCR a accepté, avec réticence, de fournir douze camions aux autorités rwandaises.
vendredi 21 avril
Le HCR a fourni douze autres camions aux autorités.
samedi 22 avril
Environ 2 000 Hutus rwandais ont péri dans le camp de Kibeho. La fusillade (au fusil et au lance-roquette) a éclaté lorsque l'armée est venue fermer ce camp de 100 000 personnes, semant la panique et jetant sur les routes des milliers de personnes (plus de 2 000 blessés) qui se dirigent vers Butare, encadrée par des soldats de l'armée gouvernementale. Dans cette exode, quelques 2 000 enfants auraient été abandonnés.
dimanche 23 avril
12 000 Hutus de Kibeho sont déjà arrivés à Butare. Le camp de Kibeho était pratiquement vide dans la soirée. Certains Hutus, semble-t-il, tentaient une ultime résistance.
lundi 1er mai
Les Casques bleus accusent l'armée patriotique rwandaise de déterrer les cadavres de leurs victimes du camp de Kibeho et de les évacuer pour dissimuler la vérité sur le bilan réel du massacre du 22 avril.
dimanche 11 juin
Le Burundi et le Rwanda ont décidé de créer des patrouilles conjointes à leur frontière commune avec l'aide du Zaïre, afin de s'opposer aux « bandes armées » de réfugiés hutus accusés de vouloir déstabiliser leurs pays.
en juin
Retour de 7 000 réfugiés rwandais dans leur pays.
vendredi 25 août
Le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés, qui a repris ses opérations de rapatriement des réfugiés rwandais et burundais du Zaïre n'a trouvé que peu de volontaires. Au camp de Kibumba, il ne s'est trouvé que 87 personnes (sur 33 000) à se présenter.
en août
Destitution du Premier ministre désigné en 1993 par les accords d'Arusha.
samedi 9 septembre
Quelque 1 270 soldats des anciennes Forces armées rwandaises (FAR) ont été officiellement intégrés dans l'Armée patriotique rwandaise (APR). Ils ont été entraînés et rééduqués pendant un an dans le camp de Guko.
lundi 11 septembre
Opération lancée avec le HCR pour rapatrier les réfugiés rwandais (plus d'un million). Une fusillade a éclaté à Kanama (nord-ouest) lorsque des miliciens hutus ont tendu une embuscade à une patrouille militaire, tuant un soldat de l'APR. Des renforts militaires ont ensuite ouvert le feu faisant plus de cent morts dans la population civile (dont de nombreux femmes et enfants). Une cache d'armes a aussi été découverte et huit personnes arrêtées.
mercredi 13 septembre
Prenant prétexte du massacre d'une centaine de personnes, au début de la semaine, en territoire rwandais, le Zaïre a décidé de fermer sa frontière avec le Rwanda. Il a également suspendu une opération lancée deux jours plus tôt avec le HCR.
jeudi 14 septembre
Le général Kagamé, ministre de la Défense, a quasiment admis une bavure militaire dans le massacre de Kanama, il y a trois jours.
mercredi 20 septembre
L'abbé André Sibomana (défenseur des droits de l'homme au Rwanda) a échappé de justesse à une embuscade.
dimanche 24 septembre
Le gouvernement rwandais n'a pas apprécié les propos du Pape qui attribue à un conflit ethnique les massacres qui ont endeuillé le pays l'an dernier. Selon un communiqué des Affaires étrangères, « le génocide a été le point d'aboutissement d'une campagne politique organisée par les dirigeants de l'ancien gouvernement pour éliminer une partie du peuple rwandais ». Par ailleurs, un semi-remorque, dont les freins avaient lâché, a fauché et tué au moins soixante-dix personnes devant un barrage militaire à Gitarama (sud-ouest).
lundi 25 septembre
Deux délégations zaïroises et rwandaises se sont réunies à Genève pour étudier les moyens d'accélérer le rapatriement d'un million de Rwandais ayant trouvé refuge au Zaïre.
dimanche 5 novembre
L'armée rwandaise a lancé dans la nuit une importante offensive contre une base de rebelles hutus, sur l'île d'Iwawa, près de la frontière zaïroise. Plus de trois cents rebelles auraient été tués.
mercredi 22 novembre
L'organisation Reporters sans Frontière (RSF) s'inquiète pour la vie de son correspondant, l'abbé André Sibomana, directeur d'un journal catholique et défenseur des droits de l'homme dans le pays. Elle a reçu des informations de Kigali selon lesquelles le principal responsable des renseignements militaires rwandais aurait averti récemment les autorités que si elles n'arrêtaient pas ce prêtre et trois de ses confrères, « la montagne s'abattrait sur eux et personne ne saurait ce qui c'est passé ».
samedi 25 novembre
On vient d'avoir connaissance d'une information comme quoi le commandant des forces de l'ONU au Rwanda avait prévenu ses supérieurs en janvier 1994 qu'un génocide se préparait mais que personne n'avait réagi.
La police kényane a procédé à Nairobi à une centaine d'arrestations de Rwandais, des Tutsis et des Hutus. Le Rwanda accuse le Kenya d'abriter les auteurs du génocide de 1994. Informés de l'imminence d'une rafle, les principaux responsables ont pris la fuite.
dimanche 26 novembre
Début de la 21e Coupe CECAFA des Nations (football), organisée par l’Ouganda à Kampala : en match d’ouverture, l’équipe A de l’Ouganda et le Rwanda ont fait match nul zéro à zéro.
lundi 27 novembre
Le tribunal pénal international mis en place par les Nations Unies pour juger des crimes de guerre, a procédé à sa première mise en accusation de personnes ayant participé au génocide rwandais. Les pays membres de l'ONU seront contraints d'arrêter les personnes concernées et de les remettre au tribunal basé à Arusha en Tanzanie.
mercredi 29 novembre
Second match du premier tour de la Coupe CECAFA : à Kampala, l’équipe de Zanzibar a battu le Rwanda deux buts à un.
jeudi 30 novembre
Troisième et dernier match du premier tour de la coupe CECAFA : à Kampala, le Kenya a battu le Rwanda un but à zéro. Derniers du groupe A, les Rwandais sont éliminés.
lundi 4 décembre
Les Nations unies ont annoncé qu'une vingtaine de corps d'hommes, de femmes et d'enfants avaient été découverts, dans un petit camp proche de la frontière du Burundi.
mercredi 6 décembre
Le Rwanda a ordonné l'expulsion avant la fin de la semaine de trente-huit organisations humanitaires non gouvernementales (ONG), dont un tiers sont françaises (Médecins du Monde, Médecins sans frontière, Action internationale, etc.).
samedi 9 décembre
Jean-Baptiste Barambirwa, président du Collectif et association des droits de l'homme au Rwanda (Cladho) a prononcé un discours très critique sur la situation des droits de l'homme dans le pays et sur l'attitude peu claire du gouvernement à ce propos.
dimanche 10 décembre
Disparition de Jean-Baptiste Barambirwa.
mardi 12 décembre
Barambiwa a été « retrouvé » dans les locaux de la gendarmerie rwandaise à Kigali.
1996
dimanche 21 janvier
A la demande du Tribunal pénal international pour le Rwanda, une première exhumation scientifique d'une fosse commune a lieu autour de l'église de Kibuyé.
lundi 22 janvier
Le gouvernement tanzanien a décidé d’empêcher l’entrée sur son territoire de 17 000 réfugiés rwandais en ordonnant la fermeture de sa frontière avec le Burundi.
vendredi 9 février
Le HCR a annoncé qu'il n'a plus d'argent pour aider les deux millions de Rwandais réfugiés.
lundi 12 février
Le Premier ministre Pierre-Célestin Rwigema a annoncé l'ouverture « fin mars ou début avril » des premiers procès impliquant des « génocideurs » rwandais.
mardi 13 février
Une opération du HCR, prévue en vue de fermer le camp de réfugiés rwandais de Goma (Zaïre) a échoué : seuls cinquante Hutus se sont présentés pour le retour. Les autorités zaïroises ont arrêté dans la soirée cinq responsables rwandais du camp de Kibumba (200 000 réfugiés) et les a écroués dans les locaux de la police secrète à Goma. Ils sont soupçonnés d’être des « intimidateurs » dissuadant leurs compatriotes de quitter le camp.
mercredi 14 février
Nouvel échec d'une mission du HCR à Goma.
lundi 19 février
Le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPI, créé en novembre 1994 par le Conseil de sécurité des Nations unies) vient d'inculper deux rwandais, l'ancien bourgmestre de Jaba (centre) et un ancien chef de milices hutues « interhamwe », pour génocide et crimes contre l'humanité. Ils sont détenus en Zambie et pourraient être transférés en Tanzanie, à Arusha, où siège le TPI.
mercredi 21 février
Le Zaïre a décidé de chasser le HCR et les ONG des camps de réfugiés de Kibumba (200 000 personnes) et de Nyangezi-Mulwa (20 000).
en février
Silas Munyagishali, considéré comme un des génocidaires de 1994, n'est plus procureur de Kigali.
samedi 9 mars
Arrestation du colonel Théoneste Bagosora. Il était recherché pour son rôle dans le génécide de 1994.
Premier évêque de Cyangugu (depuis 1981), Mgr Thaddée Ntihinyurwa (53 ans) est nommé archevêque de Kigali.
vendredi 15 mars
Les forces de l'ONU ont commencé leur retrait du Rwanda. La première phase concerne les soldats du Nigeria, du Ghana et du Malawi. Ensuite viendra le tour des Indiens.
lundi 18 mars
Fin de la première phase du retrait des forces de l'ONU.
mercredi 3 avril
Le Burundi est touché par des massacres de Tutsis et de Hutus : plus de 450 personnes ont été tuées en quelques jours.
dimanche 28 avril
Selon les enquêteurs de l’ONU, au moins 38 habitants du village de Murumba ont été tués par des soldats de l'armée il y a deux semaines en représailles au meurtre de l'un des leurs, une sentinelle de faction.
jeudi 9 mai
Selon le CICR, 54 000 enfants rwandais n'ont toujours pas retrouvé leurs parents. Ils sont disséminés dans les camps d'accueil du Zaïre, de la Tanzanie et du Burundi). 33 000 parents recherchent toujours leur progéniture.
vendredi 17 mai
Selon la Banque mondiale, le Rwanda est le pays le plus pauvre du monde avec un revenu annuel de 400 francs par habitant.
samedi 25 mai
Fermeture de l'école française de Bujumbura pour des raisons de sécurité. Les élèves iront passer le baccalauréat à Yaoundé, au Cameroun.
du dimanche 26 au mercredi 29 mai
De 150 à 200 réfugiés tutsis rwandais ont été massacrés par des Hutus au monastère de Makoto, dans les marais et les bananeraies de Masisi (Zaïre).
mercredi 29 mai
L’ONU a envoyé une mission dans l'est du Zaïre pour enquêter sur le sort des 3 000 Tutsis rwandais menacés par des extrémistes hutus dans la région de Masisi. Ces personnes sont encerclées par des forces gouvernementales rwandaises et d'anciens miliciens. La semaine dernière, une centaine de Tutsis ont été tués dans la région de Goma qui abrite 700 000 réfugiés, essentiellement des Hutus.
samedi 1er juin
Un mouvement hutu, « le Peuple en armes pour libérer le Rwanda » (Palir), affirme dans son premier communiqué avoir ouvert un « front intérieur » dans le pays « pour lutter contre l'occupant » (tutsi) et « l'armée régulière ougandaise ». Le communiqué est signé du commandant « Muhinza » (« Grand chef » en hutu). Le QG du Palir serait situé dans la région de Cyangugu (sud-ouest) où plusieurs attaques armées ont lieu.
début juin
Froduald Karamiru, recherché par le gouvernement tutsi de Kigali comme l'un des organisateurs du génocide de 1994, a été arrêté au cours d'une escale à l'aéroport d'Addis-Abeba, en Ethiopie.
lundi 17 juin
Les quelques cinq cents enfants emprisonnés au Rwanda et accusés de participation au génocide de 1994 vont être libérés. Seule condition : avoir eu moins de quinze ans au moment des faits. Leur rééducation civile et morale durera six ou huit mois.
vendredi 21 juin
Le vice-président rwandais, le général Paul Kagamé, a appelé les réfugiés qui ont fui en 1994 à rentrer au pays, affirmant que la sécurité y est désormais assuré.
mardi 25 juin
Les dirigeants de six pays d'Afrique (Ouganda, Rwanda, Kenya, Zaïre, Tanzanie et Burundi) se sont retrouvés à Arusha (nord de la Tanzanie) pour tenter d'enrayer la guerre civile au Burundi (plus de 100 000 morts en trente-trois mois).
dimanche 14 juillet
Au moins soixante-deux paysans hutus ont été tués la semaine dernière dans le nord-ouest du pays. Selon les organisations humanitaires, l'armée (à dominante tutsi) a organisée des raids de représailles après la multiplication des attaques menées par les rebelles hutus à partir des camps de réfugiés du Zaïre tout proche. Les soldats semblent s'être vengés sur la population locale.
mardi 16 juillet
Le gouvernement rwandais a décidé de libérer 256 enfants accusés d'avoir participé au génocide de 1994. Agés alors de moins de quatorze ans, ils ne sont pas considérés comme pénalement responsables. Les enfants seront placés sous le contrôle de l'Unicef et « rééduqués ». Plus de 73 000 personnes croupissent dans des conditions épouvantables dans les prisons rwandaises surpeuplées. L'appareil judiciaire ayant été totalement détruit, aucun procès n'a encore eu lieu.
du samedi 20 au dimanche 21 juillet
Les autorités tutsies du Burundi ont expulsé au moins 3 300 réfugiés hutus du Rwanda, du camp de Kibezi, près de Ngozy (nord) vers Butare (Rwanda). L'armée burundaise a ensuite détruit les installations. Le HCR dénoncé une collusion évidente entre les autorités tutsies du Rwanda et du Burundi.
lundi 22 juillet
Les autorités burundaises ont de nouveau expulsés 5 400 Hutus vers le Rwanda. Trois d'entre elles sont mortes de suffocation, dont un bébé de dix-huit mois. Le HCR proteste.
mardi 23 juillet
Le ministre rwandais en charge des rapatriements a annoncé que le Burundi expulsera ses 85 000 réfugiés Hutus d'ici la semaine prochaine et qu'ils ne se préoccupent pas des protestations du HCR.
mercredi 31 juillet
Le Rwanda, le Kenya, l'Ethiopie, le Zaïre, la Tanzanie et l'Ouganda ont décidé le blocus économique du Burundi après le coup d'Etat qui vient d'y avoir lieu.
jeudi 8 août
Les dirigeants rwandais ont annoncé dans la soirée la fermeture de la frontière terrestre et aérienne avec le Burundi.
vendredi 9 août
Les députés rwandais ont adopté un projet de loi punissant les auteurs du génocide de 1994, permettant ainsi l'ouverture prochaine des premiers procès des auteurs présumés.
mardi 22 octobre
Le Premier ministre zaïrois accuse le Rwanda d'être responsable des troubles qui se déroulent dans la région zaïroise d'Uvira (est du pays) en équipant les Tutsis Banyamulenges (installés au Zaïre depuis deux siècles), qui luttent contre l'armée zaïroise. Le Rwanda rejette ces accusations : « ce sont les zaïrois qui ont commencé en chassant les Banyamulenges ». Ces affrontements entraînent l'exode de 220 000 Hutus rwandais et burundais réfugiés dans cette région.
