jeudi 8 janvier
Un émissaire de Kabila va rencontrer à Bruxelles (Belgique) des dirigeants politiques et militaires ayant servi le régime de Mobutu. Les exilés ont souhaité obtenir plus de détails sur l'appel du chef de l'Etat aux anciens dignitaires du régime, invités à rentrer au pays pour participer à la reconstruction nationale.
vendredi 30 janvier
La crue du fleuve Congo est à l'origine d'une épidémie de choléra qui frappe la région de Kisangani depuis la fin décembre. Victimes les plus vulnérables : les enfants. Les premiers touchés sont les enfants-soldats de la caserne de Kapalata, enrôlés par Kabila avant sa prise du pouvoir. Une dizaine sont morts aujourd'hui. On compte 270 victimes depuis le début de l'épidémie. La France a acheminé un avion-cargo de matériel et de médicaments pour venir en aide aux plus démunis.
mardi 3 février
Annonce de la découverte du plus ancien prélèvement sanguin contaminé par le VIH, réalisé sur un Bantou du Congo belge en 1959.
lundi 9 février
Début de la 21e Coupe d’Afrique des Nations de football, organisée par le Burkina-Faso à Ouagadougou. Dans le groupe B, au Stade Municipal de Ouagadougou, la République démocratique du Congo a battu le Togo deux buts (Tondelua à deux reprises sur penalty) à un (Tchangaï), devant 4 000 spectateurs.
mardi 10 février
Etienne Tshisekedi, le chef de l'opposition dans l'ex-Zaïre, a rencontré le révérend Jessie Jackson, émissaire du président américain Bill Clinton.
jeudi 12 février
Etienne Tshisekedi a été arrêté, vers 22 heures, à sa résidence de Kinshasa. Ses amis de l'UDPS craignent pour sa vie. Aussitôt après son interpellation, il a été emmené à bord d'une jeep qui l'aurait conduit vers son village natal dans le Kasaï orientale. Une mesure « administrative d'éloignement, explique le gouvernement, pour mettre un terme à des agissements irresponsables et dangereux ». L'arrestation serait liée à la rencontre du 10 février.
Second match du premier tour de la Coupe d’Afrique des Nations de football : au Stade Municipal de Ouagadougou, la Tunisie a battu la République démocratique du Congo deux buts (Ben Slimane et Tlemçani) à un (Kimoto), devant 1 000 spectateurs.
vendredi 13 février
Dans la matinée, des militaires ont pris position devant le siège de l'UDPS où ils se sont heurtés à des manifestants de ce parti. Ils ont appelé la population à descendre dans la rue : « Si, par malheur, il lui arrivait quelque chose, Laurent Kabila devra en assumer toutes les conséquences ».
lundi 16 février
Troisième et dernier match du premier tour de la Coupe d’Afrique des Nations de football : au Stade du 4-Août de Ouagadougou, la République démocratique du Congo a battu le Ghana un but (Kisombe) à zéro, devant 3 000 spectateurs. Deuxièmes du groupe B, les Congolais sont qualifiés pour les quarts de finale.
mercredi 18 février
Laurent-Désiré Kabila est arrivé en Suisse. Il devrait rester dix à quinze jours dans la région de Montreux où il séjourne « pour raisons de santé ». Aucune information complémentaire n'a pas pu être obtenue auprès des autorités suisses qui parlent d'une « visite strictement privée ».
vendredi 20 février
Quarts de finale de la Coupe d’Afrique des Nations de football : au Stade Municipal de Bobo-Dioulasso, la République démocratique du Congo a éliminé le Cameroun un but (Tondelua) à zéro, devant 5 000 spectateurs.
mardi 24 février
Le président égyptien Hosni Moubarak et plusieurs de ses ministres ont attendu pendant deux heures à l'aéroport du Caire l'avion du président de l'ex-Zaïre. Laurent-Désiré Kabila, qui rentrait d'un séjour discret en Suisse, devait faire escale dans la capitale égyptienne pour quelques entretiens officiels, mais... il a finalement regagné Kinshasa sans en informer personne. Plus tard, sans plus de précision, il a invoqué des « raisons urgentes ».
mercredi 25 février
Demi-finales de la Coupe d’Afrique des Nations de football : au stade du 4-Août de Ouagadougou, l’Afrique du Sud a battu la République démocratique du Congo deux buts (McCarthy à deux reprises) à un (Bembuana-Keve), après prolongations, devant 4 000 spectateurs.
vendredi 27 février
La République démocratique du Congo a terminé à la troisième place de la 21e Coupe d’Afrique des Nations de football : au Stade Municipal de Ouagadougou, les Congolais ont battu les Burkinabés aux penalties (4-3), à l’issue d’un match nul quatre à quatre (Mungongo 2, Kasongo, Tondelua pour le Congo ; A. Ouédraogo, Barro, Napon, Tallé pour le Burkina-Faso) après prolongations, devant 25 000 spectateurs.
vendredi 20 mars
Madeleine Albright, la secrétaire d'Etat américain, met en garde Kabila, menacé de perdre le soutien des Etats-Unis s'il ne se hâte pas de démocratiser son régime. Rappelant que lors de son premier voyage officiel en Afrique, elle avait « personnellement et instamment demandé à Laurent-Désiré Kabila de lever l'interdiction des activités des partis politiques, de libérer les prisonniers politiques, de protéger les libertés civiles et de respecter les droits de l'homme », Madeleine Albright a aujourd'hui ce simple commentaire : « Il n'a malheureusement pas fait grand-chose pour unir le peuple » depuis qu'il a renversé le maréchal Mobutu.
lundi 23 mars
Une équipe de l'ONU, qui enquêtait sur des massacres dont les forces gouvernementales sont soupçonnées dans l'ex-Zaïre, a été expulsée. Selon la télévision publique de la RDC, les autorités militaires de Kinshasa ont été « choquées et indignées » de voir les enquêteurs « profaner » plusieurs tombes dans un cimetière de Mbandaka. Deux autres équipes des Nations unies, qui travaillent à Goma et à Kisangani, ont jusqu'au 31 mai pour mettre fin à leurs investigations.
vendredi 3 avril
Le gouvernement a banni la principale association de défense des droits de l'homme du pays, l'Azadho, membre de la Fédération internationale des juristes, en raison, a-t-il dit de ses « campagnes politiques ».
samedi 4 avril
Le ministre de l'Information de Congo, ex-Zaïre, a accusé, dans la soirée, la Belgique de « terrorisme » pour avoir introduit des « armes de guerre » dans son pays. Kinshasa s'en est également pris aux enquêteurs de l'ONU sur les massacres de l'an dernier dans la région des Grands Lacs, les accusant d'avoir exhumé des cadavres dans la région de Mbandaka (nord-est).
dimanche 5 avril
Suite aux déclarations de la veille, la Belgique a répondu que les autorités de Kinshasa ont « apparemment monté un cou de théâtre », en montrant des armes destinées, selon les Belges, à leur consulat de Lubumbashi.
jeudi 9 avril
La présence de milliers de réfugiés hutus des ex-Forces armées rwandaises (ex-FAR) en République démocratique du Congo (ex-Zaïre) est vivement mis en cause par les autorités congolaises. L'armée congolaise a pris le contrôle du Nord-Kivu, où se trouvent ces réfugiés, entrés armés dans la région. Le nouveau président congolais, Kabila, s'est rendu dans le Nord-Kivu « pour y mettre de l'ordre », notamment dans la ville de Goma. Un haut responsable de la sécurité publique explique : « Quand on attrape des ex-FAR, on les extrade vers le Rwanda. S'ils s'en prennent au peuple congolais, ils deviennent des ennemis. On les tue comme tels ». Il a refusé de confirmer que l'armée congolaise coopérait avec l'armée du Rwanda et celle d'Ouganda contre les ex-FAR. L'accès de la région est interdit aux étrangers et l'ONU a décidé de suspendre sa mission d'enquête sur les massacre des réfugiés entre octobre 96 et mai 97 : l'un de ses enquêteurs a été retenu 24 heures par les autorités congolaises ; le Canadien Christopher Harland a été arrêté à Goma, ses bagages, qui contenaient des documents sensibles (liste des témoins sur les massacre dans l’est du pays), ont été saisis et fouillés.
mardi 14 avril
L'armée a encerclé la ville de Butembo, dans la région du Kivu.
vendredi 17 avril
Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a demandé, à contrecœur, à la mission d'enquête sur les massacres de réfugiés rwandais de se retirer « immédiatement » de la République démocratique du Congo. La Commission des droits de l'homme poursuivra l'enquête « de l'extérieur ». Jamais les enquêteurs de l'ONU n'ont pu travailler efficacement sur la disparition, entre octobre 1996 et mai 1997, de quelque 180 000 réfugiés rwandais. Kabila et son administration n'ont eu de cesse de leur mettre des bâtons dans les roues. Dans la soirée, Kinshasa a déclaré « regretter profondément » le retrait de la mission de l'ONU mais aussi refuser toute nouvelle mission qui serait envoyée par la Commission des droits de l'homme. Par ailleurs, l'Unesco a décidé de geler sa coopération avec Kinshasa pour protester contre la détention sans explication, depuis novembre, d'un fonctionnaire de l'organisation. Z'Ahidi Arthur Ngoma, emprisonné à Lubumbashi, serait gravement malade.
mercredi 22 avril
Selon plusieurs partis congolais (ex-zaïrois) de l'opposition, l'armée gouvernementale, appuyée par des troupes rwandaises et ougandaises, se serait livrée à des massacres dans la région du Kivu, notamment à Butembo, encerclée par l'armée depuis le 14 avril.
lundi 4 mai
Le Français Fabrice Michalon, membre de Médecins du Monde, a été arrêté à Goma alors qu’il effectuait une mission d’évaluation pour les programmes médicaux de l’association humanitaire.
lundi 11 mai
Laurent-Désiré Kabila a démenti certaines rumeurs lui prêtant l'intention d'adhérer au Commonwealth, la communauté anglophone. Il assure, au contraire, souhaiter un « rapprochement » avec la France.
dimanche 17 mai
Kabila a célébré, dans une relative discrétion, le premier anniversaire de son ascension au pouvoir. Dans le stade de Kinshasa, à moitié plein, quelques milliers de dignitaires ont suivi des yeux la parade militaire. Pas de défilé des « forces vives de la nation », annulé faute de temps. Seuls le Zimbabwéen Robert Mugabe et le Centrafricain Ange-Félix Patassé ont fait le déplacement parmi les chefs d'Etat invités. Dans son discours, Kabila a promis, une fois de plus, que des élections pluralistes auront lieu dans « les douze mois qui suivent » et réaffirmé la formation prochaine d'une assemblée constituante. Mais son régime demeure toutefois une dictature, sans partis politiques. Depuis le début de l'année, une soixantaine de personnes ont été condamnés à mort et exécutées, dont une trentaine en public, « pour l'exemple ». Les organisations des droits de l'homme sont interdites, les journalistes interpellés.
lundi 18 mai
L'absence des chefs d'Etat ougandais, Yoweri Museweni, et rwandais, Paul Kagame, a provoqué l'annulation d'un sommet sur la région des Grands Lacs, prévu aujourd'hui à Kinshasa.
samedi 30 mai
Kabila a rencontré, pour la première fois, à Lubumbashi, son principal opposant, l'ancien Premier ministre Etienne Tshisekedi avec qui il a parlé du « processus de reconstruction et de réconciliation ».
mardi 2 juin
Kabila a remanié son gouvernement. Il a notamment destitué cinq ministres impliqués dans des détournements de fonds et ouvert le cabinet à des personnalités de la société civile.
mardi 30 juin
Entrée en vigueur du nouveau franc congolais.
samedi 11 juillet
Fabrice Michalon, membre de Médecins du Monde, détenu depuis plus de deux mois dans l’ex-Zaïre, a été libéré dans la matinée.
mardi 14 juillet
Le président congolais Kabila a limogé le commandant en chef de son armée - et son mentor -, le Rwandais James Kabare.
vendredi 24 juillet
Laurent-Désiré Kabila, le président de la République démocratique du Congo (ex-Zaïre), est apparu avec le président cubain Fidel Castro, à La Havane. On ignore les raisons et la durée de cette visite surprise. « Che » Guevara, l’ancien compagnon d’armes de Castro, avait combattu en Afrique avec Kabila... sur lequel il avait porté ensuite des jugements plutôt sévères.
lundi 27 juillet
Le gouvernement a annoncé son intention de renvoyer chez eux les militaires rwandais, en majorité tutsis, qui avaient aidé Kabila à renverser Mobutu au cours d’une campagne de sept mois entre novembre 1996 et avril 1997.
dimanche 2 août
Une émeute est déclenchée à Goma par les Banyamulenge.
nuit du dimanche 2 au lundi 3 août
Des tirs ont été entendus à Kinshasa.
lundi 3 août
Kabila est entré en conflit ouvert avec ceux qui avaient le plus contribué à sa conquête du pouvoir. Animée par les Congolais d’origine rwandaise, les Banyamulenge, une rébellion militaire a éclaté au nord et au Sud-Kivu, à l’est du Zaïre. Les mutins semblent contrôler les deux capitales régionales, Goma et Bukavu. Le haut commandement du Nord-Kivu a diffusé un communiqué : « Nous, armée de la République démocratique du Congo, avons pris la décision de renverser le président Kabila ». Affirmant vouloir « préserver l’unité et la sécurité de tout le pays », les mutins invitent les hommes politiques à se réunir rapidement à Kinshasa afin de mettre en place un nouveau dirigeant. Par ailleurs, un couvre-feu de trois jours a été décrété à Kinshasa, où des troubles ont fait quatorze morts. Le gouvernement s’est engagé à « mettre hors d’état de nuire tous ces inciviques ».