mercredi 23 octobre
Le Zaïre continue d'affirmer que des combats opposent ses soldats à ceux du Rwanda. Il est même fait état d'une « agression de 1 700 hommes de troupes » au Sud-Kivu mais aussi des combats à Goma, capitale du Nord-Kivu. Des réfugiés burundais, arrivés à Bukavu, disent avoir vu des soldats rwandais prisonniers. Ces accusations sont toujours rejetées par le gouvernement rwandais.
jeudi 24 octobre
Des officiers zaïrois ont commencé à évacuer leurs familles de la ville frontalière de Bukavu, où les combats entre l'armée et les Tutsis gagnent en intensité. Des soldats ont entrepris de dresser des barrages sur les routes. Tous les réfugiés qui fuient la région racontent que des assaillants bien armés sont venus du Rwanda et que les soldats zaïrois, très mal armés, ont rapidement reculé.
vendredi 25 octobre
Les rebelles Banyamulenges sont sur le point de s'emparer de Bukavu, capitale du Sud-Kivu. Rejoints par des tribus hostiles au régime de Kinshasa, ils envisageaient d'opérer une jonction avec le Nord-Kivu. Muller Ruhimbika, porte-parole à Kigali de l'Alliance démocratique du peuple, le parti Banyamulenges, affirme que plusieurs localités de l'est du Zaïre ont déjà été conquises. Les autres forces qui les soutiennent représentent trois partis d'opposition au président zaïrois Mobutu : le Parti de la révolution populaire, le Conseil national de la résistance pour la démocratie, le Mouvement révolutionnaire pour la libération du Zaïre.
samedi 26 octobre
Les Tutsis Banyamulenges ont bombardé les camps de réfugiés Hutus de Kibumba (200 000 habitants) et de Katalé au Zaïre.
dimanche 27 octobre
La situation devient de plus en plus dramatique dans l'est du Zaïre, où l'armée zaïroise se révèle incapable de faire face à la rébellion des Banyamulenges. Selon une source humanitaire à Genève le gouvernement rwandais épaule bien l'offensive des rebelles avec des hommes du 7e bataillon de l'armée zaïroise. Ils sont bien armés et dotés d'une bonne artillerie. Kigali nie toujours toute implication dans ces évènements. Les Tutsis se sont attaqués au camp de réfugiés de Panzi (7 300 occupants) à vingt-cinq kilomètres de Goma. Ils ont aussi tiré des obus sur Bukavu, plus au sud, dont ils ne sont qu'à cinq kilomètres et Uvira serait prêt de tomber entre leurs mains. Ces pilonnages ont jeté sur les routes 210 000 personnes de plus alors que plusieurs centaines de milliers de personnes sont déjà en mouvement, sous une pluie diluvienne. Des milliers d'entre eux se pressaient aux abords de l'immense camp de Mugunga, à quinze kilomètres de Goma, alors qu'il héberge déjà 200 000 personnes.
lundi 28 octobre
Dans l'est du Zaïre, la situation humanitaire est « désespérée » et une catastrophe majeure est à craindre, a assuré à Genève un porte-parole du HCR. Fuyant les combats, plus d'un demi-million de personnes (dont de nombreux enfants) errent sur les routes et les collines en pleine saison des pluies. L'’ONU n'a plus accès qu'à une minorité des réfugiés rwandais et burundais. Dans la région de Goma, elle vient de distribuer à quelque 680 000 Hutus des rations alimentaires pour leur permettre de tenir de dix à vingt jours. Le chaos règne à Bukavu, que les soldats zaïrois pillent pour fuir ensuite avec leurs familles à bord de véhicules « réquisitionnés ». Pour la première fois, le président rwandais, Pasteur Bizimungu, a laissé poindre sa volonté de mainmise sur la rive occidentale du lac Kivu : « Si le Zaïre veut (nous) renvoyer les Banyamulenges, qu'il nous rende aussi leurs terres », a-t-il dit, en rappelant que cette région était autrefois rwandaise. Il s'est toutefois défendu de tout esprit de conquête territoriale.
mardi 29 octobre
L'entrée des troupes zaïroises dans le conflit de l'est du Zaïre a provoqué une offensive rwandaise en territoire zaïrois entre Cyangugu et Bukavu, la première depuis le début de l'affrontement. Les organisations humanitaires ont commencé une première distribution de biscuits (huit par enfant !) aux 220 000 réfugiés qui sont arrivés à Mugunga, devenu le plus grand camp du monde. Dans la soirée, l'archevêque de Bukavu, Mgr Christophe Munzi Hirwa, a été assassiné lors d'une attaque militaire (il avait pris position contre le Rwanda et les Banyamulenges).
mercredi 30 octobre
Du point de vue militaire, la situation s'est nettement dégradée aujourd'hui dans l'est du pays. La ville frontalière de Cyangugu a été le théâtre de tirs d'artillerie qui ont parfois visé un quartier habité. A Bukavu, qui aurait été prise par les rebelles Tutsis, on a recensé une centaine de morts. Près de Goma, une base de l'armée zaïroise a été attaquée par les Banyamulenges qui sont arrivés pratiquement à la frontière de l'Ouganda. Dans la matinée, un groupe de Tutsis a fait irruption dans la mission carmélite de Bukavu et ont pris en otages deux religieux (un Espagnol et un Belge). Du point de vue humanitaire, 115 000 Hutus rwandais ont fui le seul camp de Kahindo en direction de Mugunga ; pour le reste, tout n'est que confusion. L'Organisation mondiale de la santé dépêche des équipes par crainte d'épidémies. La Belgique propose une conférence sous l'égide de l'Union européenne ; Le secrétaire général de l'ONU, Boutros Boutros-Ghali (qui s'est entretenu en Suisse avec le président zaïrois Mobutu) propose une rencontre à Nairobi (Kenya) pour négocier l'ouverture de couloirs humanitaires.
jeudi 31 octobre
Après l'évacuation des camps du sud-Kivu et des villes d'Uvira et de Bukavu, qui seraient tombés aux mains des Tutsis soutenus par l'armée rwandaise, il semblerait que ce soit au tour de Goma, située une centaine de kilomètres plus au nord : des tirs venus de l'autre côté de la frontière rwandaise s'abattaient sur la ville, précipitant sur les routes des cohortes de voitures surchargées. Le HCR fait état de violents combats sur l'aéroport, que l'armée zaïroise semblait toutefois toujours contrôler. Cet aéroport est un point stratégique, car il représente le seul lien du Kivu avec le monde extérieur. Le Rwanda vient de déployer dans la soirée quinze bataillons, soit environ 10 000 hommes sur ses frontières.
vendredi 1er novembre
Les Tutsis Banyamulenges ont opéré la jonction entre le sud et le nord du Kivu. Après Uvira, ils ont pris Bukavu (400 000 habitants), repoussant l'armée zaïroise et faisant fuir les civils par milliers. Les combats ont fait des dizaines de morts. A Goma, après la prise de l’aéroport et où la terre tremble sous l'impact des tirs de mortier, l'armée rwandaise est entrée dans la ville. L'armée zaïroise déserte certains quartiers malgré l'appui des miliciens hutus rwandais, les fameux Interhamwe (auteurs du génocide de 1994 au Rwanda) qui étaient cachés dans les camps. Tirés du haut des collines de Goma, des tirs de roquette katioucha ont atteint la ville rwandaise de Gisenyi (100 000 habitants). Un million de réfugiés sont abandonnés par les ONG ou en errance dans les collines. Près de 300 000 Hutus ont fui les camps de la région de Goma. Les organisations humanitaires chassées par les combats ne travaillent plus. Le HCR évacue tout son personnel. Les sièges de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ont été attaqués. 220 000 réfugiés sont arrivés au camp de Mugunga (420 000 personnes, 200 000 autres attendus). Côté rwandais, 5 000 civils ont quitté Gisenyi. Et 15 000 Zaïrois ont trouvé refuge en Ouganda. A Kinshasa, une montée de sentiment xénophobe contre les Tutsis (Rwandais ou Burundais) se fait sentir, en particulier du côté des étudiants de l'université (Unikin) totalement déchaînés.
samedi 2 novembre
Alors que les affrontements continuent, les étrangers (membres des Nations Unies, des ONG et journalistes, soit cent trente personnes) ont du être précipitamment évacués de Goma vers la ville rwandaise proche de Gisenyi (le consul honoraire de France est resté). Sur le terrain militaire, la situation est des plus confuses. Les rebelles Tutsis appuyés par les forces rwandaises sont en passe de gagner la partie dans l'est du pays. A Goma, dans la matinée, des éléments armés tiraient au lance-roquette vers la frontière zaïro-rwandaise (à trois cents mètres du centre-ville). Tous les magasins de la ville ont été pillés tout au long de la journée, avant d'être pris entièrement par les Tutsis. A Bukavu, aux mains des Banyamulenges, on dénombre plus de soixante-cinq morts, dont huit militaires zaïrois. L'ambassadeur du Rwanda au Zaïre, Antoine Nyilinkindi, a annoncé qu'il démissionnait de ses fonctions en raison de son désaccord avec son gouvernement concernant « l'agression dont le Zaïre est victime de la part du Rwanda ». Le général Eluki Monga Aundu, chef des forces armées zaïroises (FAZ), a accusé son gouvernement de « n'avoir rien fait pour donner à l'armée les moyens nécessaires pour faire la guerre ».
dimanche 3 novembre
Des combats se poursuivent à Bukavu. Deux millions de civils, peut-être, continuent d'errer dans les collines. Dans la seule petite baie de Sake, sur le lac Kivu, un million de personnes seraient entassées dans des conditions effroyables. Dans le sud du Kivu, ils sont au moins 500 000 perdus dans la nature, sans abri et sans nourriture. On a retrouvé un millier de réfugiés en Zambie (à sept cents kilomètres au sud !). 8 000 ont été recensés au Burundi. Et, surtout, les premiers cadavres ont été vus dans la rivière Rizizi entre le Zaïre et le Burundi.
lundi 4 novembre
Alors que les rebelles Banyamulenges annoncent un cessez-le-feu unilatéral de trois semaines, les Européens, pressés par les organisations caritatives, voudraient secourir les victimes du Kivu. La France, soutenu par l'Espagne mais contre l'avis des Etats-Unis, propose l'intervention d'une force Internationale. Des opérations « de nettoyage de poches de résistance » ont encore lieu, reconnaît Laurent-Désiré Kabila, le coordinateur de l'Alliance des forces pour la libération du Zaïre. Le porte-parole du gouvernement zaïrois affirme que des vedettes rwandaises ont attaqué Goma depuis le lac Kivu.
mardi 5 novembre
Bien que le calme soit revenu au Kivu, tout entier contrôlé par les rebelles Banyamulenges, l'idée française d'une intervention militaro-humanitaire dans l'est du Zaïre met du temps à se concrétiser. A Goma, les journalistes présents ont recensés soixante-et-onze cadavres.
mercredi 6 novembre
Des bombardements ont encore fait trente blessés (des Zaïrois de Goma) à Saké. L'Organisation pour l'unité africaine (OUA) accuse le Rwanda d'avoir violé la souveraineté du Zaïre.
jeudi 7 novembre
L'Europe des Quinze, unanime, demande au Conseil de sécurité de l'ONU d'autoriser une intervention d'urgence au Zaïre. Mais les obstacles politiques et militaires pourraient bien compromettre les secours aux réfugiés. La frontière zaïroise est toujours fermée aux organisations humanitaires. Dans le huis-clos de Kivu, les règlements de compte continuent. A Goma, des tirs ont repris. Des habitants qui rentraient chez eux ont été attaqués (au moins trente blessés). Même constat du HCR qui fait état de combats à Mugunga et au sud d'Uvira. Les rebelles annoncent qu'ils « souhaitent progresser. l'offensive que nous avons menée, explique leur chef, Laurent-Désiré Kabila, est une petite offensive par rapport à celle que nous avons l'intention de donner ». Il a confirmé que le cessez-le-feu durerait trois semaines, le temps d'évacuer les réfugiés vers le Rwanda. Tout en appelant, devant une foule de 4 000 personnes, la population de Bukavu à constituer une armée de volontaires et à rejoindre « les forces de l'armée du peuple ».
nuit du jeudi 7 au vendredi 8 novembre
Trois frères maristes espagnols ont été assassinés dans un camp de réfugiés des environs de Bukavu.
vendredi 8 novembre
Le Comité international de la Croix-Rouge est « favorable » à une intervention militaire internationale dans l'est du Zaïre. La France y pousse (soutien de l'Espagne, l'Italie, le Mali, le Tchad et le Sénégal), mais sa tâche est compliquée par certains alliés, encore hésitants (Allemagne, Etats-Unis). Le Rwanda a fait connaître son opposition à toute implication de la France dans cette force. Selon Médecins sans Frontières, plus de 13 600 personnes seraient mortes de faim ou d'épuisement au cours des trois dernières semaines, sans compter celles qui ont été massacrées. Les combats se poursuivent autour de Goma.
samedi 9 novembre
Les rebelles ne contrôlent toutefois pas la région de Mugunga d'où les anciennes forces armées rwandaises (FAR, défaite par les Tutsis en 1994) et des miliciens Hutus rwandais Interahamwes, alliés aux soldats zaïrois, ont tiré à l'arme lourde à deux reprises en fin de semaine.
dimanche 10 novembre
Les rebelles zaïrois ont ouvert la porte aux organisations humanitaires et posé leurs conditions à une présence internationale dans l'est du pays en excluant la France. Sur place, selon Amnesty International, cinq cents hommes rwandais et zaïrois viennent d'être tués au camp de Chimanga (soixante kilomètres au nord de Bukavu) par un groupe à dominante tutsie.
lundi 11 novembre
Pour la première fois depuis plus de dix jours, six agences et organisations humanitaires ont pu se rendre à nouveau dans l'est du Zaïre. Ils ont traversé la frontière entre le Rwanda et le Zaïre pour livrer seize tonnes de nourriture à l'hôpital de Goma. Une équipe a tenté de gagner Bukavu avant d'être bloquée à quelques centaines de mètres de la ville. Pendant ce temps, l'Organisation de l'Unité africaine, a demandé le « déploiement rapide d'une force neutre » dans la région des Grands Lacs avec un « mandat clair », mais le Zaïre, principal pays concerné, était absent. La France se bat toujours pour faire envoyer une force de 5 000 hommes, formée par les pays africains. En fait, tout dépend des Etats-Unis qui traînent les pieds.
mardi 12 novembre
Tandis que près d'un million de réfugiés errent dans les collines et les forêts, hors de portée des organisations humanitaires, les indécentes tergiversations diplomatiques se poursuivent dans la soirée. Toutefois, le Canada a accepté de commander la force à envoyer, garantissant ainsi la neutralité de l'opération. Dans la matinée, le président sud-africain Nelson Mandela a annoncé que son pays participerait à cette force. Mais les Etats-Unis freinent toujours (ils se méfient des intérêts français). De leur coté, les organisations humanitaires ont de nouveau pu venir à Goma, où la possibilité d'une épidémie de choléra est prise au sérieux par les hôpitaux locaux.