mardi 4 août
Alors que le calme est revenu à Kinshasa, le pouvoir de Kabila continue de vaciller. Dans l’est du pays, les Banyamulenge ont assuré leur emprise sur le Kivu, cette région frontalière du Rwanda. Des combats ont éclaté à Uvira, une ville frontière du Burundi. Plus inquiétant pour le pouvoir de Kinshasa, on se bat aussi pour le contrôle de l’aéroport de Kisangani, à 400 kilomètres à l’ouest du Kivu, signe les Banyamulenge ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin... vers Kinshasa. Les rebelles ont même lancé une rocambolesque opération aéroportée, débarquant des hommes sur la base militaire de Kitona, à l’extrême ouest du pays. Ils avaient pour objectif d’y soulever une garnison de 20 000 anciens soldats de Mobutu. Le ministre de la Justice de l’ex-Zaïre a accusé des troupes rwandaises « lourdement armées » d’avoir franchi la frontière pour prêter main-forte aux rebelles. Kigali n’a pas commenté. Outre l’extension des affrontements, l’inquiétude concerne les centaines de Tutsis résidant à Kinshasa. Selon l’agence de presse Reuters, des centaines d’entre eux ont été raflés à leur domicile. Les ministres des Affaires étrangères, Bizima Karaha, et des Affaires présidentielles, Deogratias Bugera, ont fui la capitale pour Brazzaville, de l’autre côté du fleuve. Ils étaient les deux ministres tutsis du gouvernement Kabila. Quatre employés tutsis de la mission des Nations unies ont été enlevés par la police.
mercredi 5 août
La rébellion s’est dotée d’un chef. Arthur Zahidi Ngoma, ancien opposant au maréchal Mobutu, un temps jeté en prison par son successeur Kabila, vient d’être désigné. L’homme, qui n’est pas un Tutsi, a immédiatement déclaré que le soulèvement n’était « pas le combat des Banyamulenge » mais celui « de tous les Congolais ». Il n’empêche que l’homme fort de la rébellion semble désormais être Bizima Karaha, un Tutsi, ministre des Affaires étrangères de Kabila qui vient de faire défection et de rejoindre Goma. Kinshasa a menacé « d’exporter la guerre au Rwanda ». Le président rwandais, Pasteur Bizimungu, a démenti mollement toute participation de son pays dans la rébellion. Un ancien proche de Kabila, Pascal Tshipata Mukeba, ancien chef des renseignements au Kivu, réfugié au Kenya, affirme que Kabila n’a pas respecté une promesse faite, en 1996, lors de la signature qui fondait l’ADFL, aujourd’hui au pouvoir à Kinshasa. En échange du soutien des Banyamulenge pour conquérir le pouvoir, Kabila leur avait promis le contrôle du Kivu, la région où ils sont le plus implantés. A Kinshasa, des dizaines de Banyamulenge ont été arrêtés au cours d’opérations de ratissage qui visaient les immeubles connus pour abriter des Tutsis. De nombreux membres de cette ethnie ont été lynchés à Kitona, à 600 km au sud-ouest de Kinshasa.
jeudi 6 août
La rébellion fait rage dans l’étroite bande de terre qui relie l’ex-Zaïre à l’océan Atlantique. On se bat dans la ville pétrolière de Muanda et sur la base navale de Banana. Des diplomates affirment que Muanda est tombée aux mains des rebelles, ce que démentent les autorités de Kinshasa. Ces dernières ont dépêché des troupes à Kisangani. En revanche, avec la chute d’Uvira, l’emprise des rebelles semble désormais totale sur la région du Kivu. Des manifestations organisées par le pouvoir ont réuni, dans les rues de Kinshasa, 15 000 personnes, qui ont scandé des slogans hostiles au Rwanda et aux Occidentaux. « La guerre sera porté au Rwanda » a lancé Kabila, qui accuse son voisin de soutenir les rebelles.
vendredi 7 août
Des sources occidentales ont annoncé que les insurgés banyamulenge contrôlent l’embouchure du fleuve Congo, essentiel au ravitaillement de Kinshasa. La navigation fluviale est interdite dans la zone. Après avoir pris la ville pétrolière de Muanda et les bases militaires de Kitona et Banana, les rebelles s’attaquent maintenant au port de Matadi. Dans l’extrême est, les insurgés attaquent désormais en direction du sud, vers Lubumbashi, la clé des provinces du sud. Le chef du 10e bataillon, Sylvain Bikengele, qui a lancé la rébellion au Kivu, a déclaré que leur objectif était Kinshasa. Par ailleurs, l’ambassade de France à Kinshasa a été attaquée par des manifestants, qui n’ont pu rentrer dans le bâtiment.
samedi 8 août
Les organisations humanitaires évacuent leurs ressortissants du Sud-Kivu. Sur le terrain, la situation militaire dans le sud-ouest du pays reste confuse. Une semaine après le début du soulèvement, les rebelles se sont emparés des principales villes de l’Est. Le président Kabila a obtenu, à l’issue d’un sommet régional au Zimbabwe, la création d’une commission quadripartite (Tanzanie, Zambie, Namibie et Zimbabwe) chargée d’enquêter sur la situation dans l’ex-Zaïre.
dimanche 9 août
Même s’ils contrôlent toujours aussi fermement la région du Kivu, les rebelles semblent marquer le pas, à l’extrême ouest du pays. Grâce à l’acheminement de renforts, les troupes de Kabila ont réussi à stopper l’avancée des Banyamulenge à hauteur de la ville de Boma, à 350 kilomètres de la capitale. Dans la soirée, les autorités de Kinshasa ont accusé deux colonnes de blindés ougandaises d’avoir franchi la frontière et pénétré en ex-Zaïre pour venir en aide aux rebelles d’origine rwandaise.
lundi 10 août
Après plusieurs jours de flottement, l’armée régulière a lancé une série de contre-attaques, à la fois dans l’est du pays et à l’embouchure du fleuve Congo. Les rebelles banyamulenge auraient ainsi perdu les deux villes portuaires de Boma et Matadi, qui contrôlent l’approvisionnement par mer de Kinshasa. On ne sait toutefois toujours pas si des troupes rwandaises et ougandaises ont franchi la frontière de l’ex-Zaïre pour prêter main forte aux rebelles, comme l’affirme le régime de Kabila.
mardi 11 août
Kabila a promis d’armer « des dizaines de milliers de jeunes » pour combattre l’agression extérieure, le Rwanda et l’Ouganda qu’il accuse toujours d’aider les rebelles tutsis banyamulenge. Quelque 7 000 Kinois se seraient déjà enrôlés. La confusion la plus totale demeure sur l’issue réelle des combats, qui se déroulent essentiellement dans l’ouest du pays : les deux camps affirment tenir les mêmes villes... Les rebelles ont toutefois enregistré un ralliement important : celui des Maï-Maï, des milices tribales du Kivu qui ont promis de combattre à leurs côtés.
jeudi 13 août
La rébellion semble avoir marque des points décisifs. Dans l’ouest du pays, les villes de Boma et de Matadi et surtout le barrage hydroélectrique d’Inga, seraient désormais aux mains des rebelles. L’électricité a été coupée à Kinshasa et à Brazzaville, ainsi que l’eau, et la radio officielle. Plusieurs sources ont fait état de la présence de soldats rwandais, et même angolais, aux côtés des insurgés banyamulenge. A Kinshasa, des diplomates se déclarent « très inquiets » de la situation des banyamulenge kinois, victimes de rafles et d’exactions. On ignore notamment le sort de ceux qui ont été transférés au camp militaire de Kololo.
vendredi 14 août
Les affaires tournent mal pour Kabila, invisible dans son palais de Kinshasa. Signe d’un régime qui vacille : un membre du gouvernement a annoncé que le président avait limogé le chef ’état-major de l’armée. La ville est en partie privée d’électricité. Le courant et l’eau sont revenus vers midi, dans certains quartiers seulement, grâce à la mise en service d’une centrale de secours. Les pays occidentaux ont demandé à leurs ressortissants de quitter l’ex-Zaïre. Rebelles et autorités ont donné des versions contradictoires de l’issue des combats. Mais, après avoir systématiquement démenti ces derniers jours es avancées des insurgés, les autorités kinoises ont dû admettre qu’elles avaient perdu le contrôle de l’étroite bande de terre de l’ouest. Sur le terrain, les combats se sont relativement calmés. Quatre gros porteurs ont décollé de Goma, dans le Kivu. 200 hommes armés étaient à bord de chaque avion, qui ont sans doute traversé tout le pays pour atterrir sur la base militaire de Kitona, à l’extrême ouest, dans la zone tenue par les rebelles. Alors que Kabila continue d’accuser le Rwanda et l’Ouganda d’aider les rebelles, les insurgés banyamulenge ont accusé Kinshasa de recevoir des armes du Zimbabwe et l’aide de pilotes d’hélicoptère cubains. A Genève, l’Unicef accuse les deux camps d’enrôler de force des enfants.
samedi 15 août
Les étrangers ont commencé à quitter Kinshasa dans l’après-midi. Sous les huées des badauds, 300 d’entre eux (sur 700) ont gagné un embarcadère du fleuve Congo pour rejoindre, sur des barges, Brazzaville sur l’autre rive. Cette opération de transfert fluviale est organisée par la France, en accord avec les autorités de la RDC. L’évacuation a été suspendue dans la soirée, en raison de la fermeture de la frontière entre Kinshasa et Brazzaville, close habituellement à la tombée de la nuit. Les Etats-Unis ont quant à eux fermé temporairement leur ambassade en RDC. Quelques heures avant les évacuations, plusieurs milliers de Congolais ont manifesté à Kinshasa pour signifier leur « colère » contre les Rwandais et les occidentaux accusés d’avoir « agressé » la RDC. Pendant ce temps, le président Kabila s’est rendu une nouvelle à Lubumbashi pour y diriger un conseil des ministres. Sur le terrain, les versions des combats sont toujours contradictoires, notamment dans le Bas-Congo, autour de la ville portuaire de Matadi, dernier « verrou » avant Kinshasa.
dimanche 16 août
Les rebelles ont créé le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), dont le but est de doter d’une structure politique la rébellion. Très composite, ce mouvement regroupe à la fois des Tutsis d’origine rwandaise trahis par Kabila après l’avoir porté au pouvoir en 1997, des anciens fidèles du président Mobutu, et des intellectuels. Par ailleurs, Kinshasa a refusé de rouvrir la navigation sur le fleuve Congo. Sans explication. Faute de bateaux, plusieurs dizaines d’étrangers campent à l’aéroport, dans l’attente d’un avion spécial affrété par la Belgique. Sur le terrain, les rebelles ne seraient plus qu’à 150 kilomètres à l’ouest de Kinshasa. Kabila tente d’obtenir l’intervention de l’Angola voisine : il a fait une brève escale à Luanda mais l’Angola réserve son soutien.
lundi 17 août
L’électricité a de nouveau été coupée à Kinshasa. Comme la première panne du 13 août, on ne sait pas si la coupure est liée à la progression des rebelles ou à un simple incident technique. Les étrangers ont toujours autant de mal à fuir la capitale. Les autorités ont, certes, réautorisé la navigation sur le fleuve Congo, en direction de Brazzaville. Mais, en raison de « difficultés administratives », le nombre de départs reste limité. Les insurgés ont annoncé la prise d’une nouvelle ville, Lubutu, à l’est du pays. Des combats se déroulent, à l’ouest, autour de la base militaire de Mbanza Ngungu, dernière ville importante sur la route de la capitale.
mardi 18 août
De source indépendante, on confirme la progression des insurgés, au sud-ouest de Kinshasa. Face à l’urgence, la police de la « République démocratique » en est réduite à lancer des appels aux jeunes célibataires de dix-huit à trente ans. Contre un engagement, on leur promet rations de pain et sardines. Comme les jours précédents, les ambassades négocient pied à pied avec le régime pour évacuer leurs ressortissants. Pendant ce temps, Kabila se trouve quelque part « dans le pays », sans plus de précision. Il attend les résultats de son offensive diplomatique en direction des pays d’Afrique australe. L’Afrique du Sud lui a déjà infligé un camouflet, refusant de lui fournir « aucune aide militaire ». Le Zimbabwe le soutient mais n’a pas de moyens. De son côté, la rébellion prépare l’après-Kabila. Elle s’est ainsi dotée d’une direction collégiale, soucieuse de « représenter toute la nation congolaise ». Elle est présidée par un quasi-inconnu : Ernest Wanba dia Wanba. Âgé de cinquante-six ans, ce professeur d’histoire est originaire du Bas-Congo. Il n’est donc pas tutsi. Dans la soirée, des tirs d’armes lourdes, provenant du sud-ouest, ont été entendus.
nuit du mardi 18 au mercredi 19 août
L’armée est intervenue au pénitencier de Makala, principale prison de Kinshasa, en raison d’une mutinerie. Il y a eu des morts.
mercredi 19 août
Les leaders politiques de la rébellion se sont déclarés prêts, dans la soirée, à ouvrir des négociations avec Kabila. Il s’agit, à leurs yeux, d’aboutir à une « solution politique des problèmes du Congo ». Dans la foulée, Ernest Wanba dia Wanba, parlant depuis Goma, a accusé le pouvoir de Kinshasa d’avoir ordonné à deux brigades de massacrer plus de 20 000 Tutsis congolais vivant dans la région de Moba, au Katanga. De nouveaux tirs d’armes lourdes ont été entendus à Kinshasa, à l’aube. La Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), qui regroupe quatorze pays, s’est prononcé en faveur de Kabila, à l’exception de l’Afrique du Sud et du Botswana. Le Zimbabwe a annoncé sa volonté d’aider le président congolais, « en matériel et en hommes ». Par ailleurs, on fait état, à l’Est, du mouvement d’une colonne militaire ougandaise vers le Kivu. L’ex-Zaïre a saisi le Conseil de sécurité de l’Onu d’une demande d’intervention contre « l’agression » du Rwanda et de l’Ouganda. Un hélicoptère français Puma, en mission à Brazzaville, a été touché, dans la soirée, par un tir d’arme légère, au cours d’un « vol d’entraînement » au milieu du fleuve Congo.
jeudi 20 août
Après dix-huit jours de combat, les rebelles congolais ont finalement pris la ville de Mbanza-Ngungu, à moins de 150 kilomètres de Kinshasa. Malgré leur offre de négociations, ils ont ainsi poursuivi leur avancée. Les Kinois avaient retrouvé, dans la matinée, l’électricité, coupée depuis trois jours. Mais celle-ci a été à nouveau coupée dans la soirée. En fin de journée, le président sud-africain Nelson Mandela a proposé la réunion d’un sommet de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et a appelé à un cessez-le-feu dans l’ex-Zaïre. De son côté, le président du Zimbabwe, Robert Mugabe, a renouvelé ses accusations contre le Rwanda, directement impliqué, selon lui, dans le conflit congolais, par l’envoi de troupes dans l’ex-Zaïre. Six cents soldats zimbabwéens sont ainsi arrivés à Kinshasa dans la soirée, ainsi que quatre avions.
vendredi 21 août
Les manœuvres se sont intensifiées pour tenter de démêler les fils de la situation confuse qui règne dans l’ex-Zaïre. Par ailleurs, des troupes venues d’Angola, appuyées par des blindés, auraient été acheminées dans l’enclave de Cabinda, au nord du pays. De son côté, le Rwanda a appelé au cessez-le-feu. Il a toutefois indiqué qu’il se réservait le droit « d’intervenir » au Congo-Kinshasa. Pendant ce temps, la rébellion a poursuivi sa poussée vers Kinshasa. Selon des sources diplomatiques, des infiltrations ont été signalées aux alentours de Kisangani. En revanche, la prise de Mbanza-Ngugu, revendiquée la veille, a été contestée par les autorités congolaises. Cela n’empêche pas les rebelles d’affirmer qu’ils seront dans « trois ou quatre jours » à Kinshasa. Pour la deuxième fois en une semaine, une manifestation a eu lieu devant l’ambassade de France. Environ deux cents personnes ont reproché à la France de soutenir la rébellion.
Nelson Mandela a lancé un appel pour l’organisation dès le lendemain d’un sommet sur le conflit du Congo (ex-Zaïre). L’ancien président sud-africain a invité les chefs d’Etat du Congo, du Rwanda, de l’Ouganda et du Zimbabwe.
samedi 22 août
Le président Kabila ne s’est pas rendu en Afrique du Sud au sommet organisé à l’initiative du président Mandela. Le principal allié de Kabila, le président zimbabwéen Mugabe a lui aussi fait faux bond. Les chances de résoudre le conflit dans l’ex-Zaïre se réduisent. Les pourparlers de paix ont néanmoins commencé dans l’après-midi en présence des présidents ougandais et rwandais. En fin de journée, une délégation de la République démocratique du Congo (RDC) est arrivée à Pretoria. Pendant ce temps, les combats se sont intensifiés aux portes de Kinshasa. Face à une rébellion qui affirme se trouver à Kasangulu, à l’entrée de la capitale, le gouvernement de la RDC a assuré avoir intensifié ses « bombardements aériens » des positions rebelles dans le sud-ouest de la capitale. Selon des proches de Kabila, des troupes angolaises sont entrées en RDC pour aider les Forces armées congolaises : équipées de chars, les Angolas ont pris la localité de Kitona. Les rebelles ont, de leur côté, affirmé avoir abattu deux avions militaires zimbabwéens de type Mig sur le front sud-ouest. Par ailleurs, la RDC a annoncé l’expulsion de deux diplomates français pour « activités incompatibles avec leur statut ».
dimanche 23 août
Réuni à Pretoria, et malgré l’absence de Kabila et de Mugabe, un sommet d’urgence de la Communauté pour le développement de l’Afrique australe (SADC) a lancé dans la soirée un appel au « cessez-le-feu immédiat » dans l’ex-Zaïre. Un arrêt des combats également souhaité depuis Limete, à l’est de Kinshasa, par l’opposant démocrate Tshisekendi. Sur le terrain, l’arrivée des troupes angolaises a contraint les rebelles à « un retrait tactique » de Kitoma et de sa base aérienne, selon leurs propres termes. Certaines sources parlent de violents combats autour cette ville. Les rebelles ont, dans le même temps, annoncé qu’ils avaient pris la ville de Kisangani. Kinshasa n’a ni confirmé ni démenti.
lundi 24 août
La RDC a rejeté le plan de paix proposé par les pays du Sud de l’Afrique. Le gouvernement congolais a même précisé que ses troupes ne tireront pas sur les agresseurs qui feront demi-tour… La Tanzanie a décidé de retirer ses 800 instructeurs militaires et policiers mis au service de Kabila. Après la base de Kitona, ce sont plusieurs villes qu’auraient reprises les troupes angolaises : les ports de Banana et de Boma et la cité pétrolière de Moanda. Un véritable pont aérien a été mis en place entre Luanda et l’enclave angolaise de Cabinda. Des témoins parlent « d’immenses colonnes de blindés ». Les combats seraient très violents. Dans la matinée, les rebelles, qui auraient quitté Matadi, semblaient concentrer leurs forces autour de Mbanza-Ngungu. Des bombardements intenses sont signalés autour de Kisantu, et l’on parle même de combats autour de Kasangulu, à trente kilomètres de Kinshasa.
mardi 25 août
Signe que la situation militaire a tourné à l’avantage des autorités de Kinshasa, Kabila a refait surface dans la capitale. Les zones tenues par les rebelles ont été bombardées dans le sud-ouest de Kinshasa. Des Mig angolais ont également lâché des bombes sur Kisangani. Il y a eu des centaines de morts, dont des civils, affirment les insurgés. Sur le front ouest, les insurgés, pris en tenailles entre les troupes venues d’Angola et celles de Kabila, perdent inexorablement du terrain. Toutefois, les rebelles tiendraient toujours le barrage d’Inga. Malgré l’échec d’un premier appel au cessez-le-feu, l’Afrique du Sud a lancé une nouvelle médiation. Mais pour Kabila, tout cessez-le-feu est exclu avant le retrait des « agresseurs ougandais et rwandais ». Or, pour la première fois, l’Ouganda a reconnu avoir pénétré en ex-Zaïre pour « préserver sa sécurité ». Le Rwanda a menacé d’intervenir « ouvertement ». L’agence d’informations des congrégations missionnaires italiennes a renouvelé ses accusations à l’encontre des rebelles tutsis banyamulenge. Outre les 37 habitants, dont quatre religieux, massacrés à Massika, ce sont plus d’une centaine de villageois de la région d’Uvira, près de la frontière rwandaise, qui auraient été sommairement exécutés.
mercredi 26 août
Tours privée d’électricité, Kinshasa est désormais soumise à un couvre-feu, instauré de 6 heures du soir à 6 heures du matin. L’annonce du couvre-feu est intervenue après une journée de violents combats dans le nord-est de la capitale, autour de l’aéroport. Toute la matinée, des avions et des hélicoptères angolais ou zimbabwéens ont lancé des raids sur les rebelles, qui contrôleraient quelques quartiers de banlieue. Dans la soirée, les tirs d’artillerie et les raids aériens ont cessé dans les environs de la capitale. Dans l’est du pays, les insurgés continuent de progresser. Ils affirment s’être emparées de Kalémie, sur le lac Tanganyika. Par ailleurs, un ministre rwandais a annoncé la découverte de plusieurs charniers contenant les corps de Tutsis lors de la prise de Kisangani.
jeudi 27 août
De violents combats ont opposé la coalition armée soutenant Kabila et la rébellion congolaise pour le contrôle de l’aéroport de Kinshasa. Des chars ont été vus au centre de la capitale, roulant en direction de l’aéroport. Les quartiers Est de la mégapole sont quadrillés par les coalisés. Dans les rues gisent des cadavres calcinés. Des rebelles, dit-on. Le gouvernement a annoncé, en fin de journée, que la moitié des 800 insurgés a été « tuée, blessée ou capturée ». Un millier de prisonniers à Kinshasa, des « milliers de prisonniers » dans le sud-ouest du pays où la situation serait « totalement maîtrisée ». Sur le plan diplomatique, l’OUA a lancé un nouvel appel au cessez-le-feu. A Windhoek, le président namibien Sam Nujoma a confirmé l’engagement de troupes namibiennes dans l’ex-Zaïre, au bénéfice du régime de Kabila.
vendredi 28 août
Le propre fils du président Kabila, Joseph Kabila, nommé chef d’état-major général de l’armée, a demandé à la population de Kinshasa de s’abstenir de toute violences envers les rebelles qui se rendent. L’appel n’a guère eu d’effets. De nombreux cadavres jonchent les rues, non loin du centre-ville. Sur une place proche du large boulevard Lumumba, deux rebelles ont été brûlés vifs (supplice du collier). Le chaos s’est encore accentué avec l’afflux de dizaines de milliers de Kinois des quartiers est. Ils fuient les « ratissages » opéras par les troupes de Kabila, dans un vaste secteur autour de l’aéroport. Pour le « nettoyer », blindés, artillerie lourde et aviation sont utilisés. La situation militaire autour de la capitale semble cependant avoir définitivement tourné à l’avantage de Kabila. Le barrage d’Inga serait aussi sur le point d’être repris. Dans l’est du pays, l’internationalisation du conflit s’accélère. Le Zimbabwe a annoncé avoir envoyé en ex-Zaïre 2 800 soldats et que 2 200 parachutistes se tiennent prêts à intervenir. En Tanzanie, le HCR a révélé que d’anciens soldats de l’armée de Mobutu, réfugiés là depuis un an, avaient franchi la frontière pour combattre aux côtés des rebelles.
samedi 29 août
La tension est nettement retombée à Kinshasa. Les rebelles, encerclés dans la ville, se rendent petit à petit.
du samedi 29 au dimanche 30 août
Matadi et le barrage d’Inga ont été reprises par les troupes de Kabila et de ses alliés. L’électricité devrait être rétablie, d’ici deux jours, à Kinshasa, toujours soumise à un couvre-feu nocturne. La chasse aux rebelles « infiltrés » s’est poursuivie dans la capitale où le calme revient.
mardi 1er septembre
Les rebelles congolais ont été chassés de tout le sud-ouest du pays, mais ils tiennent toujours Kisangani, la grande ville du Nord, où la situation des habitants devient dramatique, faute d’approvisionnements. Dans Kinshasa, la bataille est terminée, mais le sort de la population reste précaire.
mercredi 2 septembre
A Durban (Afrique du Sud), Kabila a demandé le retrait des troupes d’Ouganda et du Rwanda de son territoire. Sur le terrain, des troupes alliées à Kabila, ont pris position à Lubumbashi pour tenter de reprendre aux rebelles l’une des principales villes du pays, située dans le Katanga, limitrophe de l’Angola.
jeudi 3 septembre
Le président Zimbabwéen, Robert Mugabe, a annoncé qu’une conférence se tiendrait entre tous les acteurs du conflit en RDC, pour étudier des propositions de paix. Cette conférence aura lieu le 7 septembre à Victoria Falls, au Zimbabwe, mais on ignore si les rebelles y auront accès. Par ailleurs, au sommet des non-alignés, à Durban (Afrique du Sud), le président ougandais Yoweri Museveni a annoncé que, pour ce qui le concerne, il est prêt à retirer ses troupes stationnées depuis un an dans l’est de la RDC.
lundi 7 septembre
Un sommet africain s’est ouvert à Victoria Falls (Zimbabwe) pour tenter de trouver une issue au conflit en cours dans l’ex-Zaïre. Les chefs d’Etat impliqués dans le conflit (Angola, ex-Zaïre, Namibie, Ouganda, Rwanda et Zimbabwe) s’y sont retrouvés. Les pays alliés de Kabila ont, d’entrée, réclamé le retrait des soldats ougandais et rwandais. Mais le Rwanda nie toujours avoir des troupes dans l’ex-Zaïre. La délégation des rebelles congolais n’a que des contacts officieux avec le sommet, Kabila refusant de les rencontrer. Sur le terrain, les rebelles ont fait état de bombardements sur Kamélié (25 morts et 40 blessés) et Lubutu et annoncé la prise « imminente » de Kindu, à l’est du pays.
mardi 8 septembre
Le sommet des six pays engagés dans le conflit congolais s’est soldé par un échec : exclus de la table des négociations, les rebelles de l’ex-Zaïre ont quitté Victoria Falls avant même la fin de la réunion, rejetant la « cessation immédiate des hostilités » conclue par les six chefs d’Etat concernés. Les ministres des Affaires étrangères des pays concernés doivent se retrouver le 10 septembre en Ethiopie. Les rebelles, qui n’ont pas été invités, veulent poursuivre les combats jusqu’à la chute de Kabila.
mercredi 9 septembre
Un conseiller de Kabila, Dominique Sakombi Inongo, affirme que celui-ci était au courant des massacres de réfugiés hutus commis fin 1996-début 1997 par ses alliés ougandais et rwandais.
vendredi 11 septembre
Le débat sur le cessez-le-feu dans l’ex-Zaïre, entre les six pays engagés dans le conflit, s’est soldé, dans la soirée à Addis Abeba (Ethiopie), par un échec.
samedi 12 septembre
Léonard Okitundu, le ministre des « Droits humains », a annoncé que le gouvernement a décidé d’expulser « les étrangers d’origine tutsie ». Pour quitter le pays, ils devront « transiter par Brazzaville », au Congo.
dimanche 13 septembre
Les pays engagés dans le conflit de l’ex-Zaïre se sont retrouvés à l’île Maurice, au sommet annuel de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC). Kinshasa cependant n’était pas au rendez-vous. Par contre l’Ouganda et le Rwanda, bien que non membre de cette SADC, avaient annoncé leur arrivée à Port-Louis. Sur le terrain, les combats semblent avoir repris dans l’est, le gouvernement annonçant des avancées, démenties par les rebelles. Les FAC disent avoir pris les localités de Lubutu - important nœud routier à mi-chemin entre Kisangani et Goma - et Ubudu, au sud de Kisangani. Pendant ce temps, Kabila tente de rallier à sa cause les pays voisins francophones.