mercredi 13 novembre
Les Etats-Unis ont annoncé qu'ils étaient enfin d'accord pour participer à une opération humanitaire international sous commandement canadien (lieutenant-général Maurice Erbil) pour sauver le million de réfugiés rwandais, zaïrois et burundais menacés de mort dans l'est du Zaïre. Ils mettront 3 000 hommes à la disposition d'Erbil, mille pour assurer la sécurité de l'aéroport de Goma (Zaïre) et les 2 000 autres dans les pays voisins pour la logistique. En comptant tous les autres pays (France, Espagne, Italie, Grande-Bretagne, Ethiopie, Mali, Erythrée, Afrique du Sud, etc.), cette force pourrait s'élever à 10 000 hommes. Mais le Rwanda, les rebelles zaïrois, le Mozambique aussi, sont opposés à la participation française, jugeant qu'elle n'est pas tout à fait neutre. Sur le terrain, les rebelles ont autorisé l'ONU à ravitailler les réfugiés de Goma qui étaient sans eau et sans nourriture depuis une semaine.
jeudi 14 novembre
Le temps presse dans l'est du Zaïre. Au camp de Katalé, au nord de Goma, des centaines de personnes meurent chaque jour de déshydratation et de diarrhée rouge. Les combats ont repris entre rebelles Tutsis et miliciens Hutus retranchés dans le camp de Mugunga. Ce qui a contraint à la fuite des centaines de personnes, qui ont rallié Goma par bateau. Goma où les rebelles ont pris une quarantaine de belges en otages. Dans la soirée, les Tutsis ont réussi à déloger les miliciens Hutus de Mugunga. Une quarantaine de personnes, principalement des femmes et des enfants, ont été retrouvées assassinées dans le camp.
vendredi 15 novembre
Des centaines de milliers (plus de 700 000) de réfugiés ont déferlé sur Goma et en direction de la frontière rwandaise. En fin de journée, 30 000 d'entre eux ont franchi la frontière zaïro-rwandaise à la « petite barrière » entre Goma et Gisenyi. Le gouvernement rwandais a interrompu en fin de matinée son Conseil des ministres pour « accueillir les réfugiés qui rentrent ». Plus au nord, quelques 70 000 personnes sont arrivées à la frontière zaïro-ougandaise. L'exode a commencé alors que le Conseil de sécurité de l'ONU n'a son feu vert que dans la soirée pour l'envoi d'une force multinationale dans la région.
samedi 16 novembre
Le chef des rebelles zaïrois, Kabila, et le gouvernement rwandais estiment que l'intervention internationale est désormais « absolument injustifiée », vu que les réfugiés rentrent chez eux. De leur coté, les Etats-Unis ont décidé d'attendre les recommandations de leurs experts militaires sur place pour donner le « feu vert final » à l'envoi de troupes.
dimanche 17 novembre
Près de 350 000 personnes ont désormais quitté le Zaïre, et entre 400 000 et 700 000 réfugiés marchent vers le poste-frontière de Goma-Gisenyi. En quelques heures, l'objectif pour lequel œuvraient en vain les organisations humanitaires depuis deux ans et demi, est en train de se réaliser. Les pays qui ont accepté de participer à une force multinationale ont convenu de se réunir à Stuttgart (Allemagne, réunion de « planification » militaire) pour faire le point sur la nouvelle situation dans la région des Grands lacs. Ce mouvement ne touche pourtant pas tous les camps de réfugiés (pour l'instant seulement ceux de Goma). A Goma, 25 cas de choléras ont été enregistrés dans le seul hôpital de la ville. Quatre malades sont morts depuis deux jours. Le HCR estime que 3 000 à 4 000 réfugiés sont morts des suites de maladies ou des combats. Le journal américain Boston Globe affirment que les Etats-Unis ont discrètement mis en place depuis plusieurs mois des programmes d'entraînement de l'armée et de la police rwandaise. Washington aurait notamment fourni des fonds d'un montant de six millions de francs pour la création d'une force de police rwandaise indépendante. En outre, cinquante militaires rwandais auraient été recrutés pour suivre des formations militaires américaines.
lundi 18 novembre
Ils sont un demi-million à avoir franchi la frontière entre le Zaïre et le Rwanda. L'exode des réfugiés Hutus rentrant au pays est presque terminé. Mais le retour s'annonce difficile, après deux ans d'exil.
mardi 19 novembre
Le camp de Mugunga, vidé de ses 400 000 occupants, livre ses secrets. Parmi, les décombres, des archives militaires appartenant aux milices hutues ont été retrouvées. Elles révèlent que la France et la Grande-Bretagne auraient livré des armes à ces milices hutues, responsables du génocide au Rwanda en 1994, malgré l'embargo.
Début de la Coupe de football CECAFA, organisée par le Soudan : à Khartoum, le Kenya a battu le Rwanda deux buts à un.
mercredi 20 novembre
Alors que l'intervention internationale est de plus en plus improbable, l'offensive des milices armées porte à croire que les conflits sont loin d'être terminés. Le commandant militaire de l'Alliance des rebelles zaïrois a annoncé la reprise des combats vers l'intérieur du Zaïre. Les anciennes forces armées rwandaises semblent se regrouper sur les hauts plateaux proches de Saké. 1 500 rebelles zaïrois ont tenté la semaine dernière d'envahir l'ouest de l'Ouganda. Ils sont actuellement basés à Kasese. La catastrophe humanitaire, elle, n'est toujours pas écartée.
jeudi 21 novembre
Le Canada a demandé la tenue d'une réunion d'urgence, dans deux jours, à Genève (Suisse), des pays prêts à fournir une aide aux réfugiés rwandais, renforçant l'idée selon laquelle une intervention est de moins en moins probable. Pendant ce temps, une colonne d'environ 100 000 personnes a poursuivi son lent cheminement de Bukavu vers Masisi. Selon des responsables de l'ONU, 500 000 personnes restent dispersées dans l'est du Zaïre. Le Premier ministre zaïrois a annoncé l'intention de son gouvernement et des armées de « reconquérir » les provinces du Kivu. Tout en ajoutant que la rupture des relations avec le Rwanda, le Burundi et l'Ouganda sont à l'étude. Sur le terrain, en tout cas, l'armée zaïroise est absente des combats qui font rage à une soixante de kilomètres au sud-ouest de Goma. Ils mettent aux prises les rebelles zaïrois à des éléments de l'ancienne armée rwandaise alliés à des miliciens extrémistes hutus rwandais.
vendredi 22 novembre
Pour la première fois depuis le début de la crise dans l'est du Zaïre, 700 000 réfugiés ont pu être localisés (50 000 à l'ouest de Masisi, 100 000 au nord de Saké, 450 000 autour de Bukavu et 100 000 au sud d'Uvira). Mais les combats continuent dans la région. L'union européenne a décidé de financer à hauteur de 970 millions de francs une aide urgente aux réfugiés.
dimanche 24 novembre
Les militaires des vingt-trois pays prêts à intervenir au Zaïre ont arrêtés plusieurs scénarios à Stuttgart (Allemagne). A chaque Etat maintenant de décider. De son côté, le Rwanda estime à 740 millions de dollars (3,7 milliards de francs) le montant de l'aide nécessaire pour reloger les tutsis qui occupent depuis deux ans les maisons des 575 000 réfugiés Hutus qui viennent de rentrer au pays.
mardi 26 novembre
On attend toujours l'intervention internationale. Sur place, une colonne de réfugiés longue de plusieurs dizaines de kilomètres fait route depuis Goma vers Saké et la frontière rwandaise. Selon les rebelles de Laurent Kabila, les Forces armées zaïroises ont déserté, sans combat, les villes de Butembo et de Bunia (au nord de Goma) après avoir pillé ces deux cités. Les rebelles ont ouvert la route Goma-Bukavu aux organisations humanitaires. Au Rwanda, l'ONU annonce l'arrestation d'une vingtaine de rapatriés, sur le demi-million de personnes déjà rentrées. Le plus souvent, affirme le personnel onusien, il s'agissait de protéger ces personnes d'éventuels actes de vengeance d'une population qui n'oublie pas le génocide de 1994.
mercredi 27 novembre
Des dizaines de milliers (de 40 000 à 50 000) de réfugiés rwandais, la plupart affaiblis et malades, sont sortis des forêts zaïroises au sud de Goma et se sont rassemblés à Minova, un village des bords du lac Kivu. Commandant désigné de l'éventuelle force multinationale humanitaire, le général canadien Baril est arrivé à Kigali, capitale du Rwanda, où il s'est aussitôt entretenu avec le ministre de la Défense, Paul Kagamé, l'actuel homme fort du pays.
jeudi 28 novembre
La communauté internationale est parvenue à un accord dans la soirée, pour une mission de parachutage de vivres au Kivu, à défaut d'envoyer une force programmée par l'ONU. Des « rations de secours » devraient parvenir ainsi aux réfugiés rwandais, malgré l'opposition du gouvernement zaïrois. Le général canadien Baril s'est rendu, sous escorte militaire canadienne, de Kigali à Goma (Zaïre) où s'est installé le chef des rebelles zaïrois, Laurent-Désiré Kabila. Le Zaïre a dénoncé cette visite : le gouvernement de Kinshasa y voit comme une légitimation de la rébellion.
vendredi 29 novembre
Les combats se poursuivent dans l'est du Zaïre : les rebelles tutsis ont procédé à des exécutions, ouvert le feu sur les réfugiés d'un camp à cinquante kilomètres de Goma et conquis la ville et de Butembo à deux cents kilomètres au nord. Ces combats entravent le largage des vivres, d'autant que tous les réfugiés ne sont pas tous localisés et que le Zaïre refuse d'autoriser le survol de son territoire. La Force multinationale d'intervention dans la région des Grands lacs a été formée dans la soirée.
samedi 30 novembre
Dans l'après-midi, les soldats ougandais sont intervenus au Zaïre, chassant les forces régulières zaïroises de la ville de Beni.
dimanche 1er décembre
Protestations officielles du Zaïre auprès des autorités ougandaises, tandis qu'une première rotation aérienne effectuée par la force multinationale à partir de l'Ouganda a permis d'apporter près de sept tonnes de fournitures médicales et de vaccins anti-cholériques en Tanzanie où se trouvent entre 500 000 et 700 000 réfugiés Rwandais, Burundais et Zaïrois.
mercredi 4 décembre
Selon les 119 observateurs de l'ONU au Rwanda, la réinsertion des réfugiés hutus rwandais rentrés du Zaïre pose des problèmes. Ces observateurs ont recueilli des témoignages selon lesquels certains de ses réfugiés ont tué à leur retour au village les Tutsis qui avaient échappé au génocide de 1994. Selon d'autres témoignages, nombre de réfugiés ont aussi été passés par les armes à leur retour.
jeudi 5 décembre
La Tanzanie a demandé aux 600 000 Rwandais réfugiés sur son territoire de regagner leur pays avant la fin du mois.
vendredi 6 décembre
Malgré l'appel des chefs d'Etat africains réunis autour du président français Chirac à Ouagadougou (Burkina-Faso), il n'y aura probablement pas d'intervention internationale ni de parachutages alimentaires dans la région des grands Lacs. Le Canada, tête de file d'une éventuelle force militaire, estime qu'elle est aujourd'hui pratiquement sans objet. Pourtant, la guerre n'est pas finie et les réfugiés restés au Zaïre sont malades et affamés. Ceux qui sont rentrés au Rwanda ou au Burundi redoutent, eux, des règlements de compte.
vendredi 13 décembre
Le président kényan Daniel Arap Moi accueillera le 16 décembre un sommet, à Nairobi, sur « la crise dans la région des Grands Lacs ». Le ministère kényan des Affaires étrangères n'a pas précisé quels seraient les pays invités.
dimanche 15 décembre
Le Canada a annoncé le démantèlement de l'embryon de force multinationale dans la région.
lundi 16 décembre
Chassés par l'armée tanzanienne qui va fermer les camps des quinze jours, un flot de réfugiés (15 000 par heure, 103 000 par jour) déferle sur le Rwanda qui s'attend à en accueillir plus de 500 000. 90 000 sont déjà rentrés depuis le 1er décembre.
mardi 17 décembre
Dans l'est du Zaïre, des combats sont encore signalés à Walikale, à une centaine de kilomètres de Goma. Ils mettent aux prises la rébellion zaïroise, des soldats des anciennes forces armées rwandaises et des miliciens hutus rwandais. Ces combats coïncident avec la fin du sommet africain de Nairobi. Aucune décision concrète n'y a été prise pour apporter une solution à la crise zaïroise.
vendredi 20 décembre
Des observateurs de l'ONU ont noté l'arrivée de troupes zaïroises à Bunia (près de la frontière ougandaise) à bord d'une dizaine d'avions.
samedi 21 décembre
Selon plusieurs indications, l'armée zaïroise aurait entrepris de reconquérir le Kivu par le nord. Selon les rebelles de Kabila, des attaques sont parties de Bunia vers Béni, à deux cents kilomètres plus au sud. Et des mercenaires étrangers seraient arrivés à Kinsangani et Kindu (près de Bukavu). La contre-offensive est confirmée par l'attitude des Banyamulenges : alors qu'ils refusaient toute discussion, voilà que leur chef demande subitement à Kinshasa d'« arrêter l'aventure militaire » et de venir « à la table des négociations ». Il accuse aussi la France d'aider Kinshasa dans sa contre-offensive. Paris affirme ne fournir aucune aide militaire au Zaïre. Quant à l’ONU, elle a formellement abandonné l'idée d'une force multinationale.
mercredi 25 décembre
Plus de 2 000 réfugiés rentrés du Zaïre et de Tanzanie ont été arrêtés ces dernières semaines au Rwanda. C'est ce que révèle le HCR. Les autorités tutsies, au pouvoir à Kigali, estiment à 150 000 le nombre des personnes impliquées dans les massacres du printemps 1994.
vendredi 27 décembre
En un mois et demi, 1,1 million de Hutus réfugiés au Zaïre et en Tanzanie sont rentrés au Rwanda. L'accumulation des haines dans ce mini-pays surpeuplé est maintenant le risque numéro un. Que les occidentaux veulent ignorer.
La première condamnation à mort a été requise à Kigali.
1997
jeudi 2 janvier
Le prêtre catholique Jean Damascène Biminyimana, quarante-quatre ans, est nommé évêque de Cyangugu.
vendredi 3 janvier
Dans l’est du pays, le tribunal de Kibungo a prononcé les deux premières condamnations à mort contre des personnes poursuivies pour avoir participé au génocide qui fit au moins 500 000 morts. Déogratias Bizimana, ancien employé d'hôpital, et Egide Gatanazi, ancien responsable administratif local, tous deux hutus, ont deux semaines pour faire appel de ce jugement. Plus de 90 000 Hutus sont écroués au Rwanda dans l'attente de leur jugement.
mardi 7 janvier
On déplore au moins 20morts au Rwanda depuis le 4 janvier à la suite de plusieurs incidents mettant en cause des éléments « infiltrés armés » : certains chercheraient à libérer des détenus.