lundi 14 septembre
L’armée de Kabila est ses alliés ont lancé une contre-offensive contre Kisangani, la troisième ville du pays tenue par les rebelles, et contre Goma, leur fief. Cette dernière a été attaquée à l’aube par les milices maï-maï, les miliciens interhamwe et d’anciens soldats des Forces rwandaises. Les rebelles tutsis semblent avoir résisté à l'offensive. C'est ce qu'affirme leur chef militaire Jean-Pierre Ondekane. La rébellion fait état de 300 assaillants (hutus et maï-maï antit-tutsis) tués. A Kisangani, la présidence congolaise affirme que ses hommes « sont rassemblés sur la rive gauche du fleuve Congo, où ils sont aux prises avec des éléments de l’armée ougandaise ».
mardi 15 septembre
Le sommet du SADC s’est achevé à l’île Maurice sans que Kabila n’ait obtenu la reconnaissance d’une agression du Rwanda et de l’Ouganda contre son pays. Sur le terrain, de « terribles » combats, selon Kinshasa, auraient fait de nombreux morts dans l’est du pays, notamment à Kalémie. D’autres combats opposeraient rebelles et forces gouvernementales entre Lubutu et Kisangani. La rébellion a accusé d’avoir envoyé 2 000 soldats à Kindu pour aider Kabila. De son côté, le Rwanda a accusé Kinshasa d’entraîner et d’équiper « la rébellion rwandaise » pour déstabiliser le Congo.
mercredi 16 septembre
Le Soudan a confirmé soutenir le président Kabila dans sa lutte contre les rebelles.
jeudi 24 septembre
Huit pays d’Afrique centrale, réunis lors d’un sommet organisé à Libreville par le président gabonais Omar Bongo, ont apporté leur « appui » au président Kabila.
dimanche 27 septembre
Des avions de l’ex-Zaïre ont bombardé un village de l’ouest de l’Ouganda, à cinq kilomètres de la frontière. Il n’y a eu ni dégâts, ni victime. Des appareils congolais avaient déjà effectué un raid dans cette zone le mois dernier.
mardi 29 septembre
Les autorités de l’ex-Zaïre ont autorisé la compagnie pétrolière angolaise Sonangol à créer une filiale en République démocratique du Congo.
en septembre
Un décret présidentiel a créé le Service d’achat des substances minérales précieuses (le Sasmip), conférant à l’Etat le monopole de fait de l’achat des diamants.
samedi 3 octobre
La rébellion s’est emparée dans la matinée de la localité de Kalima, dans l’est du pays, vidée d’une grande partie de sa population. Des combats ont désormais lieu pour le contrôle des deux pistes d’atterrissage de la ville.
Plus de 160 personnes sont mortes d’une épidémie de méningite cérébro-spinale dans la province du Kasaï occidentale, au centre du pays. Une délégation du ministère de la Santé a été dépêchée sur place avec un important lot de vaccins pour lutter contre l’épidémie.
lundi 5 octobre
Les combats entre forces gouvernementales et rebelles se sont intensifiés dans l’est du pays. Le régime de Kabila a fait état de combats à l’est de la ville de Kindu, principale garnison gouvernementale de la région. Des journalistes ont constaté que la rébellion avait pris le contrôle d’au moins une des deux pistes d’atterrissage de la ville de Kalima, à 80 kilomètres au nord-est de Kindu.
Le conseiller aux Affaires africaines du président français Jacques Chirac, Michel Dupuch, s’est rendu à Kinshasa pour renouer les relations distendues depuis l’arrivée au pouvoir de Kabila.
mercredi 7 octobre
Des combats de grande ampleur continuent d’opposer l’armée régulière aux rebelles à Kindu. Pour la première fois depuis le début de la rébellion, les deux camps ont reconnu des pertes dans leurs rangs respectifs, mais les informations sur cette bataille, qui marque le début de la guerre à l’Est, restent contradictoires.
samedi 10 ou dimanche 11 octobre
Un Boeing 727 de la compagnie privée Congo Airlines (CAL) a été abattu, dans la matinée, peu après avoir décollé de l’aéroport de Kindu. Il n’y aurait aucun survivant parmi l’équipage et la quarantaine de passagers, dont une vingtaine de femmes et d’enfants. La rébellion affirme avoir abattu cet appareil alors qu’il « atterrissait sur l’aéroport de Kindu », car il « transportait 40 soldats des FAC ». Les rebelles se sont par la suite emparés de l’aéroport.
lundi 12 octobre
Dans la soirée, les rebelles contrôlent toute la ville de Kindu. C’est le commandant rebelle Ngizo Siatilo qui a mené l’offensive. Plus de quatre cents soldats des FAC se seraient constitués prisonniers et de nombreuses pièces d’artillerie seraient tombées sous le contrôle des rebelles. Deux cents soldats et officiers rwandais ont participé à la bataille de Kindu.
mardi 13 octobre
Un haut responsable militaire a reconnu que les FAC se sont « repliées » de Kindu vers le Sud. Les rebelles sont décidés à poursuivre leur offensive vers le Mbuji-Mayi, au Kasaï et Lubumbashi.
mercredi 21 octobre
Les alliés de Kabila ont annoncé qu’ils allaient lancer une grande offensive contre les rebelles tutsis dans l’est de l’ex-Zaïre.
lundi 26 octobre
Le passeport d’Etienne Tshisekedi a été saisi par les autorités de Kinshasa, alors que le plus célèbre opposant au régime de Kabila, était sur le point de se rendre en Europe.
Les Etats-Unis ont décidé d’envoyer deux émissaires dans sept pays africains, afin de faire part de leur préoccupation au sujet de la situation dans l’ex-Zaïre.
fin octobre
Tombés dans une embuscade, de nombreux soldats tchadiens, engagés dans les opérations de guerre dans l’ex-Zaïre, ont été blessés ou tués à Dulya, dans le nord-est du pays. 148 soldats ont été hospitalisés à Aketi. Les attaquants, des « rebelles », affirment avoir tué 200 Tchadiens.
jeudi 5 novembre
L’Angola envoie plusieurs centaines d’hommes à Mbuji-Mayi, la capitale du Kasaï-Oriental, à l’est de l’ex-Zaïre, pour soutenir les troupes du président Kabila. Luanda a menacé le Rwanda et l’Ouganda « d’une leçon foudroyante » s’ils ne se retirent pas du territoire du Congo-Kinshasa.
vendredi 6 novembre
Lors d’une visite en Afrique du Sud, Paul Kagame, l’homme fort du Rwanda a reconnu l’implication militaire de son pays au Congo-Kinshasa, ce que les autorités de Kigali avaient jusqu’ici refusé d’admettre.
samedi 7 novembre
La rébellion a affirmé avoir capturé « 400 soldats tchadiens » (alliés de Kabila), depuis deux jours, dans la région de Buta, au nord-est de l’ex-Zaïre.
dimanche 8 novembre
L’armée angolaise renforce massivement ses troupes présentes dans l’ex-Zaïre, afin de contraindre les forces rwandaises et ougandaises au retrait. De l’aveu même des rebelles, l’objectif de l’Ouganda et du Rwanda est de renverser le régime de Kabila. Les renforts angolais arrivent à Kananga, à 800 kilomètres à l’est de Kinshasa.
mercredi 11 novembre
L’Ouganda, le Rwanda et la rébellion congolaise ont créé un commandement militaire commun au Congo-Kinshasa. La direction des opérations sera assurée directement par le chef d’Etat-major de l’armée ougandaise.
samedi 14 novembre
13 soldats et officiers de l’armée de la RDC ont été fusillés « pour l’exemple », en raison de leur « comportement inadmissible » sur le front sud-est. Un porte-parole de l’état-major a expliqué que ces militaires avaient « trahi et fui devant l’ennemi en abandonnant leurs armes ». Plusieurs accrochages ont été signalés récemment dans la région de Kalémie (à 1 600 kilomètres à l’est de Kinshasa), où les faits se sont produits : c’est la position la plus au sud tenue par la rébellion.
dimanche 15 novembre
La rébellion a affirmé avoir pris Moba, sur le lac Tanganika, après une journée de combats, mais rien n’est moins sûr.
samedi 21 novembre
L’aviation zimbabwéenne a fait des ravages dans les rangs de la rébellion congolaise. Sur le lac Tanganyika, elle a coulé quatre barges transportant chacune une centaine de rebelles. Selon des sources indépendantes, tous les rebelles ont sans doute péri. Les barges, qui transportaient également du matériel militaire, convoyaient des rebelles de Kalémie vers Moba, théâtre de violents combats depuis une semaine. La route entre les deux villes est toujours tenue par les forces régulières congolaises.
dimanche 22 novembre
L’aviation zimbabwéenne a de nouveau durement frappé. Elle a coulé deux nouvelles barges sur le lac Tanganyika, tuant 200 rebelles (600 en deux jours).
Un couple belgo-congolais a déposé une plainte, à Bruxelles, contre le président de la RDC, Kabila, pour « crimes de droit international ». Cette plainte vise les déclarations dirigées contre les Tutsis faites par Kabila en août, avant la rébellion contre son régime.
du lundi 23 au mardi 24 novembre
Kabila est en visite à Rome. Il a été reçu au Vatican par le pape Jean-Paul II.
mardi 24 novembre
Kabila a été reçu par le roi des Belges Albert II à Bruxelles.
jeudi 26 novembre
Ouverture à Paris du vingtième sommet franco-africain. Quarante-neuf pays y participent et, parmi eux, pour la première fois, les pays anglophones. Parmi les chefs d’Etat présents : Robert Mugabe (Zimbabwe), Laurent-Désiré Kabila (ex-Zaïre), Hosni Moubarak (Egypte), Benjamin William Mkapa (Tanzanie), Denis Sassou N’Guesso (Congo Brazzaville), Pasteur Bizimungu (Rwanda), Yoweri Museveni (Ouganda), etc… Kabila a promis des élections, au printemps, si les soldats ougandais et rwandais quittent le pays. Il a aussi annoncé que les partis politiques seront réautorisés dans les deux mois. Pour sa part, délégué de la rébellion congolaise à Paris pour ce sommet, Arthur Zahidi N’Goma a fait savoir qu’il n’était pas question, pour lui, de rencontrer Kabila.
samedi 28 novembre
En marge du sommet franco-africain de Paris, les pays concernés par la guerre dans l’ex-Zaïre se sont mis d’accord pour une trêve immédiate, suivie, dans les trois semaines, de la signature d’un accord de cessez-le-feu. Dans une ambiance tendue, l’explication aurait « très violente », en particulier entre Kabila et Pasteur Bizimungu, mais aussi entre Mugabe et Museveni. L’Ouganda et le Rwanda ont fait savoir qu’ils replieraient leurs troupes s’ils obtenaient des engagements quant à une meilleure sécurité de leur frontière. Kabila a affirmé sa volonté de démocratisation et d’ouverture. Une nouvelle réunion devrait avoir lieu le 8 décembre en Zambie. La rébellion congolaise a salué l’engagement pour un arrêt des hostilités, mais a affirmé qu’elle poursuivrait le combat contre Kabila pour libérer le pays.
dimanche 29 novembre
Les rebelles congolais ont refusé de reconnaître la validité de l’accord de Paris, par la voix du président du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), Ernest Wamba di Wamba.
lundi 30 novembre
Les unités rwandaises combattant aux côtés de la rébellion congolaise auraient reçu l’ordre de « stopper leur progression ». C’est un officier rwandais interrogé à Nyunzu, où sont stationnés les forces rwandaises, qui l’a révélé, mais cette information est contestée par d’autres sources.
jeudi 3 décembre
Plus d'un millier de rebelles auraient été tués à Moba par les forces loyalistes qui ont repris cette localité, sur le lac Tanganyika. Cette information, donnée de source indépendante, a été aussitôt démentie par un important chef militaire de la rébellion.
mardi 8 décembre
Kabila est revenu sur sa promesse d’organiser un scrutin présidentiel pluraliste en avril 1999. Il a déclaré qu’il n’y aura pas d’élections tant que les soldats ougandais et rwandais ne se seront pas retirés du pays.
jeudi 10 décembre
L’Afrique du Sud a fait part de son opposition aux négociations sur le conflit au Congo qui doivent se tenir la semaine suivante en Zambie.
vendredi 11 décembre
Le sommet de Lusaka (Zambie), consacré à la guerre qui se déroule dans l’ex-Zaïre, et qui devait avoir lieu le 14 décembre, a été annulé, sans explications. Il semble que cette annulation soit consécutive aux déclarations sud-africaines sur la nécessité d’une participation directe des rebelles tutsis à la réunion.
du vendredi 11 au samedi 12 décembre
D’importants combats se sont déroulés autour de Pweto, dans le sud-est de l’ex-Zaïre, non loin de la frontière zambienne. Ces affrontements ont opposé les rebelles congolais (tutsis) à des rebelles burundais (hutus).
mardi 15 décembre
Les rebelles congolais affirment avoir tué 47 soldats zimbabwéens, dont 2 officiers supérieurs, lors des combats qui se déroulent à Kabalo, dans le sud-est de l’ex-Zaïre.
du mercredi 30 au jeudi 31 décembre
Selon l’agence italienne Misna, quelque 500 civils, dont beaucoup de femmes et d’enfants, ont été massacrés par des rebelles congolais à Makobola, à 15 kilomètres au sud d’Uvira (Sud-Kivu). D'après Misna, les auteurs du carnage appartiennent au Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD). Ils auraient à leur tête un commandant d’origine rwandaise, surnommé « Shetani » (Satan). La rébellion, qui a annoncé son intention d’enquêter, met en doute le bilan de ce massacre : Makobola est « un tout petit village qui ne compte pas autant d’habitants ».
Un émissaire de Kabila va rencontrer à Bruxelles (Belgique) des dirigeants politiques et militaires ayant servi le régime de Mobutu. Les exilés ont souhaité obtenir plus de détails sur l'appel du chef de l'Etat aux anciens dignitaires du régime, invités à rentrer au pays pour participer à la reconstruction nationale.
vendredi 30 janvier
La crue du fleuve Congo est à l'origine d'une épidémie de choléra qui frappe la région de Kisangani depuis la fin décembre. Victimes les plus vulnérables : les enfants. Les premiers touchés sont les enfants-soldats de la caserne de Kapalata, enrôlés par Kabila avant sa prise du pouvoir. Une dizaine sont morts aujourd'hui. On compte 270 victimes depuis le début de l'épidémie. La France a acheminé un avion-cargo de matériel et de médicaments pour venir en aide aux plus démunis.
mardi 3 février
Annonce de la découverte du plus ancien prélèvement sanguin contaminé par le VIH, réalisé sur un Bantou du Congo belge en 1959.
lundi 9 février
Début de la 21e Coupe d’Afrique des Nations de football, organisée par le Burkina-Faso à Ouagadougou. Dans le groupe B, au Stade Municipal de Ouagadougou, la République démocratique du Congo a battu le Togo deux buts (Tondelua à deux reprises sur penalty) à un (Tchangaï), devant 4 000 spectateurs.
mardi 10 février
Etienne Tshisekedi, le chef de l'opposition dans l'ex-Zaïre, a rencontré le révérend Jessie Jackson, émissaire du président américain Bill Clinton.
jeudi 12 février
Etienne Tshisekedi a été arrêté, vers 22 heures, à sa résidence de Kinshasa. Ses amis de l'UDPS craignent pour sa vie. Aussitôt après son interpellation, il a été emmené à bord d'une jeep qui l'aurait conduit vers son village natal dans le Kasaï orientale. Une mesure « administrative d'éloignement, explique le gouvernement, pour mettre un terme à des agissements irresponsables et dangereux ». L'arrestation serait liée à la rencontre du 10 février.
Second match du premier tour de la Coupe d’Afrique des Nations de football : au Stade Municipal de Ouagadougou, la Tunisie a battu la République démocratique du Congo deux buts (Ben Slimane et Tlemçani) à un (Kimoto), devant 1 000 spectateurs.
vendredi 13 février
Dans la matinée, des militaires ont pris position devant le siège de l'UDPS où ils se sont heurtés à des manifestants de ce parti. Ils ont appelé la population à descendre dans la rue : « Si, par malheur, il lui arrivait quelque chose, Laurent Kabila devra en assumer toutes les conséquences ».
lundi 16 février
Troisième et dernier match du premier tour de la Coupe d’Afrique des Nations de football : au Stade du 4-Août de Ouagadougou, la République démocratique du Congo a battu le Ghana un but (Kisombe) à zéro, devant 3 000 spectateurs. Deuxièmes du groupe B, les Congolais sont qualifiés pour les quarts de finale.
mercredi 18 février
Laurent-Désiré Kabila est arrivé en Suisse. Il devrait rester dix à quinze jours dans la région de Montreux où il séjourne « pour raisons de santé ». Aucune information complémentaire n'a pas pu être obtenue auprès des autorités suisses qui parlent d'une « visite strictement privée ».
vendredi 20 février
Quarts de finale de la Coupe d’Afrique des Nations de football : au Stade Municipal de Bobo-Dioulasso, la République démocratique du Congo a éliminé le Cameroun un but (Tondelua) à zéro, devant 5 000 spectateurs.
mardi 24 février
Le président égyptien Hosni Moubarak et plusieurs de ses ministres ont attendu pendant deux heures à l'aéroport du Caire l'avion du président de l'ex-Zaïre. Laurent-Désiré Kabila, qui rentrait d'un séjour discret en Suisse, devait faire escale dans la capitale égyptienne pour quelques entretiens officiels, mais... il a finalement regagné Kinshasa sans en informer personne. Plus tard, sans plus de précision, il a invoqué des « raisons urgentes ».
mercredi 25 février
Demi-finales de la Coupe d’Afrique des Nations de football : au stade du 4-Août de Ouagadougou, l’Afrique du Sud a battu la République démocratique du Congo deux buts (McCarthy à deux reprises) à un (Bembuana-Keve), après prolongations, devant 4 000 spectateurs.
vendredi 27 février
La République démocratique du Congo a terminé à la troisième place de la 21e Coupe d’Afrique des Nations de football : au Stade Municipal de Ouagadougou, les Congolais ont battu les Burkinabés aux penalties (4-3), à l’issue d’un match nul quatre à quatre (Mungongo 2, Kasongo, Tondelua pour le Congo ; A. Ouédraogo, Barro, Napon, Tallé pour le Burkina-Faso) après prolongations, devant 25 000 spectateurs.
vendredi 20 mars
Madeleine Albright, la secrétaire d'Etat américain, met en garde Kabila, menacé de perdre le soutien des Etats-Unis s'il ne se hâte pas de démocratiser son régime. Rappelant que lors de son premier voyage officiel en Afrique, elle avait « personnellement et instamment demandé à Laurent-Désiré Kabila de lever l'interdiction des activités des partis politiques, de libérer les prisonniers politiques, de protéger les libertés civiles et de respecter les droits de l'homme », Madeleine Albright a aujourd'hui ce simple commentaire : « Il n'a malheureusement pas fait grand-chose pour unir le peuple » depuis qu'il a renversé le maréchal Mobutu.
lundi 23 mars
Une équipe de l'ONU, qui enquêtait sur des massacres dont les forces gouvernementales sont soupçonnées dans l'ex-Zaïre, a été expulsée. Selon la télévision publique de la RDC, les autorités militaires de Kinshasa ont été « choquées et indignées » de voir les enquêteurs « profaner » plusieurs tombes dans un cimetière de Mbandaka. Deux autres équipes des Nations unies, qui travaillent à Goma et à Kisangani, ont jusqu'au 31 mai pour mettre fin à leurs investigations.
vendredi 3 avril
Le gouvernement a banni la principale association de défense des droits de l'homme du pays, l'Azadho, membre de la Fédération internationale des juristes, en raison, a-t-il dit de ses « campagnes politiques ».
samedi 4 avril
Le ministre de l'Information de Congo, ex-Zaïre, a accusé, dans la soirée, la Belgique de « terrorisme » pour avoir introduit des « armes de guerre » dans son pays. Kinshasa s'en est également pris aux enquêteurs de l'ONU sur les massacres de l'an dernier dans la région des Grands Lacs, les accusant d'avoir exhumé des cadavres dans la région de Mbandaka (nord-est).
dimanche 5 avril
Suite aux déclarations de la veille, la Belgique a répondu que les autorités de Kinshasa ont « apparemment monté un cou de théâtre », en montrant des armes destinées, selon les Belges, à leur consulat de Lubumbashi.
jeudi 9 avril
La présence de milliers de réfugiés hutus des ex-Forces armées rwandaises (ex-FAR) en République démocratique du Congo (ex-Zaïre) est vivement mis en cause par les autorités congolaises. L'armée congolaise a pris le contrôle du Nord-Kivu, où se trouvent ces réfugiés, entrés armés dans la région. Le nouveau président congolais, Kabila, s'est rendu dans le Nord-Kivu « pour y mettre de l'ordre », notamment dans la ville de Goma. Un haut responsable de la sécurité publique explique : « Quand on attrape des ex-FAR, on les extrade vers le Rwanda. S'ils s'en prennent au peuple congolais, ils deviennent des ennemis. On les tue comme tels ». Il a refusé de confirmer que l'armée congolaise coopérait avec l'armée du Rwanda et celle d'Ouganda contre les ex-FAR. L'accès de la région est interdit aux étrangers et l'ONU a décidé de suspendre sa mission d'enquête sur les massacre des réfugiés entre octobre 96 et mai 97 : l'un de ses enquêteurs a été retenu 24 heures par les autorités congolaises ; le Canadien Christopher Harland a été arrêté à Goma, ses bagages, qui contenaient des documents sensibles (liste des témoins sur les massacre dans l’est du pays), ont été saisis et fouillés.
mardi 14 avril
L'armée a encerclé la ville de Butembo, dans la région du Kivu.
vendredi 17 avril
Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a demandé, à contrecœur, à la mission d'enquête sur les massacres de réfugiés rwandais de se retirer « immédiatement » de la République démocratique du Congo. La Commission des droits de l'homme poursuivra l'enquête « de l'extérieur ». Jamais les enquêteurs de l'ONU n'ont pu travailler efficacement sur la disparition, entre octobre 1996 et mai 1997, de quelque 180 000 réfugiés rwandais. Kabila et son administration n'ont eu de cesse de leur mettre des bâtons dans les roues. Dans la soirée, Kinshasa a déclaré « regretter profondément » le retrait de la mission de l'ONU mais aussi refuser toute nouvelle mission qui serait envoyée par la Commission des droits de l'homme. Par ailleurs, l'Unesco a décidé de geler sa coopération avec Kinshasa pour protester contre la détention sans explication, depuis novembre, d'un fonctionnaire de l'organisation. Z'Ahidi Arthur Ngoma, emprisonné à Lubumbashi, serait gravement malade.
mercredi 22 avril
Selon plusieurs partis congolais (ex-zaïrois) de l'opposition, l'armée gouvernementale, appuyée par des troupes rwandaises et ougandaises, se serait livrée à des massacres dans la région du Kivu, notamment à Butembo, encerclée par l'armée depuis le 14 avril.
lundi 4 mai
Le Français Fabrice Michalon, membre de Médecins du Monde, a été arrêté à Goma alors qu’il effectuait une mission d’évaluation pour les programmes médicaux de l’association humanitaire.
lundi 11 mai
Laurent-Désiré Kabila a démenti certaines rumeurs lui prêtant l'intention d'adhérer au Commonwealth, la communauté anglophone. Il assure, au contraire, souhaiter un « rapprochement » avec la France.
dimanche 17 mai
Kabila a célébré, dans une relative discrétion, le premier anniversaire de son ascension au pouvoir. Dans le stade de Kinshasa, à moitié plein, quelques milliers de dignitaires ont suivi des yeux la parade militaire. Pas de défilé des « forces vives de la nation », annulé faute de temps. Seuls le Zimbabwéen Robert Mugabe et le Centrafricain Ange-Félix Patassé ont fait le déplacement parmi les chefs d'Etat invités. Dans son discours, Kabila a promis, une fois de plus, que des élections pluralistes auront lieu dans « les douze mois qui suivent » et réaffirmé la formation prochaine d'une assemblée constituante. Mais son régime demeure toutefois une dictature, sans partis politiques. Depuis le début de l'année, une soixantaine de personnes ont été condamnés à mort et exécutées, dont une trentaine en public, « pour l'exemple ». Les organisations des droits de l'homme sont interdites, les journalistes interpellés.
lundi 18 mai
L'absence des chefs d'Etat ougandais, Yoweri Museweni, et rwandais, Paul Kagame, a provoqué l'annulation d'un sommet sur la région des Grands Lacs, prévu aujourd'hui à Kinshasa.
samedi 30 mai
Kabila a rencontré, pour la première fois, à Lubumbashi, son principal opposant, l'ancien Premier ministre Etienne Tshisekedi avec qui il a parlé du « processus de reconstruction et de réconciliation ».
mardi 2 juin
Kabila a remanié son gouvernement. Il a notamment destitué cinq ministres impliqués dans des détournements de fonds et ouvert le cabinet à des personnalités de la société civile.
mardi 30 juin
Entrée en vigueur du nouveau franc congolais.
samedi 11 juillet
Fabrice Michalon, membre de Médecins du Monde, détenu depuis plus de deux mois dans l’ex-Zaïre, a été libéré dans la matinée.
mardi 14 juillet
Le président congolais Kabila a limogé le commandant en chef de son armée - et son mentor -, le Rwandais James Kabare.
vendredi 24 juillet
Laurent-Désiré Kabila, le président de la République démocratique du Congo (ex-Zaïre), est apparu avec le président cubain Fidel Castro, à La Havane. On ignore les raisons et la durée de cette visite surprise. « Che » Guevara, l’ancien compagnon d’armes de Castro, avait combattu en Afrique avec Kabila... sur lequel il avait porté ensuite des jugements plutôt sévères.
lundi 27 juillet
Le gouvernement a annoncé son intention de renvoyer chez eux les militaires rwandais, en majorité tutsis, qui avaient aidé Kabila à renverser Mobutu au cours d’une campagne de sept mois entre novembre 1996 et avril 1997.
dimanche 2 août
Une émeute est déclenchée à Goma par les Banyamulenge.
nuit du dimanche 2 au lundi 3 août
Des tirs ont été entendus à Kinshasa.
lundi 3 août
Kabila est entré en conflit ouvert avec ceux qui avaient le plus contribué à sa conquête du pouvoir. Animée par les Congolais d’origine rwandaise, les Banyamulenge, une rébellion militaire a éclaté au nord et au Sud-Kivu, à l’est du Zaïre. Les mutins semblent contrôler les deux capitales régionales, Goma et Bukavu. Le haut commandement du Nord-Kivu a diffusé un communiqué : « Nous, armée de la République démocratique du Congo, avons pris la décision de renverser le président Kabila ». Affirmant vouloir « préserver l’unité et la sécurité de tout le pays », les mutins invitent les hommes politiques à se réunir rapidement à Kinshasa afin de mettre en place un nouveau dirigeant. Par ailleurs, un couvre-feu de trois jours a été décrété à Kinshasa, où des troubles ont fait quatorze morts. Le gouvernement s’est engagé à « mettre hors d’état de nuire tous ces inciviques ».