Selon un porte-parole de l’ONU à Genève, quelque 5 460 réfugiés rwandais ont été arrêtés à leur retour dans leur pays, en raison de leur participation présumée au génocide de 1994.
mercredi 8 janvier
Le gouvernement zaïrois a refusé aux agences de l’ONU l'autorisation de procéder au rapatriement de plus de 180 000 réfugiés vers le Rwanda, au motif que cette opération gênerait les mouvements des troupes gouvernementales qui ont reçu l'ordre de reprendre l'est du Zaïre aux rebelles tutsis.
mardi 14 janvier
Selon Médecins sans frontières, la situation est « catastrophique » dans les camps de réfugiés rwandais de Tingi Tingi et d'Amissi, près de Lubutu, dans l'est du Zaïre. Cent mille personnes y connaissent des conditions de vie épouvantables et il y a plus de vingt décès par jour, surtout des enfants. D'après MSF, ces camps sont sous la coupe des anciennes autorités rwandaises et de leurs milices.
du mercredi 15 au jeudi 16 janvier
Les combats entre les rebelles zaïrois et les forces zaïroises qui tentent de reprendre le Kivu ont fait soixante morts dans la région de Lubutu (nord-ouest de Goma). Le numéro deux des rebelles, le commandant Ngandu Kisase, a été blessé lors d'une embuscade. Des offensives de l'armée zaïroise se déroulent aussi à l'ouest de Bukavu.
vendredi 17 janvier
L'ONU vient de suspendre ses activités dans le nord du Rwanda (Ciciye) et le nord-ouest en raison des agressions dont son personnel est l'objet. Quatorze personnes, dont un député, ont été tuées à Gihira (nord-ouest).
samedi 18 janvier
Trois travailleurs humanitaires espagnols (dont un médecin et une infirmière) ont été tués et un Américain de Médecins du Monde grièvement blessé à Ruhengeri, la troisième ville du Rwanda. Trois soldats ont également trouvé la mort. Médecins du Monde a décidé de suspendre ses opérations dans le pays. Les organisations humanitaires sont, depuis plus d'une semaine la cible de groupes armés, sans doute des miliciens hutus.
dimanche 19 janvier
Les autorités rwandaises ont repris la guerre contre les extrémistes hutus dans la préfecture de Ruhengeri (nord-ouest). Elles ont annoncé « une intervention musclée et une riposte » contre les auteurs des récentes attaques visant notamment les organisations humanitaires.
lundi 20 janvier
Le Premier ministre zaïrois a donné l'ordre, dans la soirée, aux forces armées zaïroises de « conduire la guerre » pour reconquérir le Kivu envahi en octobre par les banyamulenge (Tutsis originaires du Rwanda). 500 000 réfugiés hutus et déplacés zaïrois errent toujours dans la région.
mercredi 22 janvier
Le diplomate algérien Mohamed Sahnoun a été nommé représentant spécial de l'ONU et l'Organisation de l'unité africaine (OUA) pour la région des Grands Lacs d'Afrique (Zaïre, Rwanda, Burundi, Ouganda, Tanzanie et Kenya).
jeudi 23 janvier
Depuis quatre jours, la riposte des autorités contre les extrémistes hutus aurait fait, selon diverses sources, dans la région, 350 morts. Le ministre rwandais des Affaires étrangères a demandé à la communauté internationale de choisir son camp en manifestant sa « solidarité » avec Kigali.
Les violents combats qui se déroulent dans le nord Kivu ont fait, selon un communiqué du ministère zaïrois de la Défense, plus de cent tués « chez l'ennemi », parmi lesquels « un grand chef rebelle ». Le communiqué affirme en outre que « l'ennemi est puissamment renforcé par des troupes régulières des pays qui l'appuient ».
dimanche 26 janvier
Le gouvernement zaïrois a rejeté « toute idée de dialogue avec les rebelles », et réaffirmé sa « détermination » à récupérer les territoires qu'ils occupent dans l'est du pays. Le gouvernement a de nouveau accusé le Rwanda et l'Ouganda d'être « aux cotés des rebelles qui utilisent les enfants comme boucliers humains ». Des centaines de milliers de réfugiés sont abandonnés à eux-mêmes au milieu des affrontements.
mardi 28 janvier
Bien qu'elle semble marquer le pas, la contre-offensive de l'armée zaïroise dans l'est du Zaïre et la présence dans la région de 280 mercenaires blancs (français et belges, mais aussi russes, « serbes et croates ») dotés d'hélicoptères de combat a jeté sur les routes des milliers de Zaïrois. L'armée zaïroise s'est arrêtée à une centaine de kilomètres à l'ouest de Walikalé, où passe la ligne de front. Elle attend des munitions. De son côté, dans une interview au Soir de Bruxelles, le mercenaire belge Christian Tavernier, assure que ses hommes n'ont « pas encore tiré un seul coup de fusil ». Mais il invite le Rwanda à quitter la Zaïre s'il veut épargner une attaque « en profondeur ».
mercredi 29 janvier
La Belgique a dénoncé la présence de milliers de troupes rwandaises sur le territoire zaïrois. Un responsable rwandais a démenti catégoriquement ces informations.
jeudi 30 janvier
Les autorités zaïroises ont appelé la communauté internationale à « agir face à l'agression prouvée » des troupes étrangères. La rébellion zaïroise reconnaît avoir « des relations très amicales » avec l'Ouganda et le Rwanda, tout en affirmant ne recevoir aucune aide militaire de ces pays.
vendredi 31 janvier
Le rapport annuel de la mission des droits de l'homme de l'ONU révèle que 227 survivants du génocide de 1994 ont été assassinés en 1996, le plus souvent par des soldats de l'ancien régime hutu. Des réfugiés rentrés du Zaïre et de Tanzanie ont été impliqués dans plusieurs cas enregistrés après la dernière vague de retour. L'ONU a ainsi recensé vingt-quatre meurtres de cette nature en décembre. La plupart du temps, les victimes avaient dénoncé des « génocidaires » ou avaient témoigné devant la justice.
dimanche 2 février
Un père blanc canadien, Guy Pinard, soixante et un ans, a été tué en pleine messe dans son église de Kampanga, près de Ruhengeri.
mardi 4 février
Quatre observateurs des Nations unies, un Britannique, un Cambodgien et deux Rwandais ont été tués dans une embuscade dans le sud-ouest du Rwanda. Ils enquêtaient sur la situation des droits de l'homme.
Loin de reprendre pied au Kivu l'armée zaïroise est aux abois face aux rebelles qui ont conquis Kalémie et s'enfoncent dans la province du Shaba, aussi riche que turbulente. L'armée de Mobutu vient de lancer une vaste opération de recrutement et a obtenu l'aide du Maroc. Elle affirme être confrontée à des armées très organisées, sous-entendu le Rwanda, le Burundi et l'Ouganda. Les Etats-Unis ont confirmé la présence de troupes étrangères sur le territoire zaïrois.
mercredi 5 février
Au Zaïre, selon des témoignages disponibles en juin 1997, un terrible massacre aurait eu lieu à quelques kilomètres au nord de Shabunda : des centaines de femmes et d'enfants ont péri, jetés par leurs maris ou leurs pères du haut d'un pont surplombant la rivière Ulundi. Apparemment, ces hommes auraient préféré ce geste de désespoir plutôt que de voir les leurs tomber aux mains des soldats rwandais.
jeudi 6 février
La France a déclaré partager la position des Etats-Unis qui ont averti l'Ouganda, le Rwanda et le Burundi de ne pas intervenir dans l'est du Zaïre. Les rebelles poursuivent leur avancée : ils se sont emparés de Punia (ville importante à trois cents kilomètres au sud de Kisangani).
jeudi 13 février
La rébellion zaïroise a annoncé qu'elle avait pris le contrôle d'une nouvelle ville, Faradje, dans l'extrême nord-est du pays, à la frontière soudanaise. Si le fait est confirmé, cette prise serait cruciale, dans la mesure où elle permet de contrôler la région que traversent les Hutus rwandais pour regagner les camps d'entraînement au Soudan.
vendredi 14 février
L'ancien homme d'affaires et dirigeant rwandais Froduald Karamira a été condamné à mort. La chambre spéciale du tribunal de première instance de Kigali le jugeait pour génocide.
nuit du vendredi 14 au samedi 15 février
Le président du Conseil d'Etat rwandais, Vincent Nkezadaganwa, a été assassiné à Kigali, ainsi que trois autres Rwandais. Les quatre hommes sont tombés dans une embuscade alors qu'ils arrivaient en voiture au domicile de Nkezadangawa.
samedi 15 février
Le chef des rebelles zaïrois, L.D. Kabila a averti la communauté internationale qu'il attaquerait « dans les trois jours » le camp de réfugiés de Tingi-Tingi (130 000 personnes), si l'on n'en faisait pas sortir les anciens combattants hutus qui y ont trouvé refuge et qui se prépareraient à combattre aux côtés de l'armée zaïroise.
mardi 25 février
Un témoin occidental affirme dans un rapport remis au Conseil de sécurité des Nations unies que les rebelles Tutsis de Kabila ont massacré des réfugiés hutus dans l'est du Zaïre. Ce document confirme l'existence de charniers dans la région de Katalé. « Au moins 400 000 réfugiés rwandais manquent à l'appel » affirme ce rapport. A Goma, un recensement des victimes a également pu être effectué : 2 743 corps ont été ramassés, principalement ceux de civils originaires de cette ville.
mercredi 26 février
Le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a renvoyé deux hauts responsables du tribunal pénal international pour le Rwanda (TPR). Andronico Adede (Kenya) et le procureur adjoint Honoré Rakotomanana (Madagascar) sont accusés de sérieuses erreurs dans leur gestion.
début mars
Lors d'une opération de représailles menée dans la région de Ruhengeri, dans le nord-ouest du pays, l'armée rwandaise a sommairement exécuté « au moins 137 civils ». L'opération a été motivée par l'assassinat d'un percepteur du ministère des Finances lors d'une attaque à main armée par une quinzaine d'individus. Le bilan de la répression pourrait être beaucoup plus élevé, les familles ayant peur de signaler leurs morts.
mercredi 5 mars
Les Etats-Unis ont demandé aux chefs des rebelles zaïrois, Kabila, d'autoriser l'ouverture de « couloirs humanitaires », afin de permettre le passage vers le Rwanda de quelque 200 000 réfugiés.
mercredi 12 mars
Les 75 000 à 100 000 réfugiés rwandais du camp d'Ubundu, à une centaine de kilomètres au sud-est de Kisangani (au Zaïre) ont lancé un appel désespéré aux quelques journalistes qui se sont hasardés dans la région. Persuadés que les combattants de l'Alliance des forces démocratiques de Kabila veulent leur mort, les réfugiés rwandais n'ont plus qu'un rêve : franchir le fleuve Zaïre pour se réfugier sur l'autre rive.
mercredi 26 mars
Le Haut commissaire de l’ONU aux réfugiés, Sadako Ogata, a demandé aux rebelles qui contrôlent l’est du Zaïre de laisser des dizaines de milliers de réfugiés rentrer au Rwanda après cinq mois d’une épuisante errance à travers la jungle et la guerre.
samedi 29 mars
Un employé du PAM a vu des « centaines de corps » de réfugiés rwandais morts, en survolant la route zaïroise qui va de Kisangani à Ubundu, à cent cinquante kilomètres plus au sud. Quelque 100 000 réfugiés hutus sont disséminés rwandais sont entre ces deux villes : les rebelles zaïrois refusent de les laisser entrer dans Kisangani et les repoussent vers le sud.
vendredi 18 avril
Devant les difficultés créées par les rebelles zaïrois, le HCR a renoncé à rapatrier vers le Rwanda les dizaines de milliers de Rwandais qui s'entassent près de Kisangani, dans les camps de Kasese 1 et 2. L'explication des rebelles, c'est qu'il y aurait déjà plus de trois cents cas de choléra.
mercredi 23 avril
La rébellion zaïroise de Laurent-Désiré Kabila, en passe de s'emparer du pouvoir à Kinshasa, semble de plus en plus prendre ses distances avec le Rwanda et l'Ouganda. La question de plus de 80 000 réfugiés hutus rwandais bloqués près de Kisangani, en particulier, a porté un coup aux relations entre les deux pays.
jeudi 24 avril
L'inquiétude grandit chaque jour sur le sort des réfugiés de l'est du Zaïre, sous le contrôle de la rébellion. Le secrétaire général de l'ONU accuse les rebelles de laisser les réfugiés mourir de faim en refusant aux organisations humanitaires de leur porter secours et de les rapatrier, comme prévu, par un pont aérien qui aurait du commencer la semaine dernière. Une mission humanitaire, qui s'est rendue sur place, affirme que le camp de Kasese, qui abritait 55 000réfugiés hutus rwandais, est vide. Soupçonnée de massacres, la rébellion accuse les miliciens hutus rwandais qui se trouvent parmi les réfugiés eux-mêmes.
dimanche 27 avril
Sortant du mutisme qu'il affichait depuis plusieurs jours à l'égard des médias internationaux, Kabila a donné une conférence de presse à Kisangani. Le leader de la rébellion zaïroise a annoncé qu'il avait donné au HCR soixante jours pour rapatrier les réfugiés hutus rwandais de la région de Kisangani. Aux accusations de l'ONU, qui parle à mots à peine couverts d'« extermination délibérée », le chef de la rébellion répond que le drame vécu par ces milliers de personnes n'est qu'un « petit problème ». Mais, l'ONU a enfin pu rapatrier trente-trois réfugiés dans un de ses avions, directement de Kisangani vers Kigali. Une douzaine d'autres, trop faibles pour supporter le voyage, sont restés sous sa protection. En outre, grâce à un vol de reconnaissance dans la région, le HCR pense avoir repéré quelques centaines de réfugiés en fuite dans une partie très dense de la forêt.
lundi 28 avril
Les organisations humanitaires n'ont retrouvé que quelques milliers de réfugiés hutus rwandais non loin de Kisangani. Ils ont regagné le camp de Biaro. Il en manque toujours plus de 80 000. Le silence des rebelles parait de plus en plus coupable. Un soldat rebelle a même avoué que tous les jours, la rébellion « capture les réfugiés rwandais et les tue ».
mercredi 30 avril
Début du pont aérien entre le Zaïre et le Rwanda pour rapatrier les réfugiés rwandais.
dimanche 4 mai
Comme si la faim et l'épuisement ne suffisaient pas, une centaine de réfugiés rwandais sont morts écrasés et étouffés, dans la soirée, à bord du train qui devait les ramener du camp de Biaro jusqu'à Kisangani, puis pour s'envoler vers le Rwanda. Depuis le début du pont aérien, le 30 avril, plus de 5 000 réfugiés ont ainsi pu être rapatriés. Aujourd'hui, ils ont été plus de mille à arriver au Rwanda sains et sauf.
mardi 6 mai
Dans l'après-midi, 271 enfants de Hutus rwandais sont montés dans un gros avion cargo Ilyouchine, qui les a ramenés de Kisangani jusqu'à Kigali. Depuis le début du pont aérien pour le rapatriement des réfugiés rwandais, 900 enfants ont été ramenés par avion au Rwanda, où les organisations humanitaires tentent de retrouver leur famille, proche ou éloignée. Quatre-vingts autres enfants sur 230, qui devaient être rapatriés la veille, ont été blessés par balles ou par des coups de machette. Emma Bonino, commissaire européen chargé de l'action humanitaire déclare que l'est du Zaïre « a été transformé en véritable abattoir ».
samedi 17 mai
Les troupes du rebelle zaïrois Kabila, allié du Rwanda et de l'Ouganda, se sont emparées de la capitale du Zaïre, Kinshasa, s'emparant ainsi du pouvoir qu'avait abandonné la veille le président Mobutu en quittant son pays.