mardi 4 août
Alors que le calme est revenu à Kinshasa, le pouvoir de Kabila continue de vaciller. Dans l’est du pays, les Banyamulenge ont assuré leur emprise sur le Kivu, cette région frontalière du Rwanda. Des combats ont éclaté à Uvira, une ville frontière du Burundi. Plus inquiétant pour le pouvoir de Kinshasa, on se bat aussi pour le contrôle de l’aéroport de Kisangani, à 400 kilomètres à l’ouest du Kivu, signe les Banyamulenge ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin... vers Kinshasa. Les rebelles ont même lancé une rocambolesque opération aéroportée, débarquant des hommes sur la base militaire de Kitona, à l’extrême ouest du pays. Ils avaient pour objectif d’y soulever une garnison de 20 000 anciens soldats de Mobutu. Le ministre de la Justice de l’ex-Zaïre a accusé des troupes rwandaises « lourdement armées » d’avoir franchi la frontière pour prêter main-forte aux rebelles. Kigali n’a pas commenté. Outre l’extension des affrontements, l’inquiétude concerne les centaines de Tutsis résidant à Kinshasa. Selon l’agence de presse Reuters, des centaines d’entre eux ont été raflés à leur domicile. Les ministres des Affaires étrangères, Bizima Karaha, et des Affaires présidentielles, Deogratias Bugera, ont fui la capitale pour Brazzaville, de l’autre côté du fleuve. Ils étaient les deux ministres tutsis du gouvernement Kabila. Quatre employés tutsis de la mission des Nations unies ont été enlevés par la police.
mercredi 5 août
La rébellion s’est dotée d’un chef. Arthur Zahidi Ngoma, ancien opposant au maréchal Mobutu, un temps jeté en prison par son successeur Kabila, vient d’être désigné. L’homme, qui n’est pas un Tutsi, a immédiatement déclaré que le soulèvement n’était « pas le combat des Banyamulenge » mais celui « de tous les Congolais ». Il n’empêche que l’homme fort de la rébellion semble désormais être Bizima Karaha, un Tutsi, ministre des Affaires étrangères de Kabila qui vient de faire défection et de rejoindre Goma. Kinshasa a menacé « d’exporter la guerre au Rwanda ». Le président rwandais, Pasteur Bizimungu, a démenti mollement toute participation de son pays dans la rébellion. Un ancien proche de Kabila, Pascal Tshipata Mukeba, ancien chef des renseignements au Kivu, réfugié au Kenya, affirme que Kabila n’a pas respecté une promesse faite, en 1996, lors de la signature qui fondait l’ADFL, aujourd’hui au pouvoir à Kinshasa. En échange du soutien des Banyamulenge pour conquérir le pouvoir, Kabila leur avait promis le contrôle du Kivu, la région où ils sont le plus implantés. A Kinshasa, des dizaines de Banyamulenge ont été arrêtés au cours d’opérations de ratissage qui visaient les immeubles connus pour abriter des Tutsis. De nombreux membres de cette ethnie ont été lynchés à Kitona, à 600 km au sud-ouest de Kinshasa.
jeudi 6 août
La rébellion fait rage dans l’étroite bande de terre qui relie l’ex-Zaïre à l’océan Atlantique. On se bat dans la ville pétrolière de Muanda et sur la base navale de Banana. Des diplomates affirment que Muanda est tombée aux mains des rebelles, ce que démentent les autorités de Kinshasa. Ces dernières ont dépêché des troupes à Kisangani. En revanche, avec la chute d’Uvira, l’emprise des rebelles semble désormais totale sur la région du Kivu. Des manifestations organisées par le pouvoir ont réuni, dans les rues de Kinshasa, 15 000 personnes, qui ont scandé des slogans hostiles au Rwanda et aux Occidentaux. « La guerre sera porté au Rwanda » a lancé Kabila, qui accuse son voisin de soutenir les rebelles.
vendredi 7 août
Des sources occidentales ont annoncé que les insurgés banyamulenge contrôlent l’embouchure du fleuve Congo, essentiel au ravitaillement de Kinshasa. La navigation fluviale est interdite dans la zone. Après avoir pris la ville pétrolière de Muanda et les bases militaires de Kitona et Banana, les rebelles s’attaquent maintenant au port de Matadi. Dans l’extrême est, les insurgés attaquent désormais en direction du sud, vers Lubumbashi, la clé des provinces du sud. Le chef du 10e bataillon, Sylvain Bikengele, qui a lancé la rébellion au Kivu, a déclaré que leur objectif était Kinshasa. Par ailleurs, l’ambassade de France à Kinshasa a été attaquée par des manifestants, qui n’ont pu rentrer dans le bâtiment.
samedi 8 août
Les organisations humanitaires évacuent leurs ressortissants du Sud-Kivu. Sur le terrain, la situation militaire dans le sud-ouest du pays reste confuse. Une semaine après le début du soulèvement, les rebelles se sont emparés des principales villes de l’Est. Le président Kabila a obtenu, à l’issue d’un sommet régional au Zimbabwe, la création d’une commission quadripartite (Tanzanie, Zambie, Namibie et Zimbabwe) chargée d’enquêter sur la situation dans l’ex-Zaïre.
dimanche 9 août
Même s’ils contrôlent toujours aussi fermement la région du Kivu, les rebelles semblent marquer le pas, à l’extrême ouest du pays. Grâce à l’acheminement de renforts, les troupes de Kabila ont réussi à stopper l’avancée des Banyamulenge à hauteur de la ville de Boma, à 350 kilomètres de la capitale. Dans la soirée, les autorités de Kinshasa ont accusé deux colonnes de blindés ougandaises d’avoir franchi la frontière et pénétré en ex-Zaïre pour venir en aide aux rebelles d’origine rwandaise.
lundi 10 août
Après plusieurs jours de flottement, l’armée régulière a lancé une série de contre-attaques, à la fois dans l’est du pays et à l’embouchure du fleuve Congo. Les rebelles banyamulenge auraient ainsi perdu les deux villes portuaires de Boma et Matadi, qui contrôlent l’approvisionnement par mer de Kinshasa. On ne sait toutefois toujours pas si des troupes rwandaises et ougandaises ont franchi la frontière de l’ex-Zaïre pour prêter main forte aux rebelles, comme l’affirme le régime de Kabila.
mardi 11 août
Kabila a promis d’armer « des dizaines de milliers de jeunes » pour combattre l’agression extérieure, le Rwanda et l’Ouganda qu’il accuse toujours d’aider les rebelles tutsis banyamulenge. Quelque 7 000 Kinois se seraient déjà enrôlés. La confusion la plus totale demeure sur l’issue réelle des combats, qui se déroulent essentiellement dans l’ouest du pays : les deux camps affirment tenir les mêmes villes... Les rebelles ont toutefois enregistré un ralliement important : celui des Maï-Maï, des milices tribales du Kivu qui ont promis de combattre à leurs côtés.
jeudi 13 août
La rébellion semble avoir marque des points décisifs. Dans l’ouest du pays, les villes de Boma et de Matadi et surtout le barrage hydroélectrique d’Inga, seraient désormais aux mains des rebelles. L’électricité a été coupée à Kinshasa et à Brazzaville, ainsi que l’eau, et la radio officielle. Plusieurs sources ont fait état de la présence de soldats rwandais, et même angolais, aux côtés des insurgés banyamulenge. A Kinshasa, des diplomates se déclarent « très inquiets » de la situation des banyamulenge kinois, victimes de rafles et d’exactions. On ignore notamment le sort de ceux qui ont été transférés au camp militaire de Kololo.
vendredi 14 août
Les affaires tournent mal pour Kabila, invisible dans son palais de Kinshasa. Signe d’un régime qui vacille : un membre du gouvernement a annoncé que le président avait limogé le chef ’état-major de l’armée. La ville est en partie privée d’électricité. Le courant et l’eau sont revenus vers midi, dans certains quartiers seulement, grâce à la mise en service d’une centrale de secours. Les pays occidentaux ont demandé à leurs ressortissants de quitter l’ex-Zaïre. Rebelles et autorités ont donné des versions contradictoires de l’issue des combats. Mais, après avoir systématiquement démenti ces derniers jours es avancées des insurgés, les autorités kinoises ont dû admettre qu’elles avaient perdu le contrôle de l’étroite bande de terre de l’ouest. Sur le terrain, les combats se sont relativement calmés. Quatre gros porteurs ont décollé de Goma, dans le Kivu. 200 hommes armés étaient à bord de chaque avion, qui ont sans doute traversé tout le pays pour atterrir sur la base militaire de Kitona, à l’extrême ouest, dans la zone tenue par les rebelles. Alors que Kabila continue d’accuser le Rwanda et l’Ouganda d’aider les rebelles, les insurgés banyamulenge ont accusé Kinshasa de recevoir des armes du Zimbabwe et l’aide de pilotes d’hélicoptère cubains. A Genève, l’Unicef accuse les deux camps d’enrôler de force des enfants.
samedi 15 août
Les étrangers ont commencé à quitter Kinshasa dans l’après-midi. Sous les huées des badauds, 300 d’entre eux (sur 700) ont gagné un embarcadère du fleuve Congo pour rejoindre, sur des barges, Brazzaville sur l’autre rive. Cette opération de transfert fluviale est organisée par la France, en accord avec les autorités de la RDC. L’évacuation a été suspendue dans la soirée, en raison de la fermeture de la frontière entre Kinshasa et Brazzaville, close habituellement à la tombée de la nuit. Les Etats-Unis ont quant à eux fermé temporairement leur ambassade en RDC. Quelques heures avant les évacuations, plusieurs milliers de Congolais ont manifesté à Kinshasa pour signifier leur « colère » contre les Rwandais et les occidentaux accusés d’avoir « agressé » la RDC. Pendant ce temps, le président Kabila s’est rendu une nouvelle à Lubumbashi pour y diriger un conseil des ministres. Sur le terrain, les versions des combats sont toujours contradictoires, notamment dans le Bas-Congo, autour de la ville portuaire de Matadi, dernier « verrou » avant Kinshasa.
dimanche 16 août
Les rebelles ont créé le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), dont le but est de doter d’une structure politique la rébellion. Très composite, ce mouvement regroupe à la fois des Tutsis d’origine rwandaise trahis par Kabila après l’avoir porté au pouvoir en 1997, des anciens fidèles du président Mobutu, et des intellectuels. Par ailleurs, Kinshasa a refusé de rouvrir la navigation sur le fleuve Congo. Sans explication. Faute de bateaux, plusieurs dizaines d’étrangers campent à l’aéroport, dans l’attente d’un avion spécial affrété par la Belgique. Sur le terrain, les rebelles ne seraient plus qu’à 150 kilomètres à l’ouest de Kinshasa. Kabila tente d’obtenir l’intervention de l’Angola voisine : il a fait une brève escale à Luanda mais l’Angola réserve son soutien.
lundi 17 août
L’électricité a de nouveau été coupée à Kinshasa. Comme la première panne du 13 août, on ne sait pas si la coupure est liée à la progression des rebelles ou à un simple incident technique. Les étrangers ont toujours autant de mal à fuir la capitale. Les autorités ont, certes, réautorisé la navigation sur le fleuve Congo, en direction de Brazzaville. Mais, en raison de « difficultés administratives », le nombre de départs reste limité. Les insurgés ont annoncé la prise d’une nouvelle ville, Lubutu, à l’est du pays. Des combats se déroulent, à l’ouest, autour de la base militaire de Mbanza Ngungu, dernière ville importante sur la route de la capitale.
mardi 18 août
De source indépendante, on confirme la progression des insurgés, au sud-ouest de Kinshasa. Face à l’urgence, la police de la « République démocratique » en est réduite à lancer des appels aux jeunes célibataires de dix-huit à trente ans. Contre un engagement, on leur promet rations de pain et sardines. Comme les jours précédents, les ambassades négocient pied à pied avec le régime pour évacuer leurs ressortissants. Pendant ce temps, Kabila se trouve quelque part « dans le pays », sans plus de précision. Il attend les résultats de son offensive diplomatique en direction des pays d’Afrique australe. L’Afrique du Sud lui a déjà infligé un camouflet, refusant de lui fournir « aucune aide militaire ». Le Zimbabwe le soutient mais n’a pas de moyens. De son côté, la rébellion prépare l’après-Kabila. Elle s’est ainsi dotée d’une direction collégiale, soucieuse de « représenter toute la nation congolaise ». Elle est présidée par un quasi-inconnu : Ernest Wanba dia Wanba. Âgé de cinquante-six ans, ce professeur d’histoire est originaire du Bas-Congo. Il n’est donc pas tutsi. Dans la soirée, des tirs d’armes lourdes, provenant du sud-ouest, ont été entendus.
nuit du mardi 18 au mercredi 19 août
L’armée est intervenue au pénitencier de Makala, principale prison de Kinshasa, en raison d’une mutinerie. Il y a eu des morts.
mercredi 19 août
Les leaders politiques de la rébellion se sont déclarés prêts, dans la soirée, à ouvrir des négociations avec Kabila. Il s’agit, à leurs yeux, d’aboutir à une « solution politique des problèmes du Congo ». Dans la foulée, Ernest Wanba dia Wanba, parlant depuis Goma, a accusé le pouvoir de Kinshasa d’avoir ordonné à deux brigades de massacrer plus de 20 000 Tutsis congolais vivant dans la région de Moba, au Katanga. De nouveaux tirs d’armes lourdes ont été entendus à Kinshasa, à l’aube. La Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), qui regroupe quatorze pays, s’est prononcé en faveur de Kabila, à l’exception de l’Afrique du Sud et du Botswana. Le Zimbabwe a annoncé sa volonté d’aider le président congolais, « en matériel et en hommes ». Par ailleurs, on fait état, à l’Est, du mouvement d’une colonne militaire ougandaise vers le Kivu. L’ex-Zaïre a saisi le Conseil de sécurité de l’Onu d’une demande d’intervention contre « l’agression » du Rwanda et de l’Ouganda. Un hélicoptère français Puma, en mission à Brazzaville, a été touché, dans la soirée, par un tir d’arme légère, au cours d’un « vol d’entraînement » au milieu du fleuve Congo.
jeudi 20 août
Après dix-huit jours de combat, les rebelles congolais ont finalement pris la ville de Mbanza-Ngungu, à moins de 150 kilomètres de Kinshasa. Malgré leur offre de négociations, ils ont ainsi poursuivi leur avancée. Les Kinois avaient retrouvé, dans la matinée, l’électricité, coupée depuis trois jours. Mais celle-ci a été à nouveau coupée dans la soirée. En fin de journée, le président sud-africain Nelson Mandela a proposé la réunion d’un sommet de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et a appelé à un cessez-le-feu dans l’ex-Zaïre. De son côté, le président du Zimbabwe, Robert Mugabe, a renouvelé ses accusations contre le Rwanda, directement impliqué, selon lui, dans le conflit congolais, par l’envoi de troupes dans l’ex-Zaïre. Six cents soldats zimbabwéens sont ainsi arrivés à Kinshasa dans la soirée, ainsi que quatre avions.
vendredi 21 août
Les manœuvres se sont intensifiées pour tenter de démêler les fils de la situation confuse qui règne dans l’ex-Zaïre. Par ailleurs, des troupes venues d’Angola, appuyées par des blindés, auraient été acheminées dans l’enclave de Cabinda, au nord du pays. De son côté, le Rwanda a appelé au cessez-le-feu. Il a toutefois indiqué qu’il se réservait le droit « d’intervenir » au Congo-Kinshasa. Pendant ce temps, la rébellion a poursuivi sa poussée vers Kinshasa. Selon des sources diplomatiques, des infiltrations ont été signalées aux alentours de Kisangani. En revanche, la prise de Mbanza-Ngugu, revendiquée la veille, a été contestée par les autorités congolaises. Cela n’empêche pas les rebelles d’affirmer qu’ils seront dans « trois ou quatre jours » à Kinshasa. Pour la deuxième fois en une semaine, une manifestation a eu lieu devant l’ambassade de France. Environ deux cents personnes ont reproché à la France de soutenir la rébellion.