mardi 20 mai
L'organisation humanitaire Médecins sans frontières estime à 190 000 le nombre de réfugiés hutus portés disparus dans l'est du Zaïre. Dans un rapport de dix pages, MSF affirme que l'Alliance rebelle a mis en place « une stratégie délibérée visant à l'élimination de tous les réfugiés rwandais, y compris des femmes et des enfants ». Dans le sud du Zaïre, près de la frontière angolaise, les réfugiés seraient systématiquement persécutés par les hommes de Kabila.
vendredi 23 mai
La nomination du nouveau gouvernement zaïrois ne plait pas aux Kinois : « Nous n'accepterons jamais que Tshisekedi, qui a combattu la dictature pendant plus de vingt ans, soit combattu par Kabila et ses Rwandais ». Si la majorité des Kinois accepte que Kabila soit le chef de l'Etat, elle exige par contre que le Congo-Zaïre ne soit géré et gouverné que par les Zaïrois. Les Kinois s'interrogent et menacent de recourir aux armes pour faire partir les Rwandais : « Les forces armées zaïroises ne sont pas mortes. Elles sont plus puissantes que les Tutsis ; nous allons les chasser bientôt ».
jeudi 29 mai
Les présidents angolais, rwandais, ougandais et zambien ont assisté à la cérémonie de prestation de serment du nouveau chef de l'Etat de l'ex-Zaïre, Laurent-Désiré Kabila, qu'ils ont fortement soutenu dans sa guerre contre le président déchu Mobutu.
mardi 3 juin
Un rapport des Nations unies rendu public affirme que près de 350 personnes ont été tuées au Rwanda en l'espace de dix semaines, entre le 1er mars et le 15 mai. Le document, rédigé par plusieurs observateurs des droits de l'homme, a recensé quarante-huit incidents violents d'origine ethnique. Dans le nord, notamment, des soldats tutsis de l'armée rwandaise auraient tué 162 personnes. Deux attaques contre des écoles ont également coûté la vie à vingt-trois élèves ; à chaque fois, les meurtriers ont demandé aux jeunes gens de décliner leur identité et leur origine ethnique, abattant ceux qui leur opposaient un refus.
mercredi 4 juin
Lors du 33e sommet de l'OUA, qui s'est achevé au Zimbabwe, le nouveau président « zaïrois », Kabila, a donné son accord pour une enquête internationale sur les massacres de réfugiés hutus rwandais dans l'est du pays. Selon le secrétaire général de l'ONU, le tombeur de Mobutu a accepté de « coopérer à la fois sur l'aide aux réfugiés sur les accusations de massacre ». Kabila devrait désigner un membre de son gouvernement pour « travailler avec le HCR afin de déterminer l'ampleur du problème et agir énergiquement pour résoudre la question des réfugiés ».
mercredi 18 juin
Deux collaborateurs locaux du Programme alimentaire mondial (PAM) de l'ONU ont été assassinés récemment au Rwanda. Les agences humanitaires de l'ONU dénoncent une insécurité croissante dans l'ouest du pays qui les empêche de garantir la protection de milliers de réfugiés rapatriés de l'ex-Zaïre et de Tanzanie.
vendredi 27 juin
Dans l'est du Zaïre, les témoignages se multiplient sur les massacres de réfugiés hutus commis ces derniers mois par des soldats rwandais.
du samedi 12 au dimanche 13 juillet
Des affrontements meurtriers ont opposé l'armée rwandaise et des miliciens hutus dans le nord du pays. L'opération militaire, qui visait à empêcher plusieurs centaines de rebelles d'installer une base à Ruhengeri, aurait fait plus de 170 victimes.
jeudi 17 juillet
Entre 2 000 et 3 000 civils ont été tués au Rwanda par l'armée depuis trois mois, selon un rapport de l'organisation américaine Médecins pour les droits de l'Homme (PHR). « Les massacres de réfugiés et de villageois congolais, ainsi que de civils dans l'ouest du Rwanda continuent ces jours-ci », a indiqué l'organisation, à l'issue d'une mission de quinze jours au Rwanda et dans l'ex-Zaïre. Réfutant les accusations de PHR, le porte-parole de vice-président et ministre rwandais de la Défense Paul Kagamé les a qualifiées de « totalement exagérées » sans les démentir pour autant. « Il y a eu quelques accrochages au cours desquels nos forces ont tué des membres de gangs armés », s'est-il contenté d'expliquer, ajoutant qu'il est difficile, pour les soldats, de savoir qui est civil et qui est combattant lorsque les combattants « sont habillés en civil et habitent dans les maisons des villageois ». Pour autant, les autorités rwandaises n'ont rien à répondre lorsque PHR affirme avoir reçu d'incessantes pressions de la part de l'armée au cours d'investigations sur le terrain. Son équipe a même été chassée d'un camp de transit où elle enquêtait sur les conditions sanitaires des populations nouvellement rapatriées.
vendredi 18 juillet
Sept Rwandais soupçonnés d'avoir participé au génocide de 1994, parmi lesquels Jean Kambanda, ancien Premier ministre par intérim, ont été arrêtés à Nairobi par les autorités kenyanes. Le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPR) d'Arusha (Tanzanie), jusqu'alors très critiqué pour son inefficacité, détient maintenant dix-neuf Rwandais.
mercredi 23 juillet
Georges Ruggiu, un ancien journaliste belge de la radio extrémiste hutue Mille collines, a été arrêté au Kenya et transféré à Arusha. Le TPR le soupçonne d'avoir « incité à la violence et à la haine contre les Tutsis, les Hutus modérés et les Belges », sur l'antenne de Mille collines, pendant les massacres de 1994.
mardi 29 juillet
1 466 réfugiés hutus rwandais viennent d'arriver en Angola, après neuf mois de fuite devant les troupes de l'ex-rebelle, devenu chef d'Etat, zaïrois Kabila. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, qui vient de signaler leur arrivée à un millier de kilomètres de Luanda, signale qu'ils sont « malades, épuisés » et qu'ils ont « dramatiquement besoin d'aide ».
jeudi 7 ou dimanche 17 août
Une guerre civile larvée fait des milliers de morts dans le nord-ouest du Rwanda où l'armée aurait tué de très nombreux civils désarmés affirment deux rapports - l'un de la Mission des Nations unies pour les droits de l'homme au Rwanda (HFOR), l'autre d'Amnesty International - qui chiffrent à près de 3 000 le nombre des victimes. Dominée par la minorité tutsie, l'Armée populaire rwandaise s'est lancée depuis quelques mois dans de vastes opérations de ratissage, dans le nord-ouest du pays, pour mettre fin aux activités d'anciens militaires et miliciens hutus.
nuit du jeudi 21 au vendredi 22 août
Au moins cent vingt Tutsis ont été tués à la machette ou au fusil par des inconnus, dans le camp de réfugiés de Mudende, près de Gisenyi. Le massacre s'est déroulé vers 1 h 30. Originaires de l'est de l'ex-Zaïre, les victimes avaient fui leur pays et les combats qui y opposaient Hutus et Tutsis, en 1995 et 1996. Le gouvernement rwandais accuse des groupes armés hutus d'être responsables du massacre.
samedi 30 août
Le premier barreau du Rwanda est né, avec la prestation de serment de quarante-quatre avocats. Cette décision va permettre de relancer les procès des 120 000 personnes soupçonnées d'avoir participé aux génocides de 1994 (entre 500 000 et 800 000 Hutus et Tutsis massacrés). Toutes les audiences avaient été ajournées en juillet, après le vote d'une loi qui exigeait la présence d'avocats assermentés. Jusqu'ici, la défense était assurée par n'importe qui, en général un homme âgé de la communauté. « Cette loi est courageuse car, au Rwanda, la défense des génocidaires est considérée comme superflue », se félicite Avocats sans frontière.
jeudi 11 septembre
Le HCR a décidé de suspendre son aide aux Rwandais présents dans l'ex-Zaïre, en raison de l'absence de garanties de sécurité. Une décision qui aurait, dit-on, soulagé Kabila, l'homme qui renversa Mobutu...
vendredi 12 septembre
Quatre officiers de l'Armée patriotique rwandaise ont été condamnés à vingt-huit mois de prison par la cour militaire de Kigali. Ils étaient accusés d'avoir massacré une centaine de civils dans la préfecture de Gisenyi, en septembre 1995, et risquaient quinze ans d'emprisonnement leur culpabilité n'ayant pas été prouvée, ils ont été seulement reconnus coupables de non-intervention pendant les massacres et d'avoir perdu le contrôle de leurs soldats.
mercredi 24 septembre
Dans un nouveau rapport, Amnesty International s'intéresse de près aux exactions commises au Rwanda et dénonce l'attitude coupable de la communauté internationale, notamment de son silence. L'organisation humanitaire avance maintenant le nombre de 6 000 personnes au moins, en majorité des civils désarmés, qui ont été tuées au Rwanda entre janvier et août. Elle accuse les Etats-Unis et l'Afrique du Sud, par exemple, qui entraînent depuis deux ans, les forces de sécurité rwandaises et leur fournissent des équipements.
jeudi 2 octobre
Selon le dernier rapport de la Mission de l'ONU pour les droits de l'homme au Rwanda, au moins 918 personnes ont été tuées en juillet et août lors d'affrontements entre miliciens hutus et soldats des ex-Forces armées rwandaises (FAR). C'est « trois fois moins qu'en mai et juin », notent les rapporteurs...
vendredi 3 octobre
Le gouvernement de l'ex-Zaïre a décidé dans la soirée de fermer sa frontière avec le Rwanda.
mercredi 8 octobre
La Fédération internationale des droits de l'homme et l'observatoire Human Right Watch affirment détenir « la preuve matérielle irréfutable » de massacres commis dans l'ex-Zaïre par les troupes de Kabila et leurs alliés. Des témoins oculaires accusent notamment des militaires rwandais. Les deux organisations ont remis leurs preuves à l'ONU. Par ailleurs, de violents combats ont éclaté, dans la matinée, autour de l'aéroport de Gisenyi (nord-ouest du Rwanda) entre l'armée patriotique rwandaise et les milices hutues « interhamwe ». Selon diverses sources occidentales, les autorités de l'ex-Zaïre auraient réquisitionné des véhicules à Goma, de l'autre côté de la frontière, une « forte présence militaire » étant signalée sur la route qui va du centre de la ville à l'aéroport.
jeudi 9 octobre
Les Américains connaissaient les plans du Rwanda pour attaquer des camps de réfugiés hutus dans l'est de l'ex-Zaïre, lors de l'offensive de Kabila. C'est ce qu'affirment Human Right Watches et la Fédération internationale des droits de l'homme. Elles détiennent la « preuve irréfutable » de massacres commis par les soldats de Kabila et ses alliés rwandais, soutenus par les Etats-Unis.
mardi 14 octobre
Trente-sept Tutsis rwandais qui étaient revenus des camps de l'ex-Zaïre ont été tués à Aruba, à quelques kilomètres de Gysenyi.
vendredi 14 novembre
Les violences se multiplient depuis le début octobre dans l'ouest et le nord du Rwanda, où au moins soixante-six personnes ont été tuées dans six attaques distinctes. Les régions de Gitarama et de Gisenyi sont l'épicentre de la guerre civile qui oppose toujours l'APR (tutsie) aux rebelles hutus « interhamwe » et aux soldats des ex-FAR. La pression grandissante de l'APR dans le nord-ouest oblige les rebelles à descendre vers le sud, d'où ce regain de tension.
lundi 17 novembre
Près de quatre cents personnes ont été tuées, dans la soirée, lors d'un accrochage entre l'armée rwandaise et un millier de rebelles hutus qui attaquaient une prison pour libérer des prisonniers de leur ethnie. L'accrochage, qui s'est produit à Gicye, à soixante-cinq kilomètres de Kigali, a coûté la vie à deux cents rebelles, quatre-vingt-huit détenus et deux soldats.
vendredi 21 novembre
Les combats se poursuivent autour de Gicye. Un proche du gouvernement expliquait récemment comme une preuve de la faiblesse des rebelles : « ils sont battus ici, repartent là, vont d'un point à un autre parce qu'ils ne peuvent s'installer nulle part ». Les experts étrangers voient, au contraire, dans ces incessants déplacements des rebelles, une preuve de leur mobilité et, donc, de leur supériorité sur le terrain.
dimanche 30 novembre
L'insécurité qui règne depuis six mois dans les collines du nord du Rwanda paralyse l'économie de toute la région et commence à poser de sérieux problèmes d'approvisionnement. Les routes sont la cible d'embuscades tendues par les miliciens hutus « interhamwe » et des soldats des ex-Forces armées rwandaises en lutte contre les autorités.
mercredi 3 décembre
Environ trois cents rebelles hutus « interhamwe » ont attaqué la commune de Bulinga, dans le centre-ouest du Rwanda. Ils ont incendié le bureau communal et libéré 630 prisonniers, soupçonnés d'avoir participé au génocide de 1994, qui étaient enfermés dans le cachot communal. Cette attaque a fait au moins huit morts : deux soldats, deux policiers, deux civils et deux rebelles.
dimanche 7 décembre
Mary Robinson, haut commissaire des Nations unies pour les droits de l'homme, a brisé le silence diplomatique qui pesait jusqu'alors sur la situation au Rwanda. A l'issue d'un séjour de trois jours dans le pays, elle a condamné « l'absence d'une politique volontariste de réconciliation » et dénoncé « de sérieuses violations des droits de l'homme », « les violences liées à l'armée » et « la concentration chronique du pouvoir politique et du processus de prise de décisions ».
nuit du mercredi 10 au jeudi 11 décembre
Les rebelles hutus rwandais (Interhamwe et FAR), qui avaient déjà attaqué le camp de réfugiés zaïrois (17 000 Tutsis de Masisi, au nord-est de l'ex-Zaïre, de Mudende, au Rwanda, en août, y sont revenus dans la soirée. Le massacre, qui constitue un défi au gouvernement de Kigali, a fait un grand nombre de morts : 302 selon l'administration rwandaise, 841 selon un décompte des corps enterrés, plus d'un millier comme le pensent les organisations humanitaires, 1 643 morts et 1 158 disparus selon le gouvernement congolais et des survivants. Les assaillants venaient de la ville de Kanama et de la frontière de l'ex-Zaïre. Les rebelles demandent aux Tutsis de quitter « toutes les villes du Rwanda, avant qu'il ne soit trop tard... »
jeudi 11 décembre
La radio de Kinshasa a diffusé un communiqué du gouvernement de l'ex-Zaïre parlant de « l'agression » menée par « une bande armée », à partir du Rwanda, contre Bukavu, dans l'est du pays. Selon ce même communiqué, les troupes congolaises ont « administré une riposte vigoureuse à cette bande qui a battu en retraite ». Aucun bilan n'a été diffusé.
mardi 16 décembre
Une embuscade tendue à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest de Kigali a fait dix-neuf victimes. Ce genre d'attaque, de plus en plus fréquent dans le nord-ouest du pays, est attribué aux extrémistes hutus.
nuit du jeudi 18 au vendredi 19 décembre
Selon un porte-parole de l'armée rwandaise, 50 personnes au moins, en majorité des rebelles hutus, ont été tuées dans des affrontements avec l'armée aux abords de deux camps de réfugiés tutsis, à Nkamira et Bigogwe, près de la frontière avec le Congo (ex-Zaïre).