Nelson Mandela a lancé un appel pour l’organisation dès le lendemain d’un sommet sur le conflit du Congo (ex-Zaïre). L’ancien président sud-africain a invité les chefs d’Etat du Congo, du Rwanda, de l’Ouganda et du Zimbabwe.
samedi 22 août
Le président Kabila ne s’est pas rendu en Afrique du Sud au sommet organisé à l’initiative du président Mandela. Le principal allié de Kabila, le président zimbabwéen Mugabe a lui aussi fait faux bond. Les chances de résoudre le conflit dans l’ex-Zaïre se réduisent. Les pourparlers de paix ont néanmoins commencé dans l’après-midi en présence des présidents ougandais et rwandais. En fin de journée, une délégation de la République démocratique du Congo (RDC) est arrivée à Pretoria. Pendant ce temps, les combats se sont intensifiés aux portes de Kinshasa. Face à une rébellion qui affirme se trouver à Kasangulu, à l’entrée de la capitale, le gouvernement de la RDC a assuré avoir intensifié ses « bombardements aériens » des positions rebelles dans le sud-ouest de la capitale. Selon des proches de Kabila, des troupes angolaises sont entrées en RDC pour aider les Forces armées congolaises : équipées de chars, les Angolas ont pris la localité de Kitona. Les rebelles ont, de leur côté, affirmé avoir abattu deux avions militaires zimbabwéens de type Mig sur le front sud-ouest. Par ailleurs, la RDC a annoncé l’expulsion de deux diplomates français pour « activités incompatibles avec leur statut ».
dimanche 23 août
Réuni à Pretoria, et malgré l’absence de Kabila et de Mugabe, un sommet d’urgence de la Communauté pour le développement de l’Afrique australe (SADC) a lancé dans la soirée un appel au « cessez-le-feu immédiat » dans l’ex-Zaïre. Un arrêt des combats également souhaité depuis Limete, à l’est de Kinshasa, par l’opposant démocrate Tshisekendi. Sur le terrain, l’arrivée des troupes angolaises a contraint les rebelles à « un retrait tactique » de Kitoma et de sa base aérienne, selon leurs propres termes. Certaines sources parlent de violents combats autour cette ville. Les rebelles ont, dans le même temps, annoncé qu’ils avaient pris la ville de Kisangani. Kinshasa n’a ni confirmé ni démenti.
lundi 24 août
La RDC a rejeté le plan de paix proposé par les pays du Sud de l’Afrique. Le gouvernement congolais a même précisé que ses troupes ne tireront pas sur les agresseurs qui feront demi-tour… La Tanzanie a décidé de retirer ses 800 instructeurs militaires et policiers mis au service de Kabila. Après la base de Kitona, ce sont plusieurs villes qu’auraient reprises les troupes angolaises : les ports de Banana et de Boma et la cité pétrolière de Moanda. Un véritable pont aérien a été mis en place entre Luanda et l’enclave angolaise de Cabinda. Des témoins parlent « d’immenses colonnes de blindés ». Les combats seraient très violents. Dans la matinée, les rebelles, qui auraient quitté Matadi, semblaient concentrer leurs forces autour de Mbanza-Ngungu. Des bombardements intenses sont signalés autour de Kisantu, et l’on parle même de combats autour de Kasangulu, à trente kilomètres de Kinshasa.
mardi 25 août
Signe que la situation militaire a tourné à l’avantage des autorités de Kinshasa, Kabila a refait surface dans la capitale. Les zones tenues par les rebelles ont été bombardées dans le sud-ouest de Kinshasa. Des Mig angolais ont également lâché des bombes sur Kisangani. Il y a eu des centaines de morts, dont des civils, affirment les insurgés. Sur le front ouest, les insurgés, pris en tenailles entre les troupes venues d’Angola et celles de Kabila, perdent inexorablement du terrain. Toutefois, les rebelles tiendraient toujours le barrage d’Inga. Malgré l’échec d’un premier appel au cessez-le-feu, l’Afrique du Sud a lancé une nouvelle médiation. Mais pour Kabila, tout cessez-le-feu est exclu avant le retrait des « agresseurs ougandais et rwandais ». Or, pour la première fois, l’Ouganda a reconnu avoir pénétré en ex-Zaïre pour « préserver sa sécurité ». Le Rwanda a menacé d’intervenir « ouvertement ». L’agence d’informations des congrégations missionnaires italiennes a renouvelé ses accusations à l’encontre des rebelles tutsis banyamulenge. Outre les 37 habitants, dont quatre religieux, massacrés à Massika, ce sont plus d’une centaine de villageois de la région d’Uvira, près de la frontière rwandaise, qui auraient été sommairement exécutés.
mercredi 26 août
Tours privée d’électricité, Kinshasa est désormais soumise à un couvre-feu, instauré de 6 heures du soir à 6 heures du matin. L’annonce du couvre-feu est intervenue après une journée de violents combats dans le nord-est de la capitale, autour de l’aéroport. Toute la matinée, des avions et des hélicoptères angolais ou zimbabwéens ont lancé des raids sur les rebelles, qui contrôleraient quelques quartiers de banlieue. Dans la soirée, les tirs d’artillerie et les raids aériens ont cessé dans les environs de la capitale. Dans l’est du pays, les insurgés continuent de progresser. Ils affirment s’être emparées de Kalémie, sur le lac Tanganyika. Par ailleurs, un ministre rwandais a annoncé la découverte de plusieurs charniers contenant les corps de Tutsis lors de la prise de Kisangani.
jeudi 27 août
De violents combats ont opposé la coalition armée soutenant Kabila et la rébellion congolaise pour le contrôle de l’aéroport de Kinshasa. Des chars ont été vus au centre de la capitale, roulant en direction de l’aéroport. Les quartiers Est de la mégapole sont quadrillés par les coalisés. Dans les rues gisent des cadavres calcinés. Des rebelles, dit-on. Le gouvernement a annoncé, en fin de journée, que la moitié des 800 insurgés a été « tuée, blessée ou capturée ». Un millier de prisonniers à Kinshasa, des « milliers de prisonniers » dans le sud-ouest du pays où la situation serait « totalement maîtrisée ». Sur le plan diplomatique, l’OUA a lancé un nouvel appel au cessez-le-feu. A Windhoek, le président namibien Sam Nujoma a confirmé l’engagement de troupes namibiennes dans l’ex-Zaïre, au bénéfice du régime de Kabila.
vendredi 28 août
Le propre fils du président Kabila, Joseph Kabila, nommé chef d’état-major général de l’armée, a demandé à la population de Kinshasa de s’abstenir de toute violences envers les rebelles qui se rendent. L’appel n’a guère eu d’effets. De nombreux cadavres jonchent les rues, non loin du centre-ville. Sur une place proche du large boulevard Lumumba, deux rebelles ont été brûlés vifs (supplice du collier). Le chaos s’est encore accentué avec l’afflux de dizaines de milliers de Kinois des quartiers est. Ils fuient les « ratissages » opéras par les troupes de Kabila, dans un vaste secteur autour de l’aéroport. Pour le « nettoyer », blindés, artillerie lourde et aviation sont utilisés. La situation militaire autour de la capitale semble cependant avoir définitivement tourné à l’avantage de Kabila. Le barrage d’Inga serait aussi sur le point d’être repris. Dans l’est du pays, l’internationalisation du conflit s’accélère. Le Zimbabwe a annoncé avoir envoyé en ex-Zaïre 2 800 soldats et que 2 200 parachutistes se tiennent prêts à intervenir. En Tanzanie, le HCR a révélé que d’anciens soldats de l’armée de Mobutu, réfugiés là depuis un an, avaient franchi la frontière pour combattre aux côtés des rebelles.
samedi 29 août
La tension est nettement retombée à Kinshasa. Les rebelles, encerclés dans la ville, se rendent petit à petit.
du samedi 29 au dimanche 30 août
Matadi et le barrage d’Inga ont été reprises par les troupes de Kabila et de ses alliés. L’électricité devrait être rétablie, d’ici deux jours, à Kinshasa, toujours soumise à un couvre-feu nocturne. La chasse aux rebelles « infiltrés » s’est poursuivie dans la capitale où le calme revient.
mardi 1er septembre
Les rebelles congolais ont été chassés de tout le sud-ouest du pays, mais ils tiennent toujours Kisangani, la grande ville du Nord, où la situation des habitants devient dramatique, faute d’approvisionnements. Dans Kinshasa, la bataille est terminée, mais le sort de la population reste précaire.
mercredi 2 septembre
A Durban (Afrique du Sud), Kabila a demandé le retrait des troupes d’Ouganda et du Rwanda de son territoire. Sur le terrain, des troupes alliées à Kabila, ont pris position à Lubumbashi pour tenter de reprendre aux rebelles l’une des principales villes du pays, située dans le Katanga, limitrophe de l’Angola.
jeudi 3 septembre
Le président Zimbabwéen, Robert Mugabe, a annoncé qu’une conférence se tiendrait entre tous les acteurs du conflit en RDC, pour étudier des propositions de paix. Cette conférence aura lieu le 7 septembre à Victoria Falls, au Zimbabwe, mais on ignore si les rebelles y auront accès. Par ailleurs, au sommet des non-alignés, à Durban (Afrique du Sud), le président ougandais Yoweri Museveni a annoncé que, pour ce qui le concerne, il est prêt à retirer ses troupes stationnées depuis un an dans l’est de la RDC.
lundi 7 septembre
Un sommet africain s’est ouvert à Victoria Falls (Zimbabwe) pour tenter de trouver une issue au conflit en cours dans l’ex-Zaïre. Les chefs d’Etat impliqués dans le conflit (Angola, ex-Zaïre, Namibie, Ouganda, Rwanda et Zimbabwe) s’y sont retrouvés. Les pays alliés de Kabila ont, d’entrée, réclamé le retrait des soldats ougandais et rwandais. Mais le Rwanda nie toujours avoir des troupes dans l’ex-Zaïre. La délégation des rebelles congolais n’a que des contacts officieux avec le sommet, Kabila refusant de les rencontrer. Sur le terrain, les rebelles ont fait état de bombardements sur Kamélié (25 morts et 40 blessés) et Lubutu et annoncé la prise « imminente » de Kindu, à l’est du pays.
mardi 8 septembre
Le sommet des six pays engagés dans le conflit congolais s’est soldé par un échec : exclus de la table des négociations, les rebelles de l’ex-Zaïre ont quitté Victoria Falls avant même la fin de la réunion, rejetant la « cessation immédiate des hostilités » conclue par les six chefs d’Etat concernés. Les ministres des Affaires étrangères des pays concernés doivent se retrouver le 10 septembre en Ethiopie. Les rebelles, qui n’ont pas été invités, veulent poursuivre les combats jusqu’à la chute de Kabila.
mercredi 9 septembre
Un conseiller de Kabila, Dominique Sakombi Inongo, affirme que celui-ci était au courant des massacres de réfugiés hutus commis fin 1996-début 1997 par ses alliés ougandais et rwandais.
vendredi 11 septembre
Le débat sur le cessez-le-feu dans l’ex-Zaïre, entre les six pays engagés dans le conflit, s’est soldé, dans la soirée à Addis Abeba (Ethiopie), par un échec.
samedi 12 septembre
Léonard Okitundu, le ministre des « Droits humains », a annoncé que le gouvernement a décidé d’expulser « les étrangers d’origine tutsie ». Pour quitter le pays, ils devront « transiter par Brazzaville », au Congo.
dimanche 13 septembre
Les pays engagés dans le conflit de l’ex-Zaïre se sont retrouvés à l’île Maurice, au sommet annuel de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC). Kinshasa cependant n’était pas au rendez-vous. Par contre l’Ouganda et le Rwanda, bien que non membre de cette SADC, avaient annoncé leur arrivée à Port-Louis. Sur le terrain, les combats semblent avoir repris dans l’est, le gouvernement annonçant des avancées, démenties par les rebelles. Les FAC disent avoir pris les localités de Lubutu - important nœud routier à mi-chemin entre Kisangani et Goma - et Ubudu, au sud de Kisangani. Pendant ce temps, Kabila tente de rallier à sa cause les pays voisins francophones.