1998
nuit du mercredi 31 décembre au jeudi 1er janvier
Vers cinq heures, la rébellion burundaise (1 000 ou 2 000 attaquants) a attaqué un village et le camp militaire de Gakumbu proches de l'aéroport de Bujumbura. Cette attaque qui s'est prolongée pendant plusieurs heures, a fait plus de 180 morts et de nombreux blessés. Le colonel Jean-Bosco Raradangwe, chef des forces de sécurité burundaises, estime que les rebelles hutus du Burundi auraient reçu pour l'occasion le renfort de leurs frères d'armes du Rwanda et de l'ex-Zaïre. Cette affirmation est étayée par les documents trouvés sur les assaillants tués par l'armée burundaise.
mardi 6 janvier
La Cour de cassation française a ordonné la reprise des poursuites engagées en France en 1995 contre le père Wenceslas Munyeshyaka, prêtre rwandais exerçant actuellement son ministère aux Andelys (Eure). Ils avaient été mis en examen fin juillet 1995 pour « génocide, complicité de génocide, tortures et traitements inhumains et dégradants » lors du drame rwandais (avril-mai 1994).
lundi 19 janvier
Dans la matinée, 34 personnes ont été tuées et 25 blessées près de Gisenyi, lorsque le bus qui transportait les employés d'une brasserie est tombé dans une embuscade tendue par des miliciens hutus « Interhamwe » et des soldats des ex-FAR. Les assaillants voulaient que les passagers se séparent en deux files distinctes : Hutus et Tutsis. Comme ils n'obtenaient pas satisfaction, ils ont ouvert le feu sur ceux qui tentaient de s'échapper puis ils ont mis le feu au véhicule. Cette navette avait déjà été attaquée il y a deux semaines, mais il n'y avait pas eu de victime.
dimanche 25 janvier
Le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés a suspendu le rapatriement volontaire des réfugiés rwandais établis au Congo, « faute de demandes ». Ils refusent de rentrer chez eux « parce qu'il n'y a pas, au Rwanda, de justice équitable », a expliqué un responsable de l'aide humanitaire européenne. Ces 12 000 réfugiés hutus voudraient que le gouvernement congolais leur accorde des terres qu'ils pourraient cultiver.
samedi 31 janvier
Un prêtre croate, présent depuis 17 ans au Rwanda où il travaillait pour Caritas, a été assassiné dans sa voiture, dans la soirée, en plein centre de Kigali. Il a été atteint de huit balles dans la poitrine et dans le dos, vraisemblablement tirées à bout portant par un individu qui se trouvait dans son véhicule. Son propre pistolet, dont il ne se séparait jamais, a été retrouvé dans la voiture.
lundi 2 mars
Médecins sans Frontières a demandé la création d'une commission d'enquête parlementaire sur le rôle de la France au Rwanda, entre 1990 et 1994, MSF reproche à Paris d'avoir soutenu le président Habyarimana alors que celui-ci « faisait du racisme un pilier de sa politique » et avait organisé « le génocide » des Tutsi et le « massacre des opposants ». MSF évoque également d'éventuelles livraisons d'armes à Kigali par la France après la mort d'Habyarimana (avril 1994). Plusieurs associations, dont la Ligue des droits de l'homme, et des intellectuels se sont joints à MSF.
mardi 3 mars
Les députés français ont décidé de constituer une « mission d'information sur le Rwanda » afin, notamment, de « faire la lumière sur le rôle qu'ont pu jouer les différents forces militaires étrangères dans la crise rwandaise de 1990 à 1994 ».
jeudi 12 mars
Une implantation de la fédération luthérienne mondiale a été attaquée dans la préfecture de Kibungo : huit morts et cinq blessés graves.
vendredi 13 mars
Selon un communiqué d'Amnesty International, provenant de Nairobi (Kenya), des centaines de civils non armés ont été tués dans le nord-ouest du Rwanda en janvier et février. L'organisation de défense des droits de l'homme accuse autant les Hutus rebelles extrémistes que l'APR dominée par les Tutsis. Les cas de disparitions augmentent dans des « proportions alarmantes », déclare Amnesty dont une délégation a enquêté sur place pendant trois semaines.
lundi 23 mars
Sept religieuses (cinq rwandaises et deux espagnoles) ont été enlevées par un groupe de rebelles hutus.
mardi 24 mars
Les cinq religieuses rwandaises enlevées la veille ont été libérées.
mercredi 25 mars
Au cours d'une escale de moins de trois heures sur l'aéroport de Kigali, le président américain Bill Clinton a reconnu, devant 200 personnes, la responsabilité du monde, celle des Etats-Unis et la sienne propre lors du génocide de 1994 au Rwanda.
samedi 28 mars
Libération des deux religieuses espagnoles enlevées le 23 mars.
vendredi 3 avril
Comme il le fait chaque année depuis les événements, le Rwanda a entamé une semaine nationale de deuil à la mémoire des quelque 800 000 victimes du génocide de 1994. La première journée a été marquée par l'inhumation des restes de 5 000 victimes de Karubamba, dans le nord-est, en présence du vice-président et du ministre de la Défense, le général-major Paul Kagamé. C'est le ministère de la Jeunesse et des Sports qui a été chargé de l'organisation de cette semaine.
lundi 6 avril
Sept personnes, dont un bébé, ont été tués dans la préfecture de Gitarama, au centre du pays.
mardi 7 avril
Un spécialiste réputé du Rwanda affirme que la France « connaît ou peut connaître l'auteur ou les auteurs » de l'attentat qui a coûté la vie aux présidents rwandais et burundais en 1994 et déclenché le génocide contre les Tutsis et les Hutus modérés. Les deux missiles sol-air provenaient de stocks de l'armée française, assure l'universitaire belge Filip Reyntjens, professeur de l'université d'Anvers, en se référant à des sources des services de renseignement militaires britanniques, belges et américains. Filip Reyntjens a été entendu par la mission parlementaire d'information sur le Rwanda. L'ancien ministre français de la Coopération, Bernard Debré, accuse, lui, l'Ouganda d'être responsable de l'attentat qui a coûté la vie aux deux présidents. Les autorités ougandaises démentent.
Onze soldats gouvernementaux ont été tués dans une embuscade.
mercredi 8 avril
28 rebelles ont été tués en libérant 500 prisonniers d'un cachot communal à Buringa.
jeudi 9 avril
Des rebelles hutus, anciens miliciens interhamwe ou ex-soldats des FAR ont attaqué à l'aube un camp de réfugiés près de Ruhengeri, à l'est du Rwanda, massacrant 28 d'entre eux. 20 rebelles ont été tués lors de la riposte de l'Armée patriotique rwandaise.
La présence de milliers de réfugiés hutus des ex-Forces armées rwandaises (ex-FAR) en République démocratique du Congo (ex-Zaïre) est vivement mis en cause par les autorités congolaises. L'armée congolaise a pris le contrôle du Nord-Kivu, où se trouvent ces réfugiés, entrés armés dans la région. Un haut responsable de la sécurité publique explique : « Quand on attrape des ex-FAR, on les extrade vers le Rwanda. S'ils s'en prennent au peuple congolais, ils deviennent des ennemis. On les tue comme tels ». Il a refusé de confirmer que l'armée congolaise coopérait avec l'armée du Rwanda et celle d'Ouganda contre les ex-FAR.
Le Premier ministre français, Lionel Jospin, a accepté de « déclassifier » certains documents confidentiels qui pourraient être utiles à la mission d'information parlementaire sur le Rwanda. Mais ce sera au cas par cas.
nuit du vendredi 10 au samedi 11 avril
24 personnes ont été tuées au cours d'une attaque à Musambira, au centre du pays. Plusieurs enfants figurent parmi les victimes. Ils ont été décapités. La région est touchée depuis plus d'un mois par les actions de la rébellion.
samedi 11 avril
Vers 21 heures, une embuscade a pris à partie trois véhicules officiels dans lesquels se trouvait le préfet de Gitarama. Ce dernier a échappé aux tirs, mais son chauffeur a été mortellement blessé. Cette attaque a fait cinq morts.
nuit du samedi 11 au dimanche 12 avril
Cinq femmes, rescapées du génocide de 1994, ont été tuées à la hache et à la machette dans une attaque de Nyamabuye (centre). Au total, plus d'une centaine de personnes ont été tuées au Rwanda en une semaine lors d'attaques attribuées à la rébellion hutue.
dimanche 19 avril
Deux prêtres catholiques ont été condamnés à mort pour génocide et complicité de génocide par la cour spécialisée du tribunal de Kibuye. Ils étaient accusés d'avoir encouragé la population de la paroisse de Nyange, dont ils avaient la charge, à venir se réfugier dans l'église. Ils l'avaient fait avec les gendarmes et miliciens hutus interahamwe. 8 000 personnes, des Tutsis et des Hutus modérés avaient péri prisonniers dans l'église détruite par des engins de travaux publics. C'est la première fois que des prêtres sont condamnés à mort au Rwanda.
mercredi 22 avril
Selon plusieurs partis congolais (ex-zaïrois) de l'opposition, l'armée gouvernementale, appuyée par des troupes rwandaises et ougandaises, se serait livrée à des massacres dans la région du Kivu, notamment à Butembo, encerclée par l'armée depuis le 14 avril.
jeudi 23 avril
L'armée rwandaise a tué 90 rebelles, des miliciens hutus, ex-membres des FAR, lors d'une opération dans les provinces du Nord.
vendredi 24 avril
Dans la matinée, le régime rwandais a fait fusiller, « pour l'exemple », en public, 22 condamnés à mort pour génocide. 4 d'entre eux, dont une femme et Froduald Karamiré (l'idéologue du « pouvoir hutu ») et Silas Munyagishali (procureur de la capitale d'août 1994 à février 1996), ont été exécutés à Kigali devant 100 000 personnes exultant près du stade de football de Nyrmirambo. Les 18 autres condamnés ont également été passés par les armes en public, dans quatre autres villes du pays.
mardi 28 avril
Recherché par le TPI, le colonel Alphonse Nteziryayo, ancien chef de la police militaire rwandaise et ancien préfet de Butare (sud du Rwanda) pendant les dernières semaines du génocide, a été arrêté au Burkina-Faso. On lui reproche d'avoir ordonné le meurtre de tous les Tutsis encore en vie dans sa préfecture et d'avoir lui-même participé à certains meurtres.
jeudi 30 avril
Le Conseil de sécurité de l’ONU adopte la résolution 1165 sur la création d’une troisième chambre de première instance au sein du Tribunal pénal international pour le Rwanda.
vendredi 1er mai
Jean Kambanda, l'ex-Premier ministre rwandais, a été reconnu coupable des six chefs d'accusation dont il faisait l'objet devant le TPI pour le Rwanda qui siège à Arusha, en Tanzanie. A la tête d'un gouvernement intérimaire entre le 8 avril et le 17 juillet 1994, il s'est rendu coupable de génocide et de crimes contre l'humanité. Un accord secret passé entre le procureur et lui pourrait lui permettre d'être cité comme témoin à charge dans d'autres procès.
vendredi 8 mai
Le président rwandais Pasteur Bizimungu a rejeté les offres de service du secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan. Le Rwanda n'a pas besoin de l'ONU pour régler ses problèmes, a déclaré Bizimungu après un accueil particulièrement glacé réservé par Kigali au premier responsable de l'instance internationale : véritable réquisitoire des députés contres l'action de l'ONU au Rwanda lors du génocide, boycott du président et du vice-président rwandais au dîner de gala, accusation d'avoir ajouté « le mal au mal » alors qu'il déposait une gerbe à la mémoire à la victime de 1994... Kofi Annan, ancien responsable des opérations de maintien de la paix de l'ONU au moment de la tragédie, a pourtant exprimé le « repentir » du monde à ses hôtes et proposé son soutien aux dirigeants du pays. En vain.
samedi 9 mai
Le gouvernement rwandais a officiellement suspendu la mission du haut-commissariat aux droits de l'homme qui se déroulent actuellement dans le pays. Son porte-parole, Jose-Luis Herrero, a reçu un arrêté d'expulsion pour atteinte à la sûreté de l'Etat : il lui est reproché de s'être entretenu avec des journalistes internationaux lors des exécutions publiques de 22 condamnés à mort pour génocide, le 24 avril. Les membres de la mission ne peuvent plus se déplacer dans le pays depuis plusieurs semaines.
vendredi 15 mai
2 000 détenus accusés de génocide sont passés aux aveux dans la prison de Rilima, dans la préfecture de Kigali rurale. Selon la loi rwandaise, lorsqu'un coupable de génocide reconnaît ses crimes pour aider le travail de la justice, il bénéficie automatiquement d'une remise de peine s'il dénonce ses complices et indique les circonstances précises de ses crimes. 130 000 présumés coupables de génocide sont actuellement détenus dans les prisons et les cachots communaux du Rwanda.
samedi 16 mai
Deux Hutus rwandais, collaborateurs des Nations unies au Kenya, ont été assassinés dans la banlieue de Nairobi, alors qu'ils venaient de quitter le quartier général de l'ONU. L'un d'eux, Seth Sendashonga, était l'ancien ministre rwandais de l'Intérieur. Il appartenait au FPR, au pouvoir depuis juillet 1994. Il avait rejoint l'opposition en exil en 1995 et avait échappé à une première tentative d'assassinat, à Nairobi, en février 1996.
lundi 18 mai
L'absence des chefs d'Etat ougandais, Yoweri Museweni, et rwandais, Paul Kagame, a provoqué l'annulation d'un sommet sur la région des Grands Lacs, prévu aujourd'hui à Kinshasa (ex-Zaïre).
jeudi 21 mai
Des militaires français auraient participé à des actions de renseignement aux côtés des FAR, dans le cadre d'une mission « Panda », en 1993. Cette information aurait été livrée à huis clos à la mission d'information parlementaire française par un officier français. Les militaires français seraient même intervenus en Ouganda où étaient réfugiés les Tutsis du FPR. L'intervention échappait aux responsables militaires de l'opération Noroît au Rwanda.
jeudi 28 mai
Dans le cadre d'une opération menée par l'APR contre la rébellion (miliciens hutus interhamwe et ex-FAR), au moins 20 personnes - villageois et combattants - ont été tués et 67 autres blessées dans les communes de Rwerere, Kanama et de Nyamyuma, dans la région de Gisenyi.
vendredi 5 juin
34 personnes ont été condamnées à la réclusion à perpétuité, parmi 51 accusés de « génocide contre l'humanité » jugés à Byumba. 9 ont été acquittés, 3 condamnés à des peines de prison avec sursis et 5 n'ont pas été jugés. Depuis 1996, début des actions en justice pour génocide, c'est le plus grand nombre d'accusés à être jugés en une seule fois.
du samedi 6 au dimanche 7 juin
Plusieurs attaques, dont certaines attribuées à des miliciens hutus, ont fait une quarantaine de morts. Les premières ont eu lieu dans les communes de Mushubati et Buringa, dans la préfecture de Gitarama (nord). Une autre visait le camp de réfugiés tutsis de Kinihira, dans la préfecture de Gysenyi, qui a été assailli par un millier de jeunes hommes et de femmes.
nuit du mardi 16 au mercredi 17 juin
Une attaque contre un camp de déplacés tutsis a fait 25 morts et 85 blessés, dont 30 enfants. Les assaillants se sont servis uniquement de machettes et de lances. Le massacre a été interrompu par l'intervention de l'armée.