lundi 14 septembre
L’armée de Kabila est ses alliés ont lancé une contre-offensive contre Kisangani, la troisième ville du pays tenue par les rebelles, et contre Goma, leur fief. Cette dernière a été attaquée à l’aube par les milices maï-maï, les miliciens interhamwe et d’anciens soldats des Forces rwandaises. Les rebelles tutsis semblent avoir résisté à l'offensive. C'est ce qu'affirme leur chef militaire Jean-Pierre Ondekane. La rébellion fait état de 300 assaillants (hutus et maï-maï antit-tutsis) tués. A Kisangani, la présidence congolaise affirme que ses hommes « sont rassemblés sur la rive gauche du fleuve Congo, où ils sont aux prises avec des éléments de l’armée ougandaise ».
mardi 15 septembre
Le sommet du SADC s’est achevé à l’île Maurice sans que Kabila n’ait obtenu la reconnaissance d’une agression du Rwanda et de l’Ouganda contre son pays. Sur le terrain, de « terribles » combats, selon Kinshasa, auraient fait de nombreux morts dans l’est du pays, notamment à Kalémie. D’autres combats opposeraient rebelles et forces gouvernementales entre Lubutu et Kisangani. La rébellion a accusé d’avoir envoyé 2 000 soldats à Kindu pour aider Kabila. De son côté, le Rwanda a accusé Kinshasa d’entraîner et d’équiper « la rébellion rwandaise » pour déstabiliser le Congo.
mercredi 16 septembre
Le Soudan a confirmé soutenir le président Kabila dans sa lutte contre les rebelles.
jeudi 24 septembre
Huit pays d’Afrique centrale, réunis lors d’un sommet organisé à Libreville par le président gabonais Omar Bongo, ont apporté leur « appui » au président Kabila.
dimanche 27 septembre
Des avions de l’ex-Zaïre ont bombardé un village de l’ouest de l’Ouganda, à cinq kilomètres de la frontière. Il n’y a eu ni dégâts, ni victime. Des appareils congolais avaient déjà effectué un raid dans cette zone le mois dernier.
mardi 29 septembre
Les autorités de l’ex-Zaïre ont autorisé la compagnie pétrolière angolaise Sonangol à créer une filiale en République démocratique du Congo.
en septembre
Un décret présidentiel a créé le Service d’achat des substances minérales précieuses (le Sasmip), conférant à l’Etat le monopole de fait de l’achat des diamants.
samedi 3 octobre
La rébellion s’est emparée dans la matinée de la localité de Kalima, dans l’est du pays, vidée d’une grande partie de sa population. Des combats ont désormais lieu pour le contrôle des deux pistes d’atterrissage de la ville.
Plus de 160 personnes sont mortes d’une épidémie de méningite cérébro-spinale dans la province du Kasaï occidentale, au centre du pays. Une délégation du ministère de la Santé a été dépêchée sur place avec un important lot de vaccins pour lutter contre l’épidémie.
lundi 5 octobre
Les combats entre forces gouvernementales et rebelles se sont intensifiés dans l’est du pays. Le régime de Kabila a fait état de combats à l’est de la ville de Kindu, principale garnison gouvernementale de la région. Des journalistes ont constaté que la rébellion avait pris le contrôle d’au moins une des deux pistes d’atterrissage de la ville de Kalima, à 80 kilomètres au nord-est de Kindu.
Le conseiller aux Affaires africaines du président français Jacques Chirac, Michel Dupuch, s’est rendu à Kinshasa pour renouer les relations distendues depuis l’arrivée au pouvoir de Kabila.
mercredi 7 octobre
Des combats de grande ampleur continuent d’opposer l’armée régulière aux rebelles à Kindu. Pour la première fois depuis le début de la rébellion, les deux camps ont reconnu des pertes dans leurs rangs respectifs, mais les informations sur cette bataille, qui marque le début de la guerre à l’Est, restent contradictoires.
samedi 10 ou dimanche 11 octobre
Un Boeing 727 de la compagnie privée Congo Airlines (CAL) a été abattu, dans la matinée, peu après avoir décollé de l’aéroport de Kindu. Il n’y aurait aucun survivant parmi l’équipage et la quarantaine de passagers, dont une vingtaine de femmes et d’enfants. La rébellion affirme avoir abattu cet appareil alors qu’il « atterrissait sur l’aéroport de Kindu », car il « transportait 40 soldats des FAC ». Les rebelles se sont par la suite emparés de l’aéroport.
lundi 12 octobre
Dans la soirée, les rebelles contrôlent toute la ville de Kindu. C’est le commandant rebelle Ngizo Siatilo qui a mené l’offensive. Plus de quatre cents soldats des FAC se seraient constitués prisonniers et de nombreuses pièces d’artillerie seraient tombées sous le contrôle des rebelles. Deux cents soldats et officiers rwandais ont participé à la bataille de Kindu.
mardi 13 octobre
Un haut responsable militaire a reconnu que les FAC se sont « repliées » de Kindu vers le Sud. Les rebelles sont décidés à poursuivre leur offensive vers le Mbuji-Mayi, au Kasaï et Lubumbashi.
mercredi 21 octobre
Les alliés de Kabila ont annoncé qu’ils allaient lancer une grande offensive contre les rebelles tutsis dans l’est de l’ex-Zaïre.
lundi 26 octobre
Le passeport d’Etienne Tshisekedi a été saisi par les autorités de Kinshasa, alors que le plus célèbre opposant au régime de Kabila, était sur le point de se rendre en Europe.
Les Etats-Unis ont décidé d’envoyer deux émissaires dans sept pays africains, afin de faire part de leur préoccupation au sujet de la situation dans l’ex-Zaïre.
fin octobre
Tombés dans une embuscade, de nombreux soldats tchadiens, engagés dans les opérations de guerre dans l’ex-Zaïre, ont été blessés ou tués à Dulya, dans le nord-est du pays. 148 soldats ont été hospitalisés à Aketi. Les attaquants, des « rebelles », affirment avoir tué 200 Tchadiens.
jeudi 5 novembre
L’Angola envoie plusieurs centaines d’hommes à Mbuji-Mayi, la capitale du Kasaï-Oriental, à l’est de l’ex-Zaïre, pour soutenir les troupes du président Kabila. Luanda a menacé le Rwanda et l’Ouganda « d’une leçon foudroyante » s’ils ne se retirent pas du territoire du Congo-Kinshasa.
vendredi 6 novembre
Lors d’une visite en Afrique du Sud, Paul Kagame, l’homme fort du Rwanda a reconnu l’implication militaire de son pays au Congo-Kinshasa, ce que les autorités de Kigali avaient jusqu’ici refusé d’admettre.
samedi 7 novembre
La rébellion a affirmé avoir capturé « 400 soldats tchadiens » (alliés de Kabila), depuis deux jours, dans la région de Buta, au nord-est de l’ex-Zaïre.
dimanche 8 novembre
L’armée angolaise renforce massivement ses troupes présentes dans l’ex-Zaïre, afin de contraindre les forces rwandaises et ougandaises au retrait. De l’aveu même des rebelles, l’objectif de l’Ouganda et du Rwanda est de renverser le régime de Kabila. Les renforts angolais arrivent à Kananga, à 800 kilomètres à l’est de Kinshasa.
mercredi 11 novembre
L’Ouganda, le Rwanda et la rébellion congolaise ont créé un commandement militaire commun au Congo-Kinshasa. La direction des opérations sera assurée directement par le chef d’Etat-major de l’armée ougandaise.
samedi 14 novembre
13 soldats et officiers de l’armée de la RDC ont été fusillés « pour l’exemple », en raison de leur « comportement inadmissible » sur le front sud-est. Un porte-parole de l’état-major a expliqué que ces militaires avaient « trahi et fui devant l’ennemi en abandonnant leurs armes ». Plusieurs accrochages ont été signalés récemment dans la région de Kalémie (à 1 600 kilomètres à l’est de Kinshasa), où les faits se sont produits : c’est la position la plus au sud tenue par la rébellion.
dimanche 15 novembre
La rébellion a affirmé avoir pris Moba, sur le lac Tanganika, après une journée de combats, mais rien n’est moins sûr.
samedi 21 novembre
L’aviation zimbabwéenne a fait des ravages dans les rangs de la rébellion congolaise. Sur le lac Tanganyika, elle a coulé quatre barges transportant chacune une centaine de rebelles. Selon des sources indépendantes, tous les rebelles ont sans doute péri. Les barges, qui transportaient également du matériel militaire, convoyaient des rebelles de Kalémie vers Moba, théâtre de violents combats depuis une semaine. La route entre les deux villes est toujours tenue par les forces régulières congolaises.
dimanche 22 novembre
L’aviation zimbabwéenne a de nouveau durement frappé. Elle a coulé deux nouvelles barges sur le lac Tanganyika, tuant 200 rebelles (600 en deux jours).
Un couple belgo-congolais a déposé une plainte, à Bruxelles, contre le président de la RDC, Kabila, pour « crimes de droit international ». Cette plainte vise les déclarations dirigées contre les Tutsis faites par Kabila en août, avant la rébellion contre son régime.
du lundi 23 au mardi 24 novembre
Kabila est en visite à Rome. Il a été reçu au Vatican par le pape Jean-Paul II.
mardi 24 novembre
Kabila a été reçu par le roi des Belges Albert II à Bruxelles.
jeudi 26 novembre
Ouverture à Paris du vingtième sommet franco-africain. Quarante-neuf pays y participent et, parmi eux, pour la première fois, les pays anglophones. Parmi les chefs d’Etat présents : Robert Mugabe (Zimbabwe), Laurent-Désiré Kabila (ex-Zaïre), Hosni Moubarak (Egypte), Benjamin William Mkapa (Tanzanie), Denis Sassou N’Guesso (Congo Brazzaville), Pasteur Bizimungu (Rwanda), Yoweri Museveni (Ouganda), etc… Kabila a promis des élections, au printemps, si les soldats ougandais et rwandais quittent le pays. Il a aussi annoncé que les partis politiques seront réautorisés dans les deux mois. Pour sa part, délégué de la rébellion congolaise à Paris pour ce sommet, Arthur Zahidi N’Goma a fait savoir qu’il n’était pas question, pour lui, de rencontrer Kabila.
samedi 28 novembre
En marge du sommet franco-africain de Paris, les pays concernés par la guerre dans l’ex-Zaïre se sont mis d’accord pour une trêve immédiate, suivie, dans les trois semaines, de la signature d’un accord de cessez-le-feu. Dans une ambiance tendue, l’explication aurait « très violente », en particulier entre Kabila et Pasteur Bizimungu, mais aussi entre Mugabe et Museveni. L’Ouganda et le Rwanda ont fait savoir qu’ils replieraient leurs troupes s’ils obtenaient des engagements quant à une meilleure sécurité de leur frontière. Kabila a affirmé sa volonté de démocratisation et d’ouverture. Une nouvelle réunion devrait avoir lieu le 8 décembre en Zambie. La rébellion congolaise a salué l’engagement pour un arrêt des hostilités, mais a affirmé qu’elle poursuivrait le combat contre Kabila pour libérer le pays.
dimanche 29 novembre
Les rebelles congolais ont refusé de reconnaître la validité de l’accord de Paris, par la voix du président du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), Ernest Wamba di Wamba.
lundi 30 novembre
Les unités rwandaises combattant aux côtés de la rébellion congolaise auraient reçu l’ordre de « stopper leur progression ». C’est un officier rwandais interrogé à Nyunzu, où sont stationnés les forces rwandaises, qui l’a révélé, mais cette information est contestée par d’autres sources.
jeudi 3 décembre
Plus d'un millier de rebelles auraient été tués à Moba par les forces loyalistes qui ont repris cette localité, sur le lac Tanganyika. Cette information, donnée de source indépendante, a été aussitôt démentie par un important chef militaire de la rébellion.
mardi 8 décembre
Kabila est revenu sur sa promesse d’organiser un scrutin présidentiel pluraliste en avril 1999. Il a déclaré qu’il n’y aura pas d’élections tant que les soldats ougandais et rwandais ne se seront pas retirés du pays.
jeudi 10 décembre
L’Afrique du Sud a fait part de son opposition aux négociations sur le conflit au Congo qui doivent se tenir la semaine suivante en Zambie.
vendredi 11 décembre
Le sommet de Lusaka (Zambie), consacré à la guerre qui se déroule dans l’ex-Zaïre, et qui devait avoir lieu le 14 décembre, a été annulé, sans explications. Il semble que cette annulation soit consécutive aux déclarations sud-africaines sur la nécessité d’une participation directe des rebelles tutsis à la réunion.
du vendredi 11 au samedi 12 décembre
D’importants combats se sont déroulés autour de Pweto, dans le sud-est de l’ex-Zaïre, non loin de la frontière zambienne. Ces affrontements ont opposé les rebelles congolais (tutsis) à des rebelles burundais (hutus).
mardi 15 décembre
Les rebelles congolais affirment avoir tué 47 soldats zimbabwéens, dont 2 officiers supérieurs, lors des combats qui se déroulent à Kabalo, dans le sud-est de l’ex-Zaïre.
du mercredi 30 au jeudi 31 décembre
Selon l’agence italienne Misna, quelque 500 civils, dont beaucoup de femmes et d’enfants, ont été massacrés par des rebelles congolais à Makobola, à 15 kilomètres au sud d’Uvira (Sud-Kivu). D'après Misna, les auteurs du carnage appartiennent au Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD). Ils auraient à leur tête un commandant d’origine rwandaise, surnommé « Shetani » (Satan). La rébellion, qui a annoncé son intention d’enquêter, met en doute le bilan de ce massacre : Makobola est « un tout petit village qui ne compte pas autant d’habitants ».