du mardi 30 juin au mercredi 1er juillet
En prévision de la « journée de libération nationale », le 4 juillet, les Rwandais ont été réquisitionnés pour des travaux de nettoyage et d'entretien des villes et des routes. Les plus hautes autorités du pays, elles aussi, ont mis la main à la pâte, mais beaucoup ont considéré que ces deux jours de contribution communautaire obligatoire représentaient une forme de « dictature temporaire ». Cette pratique avait été instaurée par l'ancien régime du président Habyarimana, bien avant le génocide, puis abandonnée.
samedi 4 juillet
La cérémonie commémorant l'entrée des troupes rebelles tutsies du FPR dans Kigali, le 4 juillet 1994, a rassemblé quelque 35 000 personnes au stade Amahoro. quatre cents soldats ont défilé, baïonnette au canon, sous les yeux de la foule, peu enthousiaste. Dans un discours enregistré, le président rwandais, Pasteur Bizimungu, inexplicablement absent, a condamné « les mauvaises pratiques qui commencent à apparaître » après quatre années de « libération ». Il a dénoncé la « corruption qui existe dans l'administration et le système judiciaire ».
mardi 7 juillet
Trois religieuses ont été enlevées dans la région proche de Byumba.
mercredi 8 juillet
Devant la commission parlementaire d’information française sur le Rwanda, l’ancien secrétaire d’Etat adjoint américain pour les affaires africaines, Herman Cohen, a estimé que l’opération française « Turquoise » avait sans doute sauvé la vie de 20 000 à 30 000 Tutsis. Il estime que le gouvernement américain a empêché une intervention de l’ONU en 1994, après le déclenchement du génocide. Pour lui, c’est la propre famille de l’ancien président Habyarimana qui est à l’origine de l’attentat dans lequel il a péri et qui a déclenché le génocide. La commission, qui termine ses auditions le 9 juillet, a entendu 88 personnalités depuis le 24 mars.
samedi 11 juillet
Libération des trois religieuses enlevées il y a quatre jours.
dimanche 12 juillet
Le major rwandais Bernard Ntuyahaga, soupçonné d’avoir assisté au massacre de 10 Casques bleus belges le 7 avril 1994 à Kigali, s’est constitué prisonnier à Arusha, où siège le TPR. Le major Ntuyahaga est le premier des 31 suspects, actuellement détenus par le TPR, à s’être rendu volontairement.
Un raid « rebelle » a fait 34 victimes à Taré, dans la région de Kigali.
mardi 14 juillet
Le président congolais Kabila a limogé le commandant en chef de son armée - et son mentor -, le Rwandais James Kabare.
mercredi 22 juillet
Deux prêtres belges de l’ordre des Missionnaires d’Afrique (les pères blancs) ont été enlevés dans la région de Ruhengeri, au nord du pays, sans doute par des rebelles hutus.
nuit du mercredi 22 au jeudi 23 juillet
Le lieutenant-colonel Léonard Nkundiye, chef de la rébellion rwandaise, a été tué par l’armée lors d’un accrochage à Giciye, dans la région de Gisenyi, a affirmé un porte-parole de l’armée rwandaise.
lundi 27 juillet
Le gouvernement congolais (ex-zaïrois) a annoncé son intention de renvoyer chez eux les militaires rwandais, en majorité tutsis, qui avaient aidé Kabila à renverser Mobutu au cours d’une campagne de sept mois entre novembre 1996 et avril 1997.
vendredi nuit du 31 juillet au 1er août
Raid « rebelle » à Rushashi, à 60 kilomètres de Kigali : 110 personnes ont été tuées à coups de machettes et de gourdins, a indiqué le responsable militaire du secteur.
lundi 3 août
Le président congolais Kabila est entré en conflit ouvert avec ceux qui avaient le plus contribué à sa conquête du pouvoir. Animée par les Congolais d’origine rwandaise, les Banyamulenge, une rébellion militaire a éclaté au nord et au Sud-Kivu, à l’est du Zaïre. Les mutins semblent contrôler les deux capitales régionales, Goma et Bukavu. Le haut commandement du Nord-Kivu a diffusé un communiqué : « Nous, armée de la République démocratique du Congo, avons pris la décision de renverser le président Kabila ».
mardi 4 août
Dans l’est de l’ex-Zaïre, les Banyamulenge ont assuré leur emprise sur le Kivu, cette région frontalière du Rwanda. Des combats ont éclaté à Uvira, une ville frontière du Burundi. Plus inquiétant pour le pouvoir de Kinshasa, on se bat aussi pour le contrôle de l’aéroport de Kisangani, à 400 kilomètres à l’ouest du Kivu, signe les Banyamulenge ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin... vers Kinshasa. Les rebelles ont même lancé une rocambolesque opération aéroportée, débarquant des hommes sur la base militaire de Kitona, à l’extrême ouest du pays. Ils avaient pour objectif d’y soulever une garnison de 20 000 anciens soldats de Mobutu. Le ministre de la Justice de l’ex-Zaïre a accusé des troupes rwandaises « lourdement armées » d’avoir franchi la frontière pour prêter main-forte aux rebelles. Kigali n’a pas commenté.
mercredi 5 août
Kinshasa a menacé « d’exporter la guerre au Rwanda ». Le président rwandais, Pasteur Bizimungu, a démenti mollement toute participation de son pays dans la rébellion. Un ancien proche de Kabila, Pascal Tshipata Mukeba, ancien chef des renseignements au Kivu, réfugié au Kenya, affirme que Kabila n’a pas respecté une promesse faite, en 1996, lors de la signature qui fondait l’ADFL, aujourd’hui au pouvoir à Kinshasa. En échange du soutien des Banyamulenge pour conquérir le pouvoir, Kabila leur avait promis le contrôle du Kivu, la région où ils sont le plus implantés.
jeudi 6 août
La rébellion rwandaise au Congo fait rage dans l’étroite bande de terre qui relie l’ex-Zaïre à l’océan Atlantique. Avec la chute d’Uvira, l’emprise des rebelles semble désormais totale sur la région du Kivu. « La guerre sera porté au Rwanda » a lancé Kabila, qui accuse son voisin de soutenir les rebelles.
vendredi 7 août
Ouverture dans la soirée à Harare (Zimbabwe) d’un sommet régional, réunissant les chefs d’Etat de Tanzanie, Namibie, Zambie, Zimbabwe, Rwanda et Ouganda.
samedi 8 août
Le président Kabila a obtenu, à l’issue du sommet de Harare, la création d’une commission chargée d’enquêter sur la situation dans l’ex-Zaïre, y compris sur l’accusation d’invasion rwandaise avancée vers Kinshasa.
dimanche 9 août
Même s’ils contrôlent toujours aussi fermement la région du Kivu, les rebelles semblent marquer le pas, à l’extrême ouest du pays. Par ailleurs, dans la soirée, les autorités de Kinshasa ont accusé deux colonnes de blindés ougandaises d’avoir franchi la frontière et pénétré en ex-Zaïre pour venir en aide aux rebelle d’origine rwandaise et à « l’invasion rwandaise ».
lundi 10 août
Alors que l’armée fidèle à Kabila a lancé une grande contre-offensive, on ne sait toujours pas si des troupes rwandaises et ougandaises ont franchi la frontière de l’ex-Zaïre pour prêter main forte aux rebelles, comme l’affirme le régime de Kabila.
mardi 11 août
Le président congolais Kabila a promis d’armer « des dizaines de milliers de jeunes » pour combattre l’agression extérieure, le Rwanda et l’Ouganda qu’il accuse toujours d’aider les rebelles tutsis banyamulenge.
mercredi 19 août
L’ex-Zaïre a saisi le conseil de sécurité de l’ONU d’une demande d’intervention contre « l’agression » du Rwanda et de l’Ouganda.
jeudi 20 août
Le président du Zimbabwe, Robert Mugabe, a renouvelé ses accusations contre le Rwanda, directement impliqué, selon lui, dans le conflit congolais, par l’envoi de troupes dans l’ex-Zaïre. Des soldats zimbabwéens sont ainsi arrivés à Kinshasa pour soutenir Kabila.
vendredi 21 août
Le Rwanda a appelé au cessez-le-feu dans l’ex-Zaïre. Il a toutefois indiqué qu’il se réservait le droit « d’intervenir » au Congo-Kinshasa. Par ailleurs, Nelson Mandela a lancé un appel pour l’organisation dès le lendemain d’un sommet sur le conflit du Congo (ex-Zaïre) : l’ancien président sud-africain a invité les chefs d’Etat du Congo, du Rwanda, de l’Ouganda et du Zimbabwe.
samedi 22 août
Le président congolais Kabila ne s’est pas rendu en Afrique du Sud au sommet organisé à l’initiative du président Mandela. Le principal allié de Kabila, le président zimbabwéen Mugabe a lui aussi fait faux bond. Les chances de résoudre le conflit dans l’ex-Zaïre se réduisent. Les pourparlers de paix ont néanmoins commencé dans l’après-midi en présence des présidents ougandais et rwandais. Enfin de journée, une délégation de la République démocratique du Congo (RDC) est arrivée à Pretoria.
mardi 25 août
Pour Kabila, tout cessez-le-feu est exclu avant le retrait des « agresseurs ougandais et rwandais ». Or, pour la première fois, l’Ouganda a reconnu avoir pénétré en ex-Zaïre pour « préserver sa sécurité ». Le Rwanda a menacé, lui, d’intervenir « ouvertement ».
mercredi 2 septembre
Le TPI pour le Rwanda, qui siège à Arusha (Tanzanie), a reconnu un premier accusé coupable à la fois de génocide, crime contre l’humanité, viol et torture. Il s’agit d’un enseignant, maire du village de Taba, Jean-Paul Akayesu, qui avait ordonné le massacre de 2 000 Tutsis venus se placer sous protection.
vendredi 4 septembre
L’ancien Premier ministre rwandais Jean Kambanda a été condamné à la prison à vie par le TPI d’Arusha pour sa participation au génocide anti-tutsi de 1994. C’est la peine maximale que peut Infliger ce tribunal. Kambanda était le seul accusé à avoir plaidé coupable.
lundi 7 septembre
Un sommet africain s’est ouvert à Victoria Falls (Zimbabwe) pour tenter de trouver une issue au conflit en cours dans l’ex-Zaïre. Les chefs d’Etat impliqués dans le conflit (Angola, ex-Zaïre, Namibie, Ouganda, Rwanda et Zimbabwe) s’y sont retrouvés. Les pays alliés de Kabila ont, d’entrée, réclamé le retrait des soldats ougandais et rwandais. Mais le Rwanda nie toujours avoir des troupes dans l’ex-Zaïre.
mardi 8 septembre
Le sommet des six pays engagés dans le conflit congolais s’est soldé par un échec : exclus de la table des négociations, les rebelles de l’ex-Zaïre ont quitté Victoria Falls avant même la fin de la réunion, rejetant la « cessation immédiate des hostilités » conclue par les six chefs d’Etat concernés. Les ministres des Affaires étrangères des pays concernés doivent se retrouver le 10 septembre en Ethiopie. Les rebelles, qui n’ont pas été invités, veulent poursuivre les combats jusqu’à la chute de Kabila.
vendredi 11 septembre
Le débat sur le cessez-le-feu dans l’ex-Zaïre, entre les six pays engagés dans le conflit, s’est soldé, dans la soirée à Addis Abeba (Ethiopie), par un échec.
dimanche 13 septembre
Les pays engagés dans le conflit de l’ex-Zaïre se sont retrouvés à l’île Maurice, au sommet annuel de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC). Kinshasa cependant n’était pas au rendez-vous. Par contre l’Ouganda et le Rwanda, bien que non membre de cette SADC, avaient annoncé leur arrivée à Port-Louis.
lundi 14 septembre
L’armée de Kabila est ses alliés ont lancé une contre-offensive contre Kisangani, la troisième ville du pays tenue par les rebelles, et contre Goma, leur fief. Cette dernière a été attaqué à l’aube par les milices maï-maï, les miliciens interhamwe et d’anciens soldats des Forces rwandaises. Les rebelles tutsis semblent avoir résisté à l'offensive. C'est ce qu'affirme leur chef militaire Jean-Pierre Ondekane.
mardi 15 septembre
Le Rwanda a accusé Kinshasa d’entraîner et d’équiper « la rébellion rwandaise » pour déstabiliser le Congo.
vendredi 2 octobre
Jean-Paul Akayesu, ancien maire de Taba, au centre du pays, a été condamné à la réclusion à perpétuité par le TPR qui l’a reconnu coupable de génocide et crimes contre l’humanité.
vendredi 9 octobre
Le ministère rwandais de la Justice s’apprête à libérer quelque 10 000 détenus, pour lesquels manquent les preuves de leur participation au génocide de 1994. Plus de 120 000 personnes sont actuellement en prison dans le cadre des enquêtes en cours sur le génocide. Jusqu’ici, il y a eu 116 condamnations à mort, dont 22 au moins ont été exécutées.
lundi 12 octobre
200 soldats et officiers rwandais ont participé à la bataille de Kindu : les rebelles zaïrois se sont emparés de cette ville de l’est du pays.
jeudi 5 novembre
L’Angola envoie plusieurs centaines d’hommes à Mbuji-Mayi, la capitale du Kasaï-Oriental, à l’est de l’ex-Zaïre, pour soutenir les troupes du président Kabila. Luanda a menacé le Rwanda et l’Ouganda « d’une leçon foudroyante » s’ils ne se retirent pas du territoire du Congo-Kinshasa.
vendredi 6 novembre
Lors d’une visite en Afrique du Sud, Paul Kagame, l’homme fort du Rwanda a reconnu l’implication militaire de son pays au Congo-Kinshasa, ce que les autorités de Kigali avaient jusqu’ici refusé d’admettre.
dimanche 8 novembre
L’armée angolaise renforce massivement ses troupes présentes dans l’ex-Zaïre, afin de contraindre les forces rwandaises et ougandaises au retrait. De l’aveu même des rebelles, l’objectif de l’Ouganda et du Rwanda est de renverser le régime de Kabila. Les renforts angolais arrivent à Kananga, à 800 kilomètres à l’est de Kinshasa.
mercredi 11 novembre
L’Ouganda, le Rwanda et la rébellion congolaise ont créé un commandement militaire commun au Congo-Kinshasa. La direction des opérations sera assurée directement par le chef d’Etat-major de l’armée ougandaise.
jeudi 26 novembre
Ouverture à Paris du vingtième sommet franco-africain. 49 pays y participent et, parmi eux, pour la première fois, les pays anglophones. Parmi les chefs d’Etat présents : Laurent-Désiré Kabila (ex-Zaïre), Hosni Moubarak (Egypte), Benjamin William Mkapa (Tanzanie), Denis Sassou N’Guesso (Congo Brazzaville), Pasteur Bizimungu (Rwanda), Yoweri Museveni (Ouganda), Robert Mugabe (Zimbabwe), etc.
samedi 28 novembre
En marge du sommet franco-africain de Paris, les pays concernés par la guerre dans l’ex-Zaïre se sont mis d’accord pour une trêve immédiate, suivie, dans les trois semaines, de la signature d’un accord de cessez-le-feu. Dans une ambiance tendue, l’explication aurait « très violente », en particulier entre Kabila et Pasteur Bizimungu, mais aussi entre Mugabe et Museveni. L’Ouganda et le Rwanda ont fait savoir qu’ils replieraient leurs troupes s’ils obtenaient des engagements quant à une meilleure sécurité de leur frontière. Kabila a affirmé sa volonté de démocratisation et d’ouverture. Une nouvelle réunion devrait avoir lieu le 8 décembre en Zambie. La rébellion congolaise a salué l’engagement pour un arrêt des hostilités, mais a affirmé qu’elle poursuivrait le combat contre Kabila pour libérer le pays.
lundi 30 novembre
Les unités rwandaises combattant aux côtés de la rébellion congolaise auraient reçu l’ordre de « stopper leur progression ». C’est un officier rwandais interrogé à Nyunzu, où sont stationnés les forces rwandaises, qui l’a révélé, mais cette information est contestée par d’autres sources.
vendredi 11 décembre
Le sommet de Lusaka (Zambie), consacré à la guerre qui se déroule dans l’ex-Zaïre, et qui devait avoir lieu le 14 décembre, a été annulé, sans explications. Il semble que cette annulation soit consécutive aux déclarations sud-africaines sur la nécessité d’une participation directe des rebelles tutsis à la réunion.
mardi 15 décembre
La France n’est « nullement impliquée » dans le génocide rwandais de 1994. C’est la principale conclusion de la mission parlementaire d’information chargée d’examiner le rôle controversé de la France.
jeudi 31 décembre
La justice rwandaise a jugé, en 1998, 864 personnes accusées de génocide, trois fois plus qu’en 1997. Mais 120 000 autres prévenus attendent en prison d’être jugés. 8 615 détenus ont demandé à faire des aveux de culpabilité et 3 474 ont déjà été entendus. Au total, 125 000 détenus sont accusés d’avoir participé au génocide de 1994. Depuis le début des procès, plus d’une centaine de condamnations à mort ont été prononcées.
1999
dimanche 17 janvier
Le sommet de Lusaka (Zambie), réunissant une quinzaine de pays, belligérants ou non dans le conflit dans l’ex-Zaïre, s’est séparé sans qu’aucune décision ne soit prise.
lundi 18 janvier
Les cinq principaux Etats étrangers (Namibie, Angola, Zimbabwe, Rwanda et Ouganda) impliqués dans le conflit en République démocratique du Congo (ex-Zaïre) se sont mis d’accord pour signer un cessez-le-feu et appellent les rebelles à signer eux aussi cet accord. Ils appellent aussi le Conseil de sécurité de l’ONU « à former une force de maintien de la paix pour la RDC ».
jeudi 11 février
La chambre spécialisée sur le génocide du tribunal de Rushashi a prononcé deux condamnations à mort et cinq de prison à perpétuité. En 1998, 840 personnes ont été condamnées pour génocide. Il reste près de 124 000 prisonniers en attente de jugement.
lundi 1er mars
Cent cinquante Hutus Interhamwe, armés de lances, de machettes et de fusils d’assaut, ont attaqué un campement d’une trentaine de touristes dans le parc national ougandais de Bwindi, tuant un garde et enlevant quatorze touristes occidentaux (principalement américains et britanniques). Sept des personnes enlevées ont été libérées au bout de quelques heures. Un message des rebelles leur a été remis. Ces derniers reprochent aux Etats-Unis, à la Grande-Bretagne et à l’Ouganda leur soutien au Rwanda. Ils veulent porter un coup à l’économie ougandaise et notamment au tourisme, une industrie en pleine expansion.
nuit du lundi 1er au mardi 2 mars
Les huit touristes enlevés la veille en Ouganda (quatre Britanniques, deux Américains et deux Néo-zélandais) ont été exécutés à Buhoma par les leurs ravisseurs.
mardi 2 mars
L’armée ougandaise a franchi la frontière de la RDC (ex-Zaïre) pour y poursuivre les rebelles hutus. Le commandant militaire de la région assure que « l’armée rendra justice aux morts ».
jeudi 1er avril
Le Rwanda a vécu pendant trois jours ses premières élections depuis le génocide de 1994. Le taux de participation s’est élevé à 95 %. Il s’agissait d’élire les responsables au niveau local, auparavant désignés par le pouvoir. Le vote n’était pas secret. Tous les Rwandais de plus de dix-huit ans (40 % de la population) étaient appelés à se rassembler dans des lieux publics, puis pointer du doigt les personnes leur paraissant devoir se porter candidates, et enfin se placer derrière le candidat de leur choix. Environ 90 000 candidats ont été élus au niveau des cellules. Ces élu ont désigné à leur tour les responsables des 1 531 secteurs, la division administrative de base du pays.
mercredi 7 avril
Mgr Augustin Misago, cinquante-six ans, évêque catholique de Gikongoro, a été mis en cause pour crimes de génocide par le président Pasteur Bizimungu qui a demandé son départ dans un discours pour le cinquième anniversaire du génocide.
mercredi 14 avril
Mgr Augustin Misago, a été arrêté à la nonciature de Kigali, a indiqué une source judiciaire à Kigali.
jeudi 29 avril
Quelques cent vingt soldats rwandais ont été tués par l’armée de Kabila dans le nord du Katanga. Les troupes rwandaises, qui soutiennent la rébellion de l’ex-Zaïre, auraient également eu de nombreux blessés lors de combats qui se sont déroulés à Bendera, ville située non loin du lac Tanganyika et bastion de la rébellion.
fin avril
Un homme politique rwandais a été condamné à la prison à vie par le tribunal militaire de Lausanne (Suisse) pour des massacres commis lors du génocide de 1994. Fulgence Miyonteze, trente-cinq ans, ex-maire de Mushubati (à quatre-vingts kilomètres à l’ouest de Kigali), a fait appel de cette décision. Il s’agit du premier procès hors d’Afrique d’un participant au génocide.
jeudi 6 mai
Selon l’état-major des Forces armées congolaises (Fac), des soldats rwandais et ougandais, alliés à la rébellion congolaise, se sont entretués récemment pour le contrôle de mines d’or et de plantations dans l’est de l’ex-Zaïre. Ces affrontements auraient fait 213 morts, 200 Rwandais et treize Ougandais.
jeudi 13 mai
Les combats ont repris violemment dans l’ex-Zaïre. Les affrontements redoublent d’intensité dans les riches provinces du Katanga et du Kasaï-Oriental. Du Rwanda, le ministre de la Défense, Paul Kagame, homme fort du régime, affirme que Kabila a mobilisé et équipé des milliers de miliciens Interhamwe, d’origine hutue, « dans le but de renverser le gouvernement rwandais et d’achever le génocide entamé en 1994 ».
mardi 18 mai
Le soutien du Rwanda à la rébellion contre le président Kabila lui aurait coûté cinq cents hommes, morts ou blessés. C’est ce qu’a déclaré le chef d’état-major rwandais, le général Nyamwansa. Ces pertes seraient intervenues au début du conflit.
du vendredi 21 au samedi 22 mai
Plus de quatre cents rebelles congolais et soldats rwandais auraient été tués, selon le gouverneur du Kasaï oriental, à l’est de Kabinda par les forces loyalistes. Selon des sources aéronautiques, l’aviation des alliés de Kinshasa a fait un « carnage » en utilisant des bombes à fragmentation.
lundi 24 mai
La confusion la plus totale règne dans l’est de l’ex-Zaïre. Le principal mouvement des rebelles au président Kabila aurait éclaté en deux factions, l’une soutenue par l’Ouganda, l’autre par le Rwanda, qui se livrent une guerre de communiqués sur le contrôle de la ville de Kisangani après des affrontements entre rebelles.
mercredi 26 mai
Une commission d’enquête indépendante sur le rôle de l’ONU au Rwanda pendant le génocide de 1994 a commencé ses travaux sous la présidence de l'ancien Premier ministre suédois Ingvar Carlsson. Elle a pour mission d' « établir les faits et de tirer des conclusions sur la réponse de l’ONU » au génocide. Elle doit aussi s’intéresser au rôle de Kofi Annan, l’actuel secrétaire général, à l’époque chef des opérations de maintien de la paix de l’Organisation.
jeudi 10 juin
Trente-huit personnes ont été tuées dans l’accident d’un autocar surchargé sur une route de l’ouest du Rwanda. L’accident a aussi fait une centaine de blessés.
vendredi 25 juin
A Lusaka (Zambie), ouverture d’un sommet sur les conditions d’un cessez-le-feu au Congo-Kinshasa.
mercredi 7 juillet
Les ministres africains à Lusaka depuis près de deux semaines ont accepté les termes d’un accord de paix entre le Congo-Kinshasa et la rébellion de l’est du pays soutenue par le Rwanda et l’Ouganda. Le document prévoit notamment l’ouverture d’un dialogue inter-congolais entre le gouvernement de Kinshasa, les rebelles du Rassemblement congolais pour la démocratie, le Mouvement de libération du Congo et les partis d’opposition, dès l’entrée en vigueur du cessez-le-feu. Cet accord devrait être signé le 10 juillet par les six présidents impliqués dans le conflit.
samedi 10 juillet
Tous les pays impliqués dans la guerre en République démocratique du Congo ont signé, à Lusaka, l'accord de cessez-le-feu. Mais une querelle de procédure au sein des groupes rebelles a terni la fête et réduit les espoirs d’une paix réelle. Les rebelles ne sont pas parvenus à s’entendre sur la légitimité de certains des leurs à signer l’accord.
samedi 24 juillet
Début de la 24e édition de la coupe de football CECAFA, organisée par le Rwanda.
vendredi 30 juillet
Second match du premier tour de la Coupe CECAFA : l’équipe B du Rwanda a été battue par le Kenya un but à zéro. Seconds du groupe D, les Rwandais sont qualifiés pour les quarts de finale.
dimanche 1er août
Quarts de finale de la Coupe de football CECAFA : à Kigali, l’équipe B du Rwanda a éliminé l’Ethiopie un but à zéro.
mardi 3 août
Demi-finale de la Coupe CECAFA : l’équipe A du Rwanda a été éliminée aux tirs au but (4-1) par le Kenya, à l’issue d’un match nul zéro à zéro.
samedi 7 août
Pour la première fois de l’histoire de cette compétition, une équipe B a remporté la coupe CECAFA : en finale, la deuxième équipe du Rwanda a battu le Kenya trois buts à un.
lundi 9 août
Les rebelles congolais et leurs alliés rwandais et ougandais sont accusés d’avoir mené trois attaques depuis le début du mois d’août malgré le cessez-le-feu du 10 juillet.
Réfugié au Bénin, un ancien militaire du FPR, Christophe Hakizabera, aurait fait des relations à une commission de l’ONU sur l’assassinat du président Habyarimana, en avril 1994.
mi-août
Le général rwandais Paul Kagamé, vice-président et homme fort du pays, est arrivé en Ouganda pour négocier un cessez-le-feu. Il a rencontré le président Museveni.
mardi 17 août
Dans la soirée, un cessez-le feu fragile a été signé au Congo-Kinshasa entre Rwandais et Ougandais. Les premiers soutiennent le Rassemblement congolais pour la démocratie, les seconds une faction dissidente menée par Ernest Wamba dia Wamba. Depuis quatre jours, les combats entre les deux factions ont fait des dizaines de victimes, principalement des civils, à Kisangani.
mercredi 18 août
Ouverture à Maputo (Mozambique) du sommet de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC, quatorze pays). Les présidents rwandais et burundais, dont les pays ne font pas partie de la SADC, ont été invités pour régler le conflit en cours au Congo-Kinshasa. Cette initiative a mécontenté le président de la RDC, Laurent-Désiré Kabila, qui, pour protester, a choisi de se faire représenter par son ministre des Affaires étrangères, Yerodia Abdoulaye Ndombassi.
jeudi 19 août
Clôture et échec du sommet de la SADC sur les guerres civiles en République démocratique du Congo (ex-Zaïre) et Angola.
vendredi 20 août
Accusé de génocide et de crimes contre l’humanité, l’évêque catholique de Gikongoro, Mgr Augustin Misago, cinquante-six ans, comparaît devant le tribunal spécial de Kigali. Deux de ses prêtres sont témoins à charge. L’évêque est notamment accusé de complicité dans la disparition de trente jeunes filles qui avaient sollicité sa protection lors des massacres de 1994. L’ancien président rwandais Pasteur Bizimungu avait demandé au Vatican de nommer cet évêque ailleurs qu’au Rwanda.
mardi 31 août
Les deux factions du RCD, l’une soutenue par l’Ouganda, l’autre par le Rwanda, ont signé, à Lusaka, un cessez-le-feu. Cet accord complète le document signé le 10 juillet par les Etats en conflit. Une commission mixte est maintenant chargée de faire respecter la paix ; les forces étrangères doivent quitter le Congo dans un délai de neuf mois, et toutes les milices devront être désarmées.
mi-septembre
Des personnalités de la société civile et des chefs coutumiers du Nord-Kivu, réunis à Butembo, ont alerté la communauté internationale sur des risques de génocides : les Banande (habitants de cette région, 1,6 millions de personnes) sont soumis aux diverses exactions des maîtres de l’heure, Tutsis et Banyamulenges rwandais. La situation ressemble à celle qui prévalait au Rwanda en 1994. Les personnalités ont réclamé l’application urgente des accords de Lusaka. Les faits rapportés sont déjà accablants : arrestations, viols, déportations, disparitions, exécutions se multiplient, dans l’indifférence générale. Ces témoins font encore état de destructions délibérées d’infrastructures, de quartiers entièrement rasés, d’insécurité sur les routes. Récemment, des tracts auraient même annoncé à la population banande son prochain anéantissement.
mardi 16 novembre
Un officier supérieur de l’armée rwandaise sur lequel pèsent dix-sept accusations de génocide et de crime contre l’humanité se trouve à Londres depuis plus d’un an, avec sa famille. Le lieutenant-colonel Tharcisse Muvunyi, qui commandait l’armée rwandaise dans le sud du pays où 100 000 personnes au moins ont été massacrées en 1994, figure sur une liste de personnes recherchées pour crimes de guerre. Le journal britannique Times, qui a révélé l’information, assure que Londres, qui n’a pas d’accord avec le Rwanda, n’a reçu aucune demande d’extradition du Tribunal international de l’ONU.
vendredi 26 novembre
Recherché pour génocide par le Tribunal pénal international pour le Rwanda, Jean de Dieu Kamuhanda, ancien ministre rwandais de l’Enseignement supérieur, a été arrêté à Bourges (France) où il vivait dans un foyer.
lundi 29 novembre
Jean de Dieu Kamuhanda a été placé en détention à Paris. Il comparaîtra le 6 décembre devant la Cour d’appel de Paris qui pourrait décider de le remettre au TPR.
jeudi 9 décembre
Trois Rwandais ont été condamnés à mort et vingt-neuf autres à la prison à perpétuité, par une cour spéciale siégeant à Kigali, pour leur participation au génocide de 1994. Depuis le début des procès des « génocidaires » présumés, en 1996, la justice rwandaise a prononcé plus d’une centaine de condamnations à mort. 125 000 détenus accusés de génocide attendent toujours d’être jugés.
mercredi 15 décembre
La Cour d’appel de Paris a décidé de remettre l’ex-ministre rwandais de l’Enseignement supérieur, Jean de Dieu Kamuhanda, au TPR, qui l’accuse d’avoir participé au génocide de 1994 et qui a délivré un mandat d’arrêt.